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  • il y a 7 mois
ÉPISODE 1 - LA SCIENCE DE LA SANTÉ MENTALE

Matthieu Séguin, notre animateur du podcast et Directeur Scientifique chez Havas Life Paris, reçoit trois invités pour parler de la science de la santé mentale :

Mickael Worms-Ehrminger, PhD – Enseignant-chercheur en santé publique et recherche clinique & Animateur « Les Maux Bleus Podcast », dédié à la santé mentale

Julia Néel Biz – Co-fondatrice et Directrice Générale de teale, la plateforme de prévention qui révolutionne la santé mentale

Amina Ben Salah – Docteur en neurosciences cognitives, elle abordera la santé mentale sous un angle clinique

Catégorie

📚
Éducation
Transcription
00:00Bonjour à toutes et tous, et bienvenue dans un tout nouveau podcast long format réalisé
00:10par Alavas Live Paris en collaboration avec Prozone Pixels. Dans ce podcast, nous allons
00:14aborder le thème ô combien important de la santé mentale et même plus précisément de la santé
00:18mentale au travail. Quand on parle de santé mentale au travail, on parle bien entendu de
00:22l'impact que peuvent avoir les conditions de travail, c'est-à-dire l'environnement,
00:25l'organisation, la charge, les relations professionnelles, etc. sur notre santé mentale.
00:30Pourquoi ce podcast ? Vous n'êtes pas sans savoir que la dégradation de la santé mentale,
00:34c'est un vrai enjeu majeur aujourd'hui puisqu'on estime à 13 millions de personnes qui souffrent
00:39de troubles psychiques chaque année en France et que les jeunes sont particulièrement affectés
00:42puisque 75% de ces troubles se manifestent avant l'âge de 24 ans. Cette problématique a émergé
00:47ces dernières années, notamment depuis la crise sanitaire de la Covid-19, au point de devenir la
00:51grande cause nationale du gouvernement pour l'année 2025. Dans ce contexte, nous allons
00:55essayer de mieux comprendre ce qu'est la santé mentale au travail, quels sont les troubles
00:59associés, quels sont les risques encourus, quelles sont les causes potentielles, les facteurs
01:03favorisants, en tentant d'en couvrir toutes les dimensions, qu'elles soient psychologiques,
01:07sociales, biologiques ou même légales. Dans ce premier épisode, vous l'avez probablement vu
01:11dans le titre, nous nous intéresserons à la science de la santé mentale et le mot science
01:15est ici à prendre dans son sens étymologique premier qui désigne la connaissance, le savoir,
01:19justement pour essayer de traiter de tous les sujets qui touchent de près ou de loin à la
01:22santé mentale. En n'étant moi-même pas expert du sujet, nous avons convié trois personnes qualifiées
01:27qui vont m'accompagner dans la discussion, apporter des éléments de réponse, partager des
01:31expériences personnelles ou rapportées avec leur vision de spécialiste. Donc en premier lieu, Amina
01:37Ben Salah, bonjour. Amina, tu es docteur en neurosciences cognitives, ancienne chef de
01:42clinique en psychiatrie et actuellement praticienne hospitalière à l'hôpital marin de Hendaye.
01:46Bonjour et bienvenue. Michael Worms-Herminger, tu es enseignant chercheur en santé publique et
01:55recherche clinique et en parallèle animateur des mots bleus, les mots MAUX, un podcast dédié à la
02:00santé mentale qui aborde les différents aspects des troubles mentaux à travers le parcours de
02:03personnes qui sont confrontées, donc en face-face, et je vous invite à consulter les podcasts de
02:08Michael qui sont très bien. Et Juliane Elbise, bonjour et bienvenue. Tu es cofondatrice et
02:13directrice générale de TIL, une plateforme de prévention pour la santé mentale au service des
02:17entreprises et des salariés. Bienvenue à tous les trois, merci d'avoir accepté l'invitation.
02:23Et en premier lieu, quelle est votre définition, quelle est la définition de la santé mentale pour
02:29vous ? Moi je prends la définition de l'OMS. L'OMS a une définition qui est très englobante, qui dit
02:35que la santé mentale c'est un état de bien-être qui permet à chacun et chacune de faire face aux
02:40difficultés de la vie, de travailler avec succès de façon productive, de contribuer à sa communauté.
02:46Donc c'est vraiment quelque chose qui parle de soi avec les autres, dans une communauté, dans le
02:50contexte du travail, et qui parle aussi de façon positive parce qu'il y a le mot bien-être dedans.
02:54Donc tout de suite on me parle de quelque chose qui est très large et qui ne se limite pas aux troubles
02:59ou à la maladie notamment. Effectivement, et peut-être que justement sur l'aspect plus clinique, vous avez
03:04peut-être des éléments pour compléter cette définition ? Ouais, moi pour le coup, la définition de l'OMS,
03:08je ne l'aime pas trop trop. Je ne l'aime pas trop trop. Ça commence. Mais pour plein de raisons en fait, si on
03:14prend la définition, j'aime bien montrer ça à mes étudiants, si on prend la définition et en fait on
03:17spot tous les mots qui ne vont pas. Et en fait, il y a quasiment toute la phrase qui va pas. Déjà, rien que
03:21commencer par le bien-être, en fait personne ne sait ce que ça veut dire. L'OMS ne définit jamais le fait
03:25qu'on parle de travail. Ce qui voudrait dire que si on ne travaille pas, c'est qu'on a une mauvaise santé
03:29mentale, etc. Moi, il y en a une autre que je préfère, c'est celle du boss qui a une cinquantaine années,
03:33parce que celle de la santé mentale est plus vieille. C'est de dire que c'est un état qui permet
03:37de fonctionner aussi bien, aussi longtemps que possible, dans le milieu où la personne a été placée
03:42par le hasard ou par le choix. On a plus la notion de fonctionnement qui dépasse en fait le cadre du
03:46travail et qui est relativement exempt de gênes ou de souffrances. Donc là aussi, on n'a pas justement ce que
03:51tu disais, pas que la maladie. On peut aller moins bien, mais ce n'est pas pour
03:55autant qu'on ait une maladie. Donc moi, j'aime bien celle-là. Je trouve qu'elle est plus nuancée et qu'elle
03:59englobe plus de choses de la vie quotidienne. Elle est intéressante aussi, je vais la garder de près.
04:04Je trouve que ce qui ressort des deux, c'est de se dire, c'est large. On parle de beaucoup de choses
04:10et on ne parle pas de l'individu seul, mais de son environnement aussi. Et on ne parle pas uniquement
04:14de maladies. Ce que dit l'OMS aussi, que j'aime beaucoup et que je trouve important de rappeler,
04:19c'est qu'il n'y a pas de santé sans santé mentale. Encore une fois, ce n'est pas une super innovation et ça
04:23date un peu, mais ça fait quand même du bien de le rappeler. J'aime bien ta définition, Mickaël, parce
04:28qu'en effet, dans le mot bien-être, il peut y avoir un peu du fantasme de qu'est-ce que c'est le bonheur.
04:32Il y a un truc un peu performatif aussi, ou est-ce que je suis heureux en fait. Toutes les
04:37questions qui s'en sèlent peuvent être assez angoissantes. Et en fait, j'aime bien l'absence
04:42de souffrance, un peu le silence des organes, et le fonctionnement. Parce que parfois, il n'y a
04:50pas de souffrance, mais il peut y avoir une souffrance de l'entourage par exemple. Il y a des
04:54gens qui ont ce qu'on appelle une nanosognosie, c'est-à-dire qu'ils ne se rendent pas compte de
04:58leurs symptômes. Donc, eux, ils sont plutôt bien. Mais en fait, il y a vraiment une souffrance de
05:01l'entourage dû à un fonctionnement défaillant. Donc, absence de souffrance, je dirais, et
05:07fonctionnement harmonieux. Mais ça veut dire que pour toi, l'absence de souffrance, c'est déjà de
05:15la santé. Oui, le silence des organes, c'est déjà de la santé. C'est juste que chacun pense à sa
05:23définition du bien-être, de ce que c'est qu'être bien, et que si on essaie de créer une définition
05:27du bien-être, de nouveau, on tombe dans un truc performatif et angoissant. Est-ce que je suis
05:31assez bien ? Est-ce que je fais assez de choses ? Voir dans une recherche de sensations fortes,
05:36qui vont nous apporter en positif des sensations positives. Ce n'est pas forcément ça. Parfois,
05:40on peut ne pas avoir forcément des sensations particulièrement positives, mais être bien,
05:45parce qu'on n'a pas de négatifs et qu'on est en accord avec soi, avec ses valeurs, avec son entourage,
05:50et c'est suffisant. Donc oui, ça peut être la démission du bien-être. Ça me va. En tout cas,
05:56vous ayez chacun un peu votre définition. Je pense que ça représente bien le fait que justement,
06:00la santé mentale, comme on en parle depuis... Les problématiques de fond existent depuis des
06:05décennies, peut-être même plus, et qu'en tout cas, les mots qu'on commence à mettre sur tout ce
06:09qui est les troubles, etc. sont tellement récents que même la définition même de la santé mentale,
06:12elle reste encore très personnalisable. On n'a pas encore très bien défini ce cadre de santé
06:19mentale et ça rejoint bien finalement une autre question qu'on peut se poser là-dessus. C'est
06:23que finalement, en regardant, en s'intéressant un peu à tous les sujets de santé mentale,
06:27on se rend compte qu'il y a des confusions un peu terminologiques sur tous les termes
06:31qui sont utilisés dans le cadre de la santé mentale. On parle de santé mentale, on parle
06:34de maladie mentale, on parle de trouble mental, de troubles psychiques, de troubles psychologiques,
06:38enfin énormément de termes différents. Et je trouve, moi en tout cas, pour quelqu'un d'un
06:42peu naïf, un peu novice sur le sujet, que de chercher à s'enseigner dessus, parfois on peut
06:46se perdre. Alors, est-ce que vous pourriez nous aider un peu à délimiter justement ce cadre et
06:51peut-être à caractériser chacun de ces termes ? Je pense que tu as totalement raison. Il y a
06:56beaucoup de termes, il y a aussi beaucoup de termes côté psychiatre, psychologue, psychotère,
07:00psychanalyste, psychomotricien, tout ce que tu veux. Et alors sur le côté trouble mental,
07:08trouble psychologique, trouble psychique, c'est en gros la même chose. Il n'y a pas vraiment de
07:13différence. Souvent, parfois, il y a des connotations un peu différentes. Quand on dit
07:17maladie, souvent ça implique un peu une chronicité. C'est une maladie qui va nous suivre un peu toute
07:22la vie, avec des phases de rémission, des phases de rechute, etc. Mais ce n'est pas toujours vrai.
07:27La maladie bipolaire, elle s'appelle aussi trouble bipolaire. Maladie, trouble, c'est à peu près la
07:33même chose. Peut-être que là, on peut voir une différence. C'est quand on dit, par exemple, un
07:37trouble psychologique, peut-être que les gens entendent un truc un peu moins pathologique qu'un
07:42trouble psychiatrique. Il y a la notion plus de passager. Voilà, une anxiété passagère, un moment de vie compliquée,
07:48ça peut être un trouble passager qui ne s'inscrit pas du tout dans une maladie. Dans le terme
07:53maladie, il y a plus quelque chose d'un peu... Mais globalement, trouble psychiatrique, maladie
07:58psychiatrique, trouble psychique, c'est la même chose. C'est bien de le rappeler. C'est aussi la
08:06question très contemporaine du polissage, du langage. Finalement, maladie mentale, trouble
08:12psychique, ça veut dire strictement la même chose. Maladie, trouble, psychique, mental. Quand on
08:16regarde un peu, c'est surtout parce qu'il y a une connotation négative qui s'est créée autour de
08:19maladie mentale. Malade mentale, c'est un peu utilisé comme une injure. Justement, le fait
08:24d'avoir cédé à ça, je trouve ça assez dommage de dire qu'on a cédé à ces personnes qui ont
08:29voulu en faire une insulte. Donc en fait, on vous confirme qu'on ne l'utilise plus parce que c'est
08:33une insulte. C'est aussi assez performatif le fait de ne plus l'utiliser. Et en fait, on a un peu la
08:39même chose dans d'autres cas de figure. Typiquement, quand je parle de l'héréssion chez les hommes,
08:44par exemple, on disait impuissant avant. Maintenant, on parle de dysfonction érectile. On ne parle pas
08:48du tout la même chose. C'était l'homme qui lui-même avait perdu sa puissance sexuelle. Maintenant,
08:53c'est une fonction du corps qui dysfonctionne, alors que ça veut dire exactement la même chose.
08:56Et tu sais que sur santé mentale, c'est exactement la même chose. Parfois, on dit
08:59« ne voudriez-vous pas dire autre chose plutôt que de parler de santé mentale ? » Peut-être dire
09:03équilibre psy, équilibre psychique, psychologique, équilibre émotionnel, etc. Et en fait, tout ça
09:09vient aussi du fait qu'il y a une forme encore de tabou qui commence à disparaître quand même.
09:14Je trouve que les choses évoluent vite, mais quand on part de loin, il reste encore un chemin à
09:19parcourir. Et c'est vrai que santé mentale, parfois je dis aux gens « je vais dire santé
09:24mentale » parce que si je refuse de nommer, c'est le début du problème qui se perdure.
09:29Et moi, j'ai connu ça. Typiquement, quand je fais des gardes aux urgences en tant que psychiatre de
09:35garde et que mon collègue urgentiste m'appelle pour un avis ou autre, le truc de dire « je ne
09:41lui ai pas dit que tu étais psychiatre parce que sinon il va mal le prendre que j'ai appelé le
09:45psychiatre ». Donc, il y a aussi tout ce truc du psychiatre où si tu vois le psychiatre, c'est que
09:49tu es vraiment un malade mental. Justement, on retombe dans ces termes. Et ça évolue parce que
09:54je trouve que chez les jeunes, c'est quand même beaucoup plus tranquille, beaucoup plus accepté,
09:58beaucoup plus normalisé. Mais c'est vrai que ça reste quand même compliqué.
10:02L'évolution est plutôt portée par les plus jeunes, c'est vrai ?
10:05Oui, totalement.
10:07On s'ouvre ?
10:09Pas toujours.
10:11Déjà, on a bien redéfini ce qu'était finalement la santé mentale. Je voulais partager avec vous
10:16quelques petits chiffres des formations professionnelles pour qu'on se rende compte un peu,
10:20qu'on dresse un état des lieux. En termes de population, on l'a dit déjà en introduction,
10:2413 millions de personnes en France sont touchées par un trouble psychique. Ça fait une personne
10:27sur cinq. 2,5 millions de travailleurs en situation de burn-out en France également. Il y a des
10:33problématiques médico-éco aussi, puisqu'on a 163 milliards d'euros en coûts annuels des troubles
10:38psychiques pour notre société en France, ce qui est énorme. Et la santé mentale, c'est le premier
10:41poste de dépense de l'assurance maladie, avec 25 milliards d'euros de dépenses par an. Donc ça,
10:47c'est une problématique sous-jacente. Il y a aussi la problématique de la stigmatisation. Mais ça
10:51revient un peu à ce qu'on disait sur les termes employés. Les gens ne veulent pas être catégorisés
10:56de malades mentaux. On a 50% des personnes qui sont concernées par un trouble psychique qui
11:00préfèrent se taire par crainte du jugement. Donc, on est pile-poil dans la stigmatisation. Après,
11:06il y a des problématiques peut-être un peu plus sombres sur la mortalité, avec un suicide toutes
11:11les heures en France. Et puis, sur la jeunesse, on en parlait aussi. On a 41% des étudiants qui
11:16montraient des symptômes dépressifs en 2022, ce qui me paraît vraiment énorme. Et surtout,
11:23une augmentation depuis la crise sanitaire, un peu comme on le disait au début. Alors,
11:27justement, votre regard par rapport à tous ces chiffres, et même d'ailleurs si vous voulez
11:30compléter, qu'est-ce que ça vous évoque et qu'est-ce que ça vous invite à dresser comme
11:35bilan vis-à-vis de la santé mentale en France ? Les chiffres que tu cites, ils sont éloquents,
11:39ils parlent d'eux-mêmes. Moi, j'adore les chiffres aussi, donc je vais en rajouter quelques-uns.
11:43Vas-y. On fait un baromètre tous les ans de la santé mentale des salariés. Il y a une étude
11:50qu'on fait auprès de 10 000 salariés en France. On voit par exemple qu'il y a à peu près les mêmes
11:54chiffres, 20 % de gens qui sont en état critique ou à risque parmi les salariés, qui est la
11:58population que je connais le mieux. On voit qu'il y a 55 % des gens qui sont sur stress. Alors,
12:04c'est un proxy, ce n'est pas le burnout, mais ça recoupe un petit peu avec ce que tu disais sur les
12:09burnouts. Et ce qu'on voit, c'est que ça a des conséquences qui sont très très fortes. Il y a
12:12des conséquences. C'est la première cause de jours non travaillés en France. 21 % des jours non
12:16travaillés en France, c'est les troubles psys ou pour une raison liée à la santé mentale. Nous,
12:22on voit dans nos chiffres qu'il y a 30 % des collaborateurs et des collaboratrices qui disent
12:26avoir déjà pensé à quitter leur travail pour une raison liée à la santé mentale. Et donc,
12:31tout ça me fait dire qu'il n'est pas trop tôt de dire que la santé mentale doit être la grande
12:35cause nationale en 2025 et que c'est très bien qu'enfin, on jette beaucoup plus de projecteurs
12:40sur ce sujet-là. Les troubles et les problèmes existaient avant. Malheureusement, on ne voit pas
12:45se résorber drastiquement à la fin de cette longue crise sanitaire tous ces troubles parce qu'on n'en
12:51parle plus. Et ça, c'est très bien, mais aussi parce qu'il y a un problème de fond et qu'il faut
12:55aussi régler le problème de fond. Je pense que ça dit deux choses. Ça dit qu'il y en a de plus en
12:59plus et qu'il y en a de plus en plus qui sont diagnostiqués aussi. Parce qu'on en parle plus,
13:03parce qu'il y a aussi une libération de la parole, un peu moins de tabous, etc. Forcément, ça se
13:09dévoile plus. Mais je pense que parallèlement, il y en a vraiment plus. Et je pense que ça dit
13:13des choses de notre monde actuel dans lequel on évolue et où il y a probablement un endroit
13:18où c'est un peu incompatible avec notre physiologie. Et que du coup, les gens se retrouvent
13:22en souffrance parce qu'il y a un truc qui ne marche pas et qu'il faut qu'on se pose des questions sur
13:26la place du travail dans la vie, le rythme biologique versus le rythme social, sur les
13:33interactions dans un monde aussi de plus en plus individualiste où le tissu familial, le tissu
13:38social n'est plus du tout le même. Il y a énormément de changements sous sitôt qui impactent
13:44forcément la psychologie de chacun et chacune. Et ça dit qu'en effet, heureusement que c'est la
13:50grande cause nationale et qu'on espère qu'il y aura d'énormes moyens qui seront déployés. Parce
13:54que la psychiatrie est vraiment le parent pauvre de la médecine, ça il faut le dire. Et que c'est
13:59extrêmement compliqué que les CMP, les centres médico-psychologiques, qui sont les centres de
14:03proximité qui peuvent prendre en charge les gens, sont surchargés en manque de médecins, en manque
14:08de personnel soignant et avec des listes d'attente énormes. Donc c'est franchement une
14:14urgence, que ce soit la cause nationale et que ce soit même la priorité. Parce que sinon ça risque
14:20de vraiment pas s'améliorer, clairement. Juste pour rebondir sur ce que tu dis, je trouve que ce
14:25qui est dingue, c'est qu'on a fait deux choses à la fois qui ne vont pas du tout ensemble, c'est
14:28délaisser la psychiatrie. Et donc tu connais la situation bien mieux que moi et c'est vraiment le
14:33parent pauvre aujourd'hui du système de soins en France. Et en même temps, on a délaissé la
14:37prévention à grande échelle. Et donc les deux ne vont pas du tout ensemble, parce que délaisser
14:42la prévention, ça crée plus de tensions sur le système de soins psychiatriques. Donc effectivement,
14:49là on est face à une situation où il faut aussi traiter le sujet pour de vrai.
14:53Du coup, je vais prendre ma casquette de chercheur un peu poil à gratter. Justement,
14:58sur la problématique des chiffres, c'est comme tu disais, on met pas mal le projecteur.
15:01Je suis pas d'accord.
15:02Non, si, je suis d'accord. Il y a des nuances qu'on a tendance à oublier. C'est que
15:08les chiffres, en fait, l'illustration du manque de langage commun, c'est que Julia parlait justement
15:13de la santé mentale, du bien-être, du stress, etc. Et Lévina parlait justement de maladie. Il y a
15:18de plus en plus de malades. Donc on voit vraiment qu'on parle pas forcément de la même chose. Et
15:22c'est vrai que c'est ça qui est difficile à interpréter dans les enquêtes, dans les sondages,
15:25y compris celles de Santé publique France. C'est qu'en fait, les indicateurs sont assez
15:29flous. Très souvent, ils sont pas bien définis. On oublie les limites de ces études, qui pourtant
15:33sont très bien marquées à la fin des rapports, à prendre avec beaucoup de précautions, etc.
15:36Ces enquêtes sont souvent réalisées par téléphone. Or, on sait que la personne ne répond pas pareil
15:39par téléphone qu'en face à face. Et on a tendance justement à confondre le pathologique, ce qui va
15:45entraîner une souffrance significative, des retentissements sur le quotidien, avec des choses
15:49banales du quotidien qui vont être de la souffrance transitoire, comme tu disais. Quand on dit tant
15:54de personnes ont des symptômes dépressifs, a priori, 100% des personnes ont des symptômes
15:59dépressifs. Un symptôme dépressif, ça peut être moins dormir ou plus dormir, moins manger ou plus
16:03manger, être irritable, être triste, etc. A priori, si on parle de symptômes, 100% de la
16:09population a des symptômes dépressifs. Ça nous est tous arrivé cette semaine ou la semaine dernière.
16:12Donc, c'est ça aussi, cette notion-là de dire... Souvent, on aime bien mettre en avant le nombre
16:16de personnes qui ont des symptômes. Sauf que c'est pas ça la problématique. Avoir des symptômes,
16:19OK, mais est-ce que ces symptômes ont un impact sur le quotidien ? Pas forcément. Ça peut avoir
16:24des répercussions. Après, à long terme, si ça se perpétue, ça peut en avoir. Mais c'est vrai que
16:28c'est pas forcément un très bon indicateur. Et aussi, il y a quelque chose que j'aime bien rappeler,
16:33c'est quand on met l'accent sur les chiffres négatifs, il faut aussi prendre leur corollaire.
16:40C'est que typiquement, dans l'enquête, par exemple, en classe 2022 de Santé publique France sur la
16:46santé mentale des collégiens et des lycéens, la première chose qui est mise en avant par le rapport
16:50de Santé publique France, c'est que la santé mentale des collégiens et des lycéens n'a jamais
16:53été aussi mauvaise. Le premier résultat de ce rapport, c'est 85% des jeunes se disent en bonne
16:57santé, dont un tiers en excellente santé. Donc, en fait, on oublie vraiment de regarder ça. C'est
17:01qu'on met l'accent sur les choses négatives, mais sans donner l'impression que c'est possible
17:04d'agir. Et donc, en fait, on est dans cette écueille-là, qui est la même chose pour la
17:08communication environnementale depuis 20 ans. C'est qu'on montre ce qui ne marche pas et ça
17:11fait un peu l'effet de foutu pour foutu. On ne peut plus rien faire, c'est fini. Alors que,
17:15justement, par exemple, dans la santé mentale, on sait que le lien social, c'est quelque chose
17:18qui est extrêmement important. Mais si on dit que tous les jeunes vont mal, ils vont interagir avec
17:21qui si tout le monde va mal ? Et de mettre en avant qu'on a 15% des jeunes qui vont cliniquement
17:26mal ou en tout cas suffisamment pour avoir une souffrance significative, de dire qu'en fait,
17:30il y en a 85 qui vont bien, plutôt bien, voire très bien, qui sont là en fait en support et qui
17:35sont là justement pour interagir. Et ça, on a tendance un peu à l'oublier. Mais surtout,
17:39le point sur la méthodologie, comment sont vraiment calculés les chiffres ? Parce que c'est
17:44pareil, tu dis 85% des jeunes s'estiment en bonne santé, mais peut-être quand on leur pose la
17:48question, peut-être qu'ils se positionnent uniquement par rapport à leur santé physique et
17:51pas forcément mentale. Peut-être qu'ils ont des troubles psychiques, mais en fait, ils se disent
17:55juste bon, ça va, moi j'arrive. C'était que pour la santé mentale. Et en fait, ce qui est
18:00bien, c'est qu'il y a plusieurs autres études qui ont été faites sur ce sujet-là. Il y en a une
18:04autre qui a été faite par IFOP, le Fondation Nationale Représentatif. Sur les jeunes, c'est
18:0991% qui se disent en bonne santé. Donc voilà, on est à peu près sur les mêmes pourcentages,
18:1290% qui se disent en bonne santé. Donc c'est très positif et ça montre que c'est possible,
18:18en fait. Et c'est ça qu'on a tendance à oublier, c'est que faire appel à la peur, si on ne donne
18:22pas de solution, si on ne donne pas d'espoir, ça paralyse. Et de dire en fait, on dit toujours,
18:26oui, mais les campagnes de sécurité routière, ça a appelé à la peur et ça a marché. En fait,
18:29parce qu'on a dit aux personnes, on te fait peur, sauf qu'on te donne une action très simple à
18:33mettre, si tu fais ça, tu mets ta ceinture. C'est beaucoup plus facile de dire, on te fait peur,
18:38mais en fait, c'est hyper facile de passer à côté. Là, c'est quand même beaucoup plus difficile si
18:42on ne met pas en avant des choses positives. Mais c'est aussi la bonne nouvelle, en soit,
18:45c'est de se dire, en fait, il y a plein de choses à faire. Et c'est pour la santé mentale aussi,
18:48parce qu'on manque d'éducation, on manque des bons réflexes à l'échelle individuelle,
18:52à l'échelle collective. En fait, il y a énormément de choses à faire pour prendre
18:56soin de sa santé mentale, comme on prend soin de sa santé physique assez facilement,
19:00et c'est un peu dans nos habitudes, etc. Donc, moi, j'aime bien aussi regarder le côté positif
19:05et aussi dire, par exemple, il y a des leviers, il y en a plein à l'échelle individuelle,
19:08collective, sociétale. Donc, allons-y maintenant. Une autre question, plus sur les facteurs
19:14influençant la santé mentale d'un individu. Est-ce qu'on peut finalement les répertorier,
19:18les catégoriser pour se rendre compte quelles sont les causes d'une dégradation de la santé
19:26mentale ? On sait les catégoriser aujourd'hui, parce qu'on sait qu'il y en a énormément,
19:28en fait, quasiment tout a un impact sur la santé ou la santé mentale. C'est vrai qu'aujourd'hui,
19:32on part sur un modèle qu'on dit biopsychosocial, c'est-à-dire qu'on englobe trois gros champs,
19:37le champ biologique, donc ça va être l'âge, le genre, les prédispositions génétiques, etc. Donc,
19:43beaucoup de choses. On a les composants psychologiques, ça va être essentiellement,
19:47par exemple, les schémas de pensée qu'on a appris dans notre enfance, si on a grandi dans
19:50un environnement très anxiogène et que des parents sont hyper anxieux, etc. On va avoir
19:54tendance quand même à voir les choses de manière très négative et pessimiste. Et les facteurs
19:58sociaux qui sont aussi les facteurs environnementaux, c'est qu'en fait, tout autour de nous peut jouer
20:02sur notre santé mentale. La famille, les amis, le travail, la pollution sonore, la pollution de
20:07l'air, la pollution lumineuse, la précarité, etc. Il y a énormément de choses aussi qui peuvent jouer.
20:13Mais c'est vrai qu'après, là, on est sur des déterminants de santé. Il y a à peu près 60 % de
20:19la santé qui est déterminée par des facteurs qui sont externes, qui sont environnementaux, sociaux,
20:23sociétaux. Et donc, ça, c'est beaucoup plus difficile d'agir dessus. Justement, c'est vraiment
20:27des révolutions sociétales qui sont à l'œuvre. Parce que le problème, il est aussi systémique.
20:31Tu le disais tout à l'heure, l'évolution des sociétés font qu'on est de plus en plus contingenté
20:36aussi dans certains moules. Donc, on sait qu'il y a des déterminants. Mais après, est-ce qu'on peut
20:41dresser une causalité ? C'est toujours la question. Parce que tout le monde va être différent. On peut
20:46avoir vécu un attentat et avoir un trouble de stress post-traumatique toute sa vie ensuite et
20:49avoir vécu le même attentat. Mais il n'y a rien à voir. Il y a toujours les ressources personnelles qui vont jouer aussi.
20:53Donc, on n'est pas tous égaux face à la santé mentale. Il y a de l'inné. On est plus ou moins
20:59préparé. Mais ça, on n'a pas de contrôle dessus. Et puis, il y a finalement les aléas de la vie qui vont
21:03faire qu'on va être confronté à des déboires qui vont possiblement nous atteindre plus ou moins
21:08selon la personne. Le fait de quantifier. Est-ce qu'un individu, on peut quantifier, on peut analyser
21:13sa santé mentale ? On sait que, par exemple, pour la santé physique, on peut assez facilement faire un
21:17bilan de santé. On va faire un bilan sanguin. On va calculer sa capacité respiratoire, cardiaque, etc.
21:23Est-ce que, pour ce qui est de la santé mentale d'un individu, on a des moyens d'avoir des chiffres
21:28qui permettent de qualifier la santé mentale d'un individu ? Alors, oui et non. Oui, dans le sens
21:35où, nous, cliniquement, on peut se baser sur des questionnaires et des scores. C'est de l'interrogatoire.
21:40De toute façon, c'est toujours de l'interrogatoire. La psychiatrie, ça se base à 99,9% sur de la
21:47clinique, clairement. Donc, oui, tu peux avoir des scores sur certains questionnaires qui vont t'alerter
21:51sur le niveau d'anxiété ou le niveau de dépression ou d'autres choses. Après, très souvent, il y a une
21:56question de cut-off, c'est-à-dire, à quel moment tu considères, est-ce que c'est à un point près, tu passes
22:00dans le pathologique ou est-ce que tu es encore dans le normal ? C'est une grande question. C'est surtout
22:04à l'appréciation du clinicien. Et après, non, dans le sens où ça reste une appréciation clinique,
22:09une expertise clinique. C'est-à-dire que tu examines quelqu'un, c'est exactement comme l'examen clinique
22:14physique. Tu vas examiner les pensées, les émotions, l'environnement, la vie de la personne, son parcours,
22:20etc. Et tu vas te dire, OK, est-ce que la personne présente une souffrance, oui ou non ? Si elle présente
22:25une souffrance, il y a un problème. Si c'est une souffrance ponctuelle parce qu'elle vient de se faire
22:29larguer, bon, c'est pas un problème psychiatrique. Tu vas essayer de lui donner des outils éventuellement
22:34pour soulager ce moment difficile, mais voilà. Mais s'il y a une souffrance persistante ou d'intensité
22:40vraiment très importante, tu n'as pas besoin de score sur des échelles pour te dire qu'il y a un
22:45problème. Ensuite, je pense qu'il y a énormément de recherches, mais on en parlera peut-être un peu
22:49plus tard, sur essayer de trouver des biomarqueurs en psychiatrie et donc de pouvoir quantifier ou de
22:55pouvoir objectiver une problématique ou une maladie, une signature de maladie. Par exemple,
23:02il y a une équipe qui travaille sur le trouble bipolaire et en fait, ils ont regardé sur des
23:08IRM très puissantes la connectivité entre une zone du cerveau qui est l'amidale, qui s'occupe
23:14notamment de la gestion des émotions qui peuvent être positives ou négatives en fonction de l'endroit
23:18de l'amidale qui est connecté, avec d'autres zones du cerveau et ils ont réussi à voir qu'il y avait
23:23des profils d'activation très différents entre les gens qui étaient plutôt dans un accès de
23:28dépression versus les gens qui étaient plutôt dans un accès maniaque ou hypomaniaque, c'est-à-dire au
23:33contraire l'inverse de la dépression. Ils ont réussi à trouver presque une signature IRM,
23:40IRM fonctionnelle, donc ce n'est pas qu'il y a un problème dans leur cerveau en termes d'anatomie,
23:46mais c'est que ça fonctionne de manière particulière dans un trouble psychiatrique. Donc
23:51ça avance, mais c'est vraiment à l'échelle de la recherche aujourd'hui, on ne fait pas du tout ça
23:55en routine et quoi qu'il en soit, même si la recherche avance, je pense que la clinique en
24:00psychiatrie ça restera un élément central. En fait c'est toute la question de la limite entre le
24:05normal et le pathologique, c'est hyper compliqué en psychiatrie, parce que dans d'autres spécialités,
24:10on va doser la créate et on va se dire qu'il y a une insuffisance rénale ou pas, en psychiatrie
24:15c'est le vécu subjectif de la personne et éventuellement de son entourage, et donc toute
24:21la question en psychiatrie et la difficulté c'est de se dire est-ce que je suis encore dans la limite
24:25de ce qui est considéré comme normal ou est-ce que là je bascule dans le pathologique et est-ce que
24:30il faut mettre en place éventuellement des traitements médicamenteux ou non médicamenteux.
24:34Et tu parlais de la recherche justement, tout ce qui est recherche en santé mentale,
24:38elle en est où la recherche et surtout quels sont les principaux aspects qu'on étudie dans
24:43la recherche en santé mentale et c'est quoi les objectifs finalement de la recherche en santé
24:46mentale et dans l'innovation aussi par rapport aux solutions qu'on peut proposer ?
24:50Alors il y a énormément de recherche en santé mentale et ça c'est très bien,
24:53mais c'est toujours pareil, il y a besoin de moyens financiers pour faire de la bonne recherche en
24:58neurosciences et en santé mentale. Donc il y a plein de choses, il y a ce que je disais donc
25:03l'aspect plutôt imagerie, d'essayer de comprendre le fonctionnement cérébral dans le cadre de
25:07certaines pathologies, d'essayer de trouver des biomarqueurs soit en imagerie soit par exemple
25:12des marqueurs d'inflammation dans le liquide céphalorachidien, donc c'est le liquide qui
25:16baigne autour du cerveau et de la moelle épinière, donc on sait que maintenant il y a probablement
25:21des marqueurs d'inflammation dans certaines pathologies, donc peut-être qu'un jour on
25:24pourra faire des diagnostics avec une ponction lombaire comme on le fait en neurologie, on en
25:28est encore très loin, mais donc il y a toute cette recherche-là sur les biomarqueurs en général,
25:32il y a la recherche sur l'intelligence artificielle pour essayer d'avoir des prises en charge de plus
25:39en plus personnalisées et de mieux comprendre quels sont les différents profils de patients,
25:43pourquoi est-ce qu'il y en a par exemple qui vont très bien répondre à un traitement,
25:45d'autres absolument pas. Il y a la recherche en génétique où on se rend de plus en plus compte
25:50qu'on sait déjà qu'il y a beaucoup de maladies psychiatriques qui sont très irritables, et la
25:57question c'est de trouver les anomalies génétiques, les gènes en cause, et puis il y a la recherche
26:02en thérapie, et donc jusque-là on était assez à l'ancienne dans les prises en charge médicamenteuse
26:09en tout cas, ça fait longtemps qu'on est sur les mêmes antidépresseurs, les mêmes neuroleptiques,
26:15les mêmes familles de traitements qui parfois marchent et parfois ne marchent pas forcément
26:20très très bien, et donc là il y a tout un pan, je pense que potentiellement ça va être vraiment
26:26une révolution en psychiatrie sur les psychédéliques par exemple. Alors un traitement qui n'est pas
26:32vraiment un psychédélique c'est la kétamine qui est utilisée dans les épisodes dépressifs
26:35résistants, et puis les psychédéliques donc la psilocybine, les champignons, la MDMA dans certains
26:42cas c'est un trouble de stress post-traumatique, le LSD je ne sais pas trop, j'ai pas trop suivi,
26:49en tout cas la psilocybine par exemple il y a un essai en cours à la Pitié-Salpêtrière et à
26:54Sainte-Anne et je crois dans d'autres régions de France, et clairement il y a des résultats hyper
26:58intéressants. C'est des prises non récréatives, précisons, sans vouloir juger personne, qui sont
27:07voilà avec un psychothérapeute voire deux psychothérapeutes dans la salle, guidées,
27:11et l'idée c'est de faire de la psychothérapie augmentée, c'est à dire qu'en gros on se dit
27:14qu'en modifiant l'état de conscience de la personne, on va réussir à atteindre un peu une
27:19connectivité du cerveau différente, du coup ça va permettre une plasticité derrière plus importante,
27:27donc en fait on va profiter de ce moment où le cerveau est dans un état particulier pour aller
27:31essayer de travailler les schémas de pensée ou les traumatismes passés ou des choses comme ça.
27:37Donc ça c'est un champ aussi qui est assez énorme, et puis il y a aussi l'alimentation qui
27:42est un champ de recherche énorme, il y a Guillaume Font qui est un médecin-chercheur à Marseille
27:47je crois, qui travaille beaucoup là dessus sur les oméga 3 etc avec des résultats qui sont hyper
27:51intéressants. Il y a la pollution, on sait maintenant que la pollution a un effet sur la
27:56santé mentale, qu'à chaque pic de pollution il y a beaucoup plus de consultations aux urgences
28:00psychiatriques parce que les particules fines passent la barrière hémato-encéphalique arrivent
28:05dans le cerveau et font des dégâts. Il y a énormément de choses. Sur l'aspect biologique,
28:10neuroscientifique etc, il y a énormément de recherches qui sont faites, je ne sais pas si tu
28:15voulais compléter. Oui c'est vrai qu'Amina parle des choses très objectives, très concrètes,
28:20voilà trouver des marqueurs biologiques, génétiques etc. Ce qui est bien aussi,
28:25c'est qu'il y a plus le côté sciences humaines aussi qui revient. C'est vrai qu'on avait pas mal
28:28abandonné la recherche qualitative pendant un moment, de dire tout ça c'est des bullshit,
28:31il faut des tableaux Excel avec des chi, c'est ça qui veut tout dire. Si tu parlais des échelles
28:35tout à l'heure, c'est vrai que tu es à 50 à une échelle, tu es en bonne santé, tu es à 49 en fait,
28:38t'es plus en bonne santé. Donc de dire en fait finalement à quoi ça sert ces choses là,
28:41quel est le vécu de la personne derrière. On peut avoir 30 personnes qui ont le même score à
28:45l'échelle de dépression, qui ont 30 vies totalement différentes. Certains vont être en
28:47couple, travailler, d'autres vont pas réussir à sortir de chez elles etc. C'est de se dire en fait
28:52on va sortir du chiffre, de dire il n'y a pas que des choses objectives, c'est ce que dit toute la
28:55clinique en fait à côté. Donc il y a ça qui revient pas mal, c'est l'expérience de la maladie,
29:00l'expérience du traitement aussi, l'expérience de la prise en charge. C'est des choses qui sont
29:03hyper importantes, de dire ok notre traitement il n'a pas trop d'effets secondaires, il est bien
29:07toléré, mais est-ce que le goût est bon ? Est-ce que la personne n'a pas un dégoût du truc le
29:12matin, donc elle le vit super mal, elle n'a pas envie de le prendre ? Est-ce que finalement il y a
29:15des effets secondaires qu'on n'ose pas dire, qui ne sont pas forcément quantiégoisés comme graves,
29:18mais qui influencent la qualité de vie ? Je parlais tout à l'heure de l'impuissance,
29:21les dysfonctions érectiles, c'est un truc qui est vraiment beaucoup retrouvé sur les
29:25psychotropes chez les hommes. Pour un homme, aller chez son psychiatre, de dire j'arrive plus à
29:29bander, c'est extrêmement compliqué. Déjà aller chez un psychiatre avec sa maladie, et en plus de
29:33choses aussi intimes qui contribuent à la qualité de vie. Pareil, l'anorgasmie chez la femme,
29:37qui est encore plus sous-évaluée pour le coup. C'est ça, donc toute l'expérience de la personne,
29:42ça commence à revenir en flèche dans tous les domaines, c'est vraiment super intéressant parce
29:46que ça donne justement des éléments supplémentaires de compréhension et de contextualisation. Des
29:51chiffres qui parfois, quand ils sont décontextualisés, veulent pas dire grand-chose,
29:55notamment quand on parle d'autres maladies. Tu disais, on parle de créatinine, de marqueurs
30:01thyroïdiens, etc. Donc on sait dire, c'est cette chose-là qui cause ça. C'est vrai qu'en psychiatrie,
30:06c'est plus difficile parce que là aussi, on a ce qu'on appelle le problème difficile de la conscience,
30:10c'est qu'on sait pas non plus si l'expérience va faire les activations cérébrales ou si c'est
30:13les activations cérébrales qui vont produire la conscience. Donc il y a aussi toute cette
30:17recherche-là, plus en philosophie de l'esprit, qui se développe pas mal justement pour essayer
30:20de redéfinir et même finalement définir les concepts. Ok, donc très large en tout cas,
30:25tout ce qui est dans la recherche des causes et de ce qui va conduire finalement des troubles. Et
30:31dans tout ce qui est du coup l'aspect plus innovation, des solutions, qu'est-ce qui est en
30:35cours finalement de recherche, de développement pour aider justement les gens qui peuvent être
30:39sujets à des troubles ? Ce qu'on voit aussi, c'est le sujet de l'innovation dans tout ce qui est
30:45préventif justement. Je me souviens de Thilo, on a fait de la recherche et du développement en
30:502020. Donc c'était aussi tout début 2020, pré-Covid, on parlait beaucoup moins de ça. Ce
30:56qu'on voyait, c'est que les solutions en place, donc typiquement pour faire de la prévention des
31:00risques psychosociaux et parler de santé mentale en entreprise, c'est majoritairement des lignes
31:04d'écoute. Et donc il y a un vrai sujet de se dire en fait les gens n'utilisent pas les lignes
31:07d'écoute, donc il n'y a pas d'impact des politiques mises en place. Du coup, ça donne pas très envie
31:11de faire plus parce qu'on se dit que personne n'utilise, etc. Et donc quand j'ai regardé ça
31:16avec un angle un peu en se détachant, en se disant mais en fait qu'est-ce qui s'est passé,
31:19typiquement c'est un marché et un sujet qui avait été boudé par l'innovation, boudé par
31:24les investissements pendant assez longtemps. Alors qu'aujourd'hui, tout le sujet, c'est comment
31:28est-ce qu'on intéresse à la santé mentale le plus tôt possible, le plus grand nombre de gens
31:33possible pour développer les bons réflexes, les bonnes habitudes liées à sa santé mentale pour
31:40éviter justement que les troubles se caractérisent quand c'est possible de l'éviter. Et pour faire
31:44ça, typiquement, on a besoin de personnalisation, beaucoup beaucoup de personnalisation à très
31:48grande échelle. Et typiquement, c'est le genre de sujet où faire de la personnalisation à très
31:52grande échelle, la technologie, la data science, l'intelligence artificielle vont être absolument
31:57essentielles pour réussir à apporter la bonne réponse à chaque individu, sans même parler de
32:01diagnostic ou de pré-diagnostic, mais simplement de se dire quelles sont les problématiques,
32:07comment on les intéresse. Et ensuite, il va aussi y avoir un sujet, ce qu'on voit de plus en plus,
32:12c'est le sujet de l'accessibilité. Et donc comment est-ce qu'on rend accessible ? Typiquement,
32:17est-ce que l'intelligence artificielle peut proposer une première brique d'accessibilité
32:22pour répondre à certaines questions, à certaines problématiques, à toute heure, à n'importe quel
32:26moment, notamment via des modèles LLM ? Et ça, ça va poser la question de comment on gère les
32:32risques, comment est-ce qu'on crée des modèles qui soient le plus sécurisés possible et qui
32:36surtout ne remplacent pas la consultation, puisque tu le disais très bien Amina, on ne peut pas,
32:42en tout cas ma conviction très forte, c'est qu'on ne peut pas et qu'on ne va pas remplacer ni le
32:45psychologue ni le médecin psychiatre. Mais la question, c'est comment est-ce qu'on peut être
32:48complémentaire, apporter une brique en amont pour que la prise en charge soit la meilleure possible
32:53et le plus tôt possible ? En tout cas, on sent qu'il y a toute une émulation sur tous les domaines
32:58qui touchent la santé mentale. On sent que c'est un sujet qui est à réflexion dans plein de domaines
33:04différents. On va aborder maintenant une partie plus centrée sur la santé mentale et le travail.
33:09Déjà, quand on évoque le travail, notre métier dit beaucoup de choses sur qui nous sommes. Le
33:13travail, ça occupe une grande place dans nos vies, ça peut avoir des effets bénéfiques sur notre santé
33:16mentale, ça renforce notre sentiment d'avoir une place dans la société, ça nous donne une identité
33:21à travers notre profession. Tout à l'heure, quand je vous ai présenté votre métier, ça dit
33:25quelque part qui on est, en tout cas ça dit une partie de qui on est, ça participe à l'estime de
33:30soi, mais ça peut être aussi à l'origine de problèmes de santé mentale qui vont favoriser ou
33:33dégrader la santé mentale d'un individu. Quel type de problématiques affectant la santé mentale
33:38on peut rencontrer au travail ? Si on peut là aussi les catégoriser, les répertorier.
33:44Alors ce qu'on peut regarder, il y a différentes choses. Il y a la santé mentale au travail,
33:48donc moi j'aime bien rappeler juste qu'on vient avec sa santé mentale au travail. Ensuite,
33:53c'est la question qui se pose. J'aurais dû préciser, c'est vrai que c'est plutôt les
33:57conditions de travail qui vont influer. Bien sûr qu'on ne rentre pas chez soi en laissant
34:02ses problèmes de santé mentale à la maison, c'est plutôt en quoi les conditions de travail
34:06vont pouvoir affecter l'environnement, affecter la santé mentale d'un individu.
34:11Ce qu'on va regarder, c'est souvent quels sont les risques psychosociaux et notamment il y a trois
34:18grands types de risques psychosociaux qui vont être le stress, donc notre capacité à percevoir
34:23qu'on a assez de ressources pour répondre aux exigences qui nous sont proposées ou qu'on pense
34:27qu'ils nous sont proposées, en tout cas les exigences qu'on perçoit de notre travail et de
34:30notre environnement de travail. Ensuite, il y a les violences internes. Les violences internes,
34:35ça peut être le harcèlement moral ou sexuel, par exemple. Ça peut être aussi un environnement
34:39conflictuel où il y a beaucoup de tensions, par exemple. Ou les violences externes. Les
34:44violences externes, ça peut être un braquage dans une boutique, par exemple, ou une violence
34:50qui vient plutôt de l'extérieur mais qui est toujours sur le lieu de travail, en lien avec
34:54le lieu de travail. D'accord, donc c'est trois grandes catégories. Il y a le stress, qui je
34:59pense peut-être est le risque psychosocial majeur, je ne sais pas si c'est celui qui est le plus
35:04répandu. Parce que j'ai l'impression que même quand on parle de braquage, finalement, il y a aussi
35:07la notion de stress qui va être associée à tout ça. J'ai l'impression que le stress, c'est un peu
35:12le problème de fond, entre guillemets. Justement, qu'est-ce qui se passe biologiquement ? Parce que
35:16moi, c'est plus la première technique de se dire, c'est le lien entre le psychique et le physique.
35:22C'est finalement en quoi, dans notre corps, qu'est-ce qui se passe biologiquement pour qu'une
35:26exposition qui va être prolongée au stress, elle puisse justement conduire à l'apparition d'un
35:30trouble psychique ? C'est plus le lien entre les deux. Alors déjà, il faut différencier, on va dire,
35:37trois stress. Le stress aigu d'intensité à peu près normale ou en tout cas supportable, qu'on
35:43peut tous connaître avant un examen, avant une échéance, avant un truc, ça c'est un stress plutôt
35:47bénéfique. En fait, c'est un signal d'alerte pour mettre un peu tout le corps et le cerveau au
35:52travail pour faire le truc qu'il faut faire. Donc ça, c'est un mécanisme adaptatif. Heureusement
35:56que ça existe. Si on n'avait pas de stress, on ferait probablement beaucoup moins de choses. Donc
36:01jusque là, tout va bien. Ensuite, il y a le stress dont l'intensité est trop importante. Et ça, même
36:07en un seul épisode, ça peut laisser des séquelles. C'est par exemple ce qu'on va appeler le syndrome
36:10de stress post-traumatique, où là, en fait, on redescend jamais à un niveau normal de stress.
36:15C'est-à-dire qu'on connaît un stress énorme, un attentat, un braquage, une agression sexuelle ou une
36:20agression physique, etc. Et donc ça, c'est un stress qui peut laisser des séquelles déjà en un épisode.
36:26Et ensuite, il y a le troisième et qui est probablement celui qui nous concerne le plus,
36:29en tout cas au travail, c'est le stress chronique. Et là, en fait, ce qui se passe, c'est que même
36:33si l'intensité est totalement supportable, le fait de répéter, répéter, répéter des épisodes de
36:38stress, donc ça peut être des petites phrases anodines, quelque chose qui en un épisode n'est
36:44pas forcément anormal et totalement supportable, mais la répétition de ces petites choses-là finit
36:48par faire que le cerveau et le corps ne redescendent jamais à des niveaux normaux d'hormones et de
36:54neurotransmetteurs liés au stress. Et ce qui se passe d'un point de vue plus physiologique, c'est
36:59qu'en gros, il y a une cascade liée à différents organes et surtout au cerveau qui va libérer des
37:07hormones et certains neurotransmetteurs, pour les citer le cortisol principalement et la noradrénaline
37:13qui est un neurotransmetteur, qui vont activer, c'est ce qu'on disait, tout plein de choses pour
37:17réagir, en général fuir ou se battre. Maintenant, quand ces neurotransmetteurs et ces hormones-là ne
37:26redescendent pas à la normale, ça va créer une cascade de plein de choses dans le corps,
37:30d'où des symptômes physiques, et dans le cerveau, qui vont faire qu'on se sent avec une tension,
37:35on a plus de difficultés à réguler nos émotions, donc une certaine irritabilité, une certaine
37:41impulsivité parfois, ça c'est plutôt une partie de notre cerveau qui est à l'avant, qui est le
37:45cortex préfrontal, qui quand il est soumis à un stress chronique, a plus de mal à réguler les
37:49émotions, et l'hippocampe qui est une zone qui gère la mémoire et la régulation des émotions,
37:56pareil, elle va s'atrophier même, elle va diminuer de volume face au stress chronique, donc ça laisse
38:00vraiment des traces et ça rend très difficile la gestion des émotions, et quand on a plus de mal à
38:05gérer nos émotions, on aggrave le stress, on commence à avoir des symptômes plutôt dépressifs,
38:09anxieux, on peut développer un vrai trouble anxieux, etc. Donc voilà globalement ce qui se
38:14passe, et sur le plan physique, c'est pareil en fait, si on est en état d'alerte, le cerveau continue
38:19à envoyer des signaux d'alerte même dans les moments de repos, parce que ça devient un stress
38:23chronique, et bien on va commencer à avoir mal au ventre, ou mal à la tête, ou le cœur, enfin voilà,
38:29on va avoir plein de choses, et on peut avoir même des conséquences métaboliques, des prises de poids
38:35qui ne sont pas du tout liées à l'alimentation, des problèmes cardiovasculaires, on sait qu'il y a
38:41plus d'infarctus, plus d'AVC, plus de problèmes chez les gens qui ont un stress chronique, donc
38:46voilà, il se passe beaucoup de choses, tant que c'est ponctuel, c'est plutôt bénéfique, c'est
38:49plutôt utile en tout cas au fonctionnement, dès que ça devient soit trop intense, soit chronique,
38:54ça laisse vraiment des séquelles qui rendent le fonctionnement au quotidien très compliqué.
38:59Je voulais juste ajouter un petit truc, tu parlais des trois réactions justement à la peur, au stress,
39:05se battre, fuir, ou friser, enfin se figer, il y en a une quatrième dont on parle parfois,
39:11c'est ce statu quo, les complaisances, pas du tout au sens positif, mais vraiment on reste
39:19dans cette situation parce qu'on ne sait pas quoi faire, donc plutôt que de se figer, se battre ou
39:23fuir, c'est juste on reste, on abandonne et on continue, et c'est ce qu'on voit avec les cas
39:28de présentéisme aussi, de quiet tweeting comme on dit aujourd'hui, et c'est vrai que ça c'est quelque
39:33chose qu'on retrouve dans d'autres situations totalement différentes, dans les régimes totalitaires
39:37par exemple, quand les personnes sont vraiment soumises à un stress intense parce qu'elles savent
39:42que si elles ne marchent pas droit, elles vont se faire fusiller, c'est juste en fait, on finit
39:47par se faire au truc, et on le fait parce qu'on n'a pas le choix, et plutôt que de se battre,
39:52parce qu'on sait que dans ces cas-là, c'est pas très bien vu, fuir c'est pareil, ça peut être
39:57dangereux, et se figer, ça ne sert pas forcément toujours à grand chose, c'est plus le statu quo
40:03de dire, je continue comme ça jusqu'au moment où ça explose, c'est ça.
40:08Sur ces chiffres-là en France, on a 1 salarié sur 5 qui souffre d'épuisement professionnel connu
40:12sous le nom de burn-out, 61% des actifs français qui se sentent stressés au moins une fois par
40:17semaine, 42% des salariés français qui se déclarent en détresse psychologique modérée et 15%
40:22en détresse psychologique élevée, on a 1 salarié sur 2 qui souligne des appréhensions relatives à
40:27une charge de travail démesurée, 12 milliards de journées de travail perdus chaque année en raison
40:32de la dépression de l'anxiété, tu parlais tout à l'heure des journées de travail perdus, donc ça
40:36représente à l'échelle mondiale 12 milliards de journées, c'est énorme. Le coût social du stress
40:40au travail en France, c'est entre 800 millions et 1,6 milliards d'euros, donc c'est assez énorme,
40:47et 3 000 euros par an par collaborateur, je crois que c'est un truc que j'avais vu sur TILF, finalement
40:53c'est le coût, c'est ce que ça coûte à une entreprise, une absence de prise en charge sur la
40:57santé mentale, 3 000 euros par an par collaborateur. C'est même un peu supérieur parce que l'absentéisme
41:01a augmenté et la tendance à quitter son job pour des raisons liées à la santé mentale a aussi
41:06augmenté, mais l'ordre de grandeur est le même. Ah oui, d'accord, donc ça augmente aussi les coûts, et donc
41:12pareil, même question que tout à l'heure, c'est quoi votre regard par rapport à ces
41:16chiffres sur l'état finalement de la santé mentale au travail en France, et surtout quand les
41:21problématiques sont causées par le travail elle-même ? Ce qu'on voit, c'est qu'effectivement il n'y a pas
41:25une amélioration de la situation, moi j'aimais bien ce que tu disais Miguel, l'idée
41:30c'est pas de se dire bon bah la maison est en feu, il n'y a plus rien à faire, donc ce que je vois
41:36aussi c'est que c'est un sujet qui est beaucoup plus sur la scène médiatique, et je pense que ça
41:42aide, et ça aide à la prise de conscience et au fait que les entreprises s'emparent de ce sujet-là
41:45pour changer les choses, et il y a aussi une aspiration qui vient des collaborateurs, des
41:51collaboratrices, et en particulier des plus jeunes, qui disent massivement je considère que mon
41:55employeur est en partie responsable, ou mon entreprise en partie responsable de ma santé
42:00mentale, je veux que ce soit des sujets qui soient pris en compte, qu'on considère ma santé mentale,
42:05et donc c'est un mouvement positif. C'est ce qu'on appelle le ressentéisme ? Le ressentéisme, il y a
42:12plein de mots pour dire pas la même chose mais avec des petites nuances, donc il y a le ressentéisme
42:17qui vient de to resent en anglais, donc c'est vraiment les gens qui sont toujours là mais qui
42:21n'ont plus envie d'être là et qui le font savoir, à l'inverse du quiet quitting ou la démission
42:25silencieuse où les gens sont là, n'ont plus envie d'être là, mais ils sont effectivement détachés, c'est
42:30un peu je trouve à chaque fois une tendance un peu différente pour montrer qu'il y a quand même un
42:34dysfonctionnement, et ce que ça veut dire le ressentéisme, si on caricature un peu, c'est les
42:39personnes ronchonnes qui vont dire que rien n'est bien, etc. Alors c'est un peu pénible, mais si on
42:44s'arrête là, on n'a pas compris qu'il y a quelque chose derrière qui vient d'un dysfonctionnement,
42:49qui peut venir d'un désalignement entre la place du travail, les attentes perçues, l'alignement des
42:54valeurs, le sentiment de reconnaissance au travail, qui sont des vraies aspirations des salariés en
43:00France, et en particulier des plus jeunes générations. Donc moi ce que je vois, c'est aussi que les
43:07employeurs et les entreprises de plus en plus ont conscience de ces chiffres, se rendent compte aussi
43:12qu'il y a un enjeu de performance de l'entreprise, il y a ceux qui font et qui prennent en charge le
43:17sujet parce qu'il y a des obligations légales de l'employeur, à ce sujet le code du travail est
43:22assez clair sur des obligations de résultats, de respect, de garantir la sécurité, en particulier
43:28psychologique, mais pas que sur le lieu de travail. Mais au-delà de ces obligations légales, il y a
43:33aussi soit une volonté dictée par les aspirations des collaborateurs, soit une reconnaissance du fait
43:41que la performance de l'entreprise en dépend. Et ça je trouve que ça a quelque chose de positif,
43:46parce que ça va vers beaucoup plus de changements, et le fait qu'on prend ce sujet là plus sous la
43:50lorgnette de coucher la case, de j'ai mis en place des politiques de prévention des RPS parce qu'il
43:57faut le faire, mais plutôt comment je fais pour en faire un vrai levier de mes politiques RH, un vrai
44:02levier de recrutement, de fidélisation des talents. Est-ce que finalement le travail ça revient comme
44:07une cause principale, j'imagine, des troubles que peuvent rencontrer les gens au quotidien ?
44:14Pas spécialement. Ce qu'on dit souvent, on n'a pas parlé pour l'instant de rétablissement,
44:20on parle souvent de maladies mentales, mais on oublie qu'on peut vivre avec sans avoir de
44:24souffrance significative. On peut très bien avoir un trouble bipolaire, un trouble schizophrénique,
44:27et avoir un encore être en couple, vivre une vie épanouissante, même s'il peut toujours y avoir
44:32des rechutes. Après je parlais peut-être plus de ce qui est trouble psychique, type dépression,
44:36anxiété, que ça est vraiment propre du coup au travail. Mais pour le coup, si c'est propre au
44:41travail, oui forcément. Au-delà, souvent le travail est un facteur de rétablissement. Rétablir
44:55en fait le lien social, c'est qu'on a souvent tendance dans les troubles psychiques à s'isoler,
44:58à s'isoler, à se refermer sur soi, et en fait c'est le fait de réussir à nouveau à renouer
45:03contact avec le monde. Dans nos sociétés, ça passe essentiellement par le travail, ça permet
45:09aussi d'aller mieux, de se retrouver une utilité, de regagner en estime de soi. Alors bien sûr si on
45:14a un job qui nous plaît, si on a un job où on se fait harceler, ça va marcher. T'as raison de
45:19rappeler que le travail peut être un facteur de protection, et que dans l'enceinte du travail,
45:22il y a aussi des facteurs de protection. Tu disais typiquement contre l'isolement, la qualité des
45:26relations managerielles, mais des relations entre pères, entre collègues, c'est aussi un facteur de
45:31protection hyper fort qui vient du travail. Pour nous, ça fait partie des piliers de la prise en
45:36charge. Le travail, c'est-à-dire la réinsertion socio-professionnelle, elle est hyper importante,
45:41autant que le traitement médicament, voire plus même, que le traitement médicamenteux ou la
45:45psychothérapie. Si on ne réinsère pas les gens, on a beau les traiter, on sait qu'ils risquent de
45:49rechuter s'ils se retrouvent isolés. Il y a aussi un truc, c'est que, ça c'est discutable ce que ça
45:55vaut, mais le travail c'est aussi une source de narcissisation un peu, c'est-à-dire que parfois
46:00c'est ce qui nous, si tu disais que c'est un peu notre identité... Et puis voilà, d'estime de soi,
46:05de est-ce que je suis utile, est-ce que ce que je fais a du sens, est-ce que ce que je fais est de
46:09qualité, etc. Et donc, ça peut être à double tranchant, soit ça joue ce rôle-là et du coup,
46:14ça permet aux gens d'apaiser d'autres souffrances, d'autres problèmes, ça peut être des problèmes à
46:18la maison, qui sont apaisés par le fait d'aller au travail, d'être dans un autre environnement,
46:21etc. Soit le versant négatif, c'est que si ça ne remplit pas ça, ça devient une source de souffrance.
46:26Et donc, on voit les deux. En effet, je vois des gens où le travail, c'est vraiment une bulle
46:32rassurante, où on a peut-être plus de contrôle qu'à la maison, etc. Et je vois des gens qui sont
46:38vraiment en souffrance avec le travail, qui développent des troubles anxieux, qui ont
46:44extrêmement peur de reprendre le travail, qui ont des arrêts maladie très très long à répétition,
46:49etc. Donc, on voit vraiment les deux pour le coup. Et justement, donc là, c'était plus sur l'aspect
46:54de l'employé, du salarié. Est-ce que côté entreprise, il y a, j'imagine aussi, un impact
47:00de la dégradation de la santé mentale des collaborateurs ? Donc, comment on mesure cet
47:04impact-là et comment il se traduit pour les entreprises ? Et pourquoi elles ont aussi un
47:09intérêt à finalement se pencher sur le sujet et à finalement essayer de préserver au maximum la
47:14santé mentale de ses salariés ? Il y a la théorie, les chiffres. Dans la théorie, ce qu'on sait,
47:21c'est que des personnes en bonne santé mentale vont être plus à même de collaborer, d'être
47:25créatifs, d'être productifs. Et donc, assez naturellement, on fait le lien entre eux. C'est-à-dire
47:31quand on a des gens qui sont dans une sécurité psychologique et qui sont bien, ils vont être bons
47:36dans leur travail. Et donc, c'est bien pour l'entreprise. Au-delà de ça, il y a vraiment
47:39des indicateurs et des mesures qui sont assez factuels. Notamment, tu parlais de l'absentéisme.
47:44Donc, il y a 21% des jours non travaillés en France qui sont dus à des raisons liées à la santé
47:50mentale. On estime que c'est 40% des départs souhaités ou non qui sont liés à des causes
47:59liées à la santé mentale. Et il y a aussi une partie qui est plus difficilement quantifiable,
48:04qui est l'impact sur la productivité. Et donc, on le voit moins. Nous, on estime que c'est à peu
48:08près 35%, donc un peu plus d'un tiers des personnes qui travaillent, qui ont un risque sur leur
48:14productivité. Alors, ce n'est pas zéro ou 100. On n'est pas au travail en faisant rien. Mais c'est
48:18peut-être 90% de son potentiel, 80% selon l'État. Et donc, ça, ça a vraiment un coût sur
48:24l'entreprise, qui est assez difficile à quantifier, à mesurer. Nous, ce qu'on a fait avec Teal,
48:29c'est qu'on a essayé de mesurer plutôt l'impact du fait d'avoir une solution, en l'occurrence celle
48:35qu'on connaît, qui est l'accompagnement qu'on a chez nos partenaires avec Teal, et l'impact sur
48:41l'intention d'absentéisme, l'intention de turnover liée à la santé mentale et sur la productivité.
48:47Et ce qu'on voit, c'est que les personnes qui ont le plus recours à l'accompagnement et qui disent
48:52avoir un impact positif sur leur santé mentale lié à ça, ils ont aussi un risque d'absentéisme
48:57diminué de 12%, un risque de turnover lié à leur santé mentale diminué de 21%, et un
49:03incrément de productivité, ou en tout cas, un risque de productivité plus faible de 8%. Et c'est
49:08vraiment ça qu'on va chercher à mesurer, parce que par pragmatisme, si on veut que les entreprises
49:13prennent vraiment ce sujet à bras-le-corps, en fassent un pilier stratégique de leur
49:18déploiement RH et en fassent vraiment quelque chose, il faut que ça ait un impact sur la
49:22performance d'entreprise. Donc il faut être capable de le mesurer, être capable de leur
49:26montrer que ça a un vrai impact. Et là-dedans, on ne mesure même pas, par exemple, l'impact sur la
49:31marque employer, qui est quand même quelque chose de super important quand on sait que c'est une
49:34entreprise où ils font bon vivre, plus facile de recruter des gens plus talentueux, voilà.
49:40Oui, c'est vrai qu'il y a un côté pignon. On a l'impression aussi que les gens ont de plus en
49:44plus envie, sont de plus en plus à la recherche d'un confort dans le travail. Justement, c'est
49:49de plus en plus des préoccupations, c'est plus uniquement un poste ou avec telle responsabilité,
49:53c'est aussi d'avoir finalement dans un cadre qui soit finalement assez confortable.
49:58Mais c'est ce qu'on voit aussi dans les déterminants. Aujourd'hui, quand on regarde
50:02les gens qui sont les plus productifs, en tout cas quand on voit les déterminants de la productivité
50:07au travail et de la motivation au travail, les facteurs qui sont le plus déterminants et le plus
50:13corrélés, ça va être l'alignement des valeurs, le sentiment de reconnaissance, le sentiment d'être
50:18respecté, la qualité des relations interpersonnelles. Et c'est aussi se sentir bien.
50:26Finalement, est-ce que les salariés parlent facilement de leurs difficultés, surtout quand
50:30elles sont liées à la santé mentale ? C'est ce que tu disais tout à l'heure, c'est souvent,
50:33je pense, ça tient à l'intime, à quelque chose d'intime, donc c'est peut-être un peu compliqué,
50:38mais voilà. Est-ce qu'ils en parlent facilement dans le milieu professionnel ? Et si les difficultés
50:42il y a, finalement, à qui en parler ? Quoi faire ? Si on peut donner un peu des conseils aux gens.
50:48Finalement, je me retrouve dans une situation, moi ou un collègue, qu'est-ce que je dois faire ?
50:53En fait, ça dépend pas mal aussi de la culture d'entreprise, des relations managériales.
50:59Il y a des cultures où c'est très difficile. Et ça dépend aussi, est-ce qu'il y a un acteur
51:08externe ? Nous, on a aussi ce rôle dans les entreprises. C'est plus facile quand l'acteur
51:12est externe. Exactement, de pouvoir prendre un rendez-vous via Teal pour voir un psychologue,
51:19par exemple. Donc ça dépend vraiment de la situation. Moi, ce que je trouve important,
51:24c'est de dire qu'il ne faut pas rester seul. Donc, il y a soit la médecine du travail, soit un père,
51:30un coéquipier, soit un manager, soit quelqu'un plus haut placé dans l'entreprise, mais il ne faut
51:34pas rester seul et se taire. Mais c'est vrai aussi que parfois, la culture d'entreprise fait
51:37que c'est plus difficile de se nourrir. Une autre question, si vous aviez, vous,
51:44un conseil chacun à donner à des personnes qui rencontrent actuellement des difficultés dans
51:48leur travail, qui se sentent submergées, qui se sentent oppressées, qui ne savent pas forcément
51:51quoi faire, lequel serait-ce ? Plus qu'un conseil, j'ai un petit motto à transmettre. C'est vrai
51:59qu'on parle de santé mentale, souvent c'est sous l'axe de la maladie, mais on oublie que c'est aussi
52:03possible d'aller mieux et que c'est aussi possible d'aller bien. Alors certes, il faut rencontrer les
52:07bonnes personnes, le bon professionnel, avoir la bonne situation financière pour, etc. Mais en tout
52:11cas, quand on a accès à une prise en charge, la plupart du temps, elle est efficace et ça permet
52:15d'aller mieux et d'aller bien. On parle de rétablissement, de fait d'aller bien avec sa
52:18pathologie. Donc ne plus dire qu'on souffre d'une pathologie, mais qu'on vit avec une pathologie,
52:22qu'on vit avec son chien. Et un jour où le chien est chiant, l'autre, il est gentil. C'est comme
52:28ça. Et pour le coup, c'est plus le motto que j'aimerais transmettre, c'est que c'est possible
52:32et c'est OK d'aller bien. On dit toujours que c'est OK de ne pas aller bien, mais en attendant,
52:35c'est oublié que c'est aussi OK d'aller bien. C'est devenu presque un tabou aussi aujourd'hui.
52:38On n'ose plus dire qu'on va bien, ça je le vois de plus en plus. Et un autre conseil qui est vraiment
52:45personnel, c'est une citation qui faisait vraiment très personnel, cette souffrance-là. Et typiquement,
52:52un conseil, c'est quelque chose de très personnalisé. Mon conseil, ce serait de pas
52:55écouter les conseils, parce que très souvent, ça part d'une bonne intention. Et en général,
53:01quand on donne ses conseils, on ne se les a jamais appliqués à nous-mêmes. On sait comment ça marche.
53:03Il faudrait que tu fasses ça. Et en général, quand ça nous arrive, on le fait pas.
53:06Moi, je différencierais deux choses. Ce que je conseille à quelqu'un qui est déjà en souffrance,
53:13c'est clairement d'en parler à ses proches, déjà. Première chose, parce qu'en général,
53:17on a plus facilement envie de parler à son meilleur ami, sa meilleure amie, son pote,
53:24sa mère, qui on veut. Parce que ça permet aussi de gagner un peu en relativité de perception.
53:30Et peut-être nos proches peuvent dire non, mais là, tu vois, c'est pas normal. Ça, c'est hyper
53:34important. Ou là, non, mais tu dors pas assez. Des choses comme ça, pour alerter aussi sur le fait
53:37que non, c'est pas OK. Parce qu'il y a plein de gens aussi qui ont du mal à voir le moment où ça
53:42va plus, en fait, et qui laissent traîner, traîner, traîner, jusqu'au moment où c'est déjà trop tard.
53:46Et plus c'est tard, plus c'est difficile à traiter aussi. Parce qu'on peut traiter et on peut aller
53:50bien, mais plus on agit tôt, et meilleur est le pronostic de très loin. Donc déjà, d'en parler
53:56assez vite, assez tôt, dès qu'on a des doutes sur le fait de peut-être, bah là, je dors moins bien,
54:00je rumine un peu avant de dormir, ou je me réveille super tôt et tout, d'en parler assez vite. D'en
54:05parler à son médecin généraliste, c'est aussi leur boulot, même s'ils sont pas psychiatres. C'est
54:08eux qui nous voient le plus, globalement, et qui peuvent, du coup, nous adresser ou gérer,
54:12s'ils estiment qu'ils peuvent gérer. Et un psychothérapeute, s'il y a vraiment une problématique
54:17de même schéma qui se répète, ou de problématiques passées ou autres, la psychothérapie, c'est quand
54:23même... ça a fait ses preuves depuis bien longtemps. Donc ça, c'est pour les gens qui souffrent déjà.
54:29Donc je dirais vraiment parler, parler, parler, parler. Et pour les gens qui souffrent pas encore,
54:34tant mieux pour eux, et à qui on ne souhaite pas de souffrir. Mon conseil, ce serait du coup,
54:39la prévention, en fait. Et alors, vraiment, c'est pas pour faire des messages généralistes en bas
54:46de l'écran de la télé, mais l'activité physique, c'est très largement démontré que ça a un effet
54:51extrêmement bénéfique, préventif et curatif, sur les problèmes de santé mentale, très globalement,
54:57dans à peu près toutes les pathologies et toutes les problématiques. Donc faites du sport,
55:01et sachez que personne n'a envie de faire du sport, que le cerveau est conçu pour être plutôt en
55:08économie d'énergie, mais qu'une fois qu'on le fait, on connaît tous la libération d'endorphine,
55:13et voilà. Et en fait, ça a des effets au long cours qui sont très largement validés scientifiquement.
55:17Donc faites du sport, faites des techniques de méditation ou de relaxation ou autres,
55:22parce que même si c'est pas pour en faire une psychothérapie, c'est un peu de l'hygiène,
55:27c'est de prendre soin de soi, c'est ce qu'on disait, c'est que la santé mentale, on peut
55:30l'avoir en positif, et on peut s'apporter des moments où juste on décide qu'on fait rien,
55:36ou qu'on fait un truc qui nous fait plaisir, ou qu'on médite, ce qui peut être vraiment très
55:39bien en prévention. Et puis l'autre chose qui, moi, me paraît hyper importante, c'est que j'ai
55:43l'impression que là, il y a un gros déficit en France, et peut-être moins dans d'autres pays,
55:46c'est la connaissance du cerveau. Je trouve que c'est fondamental pour mieux se comprendre,
55:51mieux comprendre, mieux détecter les choses qui vont moins bien, et plus connaître les solutions
55:57aussi. Et mieux se comprendre, ça passe par comprendre ce qu'est l'organe cerveau, comment
56:03il fonctionne, quelles sont les grandes fonctions cognitives, émotionnelles, etc. Je trouve que
56:07c'est vraiment une porte, moi pour les patients, j'essaie de faire beaucoup d'éducation thérapeutique
56:12sur qu'est-ce que c'est votre trouble, qu'est-ce que ça vient perturber dans le cerveau, et comme
56:16on expliquerait à quelqu'un en dialyse pourquoi son rein ne fonctionne pas, il faut expliquer à
56:21quelqu'un qui est en souffrance psychologique pourquoi son cerveau, les neurotransmetteurs,
56:25etc. Et pour ça, il y a des livres qui sont assez bien faits. Je vais citer Lionel Nackage,
56:31qui est mon directeur de thèse, donc comme ça je le place, mais qui fait des super livres. Par
56:38exemple, Parlez-vous cerveau, qui est un de ces livres qui est hyper accessible. Albert Monkébert,
56:43que vous devez connaître aussi, qui fait pas mal de contenu au MK2, en livre, etc. sur les
56:50neurosciences et sur le fonctionnement du cerveau. Et puis il y a un podcast d'un psychiatre qui
56:55aborde plein de sujets intéressants qui s'appelle Le libre arbitre n'existe pas, et je vous conseille
56:59aussi de l'écouter. Puis Les mots bleus, par exemple, parce que parfois ça nous parle aussi
57:04ce que disent les autres, les témoignages des autres, et le témoignage des autres qui vont
57:07mieux aussi, et ça donne beaucoup d'espoir et ça donne envie d'y croire, et du coup d'aller en parler.
57:12Super. Je ne dirais pas beaucoup mieux. Effectivement, ce qu'on fait à travers notre
57:19accompagnement individuel, c'est exactement ça, c'est de la psychoéducation. Comment est-ce qu'on
57:22démocratise, on rend hyper accessible les neurosciences, les sciences cognitives et
57:25comportementales pour que les gens comprennent mieux et adoptent les bons réflexes dans leur
57:30vie, typiquement la méditation, la respiration cardiaque, l'exercice physique, etc. Donc je
57:35pense que c'est absolument essentiel. Parler, évidemment, avec un psychologue. Moi, franchement,
57:40j'ai toujours envie de dire, avec un psychothérapeute, quand on a besoin d'apprendre à jouer au tennis,
57:46on peut se mettre contre un mur et apprendre tout seul à jouer au tennis, et il y a probablement
57:49quelques très bons joueurs qui ont réussi comme ça. Et puis, à un moment, quand on n'y arrive plus,
57:54on a besoin de quelqu'un qui nous aide. Et franchement, je trouve que la psychothérapie,
57:58c'est exactement ça. Quand on a quelque chose qui commence à ne pas très bien aller, c'est bien de
58:02se renseigner, de voir ce qu'on peut faire tout seul. Et puis si, en fait, ça continue à ne pas
58:05très bien aller, il faut juste avoir à la fois l'humilité, le pragmatisme de se dire, et peut-être
58:10la curiosité, un peu de courage, et se dire, allons-y, je vais consulter quelqu'un et ça risque
58:16de m'aider. Et sur le plan, peut-être, plus collectif, moi, j'aime bien donner un conseil
58:22aussi aux employeurs, aux dirigeants, dirigeantes d'entreprises, et leur dire juste ce sujet-là. Je
58:28pense que le sujet de la santé mentale, on entend encore parfois des gens se dire, est-ce que c'est
58:33pas ouvrir la boîte de Pandore ? Est-ce que c'est à moi de faire ça, de prendre ces sujets-là,
58:39etc. Moi, je trouve qu'il faut le regarder complètement différemment en se disant qu'on
58:44est probablement à l'aune vraiment d'un nouveau paradigme. Le changement, il est en train de se
58:48produire. Il est, comme souvent les changements, ce qu'on se disait, poussé par les plus jeunes
58:52générations, qui aujourd'hui représentent déjà une part très significative de la force vive de
58:57notre pays. Et en fait, il y a un peu le choix entre résister, ou alors s'adapter un peu doucement,
59:05ou alors embrasser le changement et être un peu pionnier, et se dire, OK, comment est-ce que je
59:10fais de ce sujet-là ? Quelque chose qui me différencie des autres. Et je trouve que c'est
59:13aussi une vraie opportunité pour les entreprises de se différencier, de participer, à réinventer le
59:19rapport qu'on a avec le travail et le travail de demain. Super. Écoutez, je crois qu'on a fini ce
59:27podcast. Merci à tous les trois pour votre vision éclairée sur le sujet. Merci d'avoir accepté
59:33l'invitation. C'était très intéressant. Merci à toi. Merci aux équipes, aussi, Avast Live Paris
59:39et Prozone Pixels, et à toutes les personnes qui ont travaillé de près ou de loin sur le projet.
59:43Et encore merci à vous trois. Merci à toi.
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