00:00Rachel Binas, vous gardez la main. Comment les fonctionnaires contournent la réforme des arrêts maladie ? C'est votre libre-arbitre ce soir.
00:07C'est une réforme qui a provoqué l'émotion des syndicats, des fonctionnaires.
00:12Souvenez-vous, octobre 2024, le gouvernement annonce un plan choc de lutte contre l'absentéisme dans le secteur public.
00:21L'objectif est clair, c'est d'aligner les fonctionnaires sur le régime du secteur privé.
00:26C'est-à-dire allonger le nombre de jours de carence. On passe de 1 à 3, ce qui n'a pas été fait.
00:33Et puis faire passer le remboursement des arrêts maladie de 100% à 90%, ce qui est actuellement en vigueur.
00:42Un chiffre, selon l'inspection générale des finances, en 2022, l'absentéisme dans la fonction publique a coûté la coquette somme de 15 milliards d'euros à l'État.
00:53Donc chiffre colossal. Et il se trouve que, pas plus tard qu'hier, dans un article du Figaro de Louise Darbon, je tiens à la citer,
01:04on nous propose une première étape, un premier bilan de cette réforme.
01:10Et force est de constater que les comptes n'y sont pas.
01:13La fréquence des arrêts maladie en 2025 est similaire à celle de l'année précédente.
01:19Et on observe en fait des stratégies de contournement.
01:22C'est-à-dire qu'on utilise des petites méthodes pour tenter finalement d'échapper à cette réforme.
01:28Les arrêts maladie plus longs, l'augmentation des arrêts des accidents de travail et des mittens thérapeutiques.
01:34Ces deux arrêts-là ne sont pas concernés par le passage à 90%.
01:39Alors tout cela, on va être clair, peut se faire avec la complaisance des médecins qui de toute façon sont payés à la consultation.
01:46Ils se mettent en mittens thérapeutiques pour ne pas poser d'arrêt maladie.
01:48En fait, c'est une forme d'arrêt maladie, le mittens thérapeutique.
01:52Mais vous restez à 100%, vous ne passez pas à 90%.
01:55Même chose pour l'accident du travail.
01:57Vous êtes sur le régime de 100%.
01:58Et on observe une augmentation de ces formes-là.
02:03Alors, que faire face à ce mal, cet absentéisme aigu qui touche bon nombre d'agents de la fonction publique territoriale ?
02:11Et qui coûte 15 milliards, en tout cas c'était les chiffres de 2022.
02:14Et bien, alors, outre le lever de l'indemnisation dont on peut parler,
02:18chez les voisins, chez les pays voisins, certains sont passés depuis bien longtemps au contrôle, au contrôle à domicile.
02:24Alors, soit il est pris en charge par l'organisme social, par l'État, soit par l'employeur.
02:30Donc, plus de contrôles pour vérifier ?
02:33Des contrôles, et j'en parle en connaissance de cause parce que je l'ai vécu.
02:36Je l'ai vécu, il fut tant de temps, j'ai travaillé aux Pays-Bas, à Amsterdam plus précisément.
02:43Et il se trouve qu'un jour, j'ai été malade une journée, je suis restée chez moi, je savais que je ne serais pas payée.
02:49Et bien, j'ai eu le droit à quelqu'un qui est venu vérifier.
02:53Si vous étiez bien malade.
02:53Si j'étais bien malade, c'est un personnel de santé, si j'étais bien malade, et surtout si j'étais chez moi.
02:58Si j'étais bien à domicile et pas en vacances.
03:02Alors, il faut faire ça ?
03:04Aux Pays-Bas en tout cas, et au Royaume-Uni, ces contrôles sont à charge de l'employeur.
03:09Sont à charge de l'employeur.
03:10Et je peux vous dire que les arrêts dits abusifs ont considérablement baissé, parce que vous réfléchissez à deux fois.
03:17J'ai même vu, pour tout vous dire, un collègue perdre son emploi pour ça.
03:20Il se trouve que lors du contrôle, il n'était pas chez lui.
03:23Et donc, on a mis terme à son contrat.
03:26Alors, certes, vous me direz, ça a un coût.
03:28C'est un coût, forcément.
03:30Il est certainement moins élevé, ce coût, que les arrêts abusifs.
03:34Mais ce qui est sûr aussi, c'est qu'il contribue à faire changer les mentalités.
03:37Il faut plus de contrôle, Stéphane Manigol, pour lutter contre ces arrêts maladie.
03:44Mais les arrêts maladie, c'est un fléau pour la fonction publique, comme c'est un fléau pour les entreprises.
03:49C'est un fléau pour la fonction publique, parce que ça coûte aux 30 millions d'actifs qui portent ce pays, une fois de plus.
03:57Et donc, oui, il faut mettre en termes...
03:59J'ai fait une proposition très simple.
04:01Il y a 1100 milliards de dépenses dans le social.
04:0560% de la richesse du pays, elle est distribuée dans le social.
04:09Donc, on est dans un état nounou absolu.
04:11Moi, je dis simplement, je prends ces 360 milliards, je donne 1000 euros à chaque actif, les 30 millions d'actifs, et vaille que vaille.
04:19Et 1000 euros, c'est les jours de carence.
04:22Vous êtes dans l'arrêt maladie parce que vous avez un petit bobo et qu'au fond, vous avez envie de partir, je ne sais pas quoi.
04:27Si vous avez une maladie grave, c'est une maladie, oui.
04:29J'ai parlé d'un petit bobo.
04:30Il ne me semble pas qu'un médecin qualifie d'un petit bobo une maladie grave.
04:34Donc, c'est pour ça que j'ai dit un petit bobo.
04:36Et ce qui coûte cher aux comptes publics, et c'est l'honneur de la France,
04:40de venir en soutien de celles et ceux qui ont des maladies graves.
04:44Donc, on va éliminer ce sujet.
04:45Il faut protéger ceux qui sont en maladie longue durée.
04:50En revanche, ceux qui tuent le système, c'est ceux qui décident,
04:53et on l'a tous entendu, je me mets en arrêt maladie.
04:56Pardon, mais moi, j'ai des cuisiniers, des serveurs.
05:00Il ne me semblait pas qu'ils avaient fait médecine et qu'ils pouvaient s'auto-diagnostiquer
05:03et dire je vais être en maladie.
05:04Vous en avez beaucoup, des gens qui se mettent en arrêt maladie ?
05:06Mais c'est la grande mode, en fait.
05:07Des employés ?
05:08Parce que, vous savez, si vous menez une enquête auprès des médecins du travail,
05:13ils ont une pression aujourd'hui terrible.
05:15Pourquoi ? Parce que l'abandon de poste n'ouvre plus le droit au chômage.
05:18C'est terminé.
05:19Donc, vu qu'ils ne peuvent plus faire d'abandon de poste pour toucher le chômage,
05:22c'est la rupture conventionnelle obligatoire.
05:24Et quand l'entreprise offre la rupture conventionnelle,
05:26c'est une pression à balle auprès du médecin du travail pour se mettre en inapte.
05:30La médecine du travail met des mômes qui ont 30 ans inaptes.
05:33Enfin, je veux dire, c'est de l'argent qui coûte cher.
05:36Des gens qui vont très bien, qui sont en très bonne santé.
05:39Des gens qui partent à la retraite.
05:40On a eu le cas de gens qui partent à la retraite,
05:42qui devaient faire valoir leurs droits.
05:44Je voulais une rupture conventionnelle.
05:45Ben non, vous faites valoir vos droits.
05:47Ben non, on se met inapte alors qu'on part.
05:49Non, à un moment, je crois qu'il faut que chacun prenne ses responsabilités
05:52parce que, justement, celui qui profite du système,
05:56il pénalise celui qui en a vraiment besoin.
06:00Et un jour, celui qui en a profité, il en aura vraiment besoin.
06:03Et ce jour-là, il n'y aura plus de pognon et on n'aidera plus personne.
06:07Et ça suffit.
06:08Donc en fait, il faut responsabiliser.
06:10Il faut indiquer qu'une assurance,
06:11ce n'est pas parce que vous êtes assuré avec votre bagnole
06:13que vous allez vous prendre un arbre.
06:15Parce que sinon, ben allez-y, vous êtes assuré, c'est pas grave.
06:16Vous pouvez vous prendre un arbre en sortant de l'émission.
06:19Ben non.
06:19Donc je crois qu'une assurance indaléa, ce n'est pas un choix.
06:21D'Inan Slama, il n'y en a pas beaucoup des arrêts maladie chez les avocats ?
06:25Ah, chez les avocats, non.
06:26Question libérale.
06:27Si je n'ai pas travaillé, je ne gagne pas d'argent.
06:29Malheureusement, question libérale, ça n'existe pas.
06:31Mais même si ça n'existe pas, moi, j'en souffre pas
06:34parce que j'aime mon métier,
06:35parce que j'ai la chance de faire un métier qui me plaît, etc.
06:38Mais ce discours que j'entends et que je peux comprendre partiellement,
06:41je trouve qu'il met de côté peut-être un petit peu
06:43beaucoup de gens qui ne vont pas bien,
06:45beaucoup de gens aussi pour qui c'est difficile.
06:47Et je pense qu'il n'y a pas d'un côté les petits bobos
06:49des gens qui font moins moins et avec les tanounous
06:51et de l'autre côté, les bobos très graves
06:53des gens qu'il faut soigner parce que ce sont des victimes.
06:55Malheureusement, il y a beaucoup de gens
06:56qui sont dans des situations où ils ne peuvent pas être travaillés.
06:58Mais c'est l'eau de plat français d'aller dans un travail
07:01devant un patron que je n'ai pas envie de voir.
07:03Mais venez avec moi à 4h du matin,
07:05vous allez voir cette France qui travaille.
07:06Ce discours-là, pardon, mais nous, on n'en peut plus.
07:08Moi, je vous le dis, j'en peux plus.
07:10Moi, j'en peux plus.
07:10On n'est pas obligé d'être caricatural.
07:12Non, mais j'en peux plus.
07:13Parce qu'en fait, vous savez quoi ?
07:147 jours sur 7, on en a marre de payer
07:16pour ceux qui se posent des questions
07:18et qui se posent des questions.
07:18C'est un avocat, je suis comme vous.
07:20Non, mais d'accord.
07:21Il y a ce qu'on appelait avant le congé sabbatique.
07:24Si vous avez envie de faire une pause dans votre vie,
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