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Le porte-parole Alternative Police CFDT, Benjamin Camboulives, parle des tirs de kalachnikov en plein Vénissieux : «Nous n'arrivons pas à endiguer cette violence».

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Transcription
00:00Voilà, on entend ces jeunes filles dire avec leurs mots qu'elles ont peur.
00:06En tant que policier, déjà, j'allais dire même en tant qu'homme,
00:09qu'est-ce que vous dites quand vous voyez ça ?
00:11C'est malheureusement un constat qu'on fait et qu'on refait.
00:15C'est cette violence qui est complètement banalisée,
00:18qui se réitère et qu'on n'arrive pas à endiguer.
00:20Ce n'est pas vrai, on n'y arrive pas.
00:22Parce que, si vous voulez, le principe, la base, c'est que les narcotrafiquants,
00:25ils fonctionnent sur la loi du plus fort pour protéger leur business
00:29ou pour l'étendre, eux, de leur point de vue, il faut bien l'intégrer
00:32et que les dommages collatéraux, ils n'en ont strictement rien à faire.
00:36Ce n'est pas leur sujet du tout.
00:37Ils ont un seul objectif, c'est d'aller tuer la concurrence là où elle se trouve.
00:41S'il y a des dommages collatéraux, si vous retrouvez des balles sur les vitres des appartements
00:46ou même s'il y a des morts, ce n'est pas leur sujet, ça ne les intéresse pas.
00:50Il y a un élément que je voudrais souligner, c'est ce qu'on a retrouvé comme calibre.
00:53On a retrouvé du 7,62, donc ça, c'est de la kalachnikov.
00:56C'est un marqueur très fort du narcotrafique.
00:57Et si je trouve que c'est pertinent de le souligner,
00:59c'est parce que d'un point de vue purement technique,
01:02c'est aussi ça qui explique les dommages collatéraux
01:04et que ça est arrosé un petit peu partout.
01:05Parce que la kalachnikov, ce n'est pas une arme précise.
01:08Des gens n'ont pas affaire à des tireurs d'élite
01:09quand ils envoient des gens pour les règlements de compte sur les points de deal.
01:13Mais l'arme en elle-même, quand vous tirez un rafale, ça monte.
01:16C'est pour ça que c'est anarchique, les arrivées de tir.
01:20Mais malheureusement, ça aussi, c'est quelque chose qui va être exponentiel
01:25parce que c'est extrêmement répandu, maintenant, les kalachnikovs.
01:30Avant, ce n'était pas toutes les cités qui en avaient,
01:32ce n'étaient pas tous les trafiquants qui en avaient.
01:34Mais maintenant, c'est tellement répandu
01:36que le prix a considérablement baissé.
01:39Une kalachnikov sur le marché parallèle,
01:40vous pouvez la toucher pour environ 800 euros.
01:43Donc, tous les trafiquants en ont et c'est exponentiel.
01:45Et c'est pour ça que les guerres des territoires
01:46sont de plus en plus violentes et sont désormais incessantes.
01:49Donc, on a un vrai sujet sur la circulation des armes
01:53qui est nationale et incontrôlée.
01:55Quand vous arrêtez ce type d'individus,
01:57ces délinquants, ces trafiquants de drogue,
02:01vous dites qu'ils s'en fichent qu'il y ait des morts.
02:04Ils n'ont pas une once d'humanité ?
02:06Il n'y a pas un équité clair d'humanité de se dire
02:09« Oui, en fait, je pourrais tuer des personnes. »
02:11Non, ils s'en fichent vraiment.
02:13Ils s'en vont complètement.
02:14Ce n'est absolument pas leur sujet.
02:16Vous avez, de toute façon, différents éléments à prendre compte
02:19pour le comprendre, mais on a, de toute façon,
02:21une contre-société du stupéfiant qui est établie maintenant en France
02:25et qui est établie de longue date
02:27et qui fonctionne, en effet, sur un système
02:30complètement parallèle au nôtre,
02:32avec ses propres valeurs, ses propres codes,
02:35sa propre justice.
02:36Et là, pour le coup, c'est une justice qui est efficace,
02:38qui est décisive.
02:40Ils vont jusqu'à tuer leurs concurrents pour s'imposer,
02:45pour imposer le monopole des ventes.
02:48Et non, toutes nos valeurs n'en ont pas prise sur eux.
02:52C'est pour ça qu'on doit impérativement répondre.
02:55On voit, avec les victimes collatérales notamment,
02:58avec le risque pour la population, que le politique veut réagir.
03:02Parce qu'avant, ce n'était pas une infraction réellement prioritaire,
03:05le stupéfiant.
03:06Si vous voulez, il n'y avait pas de victime directe.
03:08C'était des gens qui devenaient toxicomanes et ça s'arrêtait là.
03:10Donc, l'État ne le jugeait pas particulièrement prioritaire comme infraction.
03:14Maintenant, ça a changé de physionomie, le trafic de stupéfiants.
03:16C'est-à-dire que non seulement, ce n'est plus seulement dans les cités,
03:18mais c'est jusqu'à dans les centres-villes.
03:20Et puis, ça s'est exporté aussi en termes de violence.
03:22C'est-à-dire que ce n'est pas une violence qui touche uniquement les narcos entre eux,
03:25mais les habitants des cités, prioritairement, sont victimes aussi.
03:28Je dis les habitants des cités parce que le stup,
03:30il se développe dans les cités et les règlements de comptes
03:33ont lieu sur les points de deal dans les cités.
03:34Donc, les premières victimes sont les gens des cités.
03:37Et très franchement, les habitants des cités victimes du narcotrafic
03:40méritent mieux que des réponses uniquement, on va dire, cosmétiques.
03:43Parce que bien souvent, ce qui se passe quand il y a des règlements de comptes
03:47sur un point de deal, effectivement, ça va attirer la police.
03:50On va mettre un dispositif de sécurité renforcée.
03:52Mais concrètement, ce n'est pas les narcotrafiquants qui sont venus tirer
03:56qui sont directement impactés par ça.
03:59Parce qu'eux, ils viennent tirer sur un point de deal qui n'est pas à eux,
04:01par définition.
04:02Donc, si vous voulez, ils ont tué la concurrence,
04:04le trafic ne se fera plus là où ils sont venus rafaler.
04:07Et c'est tout, ça ne les impacte pas.
04:08La clientèle va se déporter chez eux sur leur point de deal.
04:11C'est l'objectif.
04:11Donc, on doit amener une réponse qui est autre, qui est plus profonde.
04:14Benjamin Camboulivre, quand je vois ça, je me demande,
04:18qu'est-ce qui se passerait si la police,
04:22c'est un équipage composé de vos collègues,
04:27arrive au moment des tirs à la Kalachnikov ?
04:30Qu'est-ce qui se passe ?
04:32Il y a légitime défense et on ouvre le feu.
04:34C'est aussi simple que ça.
04:35Vous savez, la légitime défense...
04:36Donc, la police ouvre le feu sur les deux tireurs à scooter.
04:40S'ils sont en train de rafaler sur des gens, oui.
04:43Et quel est l'équipement d'un équipage de police ?
04:47Je n'ai pas entendu.
04:48Pardon, quel est l'équipement d'un équipage de police ?
04:52Ça dépend de l'équipage, mais il y a tout le moins l'arme de service,
04:55le pistolet administratif.
04:57Donc, de toute façon...
04:58Donc, vos collègues sont avec une arme classique, j'allais dire,
05:01un pistolet, face à une arme comme une Kalachnikov.
05:05De toute façon, on n'est pas tous équipés pour réagir face à des armes de guerre.
05:10Il y a eu une augmentation de l'équipement des policiers selon les services.
05:15On l'a vu notamment avec les attentats depuis 2015,
05:18où on a augmenté l'équipement pour faire aussi face à la menace antiterroriste.
05:22Il est vrai que maintenant, ça se confond,
05:23le terreau et le narcotrafic sur différents plans.
05:27Maintenant, tous les policiers, quelle que soit la situation,
05:29doivent être à même de réagir pour protéger,
05:32selon les situations auxquelles ils sont confrontés.
05:34Là, quand on parle de jeunes qui se pointent avec des Kalachnikovs pour rafaler,
05:38bien sûr que s'il y a un équipage de police,
05:40il fait ce qu'il faut pour essayer de ramener la sécurité.
05:44Mais il faut bien comprendre que l'action immédiate
05:47ou l'action de voie publique seule
05:50ne règle pas le problème de fond.
05:52Vraiment, ce dont la France a besoin aujourd'hui,
05:54c'est d'une vraie politique nationale contre le stupéfiant
05:56pour ramener une efficacité de long terme,
05:58pour ramener une efficacité de fond.
06:00Donc, on le sait, c'est plus d'enquêteurs, mais beaucoup, beaucoup plus.
06:03Sinon, c'est scissif les années de tous les jours.
06:05On ne peut pas s'en sortir face au développement des points de deal qui est exponentiel.
06:09Un développement exponentiel du trafic de drogue
06:11et une police qui travaille à effectif constant.
06:13Donc, on comprend bien que ça ne peut pas fonctionner comme ça.
06:15Et il faut un travail sur le consommateur,
06:17parce qu'il y a deux axes pour le stup.
06:18C'est le dealer et le consommateur.
06:20Et le travail sur le consommateur, nous, ce qu'on préconise,
06:23c'est des sanctions graduées.
06:24C'est-à-dire que le consommateur endurci,
06:26il ne faut pas continuer à lui mettre des amendes forfaitaires délictuelles.
06:28Et pourtant, la réponse qu'on nous apporte,
06:30c'est qu'on va passer l'amende forfaitaire délictuelle de 200 euros à 500 euros.
06:34Nous, ce qu'on veut, c'est des pleines privatives de liberté
06:36pour les consommateurs endurcis, pour avoir quelque chose de dissuasif.
06:39Si vous passez l'amende de 200 à 500 euros,
06:41en fait, vous tapez à côté.
06:42Parce que le problème de l'amende, c'est le taux de recouvrement qui est à 30 %.
06:45Donc, si on passe de 200 à 500, au lieu de ne pas payer 200,
06:49ils ne vont pas payer 500.
06:50Et on n'aura rien à régler.
06:51Nous, ce qu'on veut, c'est quelque chose d'impactant
06:53et de l'inclure encore une fois dans une politique nationale.
06:56Les enquêteurs, les consommateurs, l'immigration, la justice des mineurs.
06:59Si on ne fait pas tout, on tape à côté.
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