00:00L'archive Sud Radio. En ce samedi 27 janvier, certains de nos agriculteurs passent les fêtes sous un pont d'autoroute adossé à des ballots de paille.
00:12Face aux forces de l'ordre compatissante, ils sont agrippés à un feu de camp salvateur contre ce froid polaire intransigeant comme une directive de Bruxelles ou un décret ministériel.
00:24Oui, la dermatose nodulaire bovine et ses abattages massifs, les accords du Mercosur et leurs importations en France de viande, de sucre ou de miel sud-américain défiant toute concurrence,
00:35tout accable nos agriculteurs qui peinent à boucler les fins de mois essorés par les milliardaires de la grande distribution qui passent les fêtes, eux, sur le pont de leur yacht.
00:45Ainsi va la crise agricole récurrente depuis 1907. A l'époque, elle naît d'un ras-le-bol de la filière viticole basée dans le Midi de la France.
00:54Elle va se reproduire comme des bêtes d'élevage, quel que soit le régime politique français et européen, jusqu'à nos jours.
01:01Certains élus sont parvenus toutefois à s'attacher la sympathie de nos paysans.
01:05Le plus emblématique demeure le président de la République corésien, Jacques Chirac.
01:09Tout commence en 1974. Chirac, d'abord ministre de l'Agriculture, devient premier ministre.
01:15Il fait face à la colère agricole causée par une hausse de leurs revenus inférieurs à celles des autres Français.
01:20Les manifestations se multiplient dans le pays, les débordements aussi.
01:24Jacques Chirac lance un appel à l'ordre. Nous sommes le 26 juillet 1974.
01:29Par l'agriculteur, les agriculteurs ont actuellement des difficultés.
01:34Or, ils ne peuvent pas, comme d'autres catégories sociales de la nation, faire grève.
01:38Et par conséquent, ils sont obligés de se reporter sur une autre méthode pour exprimer leurs préoccupations, qui est la manifestation.
01:46En tant qu'expression démocratique d'un sentiment, c'est tout à fait naturel.
01:51Et je crois que chaque Français, chaque Français doit le comprendre.
01:55Là où, par contre, cela devient hautement contestable, et vous avez raison de le souligner,
02:00et où cela provoque un certain nombre de réactions de la part de l'opinion publique non agricole,
02:05c'est lorsque l'on voit un certain nombre d'éléments, plus ou moins contrôlés, et d'ailleurs plus ou moins agricoles,
02:12faire dégénérer des manifestations en violence.
02:15Violence à l'égard des personnes, comme ce transporteur routier qui a été rossé, ce qui est absolument scandaleux.
02:23Violence à l'égard des bâtiments publics.
02:25Violence à l'égard du service public, comme lorsqu'il s'agit d'arrêter un train,
02:29avec les perturbations que cela peut provoquer dans la circulation, et les risques que cela implique.
02:34Alors là, je demande aux agriculteurs de comprendre, et je ne suis pas suspect à leurs yeux,
02:39moi qui ai été accusé en mon temps de les avoir défendus avec trop d'énergie,
02:44je leur demande de bien comprendre que ce genre de violence ne fait rien avancer,
02:50et notamment pas la solution de leurs problèmes,
02:52risque de braquer l'opinion publique contre eux,
02:56et de toute façon ne seront pas tolérés par le gouvernement.
02:58Si bien que nous prendrons toutes les mesures nécessaires
03:02pour que ce type de violence qui mette en cause la liberté des autres catégories de citoyens
03:07soit réprimée de la façon la plus sévère.
03:10Jacques Chirac, le 26 juillet 1974, il est alors Premier ministre.
03:15Dans les années 50, 60, 70, les manifestations violentes d'agriculteurs sont fréquentes,
03:21barrages routiers, sabotages en tout genre, etc.
03:23On se souviendra en 1976 d'un affrontement terrible où les forces de l'ordre et les manifestants
03:33se livrent à des tirs de balles, et il y aura deux morts, un côté CRS, un côté vigneron.
03:41Voilà pourquoi notre pays essuie ces crises agricoles depuis notre entrée dans la modernité.
03:46La réponse est peut-être à trouver dans le dicton de la fée de la poule,
03:50c'est la modernité ou l'agriculture, par qui tout commence.
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