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Dans cet extrait de la chaîne Thinkerview, David Guiraud, député La France insoumise et membre de la commission des finances, décrypte les mécanismes budgétaires au cœur du quinquennat d’Emmanuel Macron.
Il explique comment les recettes record de TVA ont été redirigées pour compenser la suppression de la taxe d’habitation et d’autres impôts locaux.
Une analyse claire sur la centralisation budgétaire, le rôle de l’État, le financement des collectivités territoriales et les effets politiques de ces choix fiscaux, entre déficit public, fiscalité indirecte et recentralisation du pouvoir.
#politique #budget #fiscalite #macron #france
Il explique comment les recettes record de TVA ont été redirigées pour compenser la suppression de la taxe d’habitation et d’autres impôts locaux.
Une analyse claire sur la centralisation budgétaire, le rôle de l’État, le financement des collectivités territoriales et les effets politiques de ces choix fiscaux, entre déficit public, fiscalité indirecte et recentralisation du pouvoir.
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ÉducationTranscription
00:00En fait, il a fait passer un impôt qui était financé sur la base depuis la Révolution,
00:06sur la base de là où tu habites, sur une base territoriale,
00:09ou sur la base de là où tu produis territorialement, dans ta commune, etc.
00:13Maintenant, c'est le consommateur.
00:14C'est le consommateur qui finance l'extinction de ces impôts.
00:20Donc, ce que tu payes au caddie de supermarché,
00:22tu en as une partie qui vient financer la suppression de la taxe d'habitation.
00:24Pour moi, ça n'a aucun sens.
00:30La commission des finances.
00:33Oui, la commission des finances.
00:35Tu as appris quoi ? Quel est ton point de vue sur ce qui s'est passé ?
00:39Ça va nous emmener où ? Est-ce qu'il va y avoir des condamnations ?
00:42Alors, attends, on va reprendre tout.
00:44Commission des finances, moi, en gros, j'ai bossé pour Éric Coquerel,
00:46quand tu me demandais que tu as reçu il n'y a pas longtemps,
00:49qui est aujourd'hui président de la commission des finances.
00:52Moi, sur ce que j'ai appris, là, tu es sur le déficit, en fait.
00:55Je suis sûr. Pourquoi on a mis 1 milliard de dettes en plus ?
00:58Ouais. Alors, moi, j'ai bossé sur ça depuis que je suis élu.
01:02Et je me suis rendu compte de choses, j'ai mis du temps à m'en rendre compte.
01:06Mais sur une des évolutions profondes du quinquennat d'Emmanuel Macron.
01:10Si tu veux, à gauche, on a tendance à dire, et on a raison d'ailleurs,
01:13que quelque part, la marque du quinquennat Macron,
01:16c'est des centaines de milliards d'euros d'aide aux entreprises,
01:18dilapité, etc.
01:19Moi, je suis d'accord avec ça.
01:23Mais il y a un truc qu'on a mis du temps à comprendre,
01:26que moi-même, j'ai mis du temps à comprendre, à expliquer.
01:27C'est comment ça se fait ?
01:30Parce que, tu vois, là, on est en train de...
01:31Comment se fesse ?
01:32Comment se fesse ?
01:33Mais comment se fesse qu'on soit en déficit budgétaire,
01:36alors qu'en fait, moi, ce que j'ai regardé en premier,
01:39dans les documents budgétaires,
01:41c'est les recettes issues des impôts ?
01:43On nous dit, par exemple, tu vois,
01:45Barnier, il tombe, Michel Barnier, l'ancien Premier ministre,
01:48qui tombe sur une motion de censure.
01:50Il tombe parce qu'en gros, on résiste à une sorte de coupe de...
01:52Allez, 30 milliards d'euros.
01:55Mais moi, quand tu regardes les documents budgétaires,
01:57tu te rends compte que l'État n'a jamais été aussi riche.
02:00L'État n'a jamais récolté autant d'argent
02:02issu des impôts de son histoire.
02:03Tu parles de la TVA, là ?
02:04Pas que.
02:05Mais c'est vrai que c'est la TVA qui prend une part considérable.
02:09Mais la TVA, c'est le premier impôt des Français...
02:10Enfin, c'est le premier impôt de l'État.
02:11Et si tu veux, les ressources, elles passent...
02:16En gros, quand Macron prend le pouvoir,
02:17on est à environ 150 milliards d'euros de recettes de la TVA.
02:21Et aujourd'hui, l'année dernière, c'est 219, je crois.
02:25Et donc, je me suis dit, c'est bizarre,
02:26parce que je vois qu'il y a 219 milliards d'euros,
02:29donc des recettes considérables en plus pour l'État.
02:31Mais dans les documents budgétaires de l'État,
02:34on stagne, depuis quelques années,
02:36on stagne à 95 milliards, 100 milliards d'euros de recettes.
02:39C'est-à-dire, je me dis, il manque 100 milliards.
02:41C'est-à-dire, sur les 200 milliards d'euros de recettes
02:43qu'on récupère de la TVA,
02:45je n'en retrouve que 100 milliards environ,
02:47depuis plusieurs années, là,
02:49dans le budget de l'État.
02:51Donc, je me dis, où est-ce que c'est parti ?
02:53Et avant de t'expliquer où est-ce que c'est parti,
02:55il faut faire un petit retour,
02:56parce qu'il y a quelque chose qu'il faut bien comprendre
02:58sur comment est organisé le système fiscal français.
03:01Tu as trois budgets en France.
03:05Tu n'en as pas qu'un.
03:06Nous, on a tendance à parler du budget de l'État
03:07et c'est vrai qu'on a tendance à tout mettre là-dessus.
03:09Mais le plus gros budget, c'est la protection sociale.
03:12800 milliards d'euros.
03:14Autant te dire que là,
03:14les enjeux liés à la privatisation de la protection sociale,
03:17etc., c'est un marché de 800 milliards d'euros.
03:19Il faut bien l'avoir en tête.
03:20C'est une retraite là-dessus ?
03:21Oui, oui, c'est une retraite.
03:22Oui, oui, il y a de la protection sociale.
03:23Toute la protection sociale.
03:25Ensuite, sécu, etc.
03:27En fait, ça va au-delà de la sécu, la protection sociale.
03:29Ensuite, tu as le budget de l'État.
03:31Donc là, tu es sur des...
03:32Bon, ça dépend des années,
03:33parce qu'en fait, tu as 250 et quelques milliards d'euros de recettes
03:36et en dépense, tu es sur du 300 milliards d'euros et quelques,
03:38vu qu'on est en déficit.
03:40Et puis, tu as le budget des collectivités locales.
03:42Celui-là, on a tendance à l'oublier.
03:44Région, département, commune.
03:47Ces trois budgets, ils sont séparés à la base.
03:50Évidemment, il y a des transferts d'argent entre les trois, ça arrive.
03:53Mais le truc, pour moi, fondamental d'Emmanuel Macron,
03:55ce n'est pas les aides aux entreprises.
03:57C'est que là, il se passe un truc dans la manière dont il y a de l'argent
04:00qui passe du budget de l'État à d'autres budgets.
04:03Et pour quoi faire ?
04:04Et moi, en fait, ce que je me suis rendu compte
04:06quand je me suis demandé où étaient passés ces 100 milliards d'euros de TVA,
04:09qui est une somme, mais pareil, là, en ce moment-là, on est...
04:13Tu es venu avec tes petites notes ?
04:13Oui, j'ai des notes, j'aime bien sur ces...
04:16C'est ça ?
04:16François Ruffin, tu as prévenu.
04:18Non, mais ce n'est même pas François Ruffin.
04:19Moi, tous mes plateaux et tous mes médias, je les prépare sérieusement, en fait.
04:22Donc, trois budgets.
04:23Il faut que les gens, vraiment, ils retiennent ça.
04:24Il y a trois budgets différents.
04:27Et donc, il manque 100 milliards.
04:30Et en fait, pour moi, la marque du macronisme,
04:31ça ne se résume pas aux aides publiques aux entreprises.
04:35Quelque part, il a augmenté les montants.
04:37Mais si tu veux, François Hollande faisait pareil.
04:39Nicolas Sarkozy avait commencé aussi.
04:40Bon, tu vois, c'est un classique de la politique française de se dire
04:43la politique de l'offre, il faut qu'on bombarde d'argent les entreprises,
04:46les grandes boîtes.
04:47Ce qui change, c'est comment il a financé ça à Macron, en fait.
04:50Moi, c'est ça qui me...
04:52Et en fait, ce qui est fantastique, c'est que
04:55c'est passé au travers de toute la classe politique,
04:57mais c'est vrai que c'est un sujet, si tu ne fais pas gaffe, tu ne t'en rends pas compte,
05:00mais ça commence à venir, je suis assez content parce que ça commence à monter,
05:04c'est qu'est-ce qu'on a fait de l'argent de la TVA qui n'a jamais été aussi haut.
05:06Et donc, je vais te prendre un par un les trucs.
05:12Collectivité locale.
05:14Collectivité locale, on a fait sous Macron quelque chose,
05:16c'est qu'on a supprimé trois impôts, dont deux qui existaient depuis la Révolution française.
05:23La taxe d'habitation et la contribution sur la valeur ajoutée des entreprises.
05:29Taxe d'habitation, c'était, je crois que c'était la taxe communale ou la contribution 1791.
05:34Après, il y a eu d'autres noms.
05:37Et puis, la CVE, pareil, c'était, je l'avais noté quelque part, mais c'était la patente.
05:42Je l'ai.
05:43Patente en 1791.
05:47On a supprimé ces deux impôts-là en se disant, bon, il faut donner un coup de pouce,
05:51tu vois, la consommation, etc.
05:53Il faut savoir, quand on a supprimé la taxe d'habitation,
05:57c'est vrai qu'il y a des classes moyennes qui la payaient,
05:59qui se sont dit, ah chouette, je paye un peu moins.
06:00Mais en fait, la vérité, c'est que par exemple, les 15 à 20% des classes
06:06qui payaient la taxe d'habitation les plus pauvres ne la payaient pas.
06:09Parce qu'en fait, c'était en fonction de ton revenu, il y avait des conditions, etc.
06:12Tu pouvais avoir des baisses aussi sur ce que tu devais payer de taxe d'habitation.
06:16Par contre, les 20% les plus riches, eux, ils ont bénéficié plein pot de la suppression de la taxe d'habitation.
06:20En gros, les 20% les plus riches, c'est la Cour des comptes qui dit ça,
06:24ont bénéficié des gains de 50% de la suppression de la taxe d'habitation.
06:28On est riche à partir de combien en France ?
06:31Ça dépend de tes déciles, ça dépend du décile que tu regardes.
06:35Moi, à 5 000 euros, je fais partie sûrement des...
06:37Des 0,1% ?
06:38Non, pas 0,1%, mais je dois être dans les 5% les plus riches.
06:42À mon avis.
06:43Je n'ai pas fait de...
06:44Mais à mon avis, je suis dans les 5%, facile.
06:48Ce qui n'est pas énorme en soi, mais après, tu as un fossé énorme en fait,
06:51entre les 1% et les 0,1%, et puis les 0,01%.
06:54Je reviens sur mes collectivités locales.
06:57On a supprimé ces impôts-là.
06:59Bon, comme je t'ai dit, c'est des impôts, notamment la taxe d'habitation en fait,
07:02qui ont profité plus aux plus riches.
07:04Ce n'est pas vrai que ce n'était que les classes moyennes.
07:05C'est vrai un petit peu, je l'admets.
07:07Mais voilà.
07:09Et ce qui est marrant, c'est comment on a financé ça en fait.
07:12Parce que le grand truc, c'est qu'on a dit,
07:14on supprime cet impôt, les gens ne payent plus.
07:16Sauf qu'en fait, si tu fais ça sans compenser,
07:18les collectivités locales, elles n'ont plus de source de financement.
07:20Ça se casse la gueule, ce n'est plus possible.
07:23Donc l'État a été obligé de le financer.
07:24Et en fait, il l'a financé comment ?
07:26Avec l'argent de la TVA.
07:28C'est-à-dire qu'en fait, il a fait passer un impôt qui était financé
07:32sur la base, depuis la Révolution,
07:35sur la base de là où tu habites, sur une base territoriale,
07:38ou sur la base de là où tu produis territorialement,
07:40dans ta commune, etc.
07:42Maintenant, c'est le consommateur.
07:44Il y a un changement complet de paradigme.
07:45C'est le consommateur qui finance l'extinction de ces impôts.
07:51Donc ce que tu payes au caddie de supermarché,
07:52tu en as une partie qui vient financer la suppression de la taxe d'habitation.
07:55Pour moi, ça n'a aucun sens.
07:57Tu rajoutes à ça des trucs pareils qui ont été financés par la TVA,
08:00comme la redevance audiovisuelle.
08:03C'est la TVA qui a été compensé aussi, en fait.
08:06L'impôt n'a pas disparu.
08:07Il a été compensé par l'argent de la TVA.
08:11Et tu te retrouves en fait dans une situation
08:12où les collectivités locales,
08:16leur source de financement principale,
08:18ce n'est plus ce qui peut se passer sur ta commune,
08:22sur ton département, sur ta région,
08:25sur la commune encore un peu.
08:26Mais c'est cet argent de la TVA.
08:27J'avais pris un graphique parce que moi,
08:29alors je ne sais pas si on va le voir bien,
08:30mais tu vois la flèche.
08:33Donc en fait, la courbe noire,
08:36c'est les principales recettes fiscales des collectivités.
08:38Je ne bouge plus ton papier.
08:39J'ai ma caméra woman qui va mettre une petite mise au point.
08:43Et alors, si tu regardes bien,
08:46en 2020, il y a une flèche qui bondit d'un coup.
08:48C'est les produits de la TVA.
08:51Dûs à l'inflation ?
08:52Non, c'est ce que l'État a donné en TVA aux collectivités.
08:56Tu vois, dans le financement ?
08:58Ça, ça pose un problème.
09:00Donc là, tu es en train de me décrire
09:01un effet de manche de Macron.
09:03Oui.
09:04Bon, tous les politiciens font ça.
09:07Là, ça...
09:07Pour déshabiller Paul, pour réhabiller Jacques...
09:09Oui, mais ça prend des proportions inquiétantes.
09:11C'est que, tu sais, moi, j'ai une vision
09:13de l'organisation de l'État
09:14où la commune est administrée librement, etc.
09:17Et en plus, ça va poser des problèmes bientôt.
09:19Parce que, que tu le veuilles ou non,
09:21quand tu as des impôts qui sont comme celui
09:23sur la propriété foncière ou autre,
09:26c'est des impôts qui sont territorialisés.
09:28C'est-à-dire, ils sont ancrés dans la réalité
09:29de ton territoire, ces impôts-là.
09:31Tu vois ?
09:32Là, on les a fait disparaître,
09:35mais on les a compensés.
09:36Mais donc, en fait, on a figé
09:38la répartition de cet impôts à un instant T.
09:40C'est le moment où on supprime et on compense.
09:43Un territoire qui reçoit de l'argent aujourd'hui
09:45de la TVA en compensation, OK.
09:47Mais si sa population, elle vieillit,
09:48il n'aura pas les mêmes besoins qu'un territoire
09:50où la population, elle est amenée à rajeunir
09:51et elle a plus de besoins d'investissement, par exemple.
09:54Donc, en fait, les territoires, par exemple,
09:55les plus jeunes, si la répartition, elle ne change pas,
09:58ils vont se retrouver considérablement défavorisés, en fait,
10:01par cette répartition, par ce jeu de manche.
10:04Et en plus de ça, moi, ce que j'ajoute en plus
10:06dans la discussion, mais je vais parler aussi avec la Sécu,
10:08parce que ça, c'était le premier point, tu vois,
10:10c'est la première carotte,
10:12c'est qu'en fait, moi, ce que j'observe,
10:14c'est que, si tu veux, l'État est en train de mettre
10:15ses pattes sur la gestion des collectivités locales.
10:19Parce que quand tu payes, tu décides.
10:21Quand tu payes, tu décides.
10:23Jusqu'ici, l'État, il ne payait pas.
10:25Voilà.
10:25Ou alors, il y avait des mécanismes de solidarité, etc.
10:28Mais là, ce n'est pas juste qu'ils payent,
10:29c'est que ça prend des proportions.
10:30Tu l'as vu, la flèche sur le graphique qui est montant.
10:32Ça prend des proportions.
10:34Et quand tu payes, tu décides.
10:35Donc, tu vas pouvoir décider,
10:37à la place des collectivités locales,
10:38de mettre la main dans leur financement,
10:41de pouvoir dire des choses,
10:41ou de dire, en fait, juste, on n'a plus assez d'argent.
10:43Ou avant les élections, lui dire, attention.
10:45C'est ce qui se passe en ce moment.
10:47Regarde, on demande un effort aux collectivités locales.
10:49Alors, on a dit 5 milliards.
10:50Bon, les élus locaux, ils réagissent.
10:52Aujourd'hui, si tu veux, cette compensation,
10:55quelque part, par exemple, pour les communes,
10:56les communes, elles s'y retrouvent dans la compensation.
10:58Mais attention, ce n'est plus elles qui reçoivent l'argent.
11:00C'est l'État.
11:01Et moi, je suis issu d'une tradition politique
11:03où, si tu veux, dans ma famille politique,
11:05l'État est...
11:06Mon père est au PS.
11:07Mon père est au PS, oui.
11:08Alors, ma famille politique, je parle de...
11:10Elle est fille.
11:10Moi, j'ai fait un autre choix.
11:12Mais l'État, si tu veux,
11:14je m'en méfie aussi un peu.
11:16Pourquoi l'État, c'est nous ?
11:18Non.
11:19Non, l'État s'est construit.
11:20L'État a une logique propre.
11:22L'État peut être utile
11:24sur des domaines de cohésion nationale.
11:26Mais moi, je n'ai pas envie
11:27qu'il soit présent dans toutes nos vies
11:28et sur tous les domaines
11:30qui ne le regardent pas.
11:30Les collectivités, ça ne le regarde pas
11:32forcément tout le temps.
11:33C'est libéral.
11:35Je suis socialiste dans l'âme.
11:37Mais en fait, je me méfie.
11:40Non, mais tu as raison.
11:41Moi, j'ai une méfiance de l'État.
11:42L'État a une logique.
11:46Je vous suit l'État.
11:47Je vous suit l'État.
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