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  • il y a 8 minutes
La réclusion criminelle à perpétuité a été requise contre Frédéric Péchier, anesthésiste accusé de 30 empoisonnements présumés sur des patients, dont 12 mortels, entre 2008 et 2017. Avant sa plaidoirie devant la cour d'assises du Doubs, son avocat, Randall Schwerdorffer, est l'invité de RTL Matin.
Regardez Face à Fogiel du 15 décembre 2025.

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Transcription
00:00Offre valable jusqu'au 17 décembre.
00:02RTL Matin, Thomas Soto.
00:06Il est 8h18 face à Fogiel, l'interview de Marc-Olivier Fogiel ce matin,
00:10alors que l'accusation réclame la réclusion criminelle à perpétuité contre son client.
00:14Vous recevez Marc-Olivier, l'avocat de Frédéric Péchier,
00:17l'anesthésiste de Besançon comme il est surnommé, c'est Maître Randall Schwerdorfer.
00:21Bonjour Maître.
00:22Bonjour Monsieur Fogiel.
00:23Merci d'être en ligne avec nous, vous allez plaider dans quelques minutes
00:26devant la cour d'assises du Doubs à Besançon.
00:29Les avocats de Général ont donc requis la réclusion criminelle à perpétuité.
00:33Des mots extrêmement durs à l'égard de votre client.
00:35Un criminel qui a utilisé la médecine pour tuer.
00:38Le docteur de la mort, un des plus grands criminels de l'histoire de ce pays.
00:43Ça va être mission impossible, non, de convaincre les jurés et les juges ?
00:48Ça va être une mission difficile.
00:51Mais défendre Frédéric Péchier depuis 8 ans, c'est une mission extrêmement difficile.
00:55C'était déjà très difficile en 2017.
00:57Lorsque s'est posé la question de la détention, en 2019, lorsque s'est reposé la question de la détention,
01:03tout le monde voulait incarcérer Frédéric Péchier.
01:06C'est encore très difficile aujourd'hui et ça l'a toujours été, mais ça fait partie de notre travail.
01:11Dans quel état d'esprit est votre client ?
01:13Je l'avais reçu juste avant l'ouverture du procès.
01:15Il me disait, évidemment, ça me fait peur d'aller en prison, mais je pense que j'aurai les arguments pour éviter d'y aller.
01:20On va revenir sur le procès.
01:21Les arguments, on les a peu entendus.
01:23Pour lui, c'est cuit ?
01:25Alors, on lui a beaucoup reproché l'interview qu'il a fait avec vous.
01:28C'est assez étonnant.
01:29Pourtant, il s'était exprimé très clairement et j'avais trouvé cette interview très adaptée.
01:35Il vous a fait part de ses doutes, de ses craintes.
01:37Il a toujours les mêmes doutes, il a toujours les mêmes craintes.
01:40Il a aussi toujours le même espoir, c'est-à-dire d'être entendu par la cour d'assises.
01:44Donc ce matin, il y croit, c'est ce que vous nous dites ce matin, il croit que vous allez réussir à lui éviter la prison ?
01:49Je n'ai pas été convaincu, nous n'avons pas été convaincus par les arguments de l'accusation, très clairement.
01:55Donc effectivement, on a toujours l'espoir que la cour d'assises entende les arguments de la défense et acquitte Frédéric Péchet.
02:02Si ce n'était pas le cas, je ne serais plus là depuis très longtemps.
02:05En tout cas, l'innocence de votre client n'a pas été démontrée et même bien au contraire.
02:09On peut dire qu'on a suivi le procès depuis le début, ça a été compliqué pour lui.
02:13Aucun élément n'a montré son innocence et finalement, il a reconnu ses douze empoisonnements, même s'il dit qu'il n'est pas l'auteur.
02:19Alors qu'à mon micro, vous en parliez, il disait qu'il n'y avait pas eu douze empoisonnements.
02:22Finalement, il n'y a rien dans le procès qui permet, on va voir pour l'accuser, mais en tout cas de le disculper.
02:29Alors, ce n'est pas à Frédéric Péchet de prouver son innocence.
02:32Et je pense que la difficulté vient déjà de là.
02:35C'est que Frédéric Péchet s'est mis en tête de prouver, démontrer son innocence.
02:38C'est une mission impossible. On ne peut pas démontrer qu'on est innocent.
02:41Non, la vraie question, c'est est-il coupable ?
02:43Ce n'est pas du tout la même question et ce n'est pas du tout les mêmes ressorts qui doivent être utilisés par les jurés de la cour d'assises.
02:48Donc, je reste convaincu qu'il est possible, effectivement, que Frédéric Péchet soit acquitté.
02:52Et moi, je reste convaincu de son innocence.
02:54L'attitude pendant le procès, Maître, vous avez suivi évidemment au premier loge,
02:58puisque vous en êtes l'un des acteurs depuis trois mois, son attitude, ce qui lui a été reproché.
03:02C'est une forme d'impassibilité, froid avec les victimes, qui venaient raconter leur calvaire.
03:08On peut dire qu'il ne vous a pas aidé, à minimum.
03:11Vous savez, la place d'un accusé, en temps normal, elle est déjà très difficile.
03:15Quand tous les gens qui viennent à la barre et qui sont en souffrance,
03:18parce que ces gens-là ont tous énormément souffert,
03:20qui sont des vraies victimes, qui ont perdu des proches,
03:23qui ont été blessés dans leur vie personnelle, qui ont encore des séquelles.
03:26Pour eux, Frédéric Péchet est le coupable.
03:29Donc, la dernière personne de qui ils attendent quelque chose ou un mot,
03:33c'est Frédéric Péchet.
03:34Je comprends, mais il n'empêche, il aurait pu être ému à minima.
03:38En l'occurrence, la seule fois où on l'a vu vacillé, montré de l'émotion,
03:41c'est lorsque ses enfants sont venus témoigner, ses deux filles et son fils.
03:44Et lors de son dernier interrogatoire, il a déclaré,
03:46on a dépiauté toute ma vie.
03:48Si j'avais été l'auteur des faits, je l'aurais dit,
03:49ne serait-ce que pour soudager ma famille.
03:51Seul moment où il apparaît humain, votre client.
03:54Alors, vous utilisez le mot, il apparaît.
03:57Et je crois qu'il n'y a pas d'empathomètre pour vérifier l'empathie de quelqu'un.
04:02Je crois que l'apparence et ce que la personne ressent à l'intérieur
04:05sont deux choses différentes.
04:07Et qu'en réalité, ce que ressent Frédéric Péchet,
04:10ce qu'il ne montre pas, est extrêmement puissant.
04:12Alors, racontez-nous, puisque vous l'avez percé,
04:15votre client et le mystère de votre client.
04:17Vous nous dites quoi ce matin, avant d'aller plaider tout à l'heure ?
04:20Vous nous dites quoi ?
04:21C'est qui Frédéric Péchet ? Qu'est-ce qu'il ressent ?
04:24C'est quelqu'un qui a été extrêmement touché, d'ailleurs, depuis le début,
04:27par le témoignage des victimes de ce dossier.
04:29Il avait fait part de son empathie vis-à-vis des victimes au tout début de l'affaire.
04:33Et on lui avait reproché.
04:34Et c'est quelqu'un qui n'a plus la parole.
04:36C'est-à-dire, on ne veut pas l'écouter.
04:37Et donc, il se met dans une place, la plus petite qu'il soit possible,
04:41et il essaye de rester le plus impassible possible
04:43pour ne susciter plus aucun argument contre lui.
04:48Mais par exemple, ces 12 empoisonnements, par exemple,
04:51ils ont existé, selon lui, il a fini par le reconnaître,
04:53en disant que ce n'était pas lui l'auteur.
04:55Il en pense quoi ?
04:56Puisque c'est quand même des patients, des gens, il est médecin...
04:59Mais il est convaincu qu'il y a un empoisonneur ou une empoisonneuse de la clinique.
05:03On l'est tous.
05:04Et effectivement, il réagit aussi en tant que médecin sur certains cas.
05:07Et ils sont contestés médicaux, légalement parlant,
05:10mais sur des cas, ils sont particulièrement ou parfaitement avérés.
05:13Et les 12 cas dont vous parlez sont parfaitement avérés.
05:15Ce sont des empoisonnements.
05:16Il est tout à fait en phase avec ça, il l'a dit.
05:18Enfin, il est devenu totalement en phase avec ça.
05:20Il ne l'était pas à mon micro.
05:21À mon micro, il disait que ça n'existait pas.
05:23Alors, les experts ont souvent été en contradiction dans ce procès.
05:26Il y a eu beaucoup d'évolutions entre l'année 2017 et l'année 2023.
05:30Il y a eu un cheminement qui était à faire.
05:31Et Frédéric Péchier a toujours eu beaucoup de mal à accepter
05:33qu'il y ait eu un empoisonneur qui empoisonnait autant de personnes à la clinique.
05:37Donc, clairement, il y a un empoisonneur.
05:38En fait, à la barre, c'est le mauvais accusé qui est là.
05:43Vous nous dites que ce n'est pas lui qui devrait être là, c'est un de ses collègues.
05:49Mais ça ne peut être qu'une personne du milieu médical.
05:52C'est évident.
05:53C'est une évidence.
05:54Après, évidemment que je n'ai pas le nom de l'empoisonneur.
05:58Mais le procès n'est pas fini, voyez-vous.
06:00Et lui ?
06:01Mais comment voulez-vous qu'il ait le nom de l'empoisonneur, Frédéric Péchier ?
06:03Frédéric Péchier, il est accusé.
06:05Il n'est pas enquêteur.
06:05Il n'est pas juge d'instruction.
06:07Il a toutes ses limites.
06:09Effectivement, il ne peut qu'essayer de répéter ce qu'il fait depuis le début.
06:12Ce n'est pas moi, c'est certainement quelqu'un d'autre.
06:14Ça va être aussi l'objet de mon intervention.
06:17C'est-à-dire, est-ce que l'enquête ne s'est pas focalisée exclusivement sur Frédéric Péchier ?
06:21Et est-ce que l'enquête n'a pas fait l'économie de certaines pistes qui auraient dû être exploitées ?
06:25Vous nous dites qu'on n'a pas d'empathomètre.
06:28D'empathomètre.
06:30Pour les psychiatres, ils en ont un, manifestement.
06:32Ils disent que Frédéric Péchier est un menteur pathologique, un grand manipulateur, un docteur Jekyll et Mr Hyde qui tuent pour réguler ses tensions intérieures.
06:42Il a une double personnalité dissociée.
06:45Ça, c'est les psychiatres.
06:46Ils ont versé ça au dossier.
06:48Non.
06:49Le psychiatre et le collège de psychiatres, M. Zagoury, le collège de psychiatres n'ont pas dit ça.
06:54Bien au contraire.
06:55Ça, c'est l'expertise psychocriminologique qui a lissé.
06:57Ce ne sont pas des psychiatres.
06:59Les psychiatres, d'ailleurs, sont en contradiction totale avec cela.
07:02Et je vous dirais simplement une chose qu'a dit le docteur Zagoury qui était très intéressante.
07:05Le serial killer qu'il a vu le plus pleurer et qu'il a vu avec le plus d'émotion à la cour d'assises, c'était Michel Fourniré.
07:13Vous voyez, donc entre l'apparence, et c'est pas parce que la vérité n'est pas dans les larmes et l'empathie n'est pas dans les larmes.
07:19On peut la voir à l'intérieur de soi.
07:20Et je crois que Frédéric Péchier est quelqu'un d'extrêmement pudique, extrêmement réservé.
07:25Extrêmement secret aussi et qui garde pour lui ses émotions.
07:28Donc je ne cherche pas la vérité dans les larmes d'une personne.
07:30Ce serait une terrible erreur.
07:32Comment vous allez expliquer, vous, tout à l'heure dans votre plaidoirie, que par exemple en 2019,
07:36lorsqu'il travaillait dans une deuxième clinique de Besançon,
07:38on comptabilise trois arrêts cardiaques.
07:40Il est le seul parmi 1514 personnels à avoir été aux deux mauvais endroits, aux deux mauvaises périodes.
07:47Vous allez revenir là-dessus parce que, certes, ce n'est peut-être pas une preuve, mais c'est très troublant.
07:52Alors, d'abord, c'est 2009.
07:55Oui, pardon, 2009.
07:56Non, non, mais il n'y a pas de souci.
07:57Le dossier est en taculaire et je comprends qu'on fasse des erreurs.
08:00C'était 2009.
08:01Les arguments de ma plaidoirie, je les réserve pour ma plaidoirie et pour la cour d'assises.
08:05Naturellement, ne le prenez pas mal, mais bien sûr qu'on va s'expliquer.
08:08Vous allez vous expliquer là-dessus parce que là-dessus, c'est quand même extrêmement troublant.
08:12C'est le seul qui est aux deux cliniques au même moment.
08:14On va s'expliquer surtout.
08:16D'abord, ce n'est pas le seul, ce n'est pas une réalité.
08:18Le dossier a démontré qu'il y avait d'autres soignants qui travaillaient,
08:20qui ont travaillé dans les deux établissements.
08:22Mais ce n'est même pas la question.
08:24Bien sûr que nous ne ferons l'économie d'aucun argument
08:27et nous ne ferons l'impasse sur rien dans le cadre de nos explications.
08:31Parce que les jurés de la cour d'assises se posent des questions
08:33et les jurés de la cour d'assises cherchent des réponses.
08:37Et les arguments de la défense font partie de ce panel d'éléments
08:42qui feront leur réflexion.
08:44Et bien évidemment que nous avons des arguments à faire valoir devant la cour d'assises du Doubs.
08:50Pour conclure, je vous ai demandé son état d'esprit à lui,
08:53évidemment puisque c'est lui qui risque la prison,
08:54mais votre état d'esprit à vous.
08:57Vous allez plaider tout à l'heure, je le disais,
08:59vous allez devoir soulever des montagnes.
09:02Vous, avant de plaider, maître, vous êtes dans quel état ?
09:05Même pas d'esprit, dans quel état ?
09:07Moi je suis toujours un avocat inquiet, ça c'est mon état d'esprit.
09:10Dans quel état ? Je vous dirais que je suis vraiment fatigué.
09:13On a été épuisé par ce procès.
09:15Je pense beaucoup aux jurés de la cour d'assises,
09:17mais à tous les intervenants.
09:19Trois mois et demi de procès, ça a été extrêmement difficile.
09:23Je pense que ça a été épuisant physiquement et psychologiquement pour beaucoup de gens.
09:26Il est temps que ce procès s'arrête, je crois qu'on est tous complètement épuisés par cette affaire.
09:31Je me suis posé une dernière question hier en préparant mon interview,
09:33un peu anecdotique, mais quand même, je me suis dit,
09:35mais ça fait trois mois et demi que maître Schwerndorfer est là-bas,
09:38qu'il paye en fait.
09:40Alors je suis payé à l'aide juridictionnelle, c'est exceptionnel,
09:42je ne fais jamais l'aide juridictionnelle,
09:44mais effectivement Frédéric Péchet ne voulait pas que sa famille assume les frais de son procès.
09:48J'ai la chance par contre d'avoir six associés exceptionnels
09:52qui gèrent le cabinet, qui font fonctionner le cabinet,
09:54sinon je n'aurais pas pu assurer la défense de Frédéric Péchet
09:57dans des conditions ne seraient-ce qu'acceptables.
10:00Vous avez noté aussi qu'on est très seuls sur les bancs de la défense.
10:03J'aurais aimé avoir une équipe, j'aurais aimé qu'on soit trois, deux avocats, une juriste.
10:08Ce n'est pas le cas, c'est comme ça, je n'ai pas l'habitude de me plaindre,
10:10donc je fais avec et je défendrai Frédéric Péchet jusqu'au bout.
10:13Bonne plaidoirie, maître, vous étiez aux côtés de Vincent Plevin, le correspondant Bertel.
10:17Merci.
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