00:00On va parler de la colère des agriculteurs, elle ne faiblit pas après plusieurs jours de mobilisation des éleveurs contre l'abattage des troupeaux contaminés par la dermatose.
00:09Est-ce que le gouvernement a bien pris la mesure de la situation selon vous Paul ?
00:11Romain, j'aimerais vous répondre que oui, mais n'en étant moi-même pas certain, c'est difficile ce matin.
00:15Parce que que fait Sébastien Lecornu ? Est-ce que vous l'avez seulement entendu ?
00:18Même Carole Delga, la présidente socialiste de la région Occitanie, donc la région qui est aujourd'hui l'épicentre de cette maladie de la dermatose
00:25et donc évidemment de la colère agricole, a appelé ce dimanche le Premier ministre à intervenir, dit-elle, pour instaurer un dialogue avec les éleveurs.
00:32C'est une lettre ouverte qu'elle lui adresse et dans laquelle elle lui dit
00:35Il est temps d'intervenir pour garantir dans les plus brefs délais un dialogue franc et sincère avec les agriculteurs de ce pays.
00:42Seul le dialogue au fond sera même d'apaiser la situation, c'est en tout cas la position de la présidente de la région d'Occitanie.
00:48Pour le Premier ministre, c'est vrai que cette crise agricole est aussi une crise politique.
00:51La première, entendez, la première face aux Français, il a évidemment traversé des crises lors de la composition de son gouvernement.
00:57On se souvient de la démission de Bruno Retailleau et du face-à-face qui s'en était suivi.
01:02Mais là, il s'agit cette fois-ci d'une crise qui installe le Premier ministre face aux Français,
01:05qui est un mouvement de colère dont il va devoir saisir tous les tenants et les aboutissants pour trouver les mots justes.
01:10Il est sommé d'agir et de trouver des mots d'apaisement.
01:13C'est sûr que ce ne serait pas le moment d'allumer un front social violent avec les agriculteurs.
01:18Certainement pas, Romain, encore moins à 10 jours de Noël.
01:22Et à l'Elysée d'ailleurs, on ne s'y trompe pas, puisqu'Emmanuel Macron, Jacques Sorel rappelait tout à l'heure,
01:26a demandé à la présence de la Commission européenne un report de l'examen de l'accord sur le libre-échange avec les pays du Mercosur.
01:32Autre sujet de colère chez les agriculteurs, cette fois-ci tous syndicats confondus.
01:37La source qui communiquait cette information précisait donc hier qu'à l'Elysée,
01:40on constate que le compte n'y est pas pour protéger les agriculteurs français par rapport à ce traité de libre-échange.
01:46Permettez-moi de commenter en sous-titre qu'en réalité, la France savait très bien que le compte n'y serait jamais.
01:51Simplement, ce n'est pas le moment de constater ici un échec diplomatique
01:54sur la position que la France essayait de défendre seule contre tous dans l'Union européenne.
01:58Bref, en tout cas, à l'Elysée, on a au moins la sagesse suffisante
02:01pour comprendre que ce n'est pas le moment de rajouter de l'huile sur le feu.
02:04Et cette situation rappelle, mais un peu à front renversé,
02:06ce qui s'était passé il y a deux ans, rappelez-vous, à l'hiver 2024,
02:09quand le président de la République avait été, lui, très très mal reçu par les agriculteurs.
02:12Eh bien, c'était Gabriel Attal, son Premier ministre, qui avait su trouver les mots,
02:16les gestes justes pour leur montrer au moins une forme d'écoute et de compassion.
02:20Là, on a l'impression que c'est le Premier ministre qui se prend les pieds dans le tapis,
02:22faute d'agir, et que le président de la République, avec un peu de sagesse,
02:25a compris qu'il était temps de calmer un petit peu la situation.
02:28Paul, qu'est-ce qui explique, selon vous, ce mouvement de colère soudain ?
02:31Il y a évidemment des sujets...
02:33Qui couvrent depuis quelques semaines.
02:34Il y a évidemment des sujets explosifs.
02:35L'accord sur le Mercosur en est un.
02:37Bien sûr, la question sanitaire et la politique sanitaire imposée par le Haut et par Bruxelles en est un second.
02:43Il y a aussi un élément de contexte, c'est des rumeurs, en tout cas des tractations,
02:47sur la baisse du budget de la politique agricole commune de l'Union européenne.
02:49Mais on voit bien que les ingrédients sont plus larges.
02:51Vous avez un conflit syndical, un syndicat, la FNSEA,
02:55qui est associée dans l'esprit de certains paysans comme étant le représentant des plus nantis de la profession.
03:00Il y a un autre syndicat qui passe ou se fait passer pour le syndicat
03:03de ceux qui ne sont rien, ceux qui sont tout en bas de l'échelle.
03:07Vous avez un conflit qui rappelle un petit peu la position des gilets jaunes.
03:10Vous avez finalement le camp de ceux qui souffrent, ceux qui ne sont rien,
03:14si on reprend l'expression qu'avait employé Emmanuel Macron,
03:17face au camp de la raison, les vétérinaires, les autorités du monde agricole,
03:20qui leur expliquent ce qu'ils doivent faire à leur place.
03:22Donc on voit qu'il y a quelque chose au fond d'existentiel.
03:25Et le risque serait de ne pas prendre la mesure de ce qui se joue,
03:29si vous voulez, de quelle est la matrice profonde de ce mouvement,
03:32qui n'est pas seulement une contestation de quelques éleveurs face à l'abattage de leurs troupeaux.
03:37Il s'y dit quelque chose de l'incompréhension et de la colère du monde paysan.
03:41Merci beaucoup, Paul Sujit.
03:43Elle est abominable, cette expression, ceux qui ne sont rien.
03:46Elle est monstrueuse, cette expression.
03:47C'est vrai.
03:48Elle est utilisée par Emmanuel Macron.
03:50Elle est abominable.
03:51Elle a représenté maintenant dans le débat public cette impression
03:53qu'il y a effectivement une France d'en bas et une France d'en haut
03:55qui la prendrait justement par là.
03:57Oui, oui, c'est ça.
03:57Puis comme s'il y avait des gens là, des gens qui ne sont rien
04:00parce qu'ils travaillent à 5 heures du matin et qu'ils vont laver les bureaux,
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