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  • il y a 2 minutes
Benjamin Roquebert, éleveur et représentant des ultras de l'A64, évoque la détresse des agriculteurs français. «Aujourd'hui, on ne comprend pas les décisions de l'Etat» face à la dermatose, assure-t-il.

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Transcription
00:00Le moral pour le moment se porte bien. Il y a le soleil qui est avec nous.
00:04Par rapport à il y a deux ans, quand on avait fait la première sortie sur la 64,
00:07il faisait moins 7 ou moins 8. Donc là on va dire qu'on est bien pour le moment.
00:13On est deux ans après cette crise que vous venez d'évoquer.
00:16On est dans un bras de fer durable qui est en train de s'installer entre l'Etat et les agriculteurs.
00:21J'ai envie de dire que vous n'avez pas envie de lâcher sur ce protocole
00:26qui est proposé par le ministère jusqu'à présent,
00:28à savoir l'abattage de toutes les têtes d'un troupeau
00:31quand un cas de cette maladie bovine est détecté ?
00:37Tout à fait. Aujourd'hui, on ne comprend pas les décisions de l'Etat
00:41de faire massacre, je dis bien massacre, sur toutes les bêtes d'un troupeau
00:48alors qu'une seule est contaminée.
00:51On ne comprend pas ces décisions qui nous paraissent pour nous vraiment pas logiques.
00:56On aimerait que la situation change rapidement et qu'on rentre tout chez nous
01:02parce que ce n'est pas vraiment une partie de plaisir d'être là aussi sur cette autoroute.
01:08On embête la population.
01:10Mais bon, il faut se faire entendre et on attend que les décisions bougent rapidement.
01:16Vous dites que ce n'est pas logique, mais qu'est-ce qui serait logique précisément pour vous ?
01:19Aujourd'hui, si on pouvait décider d'abattre les bêtes qui sont contaminées,
01:29nous, on conçoit que c'est logique.
01:31Mais par contre, tuer les troupes au complet, non.
01:35Et on serait d'avis plutôt de mettre les exploitations en quarantaine,
01:41tous les animaux en quarantaine.
01:42Et au bout d'un mois, par exemple, on recontrôle tout.
01:47Et si les bêtes ne sont pas positives, pourquoi aller abattre des animaux qui n'ont rien ?
01:51Il faut dire aussi que la norme de l'abattage est européenne.
01:54Et c'est important de le préciser parce que je pense que...
01:57Enfin, j'ai l'impression que c'est aussi ce qui vous met en colère,
02:00le fait que toutes ces décisions sont prises très loin de votre réalité
02:05par des gens qui, pour certains d'entre eux, sans trop caricaturer,
02:08n'ont peut-être jamais vu une vache de leur vie.
02:14Tout à fait.
02:15C'est des décisions qui sont prises par l'Europe.
02:20Et ils ne conçoivent pas que nous, c'est le travail d'une vie de plusieurs générations
02:25qui sont foutues en l'air en l'espace de deux jours.
02:29Nous, on ne comprend pas.
02:30Nous, vraiment, on s'attache vraiment à être solidaires entre nous.
02:37C'est assez difficile comme ça.
02:40Et vraiment, essayer de faire bouger les lignes.
02:44Parce que vraiment, nous, c'est l'hécatombe.
02:48Les agriculteurs qui se font abattre les troupeaux,
02:51ils sont vraiment déçus.
02:54Et je ne sais pas s'ils s'en remettront, vraiment.
02:56En fait, la dermatose, il y a cette impression également,
02:58au-delà de la problématique que vous venez d'évoquer,
03:02cette douleur pour les éleveurs de devoir suivre ce protocole
03:06qui abat toutes les bêtes autour d'un cas.
03:10On a l'impression que cette dermatose, cette maladie bovine,
03:12c'est une goutte d'eau, en fait.
03:13C'est une goutte d'eau parce que le monde agricole est toujours en plein marasme
03:17deux ans après la crise,
03:18qu'on ne vous a moins entendus, on va dire, sur ces deux dernières années,
03:23mais que cette détresse, elle est toujours bien présente
03:25et qu'elle n'a jamais vraiment été apaisée.
03:31Oui, bien sûr.
03:32Ça fait deux ans qu'on est quand même dans la tourmente,
03:35avec un cours de la céréale qui n'a jamais été aussi bas
03:37depuis une trentaine d'années,
03:39des charges qui explosent.
03:41Donc on va dire que c'est tout, vraiment,
03:44toutes les exploitations qui sont touchées,
03:46qu'elles soient au niveau élevage bovin ou grande culture.
03:50C'est pour ça qu'aujourd'hui, la colère a encore explosé
03:54et on ne lâchera pas.
03:56Vraiment, on ne lâchera pas parce qu'on est vraiment au bout d'un système
03:59et avec cette DNC qui vient de se rajouter par-dessus,
04:04c'est vraiment la goutte d'eau qui fait déborder le vase.
04:06Je crois qu'il y avait une rencontre avec le préfet du Tarn
04:08qui était prévue ces prochaines minutes.
04:10Est-ce que cette rencontre peut faire évoluer les choses,
04:12peut faire évoluer les blocages,
04:14peut faire évoluer votre position sur le terrain ?
04:17Écoutez, je ne sais pas si c'est le préfet du Tarn
04:22ou de la Haute-Garonne qui va faire bouger les lignes.
04:24À mon avis, il faut que ça vienne de plus haut
04:27et j'espère que les mobilisations qui se passent aujourd'hui en France,
04:31en fait dans toute la France,
04:33vont vraiment faire comprendre que l'agriculture est vraiment en danger
04:38et qu'il faut qu'ils trouvent des solutions rapidement
04:41pour que s'ils veulent vraiment nous sauver les exploitations.
04:45Sinon, vraiment, ce sera clé sous la porte
04:47et le monde rural va s'éteindre à petit feu.
04:50C'est vrai que c'est douloureux.
04:51C'est douloureux de vous entendre.
04:52C'est douloureux de voir cette agriculture en plein désespoir.
04:55C'est douloureux aussi de voir les images qu'on a vues dans l'Ariège
04:57ces dernières heures, ou plutôt dans la nuit de jeudi à vendredi,
05:00avec cet affrontement entre vous,
05:01ceux qui nous nourrissaient,
05:03et les policiers, les CRS, les gendarmes qui nous protègent.
05:07Quel sentiment vous avez dans ces face-à-face
05:09avec les forces de l'ordre ?
05:13Aujourd'hui, on a été vraiment choqués
05:17de l'assaut qui a été lancé vers nous,
05:20parce que vraiment, c'était pacifiste.
05:23On était là vraiment pour défendre ces animaux,
05:25défendre cette exploitation.
05:27Et on a été traités comme des malpropres, des délinquants.
05:31On n'a vraiment pas compris ce qui se passait.
05:32Et c'est vrai que le sentiment de tristesse
05:36qui nous a envahi, on était vraiment malheureux.
05:40Et on n'en veut pas forcément aux CRS ou aux policiers.
05:44Ce n'est pas le souci.
05:46C'est vraiment les gens qui ont donné l'assaut
05:50qui vraiment nous a dégoûtés, dégoûtés profondément.
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