C'est donc officiel depuis quelques jours, le boss Jean-René Bernaudeau l'ayant officialisé lors d'une interview accordé à Ouest-France, Stéphane Heulot sera, à partir du 1er janvier 2026, le manager général de l'équipe Team TotalEnergies. Nos confrères suivent le dossier de près mais Cyclism'Actu aussi. Le Breton Stéphane Heulot, 54 ans, ancien champion de France, maillot jaune du Tour de France 1996, lui qui vient de clôturer son travail de trois années auprès de l'équipe belge, la Lotto, lui qui avait également dirigé les équipes Besson et Saur-Sojasun, entre 2009 et 2013, a expliqué à Cyclism'Actu pourquoi il a décidé de repartir au combat et dans le cyclisme ! Toute une histoire et son histoire... qui date en fait depuis si longtemps comme il l'avait expliqué sur scène lors d'un Talk Show "Quand les masques tombent", c'était en 2015 !
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00:00Salut Stéphane, merci de prendre quelques minutes.
00:06Vous venez de rentrer de Calpé d'Espagne où vous avez rencontré votre nouvelle équipe
00:12à partir du 1er janvier, c'est ça Total Energy ?
00:15Oui tout à fait, Jean-René a souhaité officialiser les choses un peu plus vite que prévu.
00:20Il y a eu quelques indiscrétions dans les médias,
00:24donc c'est vrai que c'était un petit peu compliqué à gérer en interne et à l'externe forcément.
00:29Donc les choses sont plus claires maintenant.
00:32Au final, vous aviez prévu d'enchaîner aussi vite sur un nouveau projet vélo ?
00:42J'aimerais que vous sachiez, mais avant cela j'aimerais vous inviter
00:46à prendre conscience pour ceux et celles qui portent un masque,
00:52d'imaginer comme c'est bon le bonheur que l'on ressent quand ce masque tombe.
00:57Et il se pourrait même qu'en prenant soin de vous vous ressentiez des choses fantastiques,
01:10et il serait aussi possible que les résultats que vous obteniez soient bien meilleurs.
01:15En tous les cas, sans souffrance, aujourd'hui, je peux vous assurer que moi c'est mon pari et que je le ressens comme une mission.
01:24Merci.
01:25Merci.
01:26Vous vouliez vous laisser du temps du côté de la Bretagne pour aller à la pêche.
01:33Les jours sont comptés maintenant, quoi.
01:35Ouais, disons que c'est des choses, c'est des rencontres de vie un petit peu, j'ai toujours l'habitude de dire.
01:41C'est vrai que les choses qu'on fait progressivement avec Jean-René, dans un premier temps, c'est vrai que la connexion on l'a toujours eu sur divers sujets,
01:50et c'est vrai qu'on avait l'habitude d'échanger d'une manière plus ou moins régulière, et là c'est vrai qu'après le Tour de France,
01:55il avait eu écho de mon départ, et c'est vrai qu'on s'est un petit peu retrouvé sur des solutions, sur des réflexions, notamment pour lui,
02:03parce que c'est vrai qu'il m'avait confié que Total arrêterait enfin à fin 2026, et qu'il voulait absolument remettre toutes les choses en route,
02:12parce que même s'il aspire à un maximum d'équiétude désormais, il voulait absolument transmettre les choses d'une manière positive à tout son staff.
02:20Ça, j'ai trouvé ça extrêmement positif et conforme au personnage, donc on a pu rencontrer déjà plusieurs personnes,
02:30mais c'est des rencontres, on va dire, un petit peu informelles, juste des gens qui avaient aussi des valeurs assez ancrées,
02:40et ça a été comme ça que les choses se sont déroulées au tout début.
02:43Sacré défi quand même Stéphane, si je peux me permettre, sacrée mission, en vue de la conjoncture économique,
02:48aller chercher des partenaires après 2026 pour sauver une équipe Total Énergie,
02:54où on connaît tout l'historique de ce qu'a créé Jean-René Bernardo avec le SA Vendée,
02:59culotté quand même.
03:02Sauver, c'est un manque assez fort, sauver effectivement toutes les équipes sont en sursis,
03:07on connaît que le principal business model du cyclisme est quand même le sponsoring,
03:13donc c'est quand même quelque chose qui est toujours assez délicat, on ne vit jamais après 20 termes.
03:19Donc oui, c'est un challenge.
03:21Maintenant, je n'avais pas du tout ce projet-là, sincèrement.
03:24C'est vrai que j'ai eu trois années très chargées, pas toujours très simples non plus,
03:30donc une fois qu'on a mis le pied dans ce genre d'activité, c'est vrai que ce n'est jamais facile.
03:35Je n'ai pas cette conviction de m'asseoir sur mes lauriers, je n'ai jamais connu ça en fait.
03:41C'est toujours, c'est assez passionnant, c'est assez stressant, des fois c'est énergivore, un point extrême,
03:47mais c'est vrai que c'est un métier qu'on aime aussi, donc soit on ne peut pas le faire à moitié,
03:52c'est soit c'est 1000% ou alors c'est mieux de se garer et faire autre chose.
03:58Sans être trop indiscret, il y a déjà des touches alors qu'on est fin 2025
04:03et qu'il faut trouver un partenaire après 2026,
04:07ou on va prendre le temps de réfléchir d'une stratégie avec Jean-René et toute son équipe.
04:11En fait, pour nos internautes et pour moi-même déjà et pour nous-mêmes,
04:16comment ça se passe à partir de maintenant le quotidien d'un Stéphane Lowe à partir du mercredi 10 décembre 2025 ?
04:25C'est déjà des découvertes et des équipes, comme vous dites, par rapport à l'encadrement de Jean-René,
04:33le sportif est parfaitement géré avec Benoît Genozo, son pôle performance, les directeurs sportifs,
04:37donc c'est quelque chose qui roule et aujourd'hui, il est très important d'amener un maximum de sérénité dans l'équipe le plus tôt possible.
04:45Donc, le quotidien, il est simple, c'est qu'on réactive le réseau, on s'imprègne des valeurs et du projet,
04:53on souhaite faire grandir.
04:55Les touches, oui, forcément, il y a déjà eu plusieurs rendez-vous qui ont été faits,
05:00uniquement moi et Jean-René et le prospect concerné,
05:04qui était plus un rendez-vous de découverte, une présentation de ma part.
05:09Et puis, Jean-René avait déjà commencé aussi avec ses équipes de multiples démarches par rapport à cela.
05:15Donc, c'est du quotidien.
05:19C'est aussi un affinage du projet et ça, ça se fait évidemment avec des rencontres avec le staff rapproché de Jean-René.
05:25Et puis, voilà, les choses sont dans les rangs et aujourd'hui, c'est la priorité, effectivement, d'aller,
05:33je n'aime pas dire aller vite parce que vite, ça veut parfois dire bâcler les choses, ce n'est pas la question,
05:40mais c'est de trouver, on va dire, le prospect, le partenaire qui peut accompagner un véritable projet tel qu'on a envie de le développer ensemble.
05:49On a malheureusement en tête, Stéphane, si je peux me permettre, le quart qu'est à BNB Hôtel,
05:54où on a suivi un petit peu le, entre guillemets, le feuilleton,
05:57et Emmanuel Hubert ne nous en faisait pas régulièrement pour, au final, une équipe qui s'arrête,
06:01vu que tout a l'air très compliqué en France en ce moment, comme tout le monde le sait.
06:07Est-ce qu'on n'a pas un peu peur qu'on n'arrive pas à retrouver,
06:10ou quel est le sentiment de confiance, ou parce que ça n'a pas l'air si simple, en fait ?
06:16Non, la peur n'écarte pas le danger, on a bien conscience que ce n'est pas dans un barail de lessive
06:24qu'on va découvrir le TK gagnant, ça fait partie de tout un ensemble.
06:30Il faut être crédible, il faut être crédible à tout point de vue.
06:34Vous savez, pour rechercher des sponsors, il y a aussi la situation du passé,
06:39les recommandations qu'on peut obtenir des anciens sponsors.
06:42Moi, je suis assez estomaqué de voir que Jean René a la capacité,
06:47c'est ce qui se passera prochainement, de pouvoir rassembler tous ces anciens sponsors,
06:52tous ces anciens décideurs, ou les précédents décideurs, autour d'une table,
06:57pour justement évoquer le cyclisme, évoquer la situation générale,
07:05parce que c'est toujours bon de s'écarter un petit peu du mur.
07:08Nous, on est un peu dans un système qui est quand même très fermé et très petit à la fois,
07:13et d'avoir des visions d'entrepreneurs aussi prestigieux que ceux qui l'ont pu l'avoir,
07:20c'est aussi très intéressant.
07:21Et d'avoir leurs recommandations aujourd'hui, après quand même 26 ans d'exercice ou 27 ans,
07:26c'est quelque chose qui n'est pas commun.
07:29Donc, encore une fois, la crédibilité est certes à ce niveau-là.
07:32Dernier mot de conclusion Stéphane, et après je vous laisse vaquer à vos occupations.
07:3754 ans, Stéphane Lowe, coureur, ancien champion de France, maillot jaune du Tour,
07:43l'équipe Besson, l'équipe Sorceau-Jassen, l'équipe Loto, et maintenant Total Energy.
07:49Est-ce que ce ne serait pas l'un de vos plus grands défis finalement,
07:53d'aller chercher des partenaires pour faire perdurer une équipe ?
07:57Probablement le plus enthousiasmant pour moi, en tout cas à ce jour,
08:04c'est sans dénigrer le passé.
08:07C'est vrai que les trois dernières années que j'ai pu faire,
08:13on va dire, m'ont épaissi la peau, m'ont épaissi le cuir.
08:17J'ai pris une énorme expérience, ça a été dur, mais ça a été extrêmement enrichissant.
08:22Donc, j'en suis reconnaissant pour ça.
08:25Et c'est vrai que je me retrouvais avec un personnage comme Jean-René aujourd'hui,
08:31sans être dans le fanatisme ou le gamin fan de vélo,
08:36mais c'est vrai que c'était un coureur que j'admirais beaucoup après Louis-Ombaubé,
08:39et plus de la génération de mon père.
08:41Mon père a couru avec lui.
08:43Je l'ai encore admiré quand il a créé le Vendée U, je l'ai dit et j'ai pété.
08:46C'est vrai que c'était un modèle pour moi quand on a, nous, au niveau de Noël, Châtillon,
08:51développé Super Sport dans un premier temps, puis Soja Son Espoir.
08:54C'était les valeurs de droiture, évidemment, le non-dopage,
09:00mais aussi le refus des coalitions qu'on pouvait connaître avec une bande de jeunes
09:07qui devaient se battre contre ces vieux briscards.
09:10Donc, ça fait partie aussi du développement de chacun et ça crée et ça construit des hommes.
09:15Donc, c'est ça.
09:17On est dans une démarche aussi de maturité lente.
09:19En tout cas, bienvenue au jeunisme, mais toujours une bonne part de réalisme aussi
09:26par rapport au double projet, des études et de la construction d'un homme.
09:32Comme le répète souvent, d'ailleurs, Jean-René,
09:34un médecin, un chirurgien commence sa vie professionnelle à 30 ans.
09:38Dans le cyclisme, en général, on n'est pas loin de la finir.
09:42Donc, ce qui signifie qu'il y a une vie après le vélo.
09:47Et je le répète encore, les vrais ambassadeurs du cyclisme, par la suite,
09:51ce sont souvent les coureurs qui terminent une carrière.
09:53Et quoi de mieux que de voir un ancien athlète rebondir
09:58et se démarquer et faire la fierté du cyclisme, en fait,
10:03comme quoi on sait aussi qu'on soit des hommes pour le futur.
10:06J'avais un dernier mot, Stéphane.
10:07Quand on est manager d'une équipe Cyclisme Actuité ce mercredi à Mailloc,
10:11auprès de l'équipe L'Armada Red Bullborough,
10:14Ansgrove, Emko Evenepul, Lipovitz, Roglic,
10:17elle sera samedi avec UAE, l'autre Armada UAE,
10:20avec Mauro Giannetti, Tadej Pogassa, etc.
10:22Quand on est manager d'équipe, qu'on cherche un partenaire
10:24pour faire perdurer une équipe,
10:26ça donne envie ou on se dit quoi ?
10:29Ils ont de la chance ou il fait chier de ne pas avoir ça ?
10:32C'est quoi le sentiment ?
10:33Non, on s'inscrit aujourd'hui dans une autre démarche.
10:37C'est vrai que j'ai en mémoire ce que m'avait dit
10:40José Miguel Echeverry à l'époque de Banesto
10:42et quand j'avais monté la première équipe professionnelle
10:44de Besson Chaussure Sojasen
10:46et quand il m'avait téléphoné en me disant que
10:48ses meilleures années, en fait,
10:50où il s'est prouvé à lui-même qu'il était capable de le faire,
10:53c'est quand justement il n'avait pas les plus grands coureurs du monde.
10:54Et il m'avait dit que quand tu es le meilleur coureur du monde,
10:57tu es forcément le meilleur directeur sportif du monde
11:00parce que c'est assez simple, en fait.
11:03À l'époque, il avait eu Pedro Delgado
11:04et ensuite Galine Durel.
11:07C'est un petit peu la situation.
11:10C'est souvent dans des situations compliquées
11:11avec des coureurs qui ne font pas forcément partie du gratin
11:15et d'y aller chercher des résultats
11:17ou en tout cas d'affirmer ou de développer
11:22ou de dévoiler un vrai bon coureur.
11:27Donc, on est des challengers.
11:28On n'a pas la capacité aujourd'hui
11:29de s'offrir peut-être un top 5 mondial,
11:33mais on a la capacité de le construire pour demain.
11:36Donc, je pense que c'est dans cette philosophie
11:39que la filière du Vendée U existe,
11:41que les liens avec le CREF également avant le Vendée U.
11:47Donc, aujourd'hui, il est important de solidifier la base
11:50parce qu'on a un cyclisme amateur qui souffre énormément.
11:56Et que ce soit Jean-René ou moi,
11:57on vient de cette base-là.
11:58Donc, on ne l'oubliera jamais.
11:59Et on va se battre justement pour connecter au mieux
12:03cette base avec le cyclisme de haut niveau
12:05qui est aujourd'hui, à mon sens, trop oublié.
12:10Merci Stéphane.
12:10Et le sentiment, c'est confiant en cette année 2026
12:13qui arrive ?
12:14Quelques craintes ou il fait du bien
12:17de se retrouver avec un gros chantier qui nous attend ?
12:22J'étais fin du tour épuisé.
12:26Pas découragé du tout,
12:27mais envie vraiment de me déconnecter.
12:30Et j'ai envie de dire qu'aujourd'hui,
12:34le 17 décembre, je suis motivé comme un cadet.
12:37Et c'est vrai que j'ai hâte de rentrer vraiment
12:42dans le vif du sujet.
12:43On y est déjà, ça peut être quelque part,
12:46mais d'être sur des concrétisations
12:48vraiment importantes dans les prochaines semaines.
12:52Donc, non, c'est...
12:55Comme je le disais, la peur n'est pas le danger.
12:59Enfin, on est conscient des enjeux,
13:01mais on regarde devant avec optimisme et confiance
13:05et surtout confiance en nos valeurs et notre projet.
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