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  • il y a 4 jours
La libération de Boualem Sansal aurait pu faire croire à un dégel durable des relations entre Paris et Alger. La condamnation en appel de Christophe Gleizes remet en cause cette éclaircie.

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Transcription
00:00La libération de Boilem Sansal, il y a quelques semaines, aurait pu faire penser à un dégel durable de la relation entre la France et l'Algérie.
00:07En réalité, c'est plus compliqué que ça, et je vous explique pourquoi.
00:10L'Algérie que nous aimons tant, et avec laquelle nous partageons tant d'enfants et tant d'histoires,
00:15entre dans une histoire qui la déshonore à empêcher un homme gravement malade de se soigner.
00:20Et ce n'est pas à la hauteur de ce qu'elle est.
00:22La crise entre la France et l'Algérie a auparavant atteint un niveau inédit, en raison de trois facteurs principalement.
00:28Le premier, c'est la mauvaise volonté telle que vue par Paris d'Alger d'accepter ses ressortissants algériens expulsés du territoire français, les fameuses OQTF.
00:39La deuxième raison, c'est la reconnaissance par la France à l'été 2025 de la marocanité du Sahara occidental.
00:46Ça a provoqué la fureur de la présidence algérienne.
00:49Et la troisième raison, on en a moins parlé, c'est l'arrestation en France d'un vice-consul algérien
00:54soupçonné d'avoir participé au kidnapping d'un opposant algérien en France, Amir Boukhorst.
00:59Et nous qui aimons le peuple algérien et son histoire, je demande instamment à son gouvernement de libérer Boilem Sansal.
01:05Dans une affaire telle que l'emprisonnement de Boilem Sansal,
01:08ce qui est le plus difficile pour les deux parties, la France et l'Algérie,
01:11c'est de se mettre d'accord sur un récit où personne ne perd la face.
01:15Et il y a eu un intérêt conjoint, un moment très précis entre les deux pays,
01:19c'est de faire perdre la face à un tiers, qui était Bruno Retaille.
01:23Il faut poser ce rapport de force, parce qu'on a été, si j'ose dire, assez gentil.
01:28On a tendu la main à l'Algérie.
01:30Qu'a-t-on eu en retour ?
01:31Donc il faut, aujourd'hui, ce rapport de force.
01:34Il y a une méthode qui a été très mal vue par Alger, c'est celle de la menace.
01:39Cette méthode-là, c'était celle de Bruno Retailleau.
01:41Durant tout le temps où il a été ministre de l'Intérieur,
01:45n'a cessé de menacer le pouvoir algérien de mesures de rétorsion, de contre-mesure.
01:51Il n'a pas caché sa volonté de vouloir dénoncer les accords de 1968
01:56qui permettent une liberté de circulation accrue entre les deux pays.
02:02Et aujourd'hui, c'est tout aussi librement que je quitte notre ministère,
02:08mais je continuerai à servir notre pays, notre nation, notre peuple, tout aussi librement, mais autrement.
02:17La sortie de Bruno Retailleau du gouvernement, Bruno Retailleau qui a eu des propos très durs pour l'Algérie,
02:22a permis l'émergence d'un récit dans lequel cette libération serait permise par une autre méthode vis-à-vis de l'Algérie,
02:31incarnée par le nouveau ministre Laurent Dunez.
02:33Je vais appliquer la même politique. Je ne vais pas revenir sur la circulaire de Bruno Retailleau,
02:39sur l'admission exceptionnelle au séjour.
02:41Je vais rester très ferme, comme je l'ai toujours été d'ailleurs comme haut fonctionnaire sur ces sujets.
02:45Et il faut le faire pour la protection d'une grande majorité de nos concitoyens,
02:50donc concitoyens qui sont d'origine étrangère et qui demandent cette fermeté,
02:55mais qui dans le même temps peuvent être blessés, heurtés par l'emploi d'un certain nombre de mots.
03:00Et ces mots-là, vous ne les entendrez jamais dans ma bouche.
03:03Emmanuel Macron, depuis longtemps, il oscille entre les deux méthodes, entre les deux politiques.
03:08La vérité, c'est qu'à l'Elysée, beaucoup depuis longtemps prêchait pour cette méthode-là,
03:15cette méthode un peu plus apaisante.
03:18Et Emmanuel Macron a très tardivement opté définitivement pour cette méthode.
03:23Madame, Monsieur, bonsoir, bienvenue dans le 20h.
03:25Dans l'actualité de ce mercredi, il est enfin libre, Boualem Sansal, emprisonné depuis un an dans les geôles algériennes,
03:33a été gracié aujourd'hui après une médiation diplomatique de l'Allemagne.
03:36Cette libération, c'est d'abord une victoire de la diplomatie, la diplomatie française, de la diplomatie allemande.
03:42Et c'est un désaveu cinglant pour les partisans de la méthode forte.
03:47Je l'ai dit, je le redis, voilà, la stratégie du bras de fer ne fonctionne pas.
03:51Ce qui est sûr, c'est que dans les récits, à la fois à Paris et à Alger, on est d'accord pour dire que le bras de fer ne fonctionne pas.
04:01Maintenant, est-ce que dans le bout de chemin qui mène à la libération de Boualem Sansal du côté algérien,
04:10la pression qui a été mise sur Alger n'a pas pesé ?
04:14C'est une vraie question et on pourrait aussi considérer que les méthodes du bras de fer et la méthode plus apaisante sont complémentaires
04:22et utilisées de manière habile.
04:27Elles permettent d'aboutir à un succès diplomatique tel que la libération de Boualem Sansal.
04:31Et je tiens à remercier du fond du cœur celles et ceux qui ont contribué à cette libération fruit d'une méthode faite de respect et de calme.
04:42Il y avait trois raisons qui plaidaient pour un dégel des relations avec l'Algérie du point de vue français.
04:50La première raison, le premier dossier, c'est celui de l'immigration.
04:53Depuis le début de la crise, l'Algérie ne veut plus reprendre ses ressortissants expulsés du territoire, ou très peu.
05:01Ça posait un problème à Paris qui voulait reprendre l'angle sur ce sujet.
05:06Le deuxième sujet, c'est celui de l'expansion économique et de la possibilité pour les entreprises françaises de s'installer en Algérie,
05:14mis à mal par la crise.
05:15Le troisième dossier, peut-être le plus important, mis en avant par le ministre Laurent Nunes, c'est la coopération sécuritaire.
05:21Je comprends que la tension qu'il y a actuellement avec l'Algérie fait qu'on n'a plus de relations sécuritaires avec eux, d'échanges sécuritaires.
05:28Je peux vous dire que pour un ministre de l'Intérieur, c'est un problème. C'est un gros problème.
05:32Sur le volet du terrorisme, l'Algérie aide la France à combattre le terrorisme islamiste, djihadiste en France.
05:39L'absence de renseignements était vraiment très préjudiciable à Paris.
05:43Et de ce point de vue-là, on peut espérer que l'embellie diplomatique permette de reprendre l'angle sur ces questions sécuritaires.
05:52C'est l'heure du journal de l'Afrique. Soyez les bienvenus sur France 24.
05:54À la une ce soir, la sentence pour Christophe Glez, le journaliste français emprisonné depuis juin en Algérie pour apologie du terrorisme,
06:01a été condamné en appel à sept ans de prison par la cour d'appel de Tiziouzou.
06:06Sa famille se dit choquée.
06:08La non-libération, le maintien en détention de Christophe Glez, il peut s'expliquer par deux raisons.
06:13Une raison liée à la politique intérieure algérienne.
06:17Christophe Glez, il était poursuivi pour des conversations avec des membres du MAC, le mouvement indépendantiste kabyle.
06:24C'est une question très sensible en Algérie. Ce mouvement est désormais considéré comme terroriste.
06:30Du point de vue de sa population, il y a donc un intérêt à opter pour une posture extrêmement sécuritaire, extrêmement sévère.
06:38La deuxième raison, elle est peut-être liée à la libération de Boilem Sansal, et c'est terrible de le dire comme ça,
06:45mais il se pourrait qu'Alger n'avait pas vraiment intérêt à se priver de tous ses leviers de négociation avec la France,
06:52et que donc cyniquement, Alger avait un intérêt à maintenir un Français en prison en Algérie pour des raisons politiques
06:59afin de faire fructifier, si je puis dire, cet otage dans ses futures négociations sur les volets mémoriels et de l'immigration, par exemple, avec la France.
07:10On va tout faire pour qu'on obtienne sa libération. Ce sera un élément important des discussions en cours, un élément même majeur.
07:16Il faudra suivre les grandes dates qui sont celles auxquelles le président algérien a l'habitude de gracier des prisonniers.
07:25La plus importante, c'est celle du 5 juillet, jour de l'indépendance algérienne.
07:29Mais en raison de cette résonance avec la France, il n'est pas sûr qu'Abdelmadjid Teboun retienne cette date-là.
07:35Il faudra suivre de manière un peu plus globale la manière dont Laurent Nunez, qui a été invité en Algérie,
07:42qui parvient à négocier autour de ces sujets, ce qu'il donne en échange au pouvoir algérien,
07:48en échange de la libération possible de Christophe Glez.
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