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  • il y a 1 jour
En salles le 10 décembre 2025
Transcription
00:00Peut-on faire un film en costume qui parle d'aujourd'hui ?
00:02La réponse est oui, grâce à Jérôme Bonnel dans La Condition.
00:30Que tu prennes soin de toi, je t'ai fait peur.
00:37C'est vraiment un film qui regarde différemment les relations entre les hommes et les femmes sur une époque précise.
00:42Et ça renvoie aussi à aujourd'hui, sur comment une femme soumise peut s'émanciper petit à petit,
00:49grâce notamment à une relation avec une autre femme.
00:53Le film est assez classique dans sa forme, que ce soit dans son récit ou dans sa mise en scène,
00:58mais vraiment d'une grande élégance de tous les plans.
01:00Ce qui est intéressant dans ce titre, c'est sa polysémie.
01:05C'est-à-dire que la condition, c'est celle que pose l'héroïne aristocrate à son mari.
01:12Je veux bien faire tel truc à telle condition.
01:15Et la condition, c'est la condition sociale, évidemment, de Céleste, la petite bonne,
01:19qui est violentée, troussée, qui fait vraiment partie des biens matériels de la maisonnée.
01:28Et c'est la condition féminine, évidemment.
01:31Et c'est à cette intersection que le film devient tout à fait intéressant et nouveau, j'ai envie de dire,
01:39parce qu'il embrase vraiment des questionnements ultra contemporains dans un univers.
01:44Alors, on est au 20e, on serait au 19e, on pourrait être chez Maupassant, par exemple.
01:47Il y a vraiment cette idée-là de deux femmes qui sont d'abord des ennemis de classe sociale.
01:55Et en fait, c'est la violence masculine et c'est le patriarcat qui vont les unir dans leur lutte.
02:03Et ce qui est intéressant, c'est que Jérôme Bonnel, c'est un cinéaste de la finesse.
02:07Donc, on a l'air d'arriver comme ça avec nos grosses pancartes de manifestants féministes.
02:13Mais le film est évidemment plus délicat que ça.
02:16C'est quelqu'un qui a une grande attention aux détails, aux gestes, aux vêtements, aux objets,
02:22au fonctionnement de cette belle et grande maison et à sa hiérarchie aussi.
02:27Jérôme Bonnel, on le sait, depuis les débuts, c'est un très grand directeur d'acteur.
02:30Et là, il s'en donne un corps joie parce qu'il a quand même un sacré casting à sa disposition.
02:36Le notaire de province, c'est Swan Arlo.
02:38Alors, pour une fois, Swan Arlo, il joue un rôle de pas gentil.
02:41Donc, on se dit, est-ce qu'il va être crédible ?
02:43Ben oui, il est très, très crédible.
02:44Il n'est vraiment pas sympa du tout.
02:46Et en même temps, assez touchant parce que c'est Swan Arlo,
02:48c'est quand même un très grand acteur et qu'il arrive à exprimer plein de choses dans son jeu.
02:52Il y a Galatea Bellucci, une jeune comédienne qu'on avait adorée
02:55dans le film de Xavier Giannoli, L'apparition.
02:59Et puis, il y a Louise Chevillotte.
03:00Alors, c'est une actrice qu'on a découvert dans un film de Philippe Garel,
03:03L'amant d'un jour, en 2017,
03:05qui depuis mène une carrière assez discrète, mais toujours féconde.
03:10Beaucoup de second rôle.
03:11Et là, elle a vraiment un vrai premier rôle, un vrai grand premier rôle,
03:14où elle joue le rôle de cette grande bourgeoise qui va s'émanciper petit à petit.
03:18Et c'est évidemment un rôle qui correspond vraiment très bien à cette actrice,
03:22qui est une actrice très engagée dans son féminisme,
03:26qui cherche des chemins de traverse aussi dans son cinéma.
03:28Et elle fait vraiment une très grande performance du début jusqu'à la fin du film.
03:32Vous ne connaissez pas la dernière, Céleste ?
03:34Notre petite bonne est enceinte.
03:36Enfin, qu'est-ce que...
03:37Il va sans dire que c'est le grossesse des hommes dans notre maison.
03:43Madame, je ne peux rien faire.
03:45Tu ne comprends pas ce que je te propose,
03:48mais à une condition.
03:50À quelle ?
03:50Que tu ne t'approches plus jamais de mon lit.
03:52Le film est très juste dans sa description des rapports de classe,
03:55avant qu'il y ait cette petite pénétration entre les classes.
03:59Ça fait penser à certaines séries anglaises,
04:02à certains films anglais, sur les demeures aristocratiques,
04:04même si là, c'est la bourgeoisie, mais c'est un peu le même fonctionnement.
04:07Donc il y a l'espace des réceptions, l'espace des maîtres et l'espace des serviteurs.
04:13Et comment la circulation se fait entre ces deux espaces,
04:16ou comment ces deux espaces sont très étants.
04:18La mise en scène le montre très très bien.
04:19Et puis il y a comment ces personnages interagissent entre eux.
04:23Et on voit vraiment les petites humiliations que peuvent subir les domestiques
04:29dans certaines scènes assez discrètes, mais très très bien écrites.
04:33Le comportement assez hautain, il est vrai, du personnage de Louise Chevillotte
04:37avant son émancipation.
04:38C'est une vraie patronne à l'ancienne qui gère son foyer de main de maîtresse,
04:44ne tolère aucun écart.
04:46Et puis en même temps, il y a comment on s'arrange avec les convenances,
04:49puisque quand la petite bonne est enceinte du patron,
04:53la première réaction, c'est quand même de se débarrasser de l'enfant.
04:57Voilà.
04:58Et donc, on a beau être des bons chrétiens et tout,
05:00on peut faire appel à une faiseuse d'ange, ça ne pose pas de problème.
05:02Le film raconte ça vraiment avec beaucoup de finesse,
05:05avant donc de passer vers autre chose, vers cette émancipation féminine
05:10qui passe aussi par un rejet, d'une certaine manière, de sa classe sociale.
05:14La condition, c'est un brin programmatique, mais c'est bien quand même.
05:18La condition, pour son élégance et pour son casting, c'est très bien.
05:27Tu vois où il est !
05:32Sous-titrage Société Radio-Canada
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