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  • il y a 2 jours
Le Mausolée, c'est 40 000 mètres carrés sous le périphérique au nord de Paris, totalement invisibles de l’extérieur et ouverts au public depuis cet automne.
Transcription
00:00Ces deux voix sursis ont été peints par un artiste qui s'appelle apôtre, mais également obsolétrisme.
00:07Jeux avec l'obsolescence et les lettres.
00:10On suppose que c'était des voitures volées.
00:12Vous voyez qu'il a écrit en fait des poèmes, un à la verticale et l'autre à l'horizontale.
00:17C'est ou des poèmes qu'il connaît par cœur, ou des poèmes qu'il invente dans les lieux.
00:21Il écrit de manière automatique en fait, comme les surréalistes à l'époque.
00:24Dans ce supermarché désaffecté, Thomasine Zoller guide ses visiteurs en quête d'émotions urbex.
00:34Nous sommes sous le périphérique nord de Paris.
00:37Objectif de ce jeu de pistes, déchiffrer les messages codés du mausolée.
00:41Nom donné à cette œuvre collective monumentale, initiée par deux figures du graffiti parisien, Lett et Sowat.
00:48C'est en 2010 que les deux complices trouvent la brèche pour atterrir illégalement dans ce bunker fantôme plongé dans l'obscurité.
01:00Le but traditionnel du graffeur, c'est d'écrire son blase, son nom d'artiste partout dans la rue, pour être vu sans être vu.
01:08Vandalisme pour les uns, fresque artistique pour les autres.
01:11Mais cette fois-ci, les deux associés inventent une nouvelle démarche artistique, s'isoler ici, dans le plus grand secret,
01:19et se lancer dans une peinture qui joue avec l'architecture de ce lieu inaccessible.
01:27Quand ils arrivent dans ce parking et qu'ils voient tous ces piliers, ça leur évoque une forêt de béton.
01:33Donc pour pouvoir matérialiser cette idée, ils vont donc représenter un arbre de manière stylisée.
01:40Donc c'est un travail à deux mains, mais ils vont jouer à s'entremêler.
01:45On part sur le pilier au sol avec ce travail de flèche qui a été réalisé ici par l'artiste de Lecq.
01:52C'est comme si c'était ce tronc qui nous pousse à lever les yeux au ciel,
01:57et on lève la tête et on arrive directement sur cette espèce de feuillage réalisé en calligraphie par Sowat.
02:04Vous voyez que ce ne sont pas les mêmes outils qui sont utilisés non plus.
02:07Ici, on est sur un travail à l'aérosol.
02:09Alors qu'au-dessus, on est sur un travail au rouleau et au pinceau.
02:14L'œuvre, la particularité aussi ici, c'est qu'elle est peinte à 360 degrés.
02:18On peut en faire tout le tour.
02:21Et je vous invite du coup à faire le tour de cette peinture.
02:24Une résidence artistique sauvage pendant quatre mois, un exercice de style à la manière des hommes préhistoriques.
02:34Lec et Sowat s'adonnent à la rupestre éclairée à la lampe torche sans se laisser perturber par les bruits inquiétants ou les ombres douteuses.
02:42Mais avec 40 000 mètres carrés de béton, le défi est immense.
02:47Ils vont donc décider d'inviter d'autres artistes, une vingtaine au total, dans la même veine expérimentale qui frôle l'abstraction.
02:54Lec et Sowat rapprochent leur travail pictural de la pratique musicale.
03:00Pas n'importe laquelle, le jazz.
03:03Souvent, ils invitent d'autres artistes à peindre avec eux en disant on va faire un bœuf de jazz.
03:07À gauche, la partie en rouge, lec, ramenez la rythmique.
03:12La partie chromée de Sowat, ramenez la mélodie.
03:15Et brusque, en grisaille, ramenez les basses.
03:19On a l'impression qu'on regarde en fait une composition, une partition.
03:23Vous appuyez sur Play et là vous voyez se superposer toutes les différentes notes de musique, les unes avec les autres.
03:35Ce jeu de piste inclut aussi une dimension mémorielle.
03:39Lutter contre l'effacement de ces pratiques artistiques, réalisées il y a 15 ans en Katimini, est une des priorités de Thomasine.
03:47Mais aussi rappeler au public que ce lieu contient d'autres traces à décoder.
03:50C'est celle de vie invisible vécue dans les profondeurs de la ville.
03:58Les Kessoat réalisent qu'ils sont dans un lieu qui est lié à la crise avec un grand S à la fin.
04:04C'est-à-dire crise économique.
04:06On est dans un supermarché qui a fait faillite.
04:08Qui plus est en 2008, crise financière globale.
04:11Vous avez une crise sociale.
04:15On a des familles qui vivent ici.
04:17Crise humaine.
04:19Vous avez des toxicomanes qui ont aussi squatté le lieu.
04:22En fait, ils réalisent qu'ils sont dans un espace qui a connu mille et une vies.
04:26Et au moment où eux arrivent, tout est comme mort.
04:29Tout est mis sur pause.
04:31On est dans une espèce de capsule temporelle.
04:33Où vous voyez, 15 ans après, rien n'a changé.
04:35Quand vous cherchez la définition du mausolée dans le dictionnaire,
04:39c'est un monument aux morts richement orné de peinture et de sculpture.
04:44Ils réalisent que c'est exactement ce qu'ils sont en train de faire ici.
04:48Et c'est là que le terme de mausolée va être retenu.
04:57Un artiste que Les Kessoat vont inviter quand il va venir ici
05:01et voir tous ces éléments liés à l'enfance,
05:03il va vouloir rendre hommage à tous les enfants qui ont vécu ici.
05:07Et en fait, ce qui sort du visage de cet enfant,
05:10tout un tas de volutes roses, verts, rouges,
05:14c'est tout simplement le pouvoir de l'imagination qu'on a et qu'on développe ici.
05:19Les Kessoat, vous retrouvez énormément de dessins d'enfants,
05:22de jeux, d'outils, de marrelles dessinées, etc.
05:27Preuve qu'il y avait de la joie dans ce lieu,
05:29malgré toute la misère et la difficulté de l'espace dans lequel on se trouve.
05:36Mais que va devenir ce mausolée ?
05:39Dans le monde du graffiti, la quête de crédibilité artistique est un combat perpétuel.
05:44Thomasine rêverait qu'une partie des œuvres soient conservées
05:46et que ce lieu qui appartient à la ville de Paris soit réhabilité
05:50en centre d'art dédié aux cultures urbaines.
05:53Un rêve suspendu aux projets de rénovation qui planent sur ce quartier.
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