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00:00Voilà pour ce constat. Et à mes côtés ce matin, une invitée, Bouchra Al-Zoubi, bonjour.
00:05Merci d'avoir accepté notre invitation. Vous êtes syrienne donc, vous êtes journaliste indépendance, traductrice également.
00:11D'abord, on va revoir ces images en direct de cette place des Omeyades.
00:16Là, on voit des parachutistes qui arrivent sur place, mais il y a une foule immense tout autour en ce moment.
00:21Qu'est-ce que ça vous fait de voir ça ?
00:24C'est incroyable. Encore une fois, on s'est réveillés, débarrassés d'Assad il y a un an.
00:28Et on se réveille encore une fois pour réaliser qu'on s'est débarrassés d'Assad.
00:34Mais malheureusement, j'ai beaucoup d'émotions qui sont très mixées parce que je viens de rentrer de la Syrie.
00:39Et il y a beaucoup de scènes qui me font de la peine, qui me frustrent parce qu'il y a la destruction totale.
00:45Il y a des villes complètement rasées grâce à la Russie et on normalise avec.
00:49Donc c'est très frustrant.
00:52Mais aussi les atrocités qui ont lieu sur la côte et à Sueda, ce qui m'attriste.
00:58Et toutes mes pensées aussi aux familles des disparus parce que jusqu'aujourd'hui, le gouvernement n'a rien fait au dossier de justice transitionnelle.
01:09Donc beaucoup de gens sont tristes, qui ne veulent pas faire la fête aujourd'hui, qui ne partagent pas ma joie et cette liesse.
01:16C'est triste, mais en même temps, je me réjouis toujours de la chute de pire dictature de notre siècle.
01:21Vous avez quitté la Syrie en 2012, c'est ça ?
01:24Oui.
01:24Et vous y êtes retournée récemment.
01:26Oui, je suis rentrée en septembre 2025 pour une visite exploratoire.
01:32C'est grâce à un sauf-conduit qui nous était accordé par le gouvernement français.
01:36Parce que je suis réfugiée politique et normalement, on n'a pas le droit de rentrer dans notre pays d'origine.
01:41Mais on a plaidé auprès du gouvernement français avec quelques camarades syriens juste après la chute.
01:47Et on a fait une campagne de plaidoyer qui s'appelle « Liberté d'agir et le droit de revenir ».
01:51Et voilà, ce droit nous était accordé pour une visite exploratoire pour une seule fois.
01:56Ce qui je trouve très normal parce qu'aujourd'hui, il y a 10 millions de syriens qui sont en dehors du pays.
02:02Et on a le droit de participer à la transition et lire si jamais il y a des élections présidentielles transparentes, j'espère, et législatives.
02:11Et donc voilà, je suis rentrée après 14 ans.
02:14J'ai retrouvé ma sœur et j'ai un peu fait l'état de lieu de la Syrie.
02:18Je suis rentrée en France.
02:19C'est ça, 14 ans sans avoir vu ce pays.
02:21Alors même si cette guerre a été très, peut-être même parfois trop documentée sur les réseaux sociaux, ça a été extrêmement difficile, j'imagine, de voir ça de loin.
02:28Pourtant, ignorée par le comité international.
02:30Oui, avec cette fameuse ligne rouge qui a été franchie allègrement par Bachar Al-Assad.
02:36Qu'est-ce que ça fait de retourner dans son pays après 14 ans d'absence ?
02:40Qu'est-ce que vous avez reconnu ou pas en arrivant là-bas ?
02:43J'appelle que vous êtes originaire de Dera, le berceau de la Révolution, là où les enfants avaient tagué docteur, c'est ton tour.
02:47Et du coup, je viens de le dire, en fait, je suis rentrée à Dara, c'était très, très beau et frustrant et triste parce que Dara, la ville, est complètement rasée.
02:57Mais en parallèle, on va dans l'école où les enfants ont écrit à ton tour de docteur.
03:02Ils sont rentrées de l'exil et ils ont écrit juste en face, le docteur s'est enfoui.
03:05Donc, pour ça, je me rejouis de la chute d'Assad.
03:09Pour les gens qui sont sortis de le pire système carcenaire du monde entier, de Sednaïa et autres,
03:17les réfugiés aujourd'hui qui peuvent se permettre de rentrer dans leur pays sans perdre la protection, évidemment,
03:23les journalistes qui peuvent couvrir le pays, ce qui n'était pas possible avant.
03:27Et voilà, c'est juste, c'est très beau, mais en même temps frustrant parce qu'on voit toujours les scènes des gens qui veulent partir du pays aujourd'hui,
03:37ce qui est très malheureux.
03:39On pensait que c'était fini.
03:40Les gens qui sont arrêtés arbitrairement.
03:42Les tribunaux publics, c'est un peu un spectacle.
03:46Le régime, je ne sais pas, le Damas aujourd'hui qui utilise un peu le journalisme comme des propagandes
03:52parce que quand ils ont fait, je rappelle, il y avait un tribunal public pour juger les criminels qui étaient impliqués dans les massacres de la côte en mars.
04:01Et il y avait des gens qui appartiennent au gouvernement actuel, mais aussi à des loyalistes d'Assad.
04:07C'était un tribunal public à lequel j'ai assisté à Alep.
04:11C'était hyper spectaculaire, s'il vous plaît.
04:14Il y avait plein de journalistes internationaux et nationaux.
04:17Et c'était juste, en fait, pour transmettre le message.
04:20Il n'y avait aucun sens critique.
04:21Et c'était juste, en fait, utiliser le journalisme pour dire on fait quelque chose.
04:24Alors que le dossier de justice transitionnelle n'a pas été touché par le gouvernement.
04:29Il faut expliquer, il y a plein de disparités à travers la Syrie aujourd'hui.
04:33Et ça va être compliqué de refaire une unité demain.
04:37Oui.
04:37C'est hyper compliqué parce que, encore une fois, c'est la faute du gouvernement d'aujourd'hui.
04:42Il ne faut pas réduire la Syrie au gouvernement.
04:44Mais aujourd'hui, c'est eux qui gèrent le pays.
04:46Donc si tu ignores le dossier de justice transitionnelle, évidemment, on va se venger.
04:50Oui.
04:50Il y a des gens qui sont hyper frustrés.
04:52On a plus que 100 000 disparus.
04:54Donc, évidemment, les gens ne savent pas les criminels.
04:57Et aujourd'hui aussi, on est en train de faire un recyclage des criminels.
05:02Des amis d'Assad qui sont au pouvoir aujourd'hui.
05:04Et on les voit dans les rues de Damas.
05:07Donc, oui, c'est la faute du gouvernement.
05:09Parce qu'ils ignorent la frustration de gens.
05:12Ils ignorent, en fait, la souffrance de gens.
05:15Ils ne reconnaissent pas les sacrifices que les gens ont faits.
05:19Et voilà, ça crée cette frustration.
05:21Et ça ne m'étonne pas.
05:22Et puis, il y a des miliciens aussi qui ont commis des exactions,
05:25qui sont aujourd'hui toujours en arme et qui sont chargés de l'ordre public aussi.
05:28Ça crée des situations extrêmement compliquées.
05:31Et pour les droits des habitants aussi.
05:33Oui, bien sûr.
05:34Et c'est en fait, encore, recycler les criminels.
05:38Et aujourd'hui, pardonner ce que le gouvernement n'a pas le droit.
05:41Parce que ce n'est pas à toi de pardonner la mort de mon frère
05:44ou mon enfant.
05:45Donc, elles gèrent le dossier hyper, hyper mal.
05:49En parallèle, elles font beaucoup de travail
05:51qu'on apprécie à l'international.
05:53Parce qu'elles renouent un peu les relations.
05:56Il l'a fait très, très vite.
05:58Très, très vite.
05:59On va peut-être avoir la possibilité de lever les sanctions.
06:01Ce qui a étouffé les Syriens pendant des années.
06:04Donc, ça, c'est appréciable.
06:05Et c'est impressionnant aussi d'être à la Maison Blanche
06:08après des années de rupture diplomatique.
06:11D'être à l'ONU et tout.
06:13Mais en même temps, il faut communiquer avec les Syriens.
06:15Parce qu'en fait, ça ne sert à rien.
06:17Si tu es à l'international, c'était parfait.
06:19Tu parles avec les gens.
06:20Tu reprends les relations diplomatiques.
06:22Et puis, avoir un Parlement représentatif aussi de la population.
06:25Ce qui n'est pas le cas encore pour l'instant.
06:26Exactement.
06:27Et même la représentation féminine, très, très peu.
06:30Mais là, Shara promet que...
06:33Alors qu'il y avait des élections législatives.
06:36Il y a très peu de temps.
06:38Et du coup, il y avait très peu de femmes qui sont élues.
06:40Et Shara, elle a le droit à choisir 70 personnes.
06:45Et il a dit qu'elle va choisir beaucoup de femmes pour, en fait, faire l'équilibre.
06:50Ce que je ne trouve pas normal qu'un président puisse, en fait, élire 70 personnes.
06:55Mais on verra pour la représentation féminine.
06:57Mais je pense que les femmes syriennes, aujourd'hui, n'acceptent pas d'être exclues.
07:00Donc, elles font tout dans leur pouvoir pour s'impliquer.
07:04La condition des femmes, elle est comment, aujourd'hui, en Syrie ?
07:06Écoutez, moi, je suis allée.
07:10Je ne suis pas voilée.
07:11Je suis allée partout en Syrie.
07:12Je suis allée dans le nord d'Alep, sur la côte, à Daraa, à Damas.
07:18Personne ne me parle.
07:19Il y a un rapport hyper différent, aujourd'hui, avec la police, les institutions et l'armée.
07:24C'est-à-dire, avant, pour moi, c'était déjà Bihah.
07:27Je ne peux pas leur parler.
07:28Parce qu'elles peuvent très bien me kidnapper ou me faire disparaître, très facilement.
07:32Aujourd'hui, un soldat me parle.
07:34En fait, c'est qui ? Le mec dans le taxi ?
07:36J'ai le droit à répondre, à dire.
07:38En fait, ça ne te concerne pas.
07:40Donc, il y a un rapport hyper différent, aujourd'hui, avec les institutions.
07:45Tu peux demander des trucs administratifs assez facilement.
07:48Après, je suis privilégiée, parce que j'étais dans des grandes villes.
07:51Je parle des langues étrangères.
07:53J'ai un passeport un peu différent.
07:54Donc, voilà.
07:56Mais ce n'est pas facile.
07:57À y retourner, définitivement, parce que je n'ai pas une garantie à mon droit à la mobilité,
08:02pour lequel je me suis battue pendant des années.
08:05Aujourd'hui, voilà.
08:06J'ai besoin des garanties, comme beaucoup d'autres Syriens.
08:08Merci.
08:09Merci, Bouchra Al-Zoubi, d'avoir accepté notre invitation ce matin,
08:13pour témoigner de cette nouvelle Syrie.
08:15Merci.
08:16Merci.
08:17Merci.
08:18Merci.
08:19Merci.
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