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00:00Depuis ce matin, la Syrie célèbre donc la chute du régime syrien, celui de Bachar Al-Assad, il y a un an exactement, ce 8 décembre 2024.
00:08Une coalition de rebelles, dont c'est une offensive éclair sur le pays, et parvenait à chasser du pouvoir le dictateur syrien qui est dirigé depuis 24 ans.
00:17Contraint de s'exiler, on le sait, à Moscou et de laisser son fauteuil à l'ancien djihadiste Ahmed Al-Shareh.
00:23Après les prières du matin à la mosquée des Omeyad tout à l'heure, le nouvel homme fort de Damas a appelé les Syriens à unir leurs efforts pour bâtir une Syrie forte.
00:32Ce sont ces mots employés un an après. Ce pays qui, après une première année de transition agitée, tente évidemment d'avancer malgré des difficultés qui persistent.
00:42On va y revenir avec vous Ziad Alissa, bonjour. Vous êtes président de l'ONG de santé et solidarité internationale MEAD.
00:49Vous êtes médecin, anesthésiste, réanimateur. La Syrie et surtout aussi votre pays, votre terre natale que vous avez fui il y a 25 ans.
00:59Alors on se souvient, il y a un an, beaucoup de Syriens ont transité par votre place.
01:04A tous, on leur demandait que vous font ces images. Je vous propose de regarder de nouveau ces séquences.
01:10Ce sont les images emblématiques de la CHU du régime de Bachar el-Assad.
01:14Des images que l'on connaît bien. L'entrée de ceux qu'on appelait à l'époque les rebelles dans la capitale, ce qui avait été impensable quelques semaines, quelques jours avant cela.
01:24Et puis il y avait cet homme, Ahmed Al-Shara, qui se présentait. On se souvient de son discours fort, des portraits de Bachar el-Assad brûlés.
01:33Et voilà cette séquence, notamment dans la mosquée des Omeyades, Ahmed Al-Shara qui prononçait ses premiers mots en public.
01:40On voit ces caméras qui le filment. Et là, c'est à l'intérieur du palais présidentiel.
01:45Qu'est-ce que ça vous fait de revoir ces images qui, à l'époque, chez les Syriens, provoquaient beaucoup de joie ?
01:51Est-ce que c'est toujours ce sentiment qui est présent, vous ?
01:55Bonjour, merci pour l'invitation.
01:56C'est vrai qu'on n'a jamais imaginé un jour que le régime d'Assad va chuter.
02:04Et ce jour-là, il y a un an, on a attendu, je pense que les Syriens n'ont pas dormi cette nuit-là, en attendant qu'est-ce qu'il soit passé.
02:12Tout le monde a peur, mais en même temps, on avait un grand espoir.
02:17Et avec la rentrée de Damas et la chute de ce régime-là, c'était vraiment un sentiment de joie chez tous les Syriens.
02:25Ce joie-là, mais en même temps, il y avait une grande inquiétude pour les Syriens pour le jour d'après, pour l'avenir de la Syrie.
02:34Là, un an après, on voit que la Syrie est beaucoup mieux.
02:39On voit que les Syriens sont vraiment contents de la nouvelle Syrie,
02:44que beaucoup de Syriens, ils ont envie de participer à la construction de la nouvelle Syrie,
02:51malgré plusieurs défis qu'on a quand même rencontrés.
02:54Moi, j'ai fait cinq allers-retours cette année-là, après la chute de Bachar el-Assad.
02:58Et il y a plein de choses à faire.
03:00Je pense que libérer la Syrie et libérer Damas, c'était une première étape.
03:04Mais après, il y a plusieurs étapes, et il y a un grand groupe que les Syriens vont transverser
03:09pour arriver à une Syrie forte et une Syrie moderne.
03:13Ça, c'est l'appel qui a été lancé ce matin par Ahmed Al-Chara.
03:16De nouveau, depuis la mosquée des Omeya, parce qu'il y a eu des prières pour commencer à célébrer cette journée,
03:23qui va être tentée, marquée par, comme ça, de nombreux rassemblements.
03:26Je ne sais pas si on a les images de cette place emblématique à Damas,
03:30où les Syriens s'étaient spontanément rassemblés il y a un an.
03:33C'est le cas, de nouveau, aujourd'hui.
03:35Si on ne datait pas les images, on serait dans la quasi-impossibilité de dire si c'est d'aujourd'hui ou d'hier, finalement.
03:41C'est vrai qu'on a vu quand même presque des centaines, des milliers,
03:47peut-être un million à Damas ou à Hamas ou dans toutes les villes de la Syrie.
03:52Et on voit tous les Syriens qui sont dans la rue.
03:54Et si on va comparer simplement maintenant avec ce qui se passait avant,
03:59on voit quand même que c'est spontanément que tous les Syriens sont sortis dans les rues de la Syrie.
04:04Les Syriens, je pense, jusqu'à maintenant, ça fait un an de chute de régime,
04:08mais jusqu'à maintenant, ils n'ont pas quand même réalisé que c'est vrai.
04:13Jusqu'à maintenant, les Syriens, ils disent, est-ce que vraiment on est arrivé à changer la Syrie ?
04:18Et on a vu quand même, si on suit toutes ces manifestations de Syriens dans toutes les villes de la Syrie,
04:23il y a un grand joie chez les Syriens.
04:26Il y a beaucoup de Syriens qui l'ont rentré en Syrie, spécialement cette semaine-là,
04:30pour célébrer ce jour-là en Syrie.
04:32Sachant que même ici en France, tous les diasporas syriens,
04:35ça fait une semaine dans plusieurs villes françaises qu'ils sont en train de fêter quand même cette victoire de la Syrie.
04:41Ce week-end, les diasporas syriens ici à Paris, ils ont fait une grande fête pour la célébration de ce jour-là.
04:47Et dans toutes les villes européennes et autour du monde, on voit quand même que les Syriens participent à cette journée-là.
04:55Vous venez d'évoquer en introduction l'un des premiers changements qui est palpable,
05:00c'est la possibilité de retourner en Syrie pour ceux qui l'avaient fui.
05:04Vous l'avez quitté il y a 25 ans, mais par le biais de l'ONG, vous aviez pu retourner comme ça à plusieurs reprises dans le pays,
05:10peut-être pas partout. Il y a un million de Syriens qui ont pu rentrer dans leur pays par choix.
05:17Ça, c'est évidemment considérable. Il reste encore de très nombreux Syriens qui s'étaient exilés à l'étranger,
05:23qui sont toujours dans une attente, une incertitude.
05:25C'est vrai que parmi quand même la grande chose positive, que les Syriens peuvent rentrer chez eux.
05:34Il faut quand même qu'on sache que ces dernières 15 ans, il y a des millions de Syriens qui l'ont quitté la Syrie.
05:39Si on parle simplement des pays de la Syrie, la Turquie ou la Jordanie ou le Liban ou même le côté irakien,
05:48il y a à peu près 4-5 millions autour de la Syrie. Il y a un million qui ont venu vers l'Europe en gros.
05:55Donc ces Syriens qui étaient quand même exilés et qui ne peuvent pas rentrer en Syrie, là, ils peuvent rentrer en Syrie.
06:03Sachant que même avant ces 15 ans, il y a beaucoup de Syriens qui sont interdits de rentrer en Syrie.
06:07Et ces Syriens qui l'ont interdit de rentrer en Syrie, là maintenant, ils ont la possibilité de retourner en Syrie.
06:13Pour autant, ils ne le font pas forcément. Il y en a qui ont encore cette peur en eux.
06:16Il y a beaucoup de Syriens qui l'ont peur. Je pense qu'il faut faire la première pas pour retourner.
06:21Il y a un grand changement. Nous, par exemple, moi, personnellement,
06:24c'est vrai qu'à travers de l'association, pendant 15 ans, on a fait l'aller-retour.
06:29Moi, j'ai fait après 50 allers-retours en Syrie.
06:30Mais c'était dans les zones libérées de la Syrie.
06:33C'était dans les zones non contrôlées par Damas.
06:35Là, maintenant, la différence, que depuis un an, moi, je peux aller à Damas,
06:39je peux aller à Alep, ma ville natale, je peux aller dans toutes les villes de la Syrie.
06:43Donc, c'est ça, là, le changement, maintenant, qu'on peut rentrer.
06:46Il y a des Syriens qui ont eu le choix de rentrer définitivement en Syrie.
06:50Il y a des Syriens qui sont en train de faire l'aller-retour.
06:52Moi, je pense que la Syrie, elle a besoin de tous les Syriens partout dans le monde
06:56pour participer à la construction de la Syrie.
06:58Il y a beaucoup de Syriens, beaucoup de cadres, beaucoup d'intellectuels en dehors de la Syrie.
07:02Et là, maintenant, c'est leur rôle de retourner et participer
07:05et aider leur peuple là-bas, sur place, en Syrie.
07:08Beaucoup de Syriens qui sont tentés, évidemment, de rentrer dans leur pays.
07:12Ceux qui n'avaient jamais quitté ce pays, je crois que vous avez vos proches,
07:16notamment, que vous avez pu retrouver pour certains.
07:19Qu'est-ce qu'ils vous racontent, ceux-là ?
07:21C'est vrai que lorsqu'on a au début, on a beaucoup de proches en Syrie
07:25qu'on ne peut pas les voir.
07:27Alors, moi, par exemple, lorsque je faisais l'aller-retour,
07:29j'arrive à quelques kilomètres de Massior, mais je ne peux pas la voir.
07:33La même chose pour tous les Syriens qui ne peuvent pas aller dans les zones contrôlées par Damas.
07:38Ces Syriens qui l'ont resté en Syrie, ils l'ont resté quand même...
07:41Il faut quand même qu'on sache que sortir de la Syrie, ce n'était pas facile pour tout le monde.
07:46Il y a beaucoup de Syriens qui n'ont pas pu quitter la Syrie.
07:49Soit parce qu'ils l'ont interdit de quitter la Syrie, soit parce qu'ils n'ont pas de passeport pour quitter la Syrie,
07:55soit si on parle même de ces gens qui fouillaient la guerre, qui fouillaient les bombardements des villes,
08:01on sait qu'il y a des quartiers très pauvres, des villes très pauvres, qui n'ont pas pu quitter la Syrie.
08:06Ces Syriens qui étaient à l'intérieur de la Syrie, moi, je les considérais comme des otages.
08:12Ils étaient des otages de ce régime-là.
08:13Ils ne peuvent pas quitter la Syrie. Les conditions de vie étaient vraiment très difficiles pour eux.
08:18Et malgré ça, ils l'ont supporté toutes ces années-là.
08:21Donc c'était une grande joie quand même, les Syriens qui l'ont retourné, qu'ils retrouvent les Syriens là-bas.
08:27Nous, par exemple, dans le domaine médical, on a rencontré des collègues médecins en Syrie.
08:31Ces collègues qui restaient en Syrie, ils l'ont quand même servi tous les peuples syriens
08:36qui n'ont pas arrivé à quitter la Syrie.
08:39Il faut qu'on sache quand même que la Syrie est après 22 millions.
08:41Moi, je répète toujours, s'il y a 10 millions qui l'ont sorti,
08:44il reste là-bas 12 millions de Syriens qui vivent dans leurs conditions misérables.
08:47Donc les collègues qui restaient là-bas, ils avaient quand même un rôle très important.
08:52Nous, ce qu'on a essayé de faire à travers notre association,
08:55c'est de travailler de nouveau avec les collègues syriens
08:57pour qu'on travaille ensemble, main en main, pour construire la nouvelle Syrie.
09:02On a fait un congrès fin octobre.
09:04Ce congrès-là qu'on a fait médical à Damas,
09:07il y avait à peu près 2000 collègues syriens entre internes et médecins
09:12qui l'ont participé au congrès.
09:14Donc à travers ce congrès-là, par exemple,
09:17on a quand même lié le lien avec nos collègues syriens
09:20et on a mis plusieurs protocoles ensemble
09:24pour qu'on arrive à travailler ensemble
09:25pour améliorer, par exemple, la santé en Syrie.
09:27Un mot de la santé, justement, parce que c'est évidemment votre domaine.
09:30L'Organisation mondiale de la santé relève que seuls 20% des besoins du cluster santé
09:36qui sont évalués à 565 millions de dollars ont été reçus en 2025.
09:40Il y a seulement 60% des hôpitaux ou un quart des centres de soins primaires du pays
09:44qui sont opérationnels à l'heure où l'on se parle.
09:47Ça, ça fait partie des immenses défis qu'il faut relever.
09:50C'est vrai que le domaine de la santé, moi j'étais choqué.
09:55J'étais choqué que pendant 15 ans, par exemple,
09:57nous on a des centres médicaux et les hôpitaux qu'on soutient
10:00dans le nord de la Syrie, le nord-est, le nord-ouest de la Syrie.
10:03Et lorsqu'on a rentré en Syrie, on a vu quand même qu'il y a un grand écart
10:08entre les centres et les hôpitaux soutenus par les ONG
10:12pendant ces dernières années
10:14et les centres qui étaient normalement censés être suivis par Damas.
10:20On a vu quand même un manque énorme.
10:21Par exemple, il y a beaucoup de cuveuses qui ne fonctionnent pas.
10:25Il n'y a pas assez de places en réanimation.
10:27Il n'y a pas assez de ventilateurs qui fonctionnent.
10:31C'est quoi ? C'est l'ancien régime qui ne jouait pas son rôle, c'est ça ?
10:33Oui, moi je pense que l'ancien régime,
10:36il ne donnait pas quand même priorité à la santé en Syrie.
10:40Surtout, on parle maintenant du système de santé public.
10:44Bon, il y a un privé-séper-privé,
10:45mais le super-privé en Syrie, il y a 10% des Syriens, je pense,
10:48qui peuvent valer.
10:49Il y a une minorité, évidemment, de Syriens,
10:50qui n'ont pas les moyens de se payer.
10:51C'est très minorité qui peuvent payer là-bas.
10:54Et la majorité des Syriens compte sur le public.
10:57Et au public, on a vu quand même un manque énorme.
10:59Il y a un manque énorme pour se soigner.
11:01Par exemple, les malades qui ont besoin d'une chimiothérapie,
11:05ils ne trouvent pas leur chimiothérapie.
11:0780% des malades de cancer ne trouvent pas un traitement en Syrie
11:10pour la chimiothérapie, pour la radiothérapie, par exemple.
11:13La radiothérapie, la Syrie, elle est par exemple
11:16la grande ville du nord de la Syrie.
11:18Il n'y a pas de centre de radiothérapie.
11:19Il faut aller à Damas pour avoir ces sciences-là.
11:22Donc, il y a un manque énorme.
11:24Et le problème maintenant, si on va dire que
11:27la guerre est finie en Syrie,
11:29on va arrêter l'aide internationale,
11:30il faut quand même que les Syriens poursuivent eux-mêmes
11:34tous les domaines de la Syrie, y compris la santé.
11:37Je pense que là, on fait un erreur
11:38parce que jusqu'à maintenant, il y a des besoins énormes
11:41dans le domaine de la santé.
11:43Nous, les ONG, tous les ONG continuent à travailler.
11:45On a besoin de continuer à travailler,
11:47bien sûr, main en main avec le ministère de la Santé.
11:50Et lorsqu'on est parti là-bas,
11:51on a rencontré les responsables du ministère de la Santé
11:53pour qu'on travaille ensemble pour l'avenir.
11:55Alors, justement, vous allez nous dire dans quelques instants
11:57quel lien vous avez réussi à établir
11:59avec cette nouvelle autorité.
12:01On va d'abord s'y intéresser.
12:02Un an après la chute d'Assad, évidemment,
12:03la Syrie tente de se reconstruire
12:06sur les ruines d'un conflit
12:07qui aura quand même duré plus de 13 années.
12:09Une transition fragile sous la direction d'un homme,
12:12Ahmed Al-Shara, ex-chef rebelle,
12:14devenu président intérimaire.
12:16Depuis un an, l'ex-chef de guerre djihadiste
12:19mène une opération séduction en quatre coins du monde.
12:22L'objectif affiché, protéger son pays,
12:23et aussi bien de l'extérieur que de l'intérieur.
12:26Regardez.
12:27C'était il y a un an,
12:30le dictateur syrien Bachar Al-Assad
12:32était renversé par une coalition islamiste
12:35menée par Ahmed Al-Shara.
12:37L'ancien djihadiste enfile alors le costume
12:40de président intérimaire
12:41et promet un gouvernement pour tous les Syriens.
12:44Je suis ici aujourd'hui pour ouvrir ensemble
12:47un nouveau chapitre de l'histoire de notre cher pays.
12:50Vétéran de la guerre contre les Américains en Irak,
12:52Ahmed Al-Shara a d'abord été lié
12:55au chef de l'État islamique al-Baghdadi,
12:57puis à Al-Qaïda avant de prendre ses distances
13:00avec le groupe terroriste.
13:01Lorsque la guerre en sérif et rage,
13:03le leader islamiste devient le maître
13:05de la région d'Idlib dans le nord du pays.
13:07Ces hommes sont accusés de commettre
13:09des exactions et des crimes de guerre.
13:11Mais depuis qu'il a pris la tête du pays,
13:13Ahmed Al-Shara soigne son image
13:15et multiplie les rencontres diplomatiques.
13:17La guerre est terminée en tant que telle.
13:20Mais en réalité, il y a une autre guerre.
13:21C'est la reconstruction économique.
13:22C'est un défi.
13:24Et ça, ça demande des sommes colossales
13:25qu'il ne peut pas obtenir
13:27s'il n'a pas le soutien de la communauté internationale.
13:29Longtemps placé sur la liste noire du FBI,
13:32Ahmed Al-Shara est devenu le 10 novembre dernier
13:34le premier chef d'État syrien
13:36à être reçu à la Maison-Blanche.
13:38Il a obtenu la levée des sanctions américaines
13:41contre la Syrie.
13:41Voilà, quelle évolution en une année seulement.
13:46On est en direct avec Dana Al-Bose
13:47qui est notre correspondante à Damas.
13:49Bonjour Dana, vous intervenez donc
13:52depuis la capitale syrienne.
13:54Vous êtes non loin de la place des Omeyades
13:57où il y a beaucoup de monde
13:57qui se réunit spontanément encore un an après.
14:01On évoquait le parcours d'Amen Al-Shara,
14:03comment il a été pointé du doigt, banni
14:06et puis reçu il y a quelques semaines
14:08encore à la Maison-Blanche par Donald Trump
14:10qui dit qu'il fait du très bon travail.
14:13Il reste malgré tout aux yeux des Syriens
14:15aujourd'hui de très grands défis à relever.
14:22Malgré les défis aujourd'hui,
14:23il y a des milliers de Syriens,
14:25des dizaines de milliers qu'on voit aujourd'hui
14:26sur la place des Omeyades,
14:28qu'on voit autour de moi
14:30pour célébrer en fait l'anniversaire,
14:32la première anniversaire de la chute du régime.
14:36On voit des femmes, des enfants
14:37qui ont dessiné le drapeau syrien
14:38sur leur visage avec les drapeaux syriens
14:41et ils ont envie en fait d'envoyer aussi
14:45un message d'espoir
14:47et de dire qu'aujourd'hui peut-être
14:50ils espèrent avoir un meilleur avenir
14:52dans la nouvelle Syrie,
14:55dans un pays dévasté
14:56après plus de 13 années de guerre.
15:01Aujourd'hui, les Syriens sont venus
15:03pour fêter ce jour,
15:04mais pour aussi renvoyer un message d'espoir
15:07pour la société, pour la nouvelle Syrie,
15:10malgré les défis, les défis de tous les jours.
15:12Il y a quelques mois, par exemple,
15:15les Syriens qui étaient là,
15:18ils ont fêté en fait la décision
15:19de la levée des sanctions économiques
15:22prises par l'Occident,
15:23mais en fait, malgré cette décision,
15:26aujourd'hui, la réalité économique,
15:28la situation économique reste difficile
15:30pour les Syriens.
15:31Les conséquences de cette levée,
15:33on peut dire, ne sont pas encore palpables
15:36pour le quotidien des Syriens
15:37qui sont un peu dans la galère quand même
15:39pour payer de l'électricité,
15:41pour aussi acheter du pain
15:42et pour reconstruire leur maison.
15:46Dana, on va regarder tout de suite
15:48un reportage que vous avez tourné
15:50à l'occasion de ce premier anniversaire,
15:53celui qui concerne évidemment les prisonniers,
15:58parce que l'un des symboles,
15:59au moment de la libération du pays,
16:01du joug du régime de Bachar al-Assad,
16:04ça a été la réouverture évidemment
16:06des prisons,
16:08ces milliers de Syriens
16:09qui s'empressaient à la recherche
16:11de proches, portaient disparus,
16:13certains depuis des dizaines
16:16et des dizaines de décennies.
16:17Vous avez rencontré plusieurs d'entre eux,
16:20certains qui devaient mourir
16:22ce jour-là, il y a un an,
16:24et qui ont réussi à sortir.
16:26Pour quelle vie maintenant ?
16:27Voyez ce document tout de suite, regardez.
16:29Homs, l'un des berceaux de la révolution syrienne,
16:34a payé cher le prix de son engagement
16:35contre le régime Assad.
16:37Ici, à Baba Amr, Khaled vit au milieu des ruines
16:40sous une tente.
16:41Enfermé pendant 13 ans,
16:43il devait être exécuté le 8 décembre dernier.
16:45C'était très difficile
16:48de reprendre contact avec la société
16:50quand je suis sorti de prison.
16:52Honnêtement, je n'ai retrouvé personne ici.
16:55J'ai essayé de contacter ma femme,
16:56mais elle n'a pas voulu de moi
16:58et la plupart de mes amis étaient à l'étranger.
17:01Traumatisé, Khaled n'arrive plus
17:03à vivre entre quatre murs.
17:06Voilà mes affaires.
17:08Il y a du thé, du café.
17:11C'est là que je dors.
17:12C'est ça, ma vie.
17:13Je ne supporte plus les murs en ciment
17:20après plus de 13 ans en prison.
17:25Honnêtement, je me sens mieux dans une tente.
17:30Comme Khaled, des centaines de milliers de Syriens
17:32ont été emprisonnés dans les geôles de la dictature.
17:35Aujourd'hui, des initiatives pour leur venir en aide
17:38émergent comme ici à Damas,
17:40où cette association démarre tout juste
17:42un programme de santé mentale.
17:45On était tous dans la même prison.
17:47Lui, il était avec moi, eux aussi.
17:49Et c'est lui qui m'a ouvert la porte.
17:52Ces anciens détenus de Sednaya
17:54ont été libérés il y a un an,
17:56le jour de la chute du régime.
17:58Ils viennent pour leur première séance
17:59de soutien psychologique.
18:00As-tu des antécédents médicaux ?
18:06Ça m'arrive d'avoir des spasmes.
18:08As-tu des pensées morbides ?
18:10Je suis déjà mort.
18:13Je suis mort à l'intérieur.
18:14Qu'est-ce qu'il reste de ma vie ?
18:17C'est une réaction normale à la situation
18:19exceptionnellement difficile qu'ils ont vécu.
18:22Nous faisons ce que nous pouvons
18:23pour les aider à réintégrer la société,
18:25travailler et avoir des relations sociales
18:27là où ils vivent.
18:29Alors que le pays tourne la page
18:31de la dictature des Assad,
18:32les anciens prisonniers se cherchent un avenir
18:34dans la Nouvelle-Syrie.
18:35Voilà, on est toujours avec vous, Dana.
18:40Vous qui avez rencontré ces hommes
18:42au parcours extrêmement difficile
18:45et peut-être encore plus aujourd'hui, finalement.
18:47Comment se reconstruire dans ce nouveau pays ?
18:54La joie n'est pas partagée par tous les Syriens.
18:56Bien sûr, il y a encore des familles de disparus
18:58qui cherchent leur reproche.
19:00Les prisonniers, les ex-détenus
19:02qui ont sorti de la prison.
19:03Il y a encore beaucoup, beaucoup de besoins
19:06pour ces personnes.
19:08On parle aujourd'hui des besoins
19:10qui concernent leur santé mentale,
19:11comme on l'a évoqué dans le reportage.
19:13Il y a aussi des besoins
19:15pour la reconstruction de leur maison.
19:18On parle aussi des déplacés
19:20qui étaient dans le nord
19:21ou qui étaient aussi dans les pays voisins,
19:22les réfugiés, qui retournent en Syrie.
19:25Mais retournent où ?
19:26C'est la question en fait
19:27qui se pose depuis un an.
19:28La reconstruction est un énorme chantier
19:32aussi aujourd'hui pour les Syriens.
19:34La destruction dans le pays est énorme.
19:36Dès qu'on s'éloigne un tout petit peu de Damas,
19:38on peut voir la destruction
19:40à vraiment grande échelle.
19:41Donc pour les Syriens,
19:42aujourd'hui, il y a plusieurs priorités.
19:45Il y a bien évidemment
19:45la priorité sécuritaire,
19:47pour une stabilité sécuritaire.
19:49Mais ça reste prioritaire
19:51pour les Syriens d'aujourd'hui.
19:53C'est d'avoir une vie stable,
19:54d'avoir aussi une vie meilleure,
19:57et avoir un logement
19:58et aussi des besoins,
20:00les premiers besoins d'aujourd'hui,
20:02l'électricité, l'eau et aussi la nourriture.
20:05Merci beaucoup, Danalboz,
20:06en direct de Damas,
20:08qui restera mobilisé pour nous
20:10tout au long de cette journée.
20:11Ziad Alissa,
20:12on parlait à l'instant
20:13de santé mentale,
20:14de l'impact,
20:15du traumatisme.
20:16Ça, c'est une grosse réalité
20:18aujourd'hui, un an après.
20:20Oui, c'est vrai,
20:21c'est une grosse réalité.
20:22On parle des victimes
20:24qui étaient dans le prison
20:24et de leurs proches aussi.
20:26Donc, c'est vrai que
20:27ce côté-là,
20:29côté santé mentale,
20:30côté état psychologique
20:31de ces gens
20:32qui sortaient de prison,
20:34nécessitent quand même
20:34un prison-charge très particulier.
20:37Sachant que les prisons syriennes,
20:38malheureusement,
20:38ce n'est pas comme
20:39dans les prisons autour du monde.
20:42On sait quand même
20:42que ces prisons-là
20:43et les grandes prisons
20:46de Sydney,
20:47il y a quand même
20:49des tortures
20:51de Moyen-Âge.
20:52Il y a des exécutions
20:54tous les jours.
20:57Il y a quand même
20:58des femmes,
21:01des hommes,
21:01des enfants
21:02dans ces prisons-là.
21:04Et libérer les prisonniers,
21:06on sait que ce n'est pas
21:07la fin,
21:09c'est le début.
21:10Ils ont besoin
21:11d'un prison-charge particulier.
21:13C'est pour ça
21:14les ONG,
21:15ils ont quand même
21:16travaillé main en main
21:17avec le ministère de la Santé
21:18pour les centres
21:19de prise en charge
21:21psychologique
21:22pour ces prisonniers-là.
21:23Et je pense
21:24que c'est très important.
21:26Et il y a même
21:26des centres
21:27qui proposent
21:28la prise en charge
21:28pour eux
21:29et pour leurs familles.
21:30Ça fait deux fois
21:30que vous me parlez
21:31de votre relation
21:32avec le ministère
21:33de la Santé syrien.
21:34C'est quoi l'état
21:35de Volien aujourd'hui ?
21:36Ça se passe bien ?
21:37Alors,
21:38la première visite
21:40lorsqu'on est rentré
21:41à Damas,
21:42bien sûr,
21:43vu quand même
21:44qu'on est des médecins,
21:45qu'on travaille
21:45dans le domaine médical.
21:47Et qu'il y a
21:48de grands besoins.
21:48Il y a un grand besoin.
21:49Donc la première chose,
21:50on a cherché
21:51d'aller rencontrer
21:51le ministère de la Santé.
21:52On a rencontré
21:53le premier ministère
21:53de la Santé
21:54qui a été changé après
21:55et on a rencontré
21:56le deuxième ministère
21:57de la Santé.
21:58et dès le début,
22:01les ONG
22:02qui travaillaient
22:03dans les zones
22:05non contrôlées
22:05par Damas
22:06dans le nord
22:06de la Syrie,
22:07de la Syrie libre,
22:08là,
22:08on avait quand même
22:09un grand défi
22:09parce qu'il y a
22:10plusieurs villes syriennes
22:11en même temps
22:12qu'en ont besoin.
22:13Donc c'est pour ça
22:14qu'on a mis des protocoles
22:15et on a contacté
22:17le ministère de la Santé
22:18que là maintenant,
22:19il y a un vice-ministre
22:21de la Santé spécial
22:22pour les relations internationales
22:24et c'est avec lui
22:25que tous les ONG,
22:26y compris nous,
22:27qu'on travaille
22:28main en main
22:28pour la prise en charge
22:32des patients en Syrie
22:33et pour qu'on cherche,
22:34la première chose
22:34qu'on a cherchée,
22:35c'est quoi les priorités ?
22:36C'est quoi les priorités
22:37et où ?
22:38Et c'est comme ça
22:38qu'on a établi ce lien
22:40avec le ministère
22:41de la Santé syrien
22:42pour qu'on travaille
22:43dans le domaine
22:43de la santé.
22:44Pour bien se coordonner,
22:45on imagine que c'est
22:45évidemment pas chose facile
22:47parce qu'à l'heure
22:47où l'on se parle,
22:48tout est encore
22:49très fragile,
22:51très précaire.
22:53Je vois que vous arborez
22:54fièrement ce pins
22:55à votre veste.
22:57Le drapeau syrien
22:58à trois étoiles,
23:00comment est-ce qu'il faut
23:00le voir ?
23:02C'est un signe d'espoir.
23:03Vous avez quitté votre pays
23:05il y a 25 ans.
23:06Vous envisagez
23:06d'y retourner
23:07pour vous y installer ?
23:08C'est vrai que c'était
23:10un rêve.
23:11C'était un rêve
23:12qu'un jour
23:13on rentre en Syrie.
23:14Moi, je suis en France
23:15depuis 1999
23:16et lorsque j'ai fini
23:18mes études ici,
23:20j'ai commencé
23:20à me préparer
23:21pour rentrer.
23:22C'était en 2010
23:23qu'on se prépare
23:24avec ma femme,
23:26chirurgie,
23:26un dentiste
23:26pour rentrer
23:27et s'installer en Syrie.
23:29On a acheté
23:29un bien là-bas,
23:30on a commencé
23:31à préparer le cabinet
23:32et d'un seul coup,
23:33en 2011,
23:34la révolution syrienne
23:34s'éclate.
23:35Et dès le début,
23:37je trouvais quand même
23:39que j'ai un devoir
23:41à faire
23:41envers mon pays.
23:43Donc c'est pour ça
23:43que je suis engagé
23:44dans l'humanitaire
23:45et on a commencé
23:46à faire l'aller-retour
23:47en Syrie.
23:48Le régime,
23:49malheureusement,
23:50il a vu mal ça.
23:51Pour lui,
23:52tout ce qu'on a été engagé
23:53dans les zones libres
23:55de la Syrie,
23:56c'est des ennemis,
23:57c'est des terroristes.
23:58Donc nous étions interdits
23:59de rentrer en Syrie
24:00pendant des années.
24:01Et c'est vrai
24:02qu'on est arrivé
24:03avant la chute
24:04du régime
24:05à un stade
24:06où on n'imaginait pas
24:08qu'un jour,
24:08on peut rentrer.
24:10Donc la libération
24:10de la Syrie
24:11avec ce drapeau,
24:12pour nous,
24:12quand même,
24:12c'est une fierté.
24:13C'est un espoir.
24:14C'est un espoir.
24:16Et là,
24:17comme je vous l'avais dit,
24:18cette année-là,
24:19j'ai fait cinq
24:19allers-retours.
24:20Donc je n'arrive pas
24:20quand même
24:21à ne pas y aller
24:22à chaque fois
24:22que je peux y aller.
24:23Il y a toujours le cordon
24:24mais votre vie
24:24est ici aujourd'hui.
24:25La vie ici,
24:26les enfants,
24:27ils ont grandi ici
24:27mais au moins là maintenant,
24:29on a commencé
24:30à faire l'aller-retour
24:31et je pense
24:31qu'on doit participer
24:34avec la nouvelle Syrie.
24:36Peut-être moitié,
24:36moitié,
24:37peut-être un jour
24:38on s'installe définitivement
24:39là-bas.
24:39Mais je pense
24:40que tous les Syriens
24:41doivent participer
24:43aux constructions
24:43de la nouvelle Syrie.
24:44À cette reconstruction
24:45dont le coût
24:47est établi
24:48à 216 milliards
24:50de dollars
24:51par la Banque mondiale,
24:52c'est dire
24:52que toutes
24:52les petites mains
24:54et les initiatives
24:54seront évidemment
24:55les bienvenues.
24:56Merci beaucoup,
24:56Zia Dalissa.
24:57Merci d'avoir été
24:58l'invité de l'Info du jour.
24:59Restez à nos côtés,
25:00évidemment on revient
25:01sur cet anniversaire
25:02en Syrie.
25:03Dans quelques instants,
25:04ce sera le journal.
25:04A tout de suite.
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