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00:00Vous êtes sur France 24 et vous avez raison, bienvenue dans votre journal de l'Afrique.
00:06A la une ce soir, la situation est sous contrôle au Bénin d'après le président Talon qui a échappé à une tentative de coup d'état ce dimanche.
00:15Un groupuscule de militaires avait annoncé la destitution du président dans la matinée.
00:20Depuis, une douzaine de militaires auraient été arrêtés et la CDAO a fermement condamné cette attaque et s'est dit prête à déployer une force régionale.
00:30Nous parlerons aussi de la reprise des assauts sur les convois de carburant au Mali.
00:35Ce samedi, au moins 15 camions-citernes ont été incendiés dans le sud du pays.
00:40Une reprise des attaques qui intervient après une quinzaine de jours de répit alors que des rumeurs de trêve circulaient entre les autorités maliennes et les groupes djihadistes nous iront sur place dans cette édition.
00:53Et puis, notre focus de ce dimanche concerne la sécurité au Nigeria.
00:57Un mois après les menaces de Donald Trump sur le pays, le président américain accusait Abuja de persécuter les chrétiens.
01:04Depuis, le gouvernement Tinoubou a lancé une task force sécuritaire pour reprendre la main.
01:09Ce soir, notre invité Vincent Fouché, spécialiste du pays, décrypte une crise à la fois diplomatique et sécuritaire depuis le nord du Nigeria où il se trouve actuellement.
01:18On ouvre ce journal par cette tentative de coup d'État avorté au Bénin ce dimanche.
01:26Un groupe de militaires était apparu à la télévision dans la matinée en annonçant la destitution du président, la suspension de la Constitution et la fermeture des frontières.
01:35Quelques heures plus tard, ce sont les forces loyalistes qui ont repris le déçu.
01:39La CDAO a fermement condamné cette attaque et s'est dit prête à déployer une force régionale.
01:44Ce soir, c'est le président Talon lui-même qui vient d'annoncer que la situation était sous contrôle.
01:49Il annonce aussi que des mutins étaient partis en fuite avec des personnes enlevées.
01:54On écoute le président Talon.
01:55Notre pays a vécu aujourd'hui des événements d'une gravité extrême.
02:03En effet, un groupuscule de soldats sous prétexte de revendications fallacieuses a entrepris une mitinerie à l'effet de s'attaquer aux institutions de la République
02:16et de déstabiliser notre nation en remettant ainsi en cause l'ordre démocratique.
02:22J'ai donc, en coordination avec le commandement des forces de défense et de sécurité, engagé les actions nécessaires au maintien de la paix.
02:32Enfin, je voudrais vous rassurer que la situation est totalement sous contrôle et vous invitez, par conséquent, à vaquer sereinement à vos occupations dès ce soir même.
02:44Et je vous propose à présent le retour sur le déroulé de la journée de cette tentative de coup d'État avortée avec Clémence Valère.
02:56Une journée confuse au Bénin et une prise de parole du ministre de l'Intérieur pour rassurer la population.
03:02Un groupuscule de soldats a engagé une mitinerie dans le but de déstabiliser l'État et ses institutions.
03:11Les forces armées béninoises et leur hiérarchie, fidèles à leur serment, sont restées républicaines.
03:19Un peu plus tôt, dans la matinée, un groupe de huit militaires armés ont pris le contrôle de la télévision nationale,
03:25annonçant prendre le pouvoir ainsi que la création d'un comité militaire pour la refondation.
03:31Parmi leurs revendications, la suspension de la constitution de 2025 ainsi que des activités des partis politiques,
03:39la dissolution des institutions et la fermeture des frontières béninoises.
03:43Ils ont aussi accusé le président de remise en cause des libertés fondamentales.
03:47Pendant ce temps, des coups de feu ont été entendus à Cotonou, notamment aux abords du domicile du président Patrice Talon.
03:54Son entourage a très vite confirmé qu'il était en sécurité et la zone a été bouclée.
03:59Les rues de Cotonou étaient pratiquement vides ce dimanche, malgré les appels à la normalité.
04:04En fin d'après-midi, une source militaire a confirmé que les autorités avaient la situation sous contrôle.
04:10Selon des sources sécuritaires, une douzaine de militaires ont été arrêtés.
04:14De son côté, l'Union africaine et la CDAO ont condamné la tentative des poutchistes.
04:18La CDAO condamne fermement cette action inconstitutionnelle qui constitue une subversion de la volonté du peuple béninois.
04:25La CDAO soutiendra le gouvernement et le peuple par tous les moyens nécessaires pour défendre la constitution et l'intégrité territoriale du Bénin.
04:33Au pouvoir depuis 2016, le président Patrice Talon s'apprêtait à passer la main.
04:37Romuald Ouadani, actuel ministre des Finances, a été désigné comme son dauphin pour la prochaine élection présidentielle prévue en avril 2026.
04:45Après une brève accalmie, les assauts djihadistes contre les convois de carburant ont repris au Mali.
04:53Ce samedi, au moins 15 camions-citernes ont été incendiés près de Bungundi, dans le sud du pays,
04:58lors d'une embuscade revendiquée par le JINIM, affiliée à Aqqaïda.
05:01Une reprise des attaques qui intervient après une quinzaine de jours de répit,
05:05alors que les rumeurs de trêve circulaient entre les autorités maliennes et les groupes djihadistes.
05:10On retrouve en direct Serge Daniel, notre correspondant régional.
05:13Serge, que sait-on précisément de cette opération et des circonstances de l'embuscade ?
05:19Et surtout, cette attaque marque-t-elle la fin d'une trêve tacite entre Bamako et les djihadistes ?
05:25Pour la première question, il faut savoir que ça s'est passé à moins de 200 km de la capitale malienne,
05:33dans le sud, dans une localité qui s'appelle près de Bungundi.
05:37Ça s'est passé, il y avait un long convoi de camions-citernes, escortés par l'armée malienne.
05:43D'abord, les djihadistes se sont attaqués à l'escorte de ces camions.
05:48Ils ont laissé passer une partie du convoi qui est arrivé à Bamako,
05:52mais l'autre partie n'a pas pu arriver.
05:54Donc, ils ont brûlé les camions-citernes.
05:57Ensuite, ils se sont attaqués à des chauffeurs.
05:59Au moins deux ont perdu la vie, d'après nos informations.
06:02Camions brûlés.
06:04On a vu d'épaisses couches de fumée noire dans le ciel, selon les témoins.
06:09Et ensuite, les djihadistes se sont servis de ce carburant-là.
06:14Alors maintenant, c'est la fin de la trêve.
06:18Officiellement, il n'y a pas eu de trêve.
06:20Le gouvernement malien ne reconnaît pas la signature d'une trêve avec les djihadistes,
06:23mais le gouvernement malien ne dément pas non plus l'existence d'une trêve.
06:27Certains pensent effectivement qu'il y a eu une signature d'une trêve
06:31avec des contreparties non connues entre les djihadistes et justement le gouvernement malien.
06:37Ce qui va être très important maintenant, c'est de voir les jours qui arrivent,
06:40les prochaines semaines, si les attaques vont continuer pour se faire une image,
06:45une idée précise du nouveau blocus économique qui peut se dégager dans le sud du pays,
06:51blocus par les djihadistes bien sûr.
06:53Merci beaucoup Serge Daniel pour ce décryptage. Merci beaucoup.
06:57On passe à présent à notre focus de ce dimanche soir, direction Abuja.
07:02Le Nigeria fait face à une nouvelle poussée de tensions
07:05après les menaces de Donald Trump début novembre,
07:08accusant le pays de laisser commettre un génocide contre les chrétiens
07:11et les enlèvements qui se multiplient.
07:14En réponse, le pouvoir nigérien a annoncé justement une lancée d'une task force nationale au début décembre.
07:21Mais les défis sont immenses, djihadisme, banditisme, conflits agro-pastoraux.
07:27Vincent Fouchier, merci de nous retrouver.
07:29Vous êtes chercheur au CNRS pour faire le point sur l'évolution de la situation et les enjeux.
07:34Merci d'être avec nous.
07:35Depuis les menaces très fortes lancées par Donald Trump début novembre,
07:39comment analysez-vous la réaction des autorités nigériennes ?
07:42Ont-elles su désamorcer les tensions avec notamment cette task force dont je parlais début décembre ?
07:48Est-ce que pour vous c'est un tournant ou une réponse cosmétique à la pression de Donald Trump ?
07:52Alors les autorités nigériennes ont réagi en fait assez vite en ouvrant au fond la possibilité de discussion sur le sujet.
08:02Au fond, ils ont dit assez habilement,
08:05nous apprécions l'intérêt que manifeste le président Trump pour la situation nigérien,
08:09mais ils se trompent.
08:11Ils se trompent d'analyse et ensemble on peut en discuter.
08:14Et de fait, il y a eu une mission de très haut niveau nigérienne qui est allée à Washington.
08:19Il y a en ce moment une mission de représentant américain à Abuja.
08:24Donc les échanges sont en train de se faire.
08:26On voit aussi apparemment des vols d'avions de renseignements américains sur le Nigeria,
08:32donc qui semblent laisser penser qu'il y a une volonté de coordonner des réponses en fait entre le Nigeria et les États-Unis.
08:41Donc on est très loin de la volonté, des mots d'invasion qui avaient été prononcés par Donald Trump.
08:48Au-delà des mots de Donald Trump, Vincent Fouché, est-ce qu'on peut dire que les chrétiens sont victimes de perquisition aux Nigériens ?
09:00Alors, dans le nord-est du pays, les mouvements djihadistes ciblent les chrétiens en tant que chrétiens.
09:06Ils publient des vidéos d'ailleurs, mettant en avant leurs exploits.
09:12Et dans le reste du pays, en vérité, il y a des violences.
09:16Il y a des violences où des chrétiens sont tués, mais en fait, ils ne sont pas tués en tant que chrétiens.
09:21Généralement, il s'agit de conflits agro-pastoraux souvent,
09:26qui d'ailleurs parfois peuvent opposer des pasteurs musulmans à des agriculteurs musulmans.
09:30Mais il arrive effectivement que ça oppose des pasteurs musulmans à des agriculteurs chrétiens.
09:34Et ces conflits peuvent être meurtriers.
09:35Et ces conflits peuvent tuer dans les deux sens.
09:37On a aussi des pasteurs qui sont tués.
09:40Donc la situation, elle est beaucoup plus compliquée que ce que la diaspora nigériane chrétienne essaye de communiquer.
09:48Beaucoup plus complexe, comme vous le dites.
09:51On parle des enlèvements.
09:52On voit aussi que le Nigeria, le gouvernement, vient de diffuser justement cette dépêche
09:58qui explique que la centaine d'enfants enlevés ont été récupérés par les forces de sécurité.
10:05Dites-nous plus largement, comment s'imbriquent aujourd'hui les différentes crises,
10:09ce djihadisme au nord, ce banditisme et même le séparatisme ?
10:13Comment ces différentes crises s'imbriquent ?
10:17Alors, on a un ancien foyer djihadiste dans le nord-est du pays,
10:21qu'on appelle généralement Boko Haram.
10:22Mais en fait, il s'agit de deux mouvements différents et d'ailleurs opposés,
10:26qui s'affrontent violemment.
10:27Un mouvement lié à l'État islamique et puis le mouvement historique héritier de l'Aboubakar Shekao.
10:33Et puis, ça c'est vraiment le nord-est du pays,
10:36et notamment surtout l'état du Borno dans le coin extrême nord-est du pays.
10:41Et par ailleurs, dans toute une grande partie du nord,
10:44et surtout dans le nord-ouest, on a un banditisme rural extrêmement important.
10:48On a aussi toute une grille comme ça de conflits agro-pastoraux.
10:54Et au fond, ces deux systèmes fonctionnaient assez différemment.
10:57Et les abritations sont en train de se renforcer un peu,
11:00puisqu'on a des groupes djihadistes qui s'implantent maintenant dans le nord-ouest.
11:03On a un groupe qui s'appelle le groupe de Sadikou,
11:05qui est lié au groupe de Shekao, enfin de Feu Shekao.
11:09Et c'est d'ailleurs ce groupe qui est responsable de l'enlèvement
11:11des jeunes filles de l'école chrétienne de Sainte-Marie, au Niger-State,
11:15dont une partie a déjà été libérée.
11:19Et puis, on a d'autres groupes comme ça.
11:21On a des relations assez compliquées entre les bandits et les djihadistes,
11:24parfois de collaboration, parfois de compétition.
11:27Parfois même, certains chefs bandits se convertissent
11:29et rallient certains groupes djihadistes.
11:31Mais tout ça est une scène extrêmement complexe,
11:33et il ne faut pas tout écraser sous l'idée d'une violence
11:36entre chrétiens et musulmans.
11:38Et c'est ça que vous appelez cette fameuse guerre qui se transforme ?
11:42Est-ce qu'on peut dire que les groupes armés sont en quelque sorte
11:44en train de se professionnaliser ?
11:48Alors, au nord-est, en tout cas, ce qu'on observe,
11:50notamment du côté de la faction qui est liée à l'État islamique.
11:53On observe ces dernières années une véritable montée en gamme.
11:56Alors, on la voit au plan militaire.
11:59Par exemple, l'usage de drones chargés d'explosifs,
12:03l'usage de moyens de vision nocturne pour le combat nocturne.
12:06Mais en fait, peut-être que le plus important,
12:08c'est une vraie bureaucratisation, un monde de papier, au fond,
12:11pour rendre un djihad plus gouverné, plus efficace,
12:14bureaucratisé, très rationalisé, si l'on veut,
12:16qui est beaucoup plus efficace, en vérité.
12:19Et alors, l'armée nigériane semble dépassée sur plusieurs fronts.
12:24Que révèlent ces situations de l'état de l'appareil sécuritaire du pays ?
12:30Alors, effectivement, l'armée nigériane a fort à faire.
12:33C'est le pays le plus peuplé d'Afrique.
12:35Il y a des conflits dans beaucoup d'endroits différents,
12:38d'ailleurs, y compris dans le sud-est aussi, on n'en a pas parlé.
12:41Et donc, tout ça, ça met une pression importante sur l'armée,
12:44qui ne s'occupe pas du tout des affaires internationales,
12:46qui s'occupe vraiment qu'il y a une force de police intérieure.
12:49Et effectivement, l'armée a fort à faire.
12:52Sans doute qu'elle est sous-taillée pour la quantité de problèmes,
12:56mais par ailleurs, les forces de défense,
13:00il y a des problèmes d'emploi, en vérité.
13:02Notamment récemment, le président Tinoubou vient d'exiger que tous les policiers
13:06qui étaient employés dans des missions d'escortes de VIPs,
13:09parfois d'ailleurs de personnalités privées qui se payaient des escortes de police,
13:12il vient d'en donner que tous ces policiers soient réaffectés à des missions de sécurité intérieure.
13:19Oui. Alors, Vincent Fouché, quel est l'impact finalement sur les populations ?
13:25Alors, l'impact, il est très, très considéré.
13:29Une des mesures qu'on peut avoir, c'est les déplacements de population.
13:32Il y a des millions de déplacés dans le nord du pays,
13:35et pas seulement dans le nord, il est vraiment dans tout le pays maintenant.
13:38Et puis, on a une situation alimentaire extrêmement préoccupante.
13:40L'année prochaine, on a des prévisions du système humanitaire international.
13:47On estime qu'il y aura 35 millions de personnes en situation de crise alimentaire sévère.
13:52C'est le chiffre le plus haut, jamais atteint au Nigeria,
13:57notamment parce que les attaques des bandits,
14:00et quand on parle de bandits, ce n'est pas trois bonhommes avec un fusil,
14:02on peut parler de groupes de centaines d'hommes avec des armes automatiques.
14:05Les attaques de bandits, en fait, suscitent des déplacements de population.
14:09Les bandits vont organiser des blocus dans les villages pour exiger des taxes, si on veut,
14:14ou pour acquéter les villageois en les privant d'accès aux champs si ils ne payent pas.
14:18Enfin voilà, tout ça, ça déstructure complètement la production alimentaire
14:22dans le nord-est du pays, dans tout le nord du pays.
14:24Par ailleurs, évidemment, le retrait de l'aide américaine,
14:26qui était important dans l'omène alimentaire, n'est pas du tout la situation.
14:31Merci beaucoup Vincent Fouché pour ce décryptage dans ce Focus du JTA.
14:34Merci beaucoup d'être venu.
14:36C'est la fin de ce journal.
14:37Merci à tous ceux qui nous ont suivis partout dans le monde,
14:39de Cotonou à Enedie, en passant par Maïdougoury.
14:41Restez avec nous, car l'actualité continue sur France 24.
14:44Merci.
14:44Le 13 novembre 2015, Paris est meurtri par les attentats.
14:56La quasi-totalité des terroristes vient d'ici, vivait d'ici en Belgique.
15:00L'enquête se concentre sur cette commune bruxelloise de Molenbeek.
15:04Aujourd'hui, Molenbeek veut changer son image.
15:08Beaucoup de gens connaissent Molenbeek, mais ils ne connaissent pas Molenbeek pour de bonnes raisons.
15:12Le travail de fond ne doit pas être fait au niveau sécuritaire,
15:15il doit être fait au niveau socio-éducatif.
15:18Éducation, culture, Molenbeek est déterminé à bâtir son avenir, loin des clichés.
15:24On va continuer, parce que la population de Molenbeek le mérite,
15:29elle en a besoin et c'est pour elle qu'on va continuer à se battre.
15:33Bien retour à Molenbeek, un reportage à voir sur France 24.
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