- il y a 10 heures
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00:00Et on accueille maintenant, c'est vrai que j'ai pas l'habitude qu'il n'y ait pas de pub,
00:04alors on a tendance à vouloir s'arrêter, mais on ne va pas s'arrêter, c'est un petit marathon.
00:08J'accueille mes débatteurs de la deuxième heure, Charlotte Dornelas, journaliste au JDD.
00:13Bonsoir Charlotte.
00:14Bonsoir Stéphanie.
00:15Michel Fayad, analyse politique et géopolitique.
00:18Bonsoir Michel.
00:19Mon invité de 20h10, comme tous les samedis, on se permet de prendre le temps sur un livre.
00:26Alors, mon invité Dimitri Casali, historien, spécialiste du Premier Empire, ancien professeur d'histoire en ZEP,
00:33auteur de « Quand la France perd la mémoire » aux éditions Fayad.
00:38Bonsoir Dimitri Casali.
00:40Bonsoir.
00:40Je suis très heureuse de vous recevoir, puisque j'ai sincèrement trouvé votre livre passionnant.
00:45Il m'a rappelé d'ailleurs des chapitres d'histoire que j'ai appris lorsque j'étais enfant.
00:50Alors ça, ça veut dire que j'ai plus de 20 ans, parce que j'ai regardé dans les livres d'histoire de mes enfants,
00:56alors malheureusement, tous les chapitres que vous évoquez ici n'y sont plus, dans ces livres aujourd'hui de 2025.
01:04Est-ce que c'est pour nous rappeler ce récit national quasi oublié que vous avez décidé de publier ce livre ?
01:10Absolument. Je voulais montrer les lacunes de notre éducation.
01:14L'éducation nationale a complètement capitulé sur l'enseignement de l'histoire depuis plus de 20 ans.
01:18Ça fait 20 ans que je suis monté au créneau pour défendre une histoire de France qui est complètement oubliée.
01:27Et justement, dans ce livre, non seulement je rappelle les récits fondateurs de notre histoire, fondamentaux,
01:32de Clovis au général de Gaulle,
01:35mais aussi chaque récit, vous avez vu,
01:38je mets chaque récit en perspective avec une de nos valeurs constitutives de la France.
01:43Clovis, les racines chrétiennes,
01:46Jeanne d'Arc, le patriotisme,
01:49et le général de Gaulle,
01:50le panache et le courage.
01:52Alors c'est marrant, vous vous êtes arrêté au général de Gaulle.
01:55Ça veut dire quoi ça ?
01:56Ça veut dire qu'après, justement, il y a beaucoup moins de...
01:59il y a pratiquement plus de panache
02:01et de courage politique.
02:02On le voit chaque jour, justement, avec la situation actuelle.
02:06Donc je vous ai coupé.
02:07Mais alors c'est vrai qu'il y a tous ces pans d'histoires
02:09oubliés, des personnages comme Charles Martel,
02:14Jeanne d'Arc,
02:15souvent d'ailleurs célébrés à l'étranger,
02:17mais qui sont un petit peu confisqués en France
02:19pour quoi ? Des raisons politiques ?
02:21Charles Martel, c'est clair,
02:23puisqu'il a arrêté les Arabes à Poitiers en 732,
02:26depuis 20 ans,
02:27c'était justement mon premier livre à succès,
02:30l'alter-manuel d'histoire de France,
02:32chez Perrin,
02:33où j'ai crié,
02:35mon désarroi,
02:36comment voulez-vous qu'on apprenne à nos enfants
02:39le long fil de l'histoire de France,
02:41avec ce trou béant
02:42que constituait justement la suppression de Charles Martel,
02:45parce qu'il ne fallait pas trop vexer
02:47les élèves d'origine musulmane
02:50dans les classes de banlieue.
02:52Donc vous voyez,
02:53pareil pour Napoléon avec l'esclavage,
02:56pareil avec...
02:57Donc on a complètement détruit notre récit national,
03:01et moi je pense que la crise que nous vivons aujourd'hui
03:03est avant tout éducative,
03:05et c'est cette perte de récit national
03:06qui a provoqué la fracture,
03:09la perte de la cohésion de la France aujourd'hui.
03:13C'est cet enseignement culpabilisateur,
03:15avec la loi Taubira de 2001,
03:17qui oblige à traiter l'esclavage.
03:18Ça a été là, la rupture, la loi Taubira ?
03:21À partir de 2001, les programmes partent dans tous les sens.
03:25Après, il y a effectivement
03:26Darkos sous le mandat de Sarkozy,
03:30qui fait rentrer les empires africains,
03:32l'empire du Monomotapa à la place de Louis XIV.
03:36Il faut quand même le faire,
03:38ne pas traiter Louis XIV pour parler
03:39de l'empire africain du Monomotapa,
03:41je pense qu'il n'y a aucun pays.
03:42Et on voit bien que les pays forts aujourd'hui
03:44sont ceux qui sont fiers de leur histoire,
03:46que ce soit la Chine, la Russie,
03:48et même les Etats-Unis.
03:49Oui, vous dites clairement, on nous apprend
03:51ne serait-ce que ne pas aimer la France,
03:55mais presque à ne pas l'aimer.
03:56C'est l'inverse.
03:57C'est évident, je vous dis,
03:58au bout de 12 ans de cursus scolaire,
04:00les enfants sont persuadés
04:01que les Français ont tous été
04:02des esclavagistes au XVIIIe,
04:04tous des colonisateurs au XIXe,
04:06et tous des collabos au XXe.
04:08Regardez les programmes de première,
04:10on voit, il y a des chapitres entiers
04:12sur Vichy et sur la collaboration,
04:15et on oublie de dire
04:16que la France est occupée par les nazis.
04:17C'est quand même une aberration.
04:19C'est incroyable.
04:20Oui, la repentance permanente,
04:22d'ailleurs, on le raccroche à l'actualité.
04:24On se souvient de la campagne d'Emmanuel Macron,
04:26le crime contre l'humanité,
04:28en parlant de l'Algérie.
04:30On le voit très bien,
04:31notre président actuel,
04:32qui est très brillant par ailleurs,
04:34en philosophie notamment,
04:36ne connaît pas son histoire de France.
04:38S'il connaissait son histoire de France,
04:40il n'aurait pas fait toutes ces multiples erreurs
04:42qu'il a faites pendant ces pratiquement
04:43bientôt deux mandats.
04:44Il n'aurait pas dit
04:45que la France a commis un crime
04:47contre l'humanité en Algérie,
04:49alors qu'à notre arrivée en 1830,
04:51il y a deux millions d'Algériens.
04:52À notre départ,
04:53il y a dix millions d'Algériens.
04:54Où est le crime contre l'humanité ?
04:57Il n'aurait pas dit
04:58qu'il n'y a pas d'art français
04:59et qu'il n'y a pas de...
05:01Voilà, il ne dit que des bêtises.
05:04Charlotte Dornelas,
05:04je sais que je révèle un pan de votre intimité.
05:07Je crois que vous avez représenté Jeanne d'Arc
05:09puisque vous venez d'Orléans.
05:10Vrai ou faux ?
05:10Absolument.
05:11Voilà un personnage qui est aussi oublié
05:15désormais à l'école.
05:16Alors pas Orléans, précisément.
05:18Là, je revendique ma fierté
05:20et mon enracinement.
05:21Orléans, elle n'est pas du tout oubliée.
05:23Dieu merci.
05:24Non, non, non.
05:24Effectivement,
05:25mais elle est oubliée ailleurs en France
05:27et même maintenant associée,
05:29comme on dit,
05:30à l'extrême droite
05:30par une grande partie de la gauche.
05:33Effectivement, il y a des inspecteurs généraux
05:35qui déconseillent d'étudier Jeanne d'Arc
05:37en classe de cinquième notamment
05:39parce qu'elle est, soi-disant,
05:41l'égérie du RN,
05:43du Rassemblement National.
05:44Donc on voit bien,
05:46il faut savoir que Jeanne d'Arc,
05:48c'est la fondatrice du patriotisme,
05:52mais dans le monde entier,
05:53elle est célébrée.
05:54Il y a des statues à Toronto,
05:56à Canberra en Australie,
05:58même en Russie,
05:59à Moscou,
06:00il y a une statue de Jeanne d'Arc.
06:01Donc quand même, il faut être dingue pour pas...
06:04C'est la phrase magnifique de Michelet.
06:06Souvenez-vous, Français,
06:08que la patrie, chez nous,
06:09est née du sang d'une femme
06:11qui a donné son âme pour la France.
06:15Donc c'est quand même incroyable
06:16qu'on se prive d'une héroïne pareille.
06:18Michel Fayette,
06:19vous qui êtes un observateur
06:21de la vie internationale
06:22et souvent à l'étranger,
06:25effectivement,
06:26des personnages comme Jeanne d'Arc
06:28et même comme Napoléon
06:29sont particulièrement admirés à l'étranger.
06:31Je sais qu'en Russie,
06:32par exemple,
06:32Napoléon est un héros.
06:34Alors qu'en France,
06:35c'est beaucoup plus discutable.
06:37Et puis Saint-Louis.
06:38C'est un comble.
06:39Saint-Louis.
06:39Je veux dire,
06:40moi je suis d'origine libanaise.
06:41Saint-Louis,
06:42c'est quand même le roi de France
06:44qui a établi la relation
06:45entre la France et le Liban,
06:46entre les deux peuples,
06:47français et libanais,
06:48en disant que c'est même
06:48un seul et même peuple.
06:50Et en fait,
06:52quand on entend Jean-Luc Mélenchon
06:54il y a quelques heures
06:55taper sur Saint-Louis
06:56plusieurs fois,
06:58au contraire,
06:58au Liban,
06:59Saint-Louis,
06:59c'est le personnage
07:00le plus important
07:01du côté français.
07:03Et puis d'ailleurs,
07:03vous avez cité Charles Martel,
07:04mais là encore,
07:05Jean-Luc Mélenchon
07:06a dit qu'on a une chance
07:09absolue en France
07:09et que notre immigration
07:10musulmane
07:12est l'héritière
07:12de cette pensée
07:13de la conquête
07:15arabo-islamique
07:16qui est arrivée
07:17jusqu'en Indalousie
07:18et donc qui a été arrêtée
07:19par Charles Martel.
07:20Et là,
07:20c'est une méconnaissance
07:21aussi de l'histoire.
07:22Parce que c'est le jihadisme.
07:23C'était dommage
07:23parce que personne
07:24l'a contredit.
07:25C'était une leçon d'histoire
07:27mais vous auriez dû être
07:29en face à la commission
07:30d'enquête
07:31à l'Assemblée Nationale
07:31Dimitri Cazali.
07:32Parce que Saint-Louis,
07:33c'est extraordinaire
07:33comme le rappelle.
07:34Oui,
07:34vous en parlez d'ailleurs.
07:35Il est à la fois
07:37l'initiateur de la justice
07:38en France.
07:39Oui,
07:39très populaire.
07:41Dans tous les tribunaux,
07:41c'est lui
07:42qui est représenté partout.
07:43Et puis surtout,
07:44c'est vrai que c'est important.
07:45de ces 1260
07:48où il devient l'édit
07:50de protection
07:51des chrétiens d'Orient.
07:52C'est les maronnites
07:53notamment.
07:54Mais ensuite,
07:55cette tradition française
07:57a été reprise bien sûr
07:58par François Ier
07:59et par Louis XIV
08:01et même Napoléon III
08:02puisque Napoléon III
08:04n'a pas hésité
08:05d'envoyer 10 000 hommes
08:06parce qu'il y avait
08:07un massacre
08:08des chrétiens au Liban
08:09et il a redressé
08:10la situation
08:10en moins de deux.
08:12Aujourd'hui,
08:12on serait incapable
08:13de faire ça.
08:14Quand on voit
08:15la polarisation de la France,
08:16alors heureusement,
08:17on n'en est pas
08:18à la guerre civile
08:18que vous rappelez
08:19largement aussi.
08:21Je crois,
08:212 millions de morts
08:22de mémoire
08:23qui a duré 40 ans.
08:25Incroyable.
08:26Et c'est Henri IV,
08:27le sauveur de la France
08:29avec Lélie Nantes.
08:30C'est vrai que vous nous rappelez
08:31ces pans d'histoire.
08:34Est-ce qu'aujourd'hui,
08:35dans un avenir
08:36très lointain,
08:36vous reverriez
08:37ce type de conflit
08:39en France
08:40impliquant la France ?
08:41Oui,
08:42donc vous avez bien lu mon livre.
08:43Je fais le parallèle
08:47avec la montée
08:47de l'islamisme
08:49en France
08:49notamment
08:50et c'est vraiment
08:52bien triste
08:52parce que
08:53quand on raconte
08:54justement ces guerres
08:55de religion
08:56qui ont duré 40 ans
08:57et qui ont provoqué,
08:58vous l'avez dit,
08:59près de 2 millions
09:01de morts,
09:02la France,
09:02justement,
09:03on a eu
09:04Henri IV,
09:06cet homme
09:06providentiel
09:07qui a changé
09:08de religion
09:096 fois
09:10pour le bien
09:10de son pays
09:11pour l'État
09:12parce que
09:13Paris vaut bien
09:13de mèche.
09:14Voilà,
09:14en 1598,
09:15l'ami de Montaigne,
09:17puisque c'est un peu
09:18Montaigne qui lui a soufflé
09:19et Michel de l'hôpital
09:20et tout,
09:21cette idée
09:21des dits de tolérance,
09:23des dits de Nantes,
09:24qui va donner
09:26quand même
09:26ce qui va devenir
09:27les prémices
09:28de la laïcité
09:29à la française.
09:29Et ça,
09:30il ne faut jamais
09:30l'oublier.
09:31C'est-à-dire que
09:32c'est l'étape
09:35fondamentale
09:35dans la distinction
09:36du serviteur
09:37de l'État
09:38devant obéir
09:39aux lois
09:40du souverain
09:40et le croyant
09:42libre de pratiquer
09:43la religion
09:44de son choix
09:44dans la sphère privée.
09:45Et ça,
09:46c'est quand même
09:46la France
09:47qui va l'inventer.
09:48C'est brillant,
09:49c'est brillant.
09:49Alors,
09:50je sais bien
09:50qu'il ne faut surtout
09:51pas tomber
09:51dans une laïcité
09:53punitive
09:53à la Mélenchon.
09:55Ça,
09:55je suis totalement contre.
09:56Ce n'est pas ce qu'il voulait
09:56faire Henri IV.
09:57Ce n'est pas du tout
09:58ce qu'il voulait faire
09:58Henri IV.
09:59Et même Aristide Briand,
10:00justement,
10:02puisqu'on va célébrer
10:02les 120 ans
10:03mardi 9 décembre
10:05de la loi de 1905.
10:07Et puis,
10:07on en parlait aussi
10:08sur Louis XVI
10:10qui a accordé
10:11le statut aux juifs.
10:11Voilà,
10:12en 1787.
10:14Donc,
10:14vous voyez,
10:15et aux protestants.
10:16Il a accordé aux deux
10:17en même temps,
10:18Louis XVI.
10:18Donc,
10:19vous voyez,
10:19c'est quand même
10:19nos rois de France
10:20qui ont protégé.
10:21Mais c'est Louis XIV
10:22qui abolit
10:23les dix nantes.
10:24Et là,
10:24vous vous critiquez ça.
10:25Vous l'aimez bien
10:27pour ton Louis XIV.
10:28Moi, j'adore Louis XIV,
10:29mais à chaque fois,
10:30c'est la grande tâche
10:31de son règne.
10:32Je ne suis pas le seul
10:33à le dire.
10:33Justement,
10:34comment un roi
10:35aussi brillant,
10:36on sait que
10:37l'influence de Madame
10:38maintenant sur l'oreiller
10:40n'est pas pour rien.
10:41Comme souvent,
10:42d'ailleurs,
10:42les femmes
10:42derrière les grands hommes.
10:45Charlotte Dornela,
10:46c'est vrai que c'est passionnant.
10:47Je ne sais pas
10:47si vous avez eu déjà
10:48l'occasion
10:48de lire ce livre.
10:51Celui-là
10:51et beaucoup d'autres.
10:52Oui, bien sûr.
10:53Vous êtes une fan.
10:54Non,
10:54je suis une fan
10:56de tous ceux
10:57qui essayent
10:57de restaurer
10:58une âme
10:59à la France
11:00parce que l'histoire
11:00d'un pays,
11:01c'est son âme.
11:02Bien sûr.
11:03Évidemment.
11:04Et d'ailleurs,
11:05tout ce que vous dites
11:06depuis tout à l'heure,
11:06même la question
11:07de la laïcité,
11:08tous les débats
11:08qu'on a aujourd'hui,
11:09on n'a pas compris
11:10d'où vient même
11:10la possibilité
11:11d'une laïcité.
11:12En fait,
11:13elle est faite par des Français,
11:14elle est aussi faite
11:14par des catholiques.
11:15Elle est faite
11:16et 1905,
11:17c'est une guerre interne
11:18entre républicains
11:19et catholiques.
11:19Donc là,
11:20on plaque des concepts
11:22sans savoir d'où ils viennent,
11:23sans savoir à qui ils s'adressent,
11:24sans savoir pourquoi
11:24ils ont été créés
11:25et ils sont évidemment
11:27rendus absolument inefficaces
11:28aujourd'hui
11:30parce qu'on ne sait pas
11:31comment se servir
11:32des outils
11:32et comment faire.
11:33Mais moi,
11:34la question que je voulais
11:34vous poser,
11:35c'est qu'il y a beaucoup
11:35de jeunes qui viennent
11:36à vos spectacles,
11:38qui accèdent à vos livres
11:39parce qu'ils sont aussi faits
11:40justement pour un public
11:41plus jeune.
11:42Et quels sont les retours
11:43que vous avez justement
11:43de cette jeunesse
11:44qui est privée très largement
11:45de son histoire
11:46et qui,
11:47grâce à des personnes
11:48comme vous,
11:49la redécouvrent ?
11:50Oui,
11:50parce que je précise
11:51avant d'écouter
11:52la réponse de Dimitri Casalic,
11:53vous faites aussi
11:54des spectacles
11:55et d'ailleurs un récent,
11:56le dernier,
11:57qui aura lieu le 6 décembre,
11:58vous pouvez le dire.
11:59Le 18 décembre,
12:01à Montrouge.
12:01À Montrouge,
12:02voilà.
12:03Histoire Rock,
12:03c'est ça ?
12:04Histoire Rock,
12:05oui.
12:06L'Histoire de France,
12:07l'Opéra Rock.
12:07Il y a aussi Napoléon
12:08l'Opéra Rock.
12:09Et effectivement,
12:10j'invite tout le monde
12:11à venir à ces spectacles
12:12parce que ce qui est magnifique,
12:14c'est de voir la réaction
12:15des gamins.
12:16Parfois,
12:17je vous dis,
12:17on joue dans des villes
12:19où nous avons 100%
12:21d'enfants issus
12:22de l'immigration
12:23et quand on leur donne,
12:26quand on leur montre
12:27l'histoire de France,
12:29je vous dis,
12:29surtout souvent,
12:30ça me marque
12:31parce que la chanson
12:31sur Jeanne d'Arc
12:32est fabuleuse.
12:33D'ailleurs,
12:34c'est ce que dit
12:34Philippe Juvin
12:35qui nous fait chaque année
12:36à la Garenne-Colombe,
12:37on y passera aussi
12:38le 6 février.
12:40Eh bien,
12:40cette chanson
12:41qui dure 7 minutes,
12:42on voit les yeux
12:43émerveillés
12:45de tous ces enfants
12:46parce que c'est l'histoire
12:47de Jeanne d'Arc
12:47sous une musique magnifique
12:49et derrière,
12:50on projette
12:51les 150 plus grands tableaux
12:52de l'histoire de France.
12:53Eh bien,
12:54quand on leur donne
12:54la France à aimer,
12:55on sent qu'ils sont prêts
12:56à l'aimer.
12:58Malheureusement,
12:58moi je me souviens
12:59de quand j'étais prof
13:00en banlieue,
13:00on ne leur donnait pas
13:01la France à aimer,
13:02on leur donnait la France
13:03à haïr
13:04et résultat des courses,
13:05la plupart la détestent.
13:07Et je vous laisse,
13:07je ne voulais pas
13:08spolier votre question,
13:09je vous laisse répondre
13:10à la question de Charlotte.
13:12Non, non,
13:12mais justement,
13:12le fait que,
13:13d'ailleurs,
13:15vous parlez des enfants
13:16issus de l'immigration,
13:17mais les enfants
13:17qui sont français
13:18depuis mille ans,
13:19selon l'expression,
13:20ont été eux aussi
13:21dépossédés de leur histoire
13:22et eux aussi ont besoin
13:23d'être réassimilés.
13:24On est aujourd'hui
13:25dans une situation particulière
13:26où la France entière
13:27a besoin d'être réassimilée
13:29à elle-même.
13:30Mais vraiment,
13:30c'est exactement...
13:31L'assimilation,
13:32c'est évidemment dire
13:32nous tous ensemble
13:33et on n'est plus ensemble
13:35sur aucun sujet.
13:36On le voit
13:37dans les attaques
13:37des uns et des autres,
13:38dans les batailles,
13:40justement,
13:40sur l'histoire de France
13:41et vous expliquez tout à l'heure
13:43qu'en effet,
13:43il y a une détestation
13:44qui est 100% anachronique
13:46systématiquement.
13:48Plus personne ne cherche
13:48à comprendre
13:49qui sont les personnages,
13:51ce qu'a fait la gloire
13:51et ce qu'a fait
13:52les pages de lumière
13:53dans l'histoire,
13:54c'est le cas aussi aujourd'hui.
13:55Bien sûr.
13:56Donc, ils n'hésitent pas
13:56à voir, en fait.
13:57C'est un manque de vertu,
13:59c'est un manque de courage,
14:00c'est un manque d'intelligence
14:01et l'histoire peut se répéter
14:03dans les pages sombres.
14:04Donc, je leur conseille
14:04vigoureusement,
14:06précisément,
14:06de se réattacher à l'histoire.
14:07D'abord, pour tirer la fierté
14:09des belles pages de l'histoire
14:10et pour surtout comprendre
14:13ce qui a parfois mené les hommes
14:14à se comporter,
14:15évidemment,
14:16de la pire des manières.
14:16Charlotte Dornéas a raison,
14:17l'histoire peut se répéter
14:19dans les pages sombres.
14:20C'est important de le préciser
14:21particulièrement aujourd'hui.
14:24Particulièrement aujourd'hui.
14:25Avant de répondre plus précisément,
14:27je voudrais dire,
14:28Charlotte a tout à fait raison,
14:30on sent bien que cette jeunesse
14:33a besoin de quelque chose à aimer.
14:35Et ce qu'il faut lui donner à aimer,
14:36c'est avant tout cette histoire,
14:38cette culture
14:39et aussi ce patrimoine.
14:41Et ça, c'est quelque chose
14:42de fondamental
14:43si on veut refaire nation à nouveau.
14:45Parce qu'un peuple
14:46qui n'a plus d'histoire
14:47est un peuple
14:48qui n'a plus d'avenir,
14:50comme je dis souvent.
14:51Et effectivement,
14:52l'histoire sert aussi
14:53à celui qui contrôle le passé,
14:55contrôle l'avenir.
14:57C'est la phrase d'Orwell.
14:58Et là, aujourd'hui,
14:59il faut absolument, justement,
15:01réenseigner notre histoire
15:03parce que les dangers
15:05et les menaces intérieures
15:06et extérieures
15:07sont à nos portes.
15:08Et d'ailleurs,
15:09vous parliez des jeunes
15:10issus des banlieues.
15:11Vous êtes ancien professeur
15:12d'histoire en ZEP.
15:14Vous dites que si on leur enseignait
15:16un petit peu plus,
15:17notamment la Seconde Guerre mondiale,
15:18avec les harkis
15:19qui se sont battus
15:20pour la France,
15:21eh bien peut-être
15:21qu'il y aurait une autre vision.
15:25Oui, parce que mon propos,
15:27c'est ça,
15:27c'est de recréer
15:28un grand récit national
15:29qui soit équilibré
15:30et fédérateur,
15:32c'est-à-dire
15:32qui tienne compte aussi
15:34des nouvelles populations
15:35issues de l'immigration.
15:36J'ai écrit un livre
15:37qui s'appelait
15:38Les grands immigrés
15:39qui ont fait la France
15:39et justement,
15:40où j'avais pas mal d'exemples
15:41de cette armée d'Afrique
15:43où il y avait énormément
15:44de tirailleurs algériens,
15:47de tabors marocains
15:48qui sont morts pour la France.
15:50Il faut savoir
15:51que le taux de mortalité
15:53de l'armée d'Afrique
15:54était énorme,
15:56même si c'est les pieds noirs
15:57qui ont eu le taux
15:58de mortalité le plus important.
15:59Et bien,
16:00quand on insère justement
16:02le fameux Bachar Gabou Alam
16:04qui est le chef des harkis
16:05qui était dans cette armée,
16:08on fait,
16:08on va faire nation à nouveau.
16:10Ils sont morts pour la France.
16:12Le Bachar Gabou Alam
16:13a 32 membres de sa famille
16:14qui sont morts pour la France.
16:16Je pense qu'il mérite
16:17peut-être autant,
16:18et la famille Boalam
16:19aujourd'hui
16:20qui vit en Camargue,
16:21qui mérite autant,
16:23peut-être plus le titre
16:24de français
16:25que les français de souche.
16:27Michel Fayel.
16:27Surtout ceux d'aujourd'hui
16:28qui ne défendent pas la France.
16:30Absolument.
16:31Michel Fayel.
16:32Et puis, à mon avis aussi,
16:33on est en train d'écarter
16:34la réalité de la guerre d'Algérie
16:36en général.
16:36Parce que la réalité
16:37de la guerre d'Algérie,
16:38c'est aussi sa dimension religieuse
16:39avec notamment
16:41l'association
16:42entre l'association
16:43des Oulémas
16:44et le FLN
16:45qui ont fait
16:46alliance
16:47pour combattre la France,
16:48combattre les français,
16:49combattre les chrétiens,
16:50combattre les juifs,
16:50parce que français,
16:51parce que chrétiens,
16:52parce que juifs.
16:52Donc, il y a cet aspect-là
16:54qui est complètement écarté
16:55des livres d'histoire,
16:56en tout cas,
16:56qui sont enseignés
16:56à l'école
16:57ou à l'université.
16:58Ah oui, bien sûr.
16:59Il faut voir comment est appris
17:00la guerre d'Algérie.
17:02Notamment, en première,
17:03il y a des manuels
17:04comme Nathan et Magnard,
17:06de toute façon,
17:06qui sont rédigés
17:07par Benjamin Stora,
17:09qui le dit,
17:10et tout est fait, justement,
17:11pour créer vraiment
17:13cette instrumentalisation
17:16de l'histoire
17:17de la guerre d'Algérie
17:17qui est complètement faite.
17:19Il faut savoir que jusqu'en 58,
17:21j'ai des témoignages précis
17:23d'historien spécialiste,
17:24la majorité de la population algérienne
17:26voulait rester française.
17:28Et ça, jamais, on le dit.
17:30Donc, c'est après,
17:30avec les exécutions de masse,
17:33on parlait des 90 000 archives
17:35qui vont être exécutés,
17:36mais il y a aussi 25 000 membres
17:38du MLA de Messaliadj
17:41qui vont être exécutés
17:42par le FLN.
17:43Donc, il se faisait la guerre
17:44entre eux.
17:45Et puis, ils oublient aussi
17:46qu'avant les 132 ans
17:47de période française,
17:49il y avait eu 333 ans
17:51de Joug-Ottoman.
17:53D'ailleurs, vous en avez écrit
17:54de nombreux livres
17:56chez Nathan,
17:58enfin, chez plusieurs éditeurs scolaires.
18:00Comment ça se passe, justement ?
18:01Parce qu'on aimerait bien savoir
18:02comment elle s'écrit, cette histoire.
18:04Vous venez de nous dire,
18:06c'est Benjamin Stora
18:07qui écrivait certains livres,
18:08mais il vous avait des directions
18:09quand vous vous écrivez, justement ?
18:10Absolument, il y a les directions
18:10du Conseil supérieur des programmes.
18:13On doit soit suivre
18:14des instructions officielles,
18:16mais ce que j'ai remarqué
18:17depuis 20 ans
18:18ou que je travaille sur le sujet,
18:20c'est que certains éditeurs,
18:21notamment Nathan et Magnard,
18:23agissent en surenchère,
18:26exagèrent les programmes officiels.
18:28Et c'est ça qui est dingue,
18:29c'est que déjà que ces programmes
18:30sont inaudibles,
18:31et en plus, on leur demande,
18:33et ils font des...
18:33ils commettent des...
18:35Des erreurs ?
18:35Ils agissent en surenchère,
18:38c'est-à-dire que
18:39pour la guerre d'Algérie,
18:41jamais il est dit
18:42que 70%
18:44des terres algériennes
18:46appartenaient encore
18:47aux Algériens
18:47en 1960.
18:49Donc, il ne faut pas croire
18:50que tout a été donné
18:51aux colons,
18:53aux affreux colons pieds noirs,
18:55c'est des erreurs historiques
18:56sans nom.
18:56Et pourtant,
18:57c'est ce qu'on apprend
18:57à nos enfants.
18:58Et on voit à quel point
18:59ça reflète aujourd'hui
19:00dans l'actualité,
19:02et à quel point
19:02il y a une énorme responsabilité
19:04à être juste
19:05et à transmettre
19:06cette histoire de France,
19:07les récits fondateurs
19:08de notre histoire
19:09quand la France perd la mémoire.
19:10Dimitri Casali
19:11aux éditions Fayard.
19:13Merci d'être passé
19:14par le studio d'Europe 1.
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