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  • il y a 17 heures
Au menu ce samedi : un débat sur notre relation commerciale avec la Chine, un détour par Milan, un reportage sur les carburants durables dans l'aérien, un entretien avec la patronne d'Air France... Et une question de droit du travail très sérieuse : peut-on insulter son patron sans se faire virer ? Plus d'info : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/on-n-arrete-pas-l-eco/on-n-arrete-pas-l-eco-du-samedi-06-decembre-2025-8217295

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00:00Bonjour Anne Rigaye, vous êtes la directrice générale d'Air France, vous êtes très très rare dans les médias, merci d'avoir choisi On n'arrête pas l'écho sur France Inter pour vous exprimer ce matin.
00:10Dans un instant on va parler justement de ces carburants durables, mais je voudrais commencer par cet incident notamment logiciel qui a conduit le week-end dernier à immobiliser une partie de la flotte d'Airbus A320.
00:21Vous avez annoncé annuler une trentaine de vols. Comment on gère cette situation quand le vendredi à 18h on nous dit demain matin il n'est pas possible de voler ?
00:31Je crois que c'est une belle illustration que la culture de sécurité fonctionne bien dans l'industrie aérienne.
00:36Finalement un événement qui s'est passé fin octobre dans une compagnie aérienne américaine amène le vendredi à recevoir dans toutes les compagnies du monde une instruction d'Airbus
00:45de faire revenir nos avions à la base pour ceux qui sont concernés et de changer le logiciel des calculateurs concernés.
00:52Au final c'était seulement 6 appareils pour Air France qui étaient concernés, qui ont été traités dans la nuit.
00:57Et vous, vous ne faites pas partie de ces compagnies qui ont des avions qui ont dû quasiment repartir au garage ?
01:00Tout a pu être réglé rapidement.
01:01Alors 6 sont repartis au garage comme vous dites et ils ont effectivement été traités dans la nuit.
01:06Nos équipes de maintenance étaient sur le pont, nos équipes commerciales aussi pour prévenir les clients puisque certains ont été impactés et merci pour leur compréhension.
01:14Mais je crois que ça explique pourquoi l'aérien, le transport aérien et finalement le transport le plus sûr au monde, c'est ce partage d'informations et cette réaction immédiate à chaque incident.
01:23Je ne veux vraiment pas faire peur aux auditeurs de France Inter ce matin mais quand on voit les problèmes de Boeing et cette semaine par ailleurs,
01:29quelques jours après, Airbus dit que c'est un problème de fuselage qu'on a sur des avions qui sont en train de sortir ou qui arrivent tout juste vers chez les clients.
01:37Est-ce qu'on produit trop d'avions et donc on ne prend pas le temps de les faire correctement ?
01:42Je ne crois pas. Je crois que les problèmes de supply chain qui concernent tous les secteurs depuis le Covid expliquent beaucoup des problématiques effectivement de qualité.
01:52Mais on a toujours eu ces sujets effectivement d'instruction, ça nous arrive effectivement de recevoir une instruction d'immobiliser tel ou tel avion et de prendre le temps d'écarter le moindre doute.
02:09Je crois que ce qu'il faut retenir c'est qu'on est dans une industrie où on n'accepte pas le moindre doute au bénéfice de la sécurité.
02:14Quand on réserve nos billets d'avion, généralement on sait le type d'avion qu'on va avoir. Est-ce que vous avez des clients qui ne veulent plus prendre Boeing ?
02:21Qui font un arbitrage ?
02:22On a eu beaucoup de questions et on a expliqué que déjà tous nos Boeing volent depuis longtemps.
02:27On a une très grosse flotte de 777, on était compagnie de lancement du 777.
02:32Ce sont des avions éprouvés qui sont vraiment avec la meilleure fiabilité dans notre flotte. Donc pas de sujet.
02:37Pas de sujet. Vous venez de faire la plus grande commande de toute l'histoire du groupe Air France KLM avec notamment des A350, 50 avions plus encore une option.
02:47C'est-à-dire que vous, vous vous dites, bien sûr qu'on va voler beaucoup plus demain matin.
02:52Alors d'abord non, nous remplaçons notre flotte. Nous avions seulement 7% d'avions de nouvelle génération en 2019 et notre objectif c'est de passer à 70% en 2030.
03:01On en est à peu près à 50% je crois. On vient de recevoir notre 40e Airbus 350 de Toulouse.
03:06On a aussi reçu des Airbus 220, on est au 50e et donc on n'a jamais renouvelé la flotte à une telle allure pour Air France dans toute l'histoire d'Air France et malgré le Covid.
03:17Toutes ces commandes ont été faites pendant le Covid avec évidemment tous les doutes sur l'avenir du transport aérien.
03:23C'est essentiel pour notre trajectoire de décarbonation, c'est le premier levier.
03:28Tout ce que nous gagnons, nous le mettons dans le renouvellement de la flotte, c'est 1 milliard d'euros par an, c'est un effort colossal.
03:33Alors justement, parce que ces avions consomment moins, on vient de l'entendre dans le reportage, l'autre gros avantage pour essayer de se décarboner, ce sont ces carburants moins pelants.
03:42Là aussi dans l'excellent reportage d'Anna Elverzo, on l'a entendu, c'est cher et on n'en a pas beaucoup encore aujourd'hui en France.
03:49Vous faites partie des compagnies qui officiellement est un peu au-dessus des obligations européennes.
03:55Vous allez tenir vos objectifs de réduction dans ce contexte ?
03:59Alors oui, c'est bien l'objectif. Depuis 2022, on est une des compagnies, même une des seules compagnies, avec peut-être British Airways et Lufthansa,
04:10à incorporer du carburant durable de manière massive. Pour vous donner un exemple...
04:15Massive, on est à quelques pourcents quoi.
04:16Alors on est à quelques pourcents, mais au regard du secteur, on est quand même pionnier.
04:20Depuis 2022, alors que le groupe Air France Calam représente 3% de la consommation de pétrole, on a incorporé 16 à 17% de tous les carburants durables fabriqués dans le monde.
04:30On est aidé aussi par les mandats, les mandats européens, qui sont à 2% pour tous les vols au départ de l'Europe cette année.
04:37Vous êtes aidé ou vous êtes contraint ? Quand on est contraint, c'est plus facile d'être mieux disant.
04:41Nous, on est plutôt heureux d'avoir des mandats d'incorporation obligatoires, même si on sait qu'il faut aller au-delà.
04:47Et d'ailleurs, on propose à nos clients individuels d'acheter du carburant durable, clients business ou clients individuels.
04:55Et ça fonctionne, certains, effectivement, pour décarboner leur scope 3 dans les entreprises ou par conscience.
05:01Le scope 3, c'est une fois qu'on considère tout ce qu'il y a comme un impact sur l'impact carbone, notamment du client.
05:08Mais quand on veut décarboner sa trajectoire, il faut décarboner le voyage de ses collaborateurs.
05:12Donc, effectivement, les carburants durables, c'est essentiel.
05:15Par contre, il faut avoir en tête que seule l'Europe, aujourd'hui, quasiment, a un mandat d'incorporation.
05:21Donc, il faut que ce soit un enjeu mondial et l'Europe ne pourra pas décarboner toute seule le transport aérien.
05:27Là, ce que vous dites, c'est que moi, j'ai un petit boulet au pied par rapport à mes grandes concurrentes,
05:30notamment asiatiques et américaines, qui n'ont pas les mêmes obligations.
05:33Et ce que vous dites aujourd'hui à votre ministre des Transports, je continue que si vous me subventionnez.
05:38Alors, on dit, il faut aider. Il faut aider à la création de la filière de carburants durables.
05:42Ça a été très bien dit dans le reportage.
05:45Il faut aider les compagnies, effectivement, à acheter ce carburant durable.
05:49Je vous ai dit, tout au long qu'on gagne, on le met dans le renouvellement de la flotte.
05:5420 à 25% de CO2 en moins sur chaque avion de nouvelle génération.
05:58Et donc, pour le carburant durable en plus, il faut de plus en plus que le prix de ce carburant durable rejouigne progressivement le prix du fioul.
06:06On en est loin. Aujourd'hui, le carburant durable à partir de biomasse, c'est deux à trois fois le coût du fioul.
06:13Mais les carburants...
06:14Certains, vous diriez, il suffirait de taxer aussi le kérosène un peu plus que ce qu'il n'est aujourd'hui,
06:17ce qui est une dérogation pour l'intégralité du secteur aérien mondial.
06:20Encore une fois, nous, on n'est pas contre les taxes.
06:22On paye 3 milliards d'euros de taxes et redevances en France.
06:26L'enjeu pour nous, c'est que la compétition mondiale, on est dans un secteur concurrentiel ouvert, totalement libre et mondial,
06:34que les règles soient les mêmes pour tous.
06:36Alors, vous dites, je suis prête à payer plus de taxes.
06:38Ça tombe bien, le budget regorge de pas mal de nouvelles taxes, notamment pour le secteur aérien.
06:43Si on rajoute par ailleurs les contributions carbone dont vous nous parlez, tout ça, ça coûte plus cher.
06:48Combien les auditeurs qui sont en train de nous écouter vont devoir payer plus cher leurs billets d'avion ?
06:54Alors, je n'ai pas dit que j'étais pour plus de taxes.
06:57En tout cas, pas plus de taxes l'OTACAL, puisqu'on a vu que l'augmentation de la taxe sur les billets d'avion...
07:00Vous êtes d'accord pour une taxe mondiale si elle est pour tout le monde ?
07:02Voilà. En tout cas, des taxes plus larges, à minima européenne.
07:05Ils nous écoutent, ils vont payer de combien plus cher ?
07:07Ça a déjà commencé, là-haut ?
07:08Ça a déjà commencé, on est très transparent.
07:10Depuis le 1er janvier 2022, les clients peuvent regarder sur leurs billets d'avion
07:14ce que coûte le mandat français à l'époque, européen maintenant, en termes de taxes.
07:18Ce sont quelques euros aujourd'hui, mais évidemment, au fur et à mesure que les mandats vont augmenter,
07:25ça pourra être une centaine d'euros, effectivement, pour un billet long courrier.
07:29C'est-à-dire qu'une centaine d'euros en plus sur le billet.
07:32On va prendre l'exemple d'un Paris-Tokyo, j'ai regardé ce matin, c'est environ 2 000 euros en direct pour aller.
07:38Donc là, c'est une centaine d'euros en plus pour un Paris-Tokyo, par exemple, qui est l'un des vols les plus chers.
07:43Oui, 100 ou 150 euros, je n'ai pas fait le calcul exact.
07:46Et ce qu'il faut avoir en tête, je suis un peu têtu, c'est qu'un client qui va faire un e-Tokyo,
07:52aujourd'hui, s'il passe par Paris, il paiera plus cher, parce qu'il aura les mandats européens au départ de Paris,
07:57que s'il passe, par exemple, par Istanbul. Et vous voyez pourquoi l'enjeu est effectivement d'élargir la réglementation.
08:04Alors justement, vous parlez de passer de Nice à Paris, de temps en temps, il arrivait à Orly encore jusque-là, ce client Air France.
08:11C'est fini, ce sera Transavia à Orly et Air France que du côté de Roissy, c'est demain, c'est en mars 2026.
08:19À quoi ça sert ?
08:20Alors c'est demain, mais on l'a annoncé depuis deux ans, pour avoir le temps d'accompagner nos personnels.
08:25Et effectivement, on est prêts.
08:28Ça ne veut pas dire qu'on abandonne les villes françaises, bien au contraire.
08:33Transavia sera là pour desservir Nice, à hauteur de 8 fréquences quotidiennes par jour,
08:37donc quotidiennes, et également Toulouse.
08:40Et puis, à Roissy, nous augmentons les fréquences sur notre hub vers la province.
08:45On aura entre 12 et 13 fréquences vers Toulouse, 12 et 13 fréquences vers Nice, quotidiennement,
08:51avec une connectivité vers le monde entier.
08:54C'est l'avantage d'avoir toutes nos destinations sur le hub de Roissy.
08:57Il y avait une grosse polémique sur le Paris-Nord, sur le Paris-Lyon, que vous aviez faussement arrêté,
09:00puisqu'on peut continuer de les faire quand on part de Roissy, si on arrive d'un autre pays étranger.
09:05Il y aura d'autres destinations qui vont s'arrêter comme ça, pour des questions écologiques ?
09:09Alors, je crois qu'il faut suivre le comportement et la demande des clients.
09:13Ce qu'on a vu avec le Covid, c'est une baisse majeure de la demande sur des trajets courts,
09:19en particulier des trajets domestiques.
09:20On a vu du moins 60%.
09:22Pourquoi ? Parce que conscience environnementale et la visioconférence.
09:27Donc, beaucoup de trajets qui sont faits en train ou qui sont tout simplement arrêtés par les compagnies.
09:32On travaille avec la SNCF.
09:34J'ai eu un comité directeur il y a deux jours, sur comment on améliore notre offre combinée.
09:39Train plus air, on dessert plus de 40 villes en France, avec un acheminement en train,
09:46puis on prend un vol.
09:48Et nous, on a tout intérêt à travailler main dans la main pour avoir de plus en plus de connexions avec les réseaux ferrés.
09:54Si on regarde les périodes de fin d'année, période bien évidemment extrêmement importante pour vous,
09:59il y a un chiffre qui pourrait être inquiétant.
10:01Les Chinois ne viennent plus autant que ce qu'on pensait en France.
10:04C'est un énorme marché pour vous.
10:06Pourquoi donc ?
10:08Deux raisons.
10:09Déjà, après le Covid, les Chinois ont beaucoup réorienté leur tourisme en interne Asie.
10:15Donc, la demande n'est plus qu'elle était avant le Covid.
10:17Mais par ailleurs, avec les zones de guerre, nous ne survolons.
10:24Et puis, le fait que nous ne survolons plus la Russie.
10:27Ce qui n'est pas le cas, par ailleurs, de toutes les compagnies.
10:29Ce n'est pas le cas des compagnies du Golfe.
10:31Ce n'est pas le cas des compagnies chinoises qui, elles, font en direct.
10:34C'est une différence de plus de deux heures de temps de trajet.
10:37Donc, c'est une différence majeure.
10:38Et donc, dans ces conditions, nous continuons à desservir Pékin et Shanghai.
10:42À la différence d'ailleurs de nos concurrents européens qui, pour beaucoup, ont arrêté.
10:46Une question par oui ou par non.
10:47Le Wi-Fi est gratuit aujourd'hui dans les avions Air France.
10:50Il va le rester ?
10:51Le Wi-Fi devient gratuit avec l'implémentation du Wi-Fi au débit.
10:56Aujourd'hui, 40 avions équipés.
10:57On va le plus vite possible.
10:5830% de la flotte qui sera équipée en fin d'année.
11:00Il restera gratuit, oui ou non ?
11:02Oui, c'est l'objectif.
11:03Et c'est pour ça qu'on avait besoin d'un Wi-Fi au débit
11:05qui permette de servir un Wi-Fi gratuit pour tous nos clients, y compris en économie.
11:09Deux millions de personnes viennent vous entendre.
11:11Il restera gratuit du côté du Wi-Fi.
11:13Un grand merci à Anne Régail, directrice générale d'Air France.
11:16Sous-titrage Société Radio-Canada
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