Selon l’organisation internationale du Travail, près d’un actif sur deux craint d’être discriminé lors de son processus de recrutement. Thomas Breuzard dénonce une culture de la diversité qui n’a pas encore bien infusé dans les entreprises. Il souhaite que l’on puisse aller au-delà du storytelling.
00:00Et comme toujours, on commence avec l'édito de Thomas. Thomas Breusard, tu plantes le décor.
00:09On va essayer en tout cas, Alix, en évoquant notamment le fait que, comme tu l'as souligné,
00:13ces dernières années, les entreprises affichent certaines ambitions, font de la statistique aussi
00:18sur certains sujets, parfois elles y sont même contraintes. Quoique ces derniers mois ont aussi
00:23vu émerger une forme de discrétion sur le sujet. Mon regard se tourne notamment outre-Atlantique,
00:26pour ne pas froisser certains acteurs qui peuvent être des clients d'entreprises françaises qui se
00:31montrent plus frileuses. L'impact, pour autant, a tendance à se faire encore lui aussi assez discret.
00:37Je vais en prendre pour preuve deux statistiques sur lesquelles j'ai pu tomber. Une première,
00:41un baromètre mené notamment par l'Organisation Internationale du Travail en 2022, qui dit qu'à
00:46près d'un actif sur deux en France craint d'être discriminé lors de son processus de recrutement.
00:51Et si je prends les personnes en situation d'emploi dans notre pays, c'est une statistique de l'INSEE de
00:562023. On nous dit que 9,1% des personnes en emploi déclarent avoir déjà été discriminées,
01:01ce qui montre bien qu'il n'y a pas encore eu vraiment de changement structurel suffisant. On a
01:06sans doute commencé à repeindre la façade, mais il reste des fissures dans l'édifice et ce n'est
01:10pas en mettant un sticker sur cette fissure qu'on va vraiment résoudre le problème. Il faut un
01:14changement plus structurel, plus global, un changement de culture sans doute.
01:17Et alors justement, au regard de ces chiffres, est-ce qu'on peut vraiment parler d'inclusion dans les
01:21entreprises aujourd'hui ? Alors le sujet est tout de même monté. Il y a une attente grandissante aussi des personnes qui,
01:25qui se candidatent à un des emplois dans les entreprises, près de 30% des salariés disent choisir une
01:30entreprise aussi en fonction de leur politique diversité. Mais l'envie ne suffit sans doute pas à effacer des
01:35décennies d'habitudes, de réflexes, d'héritages culturels aussi. Le VFR1, c'est peut-être pas tant ce qu'on
01:40mesure, c'est ce qu'on transmet et puis aussi ce qu'on tolère. Les biais inconscients, des stéréotypes, une
01:45certaine forme d'endogamie sociale parfois aussi, qui se sont installées et sont bien difficiles à changer.
01:50Et une entreprise inclusive, c'est peut-être un peu comme un orchestre. On ne peut pas tout changer
01:55en remplaçant simplement les instruments. Il faut que la partition, elle aussi, elle évolue.
01:58Donc pour toi, l'obstacle majeur n'est pas la loi, mais la culture interne ?
02:02Alors on a un cadre légal français qui est bien spécifique, qui a permis certains progrès.
02:06Par exemple, avec la question de l'égalité entre les femmes et les hommes, pardon, avec un index à produire.
02:12Mais il y a aussi un encadrement strict de la loi sur les statistiques, notamment portée par la CNIL,
02:17qui interdit de mener des statistiques sur, par exemple, l'ethnie, les origines des individus qui composent l'entreprise.
02:25Pour autant, on peut quand même regarder des choses sur l'égalité professionnelle, les écarts de rémunération,
02:29l'emploi des seniors. Mais la religion, l'apparence, par exemple, ne sont pas possibles, et sans doute pour de bonnes raisons d'ailleurs.
02:37Mais ça freine évidemment la capacité à mesurer finement les choses. Et si la mesure est claire, la culture, elle, doit permettre de mieux transformer.
02:44Les chiffres, ça aide, mais ça ne suffit pas pour changer les comportements.
02:47Alors voilà, c'est ce qu'on va essayer d'explorer aujourd'hui avec nos invités. Merci encore une fois à tous les trois et toutes les trois d'être présents.
02:53Avec Sarah, qui va nous éclairer sur l'impact que peut avoir une certification pour faire évoluer les pratiques des entreprises en matière de mesures.
03:00Chloé, qui, elle, nous racontera peut-être davantage des histoires humaines et une vision plus globale sur la question de la diversité et de l'inclusion dans les entreprises.
03:06Et puis, Mickaël, sur le rôle d'un grand groupe pour faire évoluer, transformer les choses aussi bien en interne qu'en externe.
03:12Parce qu'il faut qu'ensemble, nous parvenions à éclaircir une question qui pourrait paraître simple.
03:16Comment savoir si une entreprise est réellement inclusive ou pas au-delà du storytelling ?
03:19Et ça, c'est peut-être un peu moins facile parce qu'une entreprise n'est inclusive peut-être que le jour où elle n'a plus besoin de le revendiquer.
03:25Merci beaucoup Thomas. Et justement, nos invités vont pouvoir réagir. On passe au pour ou contre.
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