Lydia Menez, journaliste indépendante, a coréalisé une enquête sur la répression administrative des militants, qui serait liée au partage d’informations entre la police et la CAF.
Même si l’État ne se cache pas d’utiliser cette méthode, qu’il affirme efficace pour la lutte contre le terrorisme, elle serait en fait employée contre d’autres personnes, notamment des militants comme les Gilets jaunes.
L'enquête de Lydia Menez "Quand la CAF travaille avec la police pour punir les militants" est disponible sur la chaîne Youtube Le Media.
00:00Le partage d'informations entre la CAF et la police a bien le but de réprimer administrativement les militants.
00:07Ça peut faire peur de se dire que toutes ces administrations qui sont censées aider les gens au quotidien sont dans une logique punitive.
00:14Je suis journaliste indépendante, j'ai co-réalisé une enquête sur la répression administrative des militants.
00:19Alors nous on a récupéré des documents via la Quadrature du Net, c'est une association qui lutte pour les libertés numériques.
00:25Dans ce document il y a un procès verbal avec des questions très intimes du style avec qui vivez-vous, combien gagnez-vous.
00:32Ce procès verbal il est utilisé par exemple lors d'une garde à vue et les informations récoltées sont transmises directement à la CAF.
00:38On a eu l'illustration de l'utilisation de ce document dans un cas très concret.
00:43C'est une femme qui s'appelle Sophie qui est militante et en fait elle est déclarée mère isolée à la CAF.
00:48Elle, elle est active dans le mouvement des Gilets jaunes, son ex-compagnon aussi et elle subit une perquisition de la part des forces de l'ordre qui sont venues pour chercher son ex-conjoint.
00:58Quelques mois après cette perquisition, Sophie subit un contrôle CAF.
01:02Elle, elle fait directement le lien entre la perquisition et le contrôle CAF.
01:06Un contrôleur de la CAF vient et lui, il estime qu'elle fraude la CAF, que ce n'est pas une mère isolée mais qu'elle vit encore avec son ancien compagnon.
01:14Elle, elle décide de ne pas se laisser faire, elle prend une avocate et cette avocate va aller demander à la CAF le compte rendu du contrôle sur lequel on peut lire que ce contrôle a été effectué suite à un signalement de police.
01:27Et donc elle va jusqu'au tribunal administratif qui lui donne raison, Sophie est bien une mère isolée, elle n'a pas fraudé la CAF et annule sa dette de 23 000 euros.
01:35Là, avec cet exemple, on a bien la preuve que le partage d'informations entre la CAF et la police a bien pour but de réprimer administrativement les militants des anciens Gilets jaunes ici en l'occurrence.
01:47Nous, ce qui nous a frappés dans tous les témoignages qu'on a pu récolter, c'est à quel point l'argent, c'est le nerf de la guerre.
01:54Et à quel point frapper, attaquer au porte-monnaie les militants, ça les freine en fait dans leurs actions.
02:01L'État ne se cache pas du tout d'utiliser cette méthode, mais eux, ils disent l'utiliser pour la lutte contre le terrorisme.
02:09Mais dans ce documentaire, on voit bien à quel point cette lutte contre le terrorisme, elle a des débordements, il y a des abus et elle est utilisée pour viser d'autres personnes, dont les militants.
02:20Sans tomber dans le complotisme ou dans quelque chose de paranoïaque, ça peut faire peur de se dire que désormais,
02:26la CAF, France Travail et toutes ces administrations qui sont censées aider les gens au quotidien sont dans une logique punitive
02:34et se substituent presque quelque part à la justice.
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