«Nous n'avons pas besoin de l'Armée dans les quartiers», juge Linda Kebbab

CNEWS

Selon un sondage CSA pour CNEWS, le JDD et Europe 1, publié ce jeudi 20 novembre, 72% des Français estiment qu’il faut instaurer un état d’urgence à Marseille pour lutter contre le narcotrafic. Selon Linda Kebbab, policière et Secrétaire Nationale du syndicat de police Un1té, les forces de l'ordre sont déjà présents pour ces sujets et «nous n'avons pas besoin de l'Armée dans les quartiers».

Transcript

00:00Alors l'état d'urgence, quel est l'intérêt de l'état d'urgence ?

00:02C'est de mettre en place des mesures exceptionnelles.

00:04Marseille a besoin de mesures exceptionnelles, mais au long cours.

00:06Donc un état d'urgence pour combien de temps ?

00:08J'entends dire, je ne sais pas si vous allez y arriver,

00:10mais j'y réponds dès maintenant,

00:11l'idée d'envoyer l'armée dans les quartiers.

00:14Moi je pense très sincèrement que c'est une mauvaise idée.

00:16Pas seulement parce que je suis policière.

00:18Déjà parce que le rétablissement de l'ordre

00:19sur le territoire intérieur, c'est un métier.

00:22Et ce sont les forces de sécurité intérieures

00:24qui sont formées à ça.

00:25Vous ne pouvez pas envoyer les armées pour aller faire du maintien de l'ordre

00:27auquel ils ne sont pas formés, pour aller parler avec les plus jeunes,

00:30pour aller gérer des situations de tension

00:33et aller interpeller tout simplement.

00:35On l'a vu d'ailleurs lorsqu'il y a eu des moments...

00:37Les opérations sentinelles après 2015,

00:39il y a eu des patrouilles, des armées dans les quartiers.

00:42Vous savez ce qui s'est passé ?

00:43Les points de disque se sont déplacés de 200 mètres.

00:45Vous ne pouvez pas envoyer les armées faire un métier

00:47pour lesquels il y a déjà des forces existantes.

00:50Et puis je pense, je me permets,

00:51ce serait injure quand même à mes collègues,

00:53je rappelle qu'en 13 novembre 2015,

00:56ont mené une opération à la hauteur de la guerre

00:59et qui ont sauvé des Français face à des gens qui nous faisaient la guerre.

01:04Rien que ça doit nous convaincre.

01:05Nous n'avons pas besoin des armées dans les quartiers.

01:07Et dernier point, le narcotrafic,

01:10enfin les narcotrafiquants, c'est une mafia.

01:12Et la mafia, elle a besoin de l'opinion publique.

01:14Elle a besoin, d'ailleurs c'est pour ça qu'elle fait aussi du social dans les quartiers.

01:16Elle se met les habitants dans la poche.

01:18Si vous envoyez les armées dans les quartiers,

01:20vous savez ce qu'ils diront,

01:21ils auront la photo idéale.

01:23Regardez, on envoie des blindés dans les quartiers,

01:25contre les habitants des quartiers.

01:27Donc je pense que c'est une mauvaise chose.

01:29Je pense qu'il faut plutôt 3000 policiers,

01:323000 éducateurs,

01:33qui connaissent parfaitement chaque prénom,

01:35chaque haute d'immeuble,

01:37que 3000 militaires,

01:38qui n'entreront pas dans les cages d'escalier

01:40et qui se contenteront d'être en patrouille à l'extérieur.

01:43C'est une mauvaise idée,

01:44je le pense très sincèrement.

01:45Sous-titrage Société Radio-Canada

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