00:31Belray ça se situe à 3 km de Verdun, donc on est vraiment en périphérie de cette
00:38ville-là et c'est plutôt pas mal pour faire du maraîchage en circuit court parce qu'on
00:42n'est pas trop loin de nos clients.
00:44Alors comme tu l'as dit, maraîcher, raconte-nous un peu ton parcours qui est un peu atypique.
00:51Oui, je suis fils d'agriculteur mais je n'ai pas fait les études pour devenir agriculteur,
00:56j'ai commencé par être opticien, je suis parti vivre en Nouvelle-Calédonie pendant quelques
01:02années, là-bas je suis devenu papa et pour donner, ça m'a un peu retourné un petit peu
01:09on va dire la paternité et j'ai dû trouver un peu plus de sens à ma vie que celle de
01:14juste un peu d'oisiveté sur une belle île et du coup j'ai justement réfléchi à ce projet
01:20de reconversion professionnelle pour devenir maraîcher bio en circuit court et du coup
01:26essayer de préserver un peu la planète par mon activité professionnelle, voilà.
01:33Donner un peu de sens.
01:34Donner du sens, c'est ça.
01:35Alors ton exploitation, tu l'as appelée Au Vert Pré.
01:38Au Vert d'un Pré.
01:39Au Vert d'un Pré, c'était sur les terres de l'exploitation paternelle.
01:43C'est ça.
01:43Et c'était déjà du maraîchage, raconte-nous l'histoire de l'exploitation.
01:48Mon père était agriculteur, polyculteur-éleveur, on appelle ça, polyculteur, il n'y avait pas
01:52d'élevage et du coup quand il a su que je voulais me lancer sur du maraîchage, on a
01:57reconverti un peu en amont parce qu'il allait être en retraite, donc on a reconverti l'ensemble
02:02de l'exploitation en bio et je suis arrivé, je me suis reconverti pendant deux ans et puis
02:08au bout de ces deux années de reconversion, de reformation quand même, parce qu'on ne passe
02:11pas d'opticien à maraîcher comme ça, juste en claquant des doigts, j'ai pu quasiment
02:16démarrer en bio, mais c'était vraiment une parcelle ici de blé classique, donc on a
02:22tout installé sur la première année, c'était beaucoup de boulot, mais au début mai, on a
02:29pu commencer à semer les premières graines et puis on a sorti les premiers légumes au
02:33mois de juin.
02:34Le choix du bio était évident ?
02:37Ben oui, parce que c'était porteur surtout, donc c'était en 2019, dans cet aspect de donner
02:45un peu de sens à ma vie, j'avais envie que cette agriculture, elle soit pérennisable
02:51et qu'il n'y ait pas trop de produits chimiques et donc ouais c'était, puis vu que je ne connaissais
02:57pas grand chose, l'avantage du bio c'est qu'il n'y a pas besoin d'utiliser peut-être
03:02trop de produits qu'il faut connaître et voilà, ça m'allait bien quoi en fait, voilà.
03:07Et quels sont les produits un petit peu, enfin qu'est-ce que t'aimes dans ton activité
03:11de maraîcher ?
03:12Ah c'est la, ouais excuse-moi, c'est la diversification qu'on a, c'est-à-dire qu'on n'a pas un seul
03:16monoproduit à vendre, on a une diversité de légumes et un petit peu de fruits et ça
03:22c'est sympa parce que chaque culture amène un itinéraire technique un peu particulier,
03:27chaque culture c'est un peu un enfant, il faut apprendre à connaître ses besoins, ses
03:34petits soucis en fonction des années qui ne sont pas pareils et donc ça amène une dynamique
03:41d'esprit permanente, il faut toujours se remettre en question quoi.
03:43Et le maraîchage c'est toute l'année, c'est pas seulement les tomates en été ?
03:46Exactement, le maraîcher diversifié, le petit maraîcher on va dire, il va être obligé
03:52de faire plein de légumes, plein de variétés, plein de saisonnalités pour essayer de garder
03:57sa clientèle toute l'année parce que si on ne propose pas des légumes pendant 4 ou 5
04:02mois parce que c'est l'hiver, les gens ils vont un peu se détacher de nous et puis
04:06aller faire leur course ailleurs donc c'est un challenge d'arriver en Meuse à avoir des
04:10légumes toute l'année et du coup ça demande aussi de les cuisiner en fonction de la saisonnalité
04:14chez nous on n'aura pas de tomates en décembre.
04:16Et qu'est-ce que t'as en hiver par rapport ? Et bien on a ce qu'on appelle les légumes
04:20de garde, les légumes racines comme le chou, le navet, la betterave, on a des légumes
04:27un peu oubliés comme le topinambour, le panais, des choses comme ça.
04:32Il y a des salades d'hiver, la mâche, les endives, on fait aussi un peu d'endives qui
04:37est assez appréciée en hiver, voilà on essaye d'avoir la palette la plus diverse ici
04:43possible pour que les gens puissent s'éclater en cuisine.
04:45Comment on achète tes produits ? On vient directement sur ton exploitation ou on les
04:50trouve tes produits ? Alors il y a deux modèles, soit vous venez le samedi de 9h à
04:5512h30, on fait une vente à la ferme en mode marché et puis on a un site internet où on
05:01peut commander en ligne comme n'importe quel drive, on va dire comme en grande surface
05:06et là vous achetez que ce que vous voulez, il n'y a pas de panier minimum et le site s'appelle
05:12cagette.net et les gens peuvent nous trouver sur ce site-là et commander une fois par semaine.
05:15Et on livre sur Verdun, on a des partenaires qui nous soutiennent un petit peu comme les
05:20mairies ou des magasins de centre-ville et ça permet de cumuler un petit peu nos clientèles.
05:27On a un caviste qui nous aide beaucoup et qui s'appelle Richard Vint et on dépose nos
05:31légumes et lui, de temps en temps, il peut vendre une petite bouteille ou deux à nos clients.
05:35Et vous vendez vos produits aussi aux professionnels, à des restaurateurs, à des gens qui...
05:39Oui, ça c'est bien parce que ça nous permet d'avoir un vrai retour sur les produits qu'on fait par des
05:45professionnels, justement, qui les travaillent et qui peuvent nous dire s'ils ont une qualité gustative un peu sympathique.
05:53Et donc, on a deux gros clients qui sont le Bistrot d'Elo sur Verdun et Quentin Pierre qui a le restaurant La Mangeoire à Nonsard, qui sont des...
06:02Récemment étoilé au Michelin.
06:04Alors, il n'est pas étoilé, je crois, je crois qu'il est référencé comme...
06:08Alors, je ne sais pas.
06:09Ou la guide gourmand.
06:09Oui, voilà, il est au guide gourmand.
06:11Exactement, oui.
06:12Le bon rapport qualité-prix.
06:13Oui, c'est ça.
06:14Donc, c'est sympa de travailler pour des gens comme ça, qui ont une créativité et avec
06:17qui on essaye aussi de voir notre assolement, c'est-à-dire qu'ils nous demandent des choses
06:20en début de saison, en hiver, et on essaye, dans la mesure du possible, d'essayer de leur
06:24apporter des choses qu'ils ont du mal à trouver dans un circuit de distribution plus classique
06:29qui est dirigé vers eux, quoi.
06:31Oui, puis ça vous fait grandir dans la relation avec un professionnel de la cuisine.
06:36Vous apprenez des choses, une forme de constance, de volume aussi, parce que des fois,
06:40vous êtes surpris.
06:41Oui, de choix variétal aussi.
06:42Nous, on ne va pas choisir tel ou tel...
06:44En fait, on va peut-être aussi choisir tel ou tel légume pour tel ou tel chef parce
06:48que ça va leur amener quelque chose qu'ils ne trouvent pas, justement.
06:51On peut nous permettre de faire des petites séries de légumes pour eux, que pour eux, par
06:57exemple, du brocoli violet qui va amener une petite touche de couleur dans leurs assiettes.
07:02Ça, c'est sympa.
07:03Merci beaucoup, Damien.
07:04On n'a pas fini de travailler avec les chefs puisque je te donne rendez-vous en septembre
07:09prochain.
07:10Il y a un chef étoilé, on ne va pas donner le nom maintenant, que tu vas rencontrer et
07:14à qui tu vas proposer tes produits pour les cuisiner.
07:16Ça sera avec grand plaisir.
07:17Alors, je te dis à très bientôt et encore merci pour ton accueil.
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