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Narcotrafic : «Le crime n'a pas de frontière», alerte Michel Claise
Europe 1
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il y a 2 jours
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00:00
Il est 7h11 sur Europe 1, Dimitri Pavlenko, vous recevez ce matin le magistrat honoraire de Belgique, Michel Claes.
00:06
Bonjour Michel Claes.
00:08
Oui, bonjour.
00:09
Bienvenue sur Europe 1. Vous êtes à la Belgique, l'équivalent pour la France d'un Renault Van Riembeek.
00:14
Vous avez été avocat, juge d'instruction et aujourd'hui vous êtes en retraite.
00:17
Mais évidemment vous suivez l'actualité dans nos deux pays et l'un des faits majeurs chez vous comme chez nous,
00:23
c'est clairement la montée en puissance du narcotrafic.
00:26
Je vais citer le nouveau président d'Interpol, le français Lucas Philippe, il était interviewé dans le JDD hier.
00:32
Il expliquait qu'avant le narcotrafic c'était un sujet métier, autrement dit un truc de flic et de juge,
00:37
un truc d'enquête qui n'intéressait pas grand monde.
00:39
Aujourd'hui c'est devenu un sujet politique tellement ça a pris d'importance.
00:43
Je voudrais que vous nous décriviez peut-être pour commencer Michel Claes le phénomène du narcotrafic en Belgique
00:48
pour que les auditeurs d'Europe 1 se rendent bien compte. De quoi on parle ?
00:52
Mais on parle de montants tout à fait considérables en importation de produits divers et variés.
00:59
Nous avons en Belgique le port d'Anvers, vous avez 20 km de quai,
01:03
une incapacité totale de gérer l'importation de produits illicites, dont la cocaïne.
01:08
S'ajoute à la cocaïne bien entendu encore l'héroïne, la résine de cannabis, le fentanyl, etc.
01:13
Donc le phénomène des narcotrafics, c'est un phénomène qui a commencé son amplification il y a une quinzaine d'années
01:20
et nous avions déjà à plusieurs tiré la sonnette d'alarme en disant que ça allait prendre des proportions gigantesques.
01:26
Et voilà, nous connaissons donc aujourd'hui une situation tout à fait catastrophique.
01:31
Les aéroports sont tout autant impactés et il n'y a pas que la mochromafia,
01:36
il y a la mafia albanaise qui occupe une part extrêmement importante du marché.
01:39
Et quand on mêle le tout, on se retrouve dans une situation sécuritaire épouvantable avec des tirs dans les rues.
01:46
Et en même temps, surtout, ce qu'on néglige par-dessus tout, c'est de parler des chiffres colossaux
01:50
qu'engrangent ces organisations criminelles et que nous ne maîtrisons plus.
01:55
J'ai donné deux, trois chiffres. Rien que dans le port d'Anvers, l'an dernier, plus de 100 tonnes de cocaïne saisie.
01:59
C'est plus que l'ensemble des saisies faites en France.
02:03
Les douanes belges estiment qu'elles n'interceptent que 10 à 40% de la cocaïne.
02:08
Vous avez dit, Michel Claes, à l'instant, que le phénomène s'est mis à fortement progresser il y a 10-15 ans.
02:13
Qu'est-ce qui s'est passé ? C'est quoi l'histoire cachée de ce trafic de la cocaïne
02:18
qui prend une ampleur démentielle aujourd'hui ?
02:22
Il y a plusieurs raisons.
02:23
Alors, une des premières raisons, c'est évidemment l'aspect financier.
02:26
Alors, quand on sait sur les coûts téléphoniques qu'un gramme de cocaïne est vendu pur 50 euros,
02:32
faites le compte, rien qu'à Anvers, par rapport aux bénéfices que rapporte ce trafic.
02:39
Alors, vous imaginez que non seulement on arrive peut-être à 50 milliards par an, rien que sur Anvers,
02:44
mais vous multipliez ça par les montants investis l'année précédente et l'année précédente et qui sont blanchis.
02:50
Donc, vous imaginez que la puissance financière de ces organisations criminelles
02:54
leur permet d'utiliser tous les moyens chimiques,
02:56
tels que la carbonisation de la cocaïne, pour permettre d'éviter les contrôles douaniers.
03:00
Alors, vous ajoutez aussi l'augmentation de la consommation pour diverses raisons.
03:06
Une raison, c'est bien entendu le divertissement,
03:08
mais c'est aussi les malheureux qui tombent dans l'addiction par tous les problèmes sociaux que nous connaissons.
03:12
Et puis, surtout, nous constatons également que les États,
03:16
et je pense que ni la France, ni la Belgique, ni échappent,
03:18
c'est évidemment ce manque de moyens policiers en termes de magistrature
03:21
pour lutter contre ce phénomène.
03:23
Parce qu'on n'en a pas vraiment tenu compte il y a 10-15 ans,
03:26
et maintenant, nous en subissons toutes les conséquences.
03:27
Il n'y a pas que le problème de la sécurité dans les rues avec les gens qui se tirent dessus,
03:31
il y a aussi le problème de la puissance financière que, actuellement, nous ne maîtrisons plus.
03:35
Oui, avec cette corruption qu'on voit d'ailleurs,
03:39
on en a des petits aperçus dans les nombreux dossiers
03:42
qui arrivent entre les mains de la police et de la justice,
03:44
avec des douaniers, des agents des ports qui sont concernés,
03:48
mais de plus en plus aussi dans l'appareil judiciaire.
03:50
L'actuel procureur de Bruxelles, il s'appelle Julien Moinil,
03:53
il est surnommé Batman en Belgique,
03:55
parce que c'est vraiment le visage de la lutte contre le narcotrafic dans votre pays.
04:00
Michel Claes, il vit désormais sous protection renforcée jour et nuit,
04:04
un attentat le visant a même été déjoué la semaine dernière.
04:07
Michel Claes, qu'est-ce que ça vous inspire ?
04:10
Écoutez, d'ailleurs ce n'est pas récent,
04:13
parce que la personnalité de Julien Moinil est tout à fait particulière,
04:15
c'est véritablement une espèce, effectivement, de super-héros,
04:19
donc il a été sous protection, ça fait des années qu'il est sous protection.
04:21
Il n'y a pas que le problème des narcotrafiquants qu'il avait rencontrés.
04:24
Mais là, par contre, nous atteignons des sommets,
04:27
dans la mesure où effectivement, vous avez non seulement Julien Moinil,
04:30
mais également un juge d'instruction renverse, placé en safe house.
04:33
Le safe house, c'est le principe d'être dans une maison,
04:35
et on ne sait pas où vous êtes, votre famille ne sait pas,
04:37
vous êtes tout à fait coupé du monde en termes de protection.
04:40
Alors ce qui se passe, c'est une véritable catastrophe,
04:42
parce que vous imaginez que l'accroissement du phénomène
04:45
va jusqu'à la menace des magistrats.
04:47
Est-ce qu'on va retomber dans la période de Falcone et Borsellino
04:50
en Sicile avec la mafia sicilienne ?
04:52
En tout cas, on est bien parti pour le faire.
04:54
Donc je pense que l'urgence de réaction par rapport à cela,
04:57
elle est là.
04:58
Et malheureusement, je vous le dis,
05:00
nous ne connaissons pas en Belgique
05:01
la réaction politique suffisante pour lutter contre le phénomène.
05:04
Oui, et on peut se poser la question de ce qu'il se lancera
05:07
en France dans quelques années,
05:10
vu ce qui se passe en Belgique.
05:11
Je voudrais aussi vous faire réagir, Michel Claes,
05:16
à ces informations qui nous remontent.
05:19
Ces Marseillais, cette DZ Mafia,
05:21
dont on voit maintenant la présence,
05:24
on l'a constaté notamment à Anderlecht,
05:28
donc dans la banlieue de Bruxelles.
05:32
On sait aussi, Michel Claes,
05:33
que c'est des échanges qui vont dans les deux sens.
05:35
Il y a des Marseillais et des Français en Belgique,
05:38
mais aussi des Belges en France.
05:39
Qu'est-ce que ça nous dit, ça ?
05:41
Tout simplement que le crime n'a pas de frontières.
05:44
Je pense que c'est la seule conclusion à en tirer.
05:46
Elle est simple.
05:47
Il n'y a pas que le problème de l'échange
05:48
entre Marseille et Bruxelles.
05:49
Vous imaginez que ça part également à Tirana.
05:51
Ça remonte en Équateur, en Colombie, au Mexique.
05:54
Bon, le crime sans frontières,
05:58
mais ça, c'est la réalité totale
05:59
à laquelle nous sommes confrontés.
06:01
Et l'exercice de la répression,
06:03
elle, se heurte toujours à l'existence de frontières.
06:05
Les collaborations internationales,
06:06
et comme on l'a vu, bien sûr,
06:07
entre les échanges, entre les procureurs
06:10
de Marseille et de Bruxelles,
06:11
cela fonctionne.
06:12
Ce sont des entraides qui sont nécessaires
06:15
pour identifier les membres
06:17
des organisations criminelles,
06:18
de mieux lutter contre elles.
06:19
Mais c'est, bien entendu, totalement insuffisant.
06:21
Merci beaucoup Michel Claes
06:23
d'avoir été avec nous en direct
06:25
sur Europe 1 ce matin.
06:26
Je rappelle que vous êtes
06:26
magistrat honoraire de Belgique.
06:28
Merci beaucoup de vos lumières.
06:30
Au plaisir de vous reparler très rapidement.
06:32
Bonne journée à vous.
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