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00:00Bonjour, la paix en Ukraine, on peine à y croire après bientôt 4 ans de guerre et on est encore très loin sur place où les attaques russes redoublent d'intensité.
00:17Et pourtant, un vent d'espoir souffre depuis peu sur les chancelleries, car passé le choc à la découverte du plan initial de Donald Trump,
00:24les allers-retours entre Américains et Européens ont semble-t-il abouti à une version plus acceptable pour Kiev, le sera-t-elle pour Moscou et pour le peuple russe ?
00:33C'est tout l'enjeu des prochains jours, comme on va le voir avec vous, Olga Prokopieva, directrice de l'ONG Russie Liberté.
00:39Mais revenons d'abord à l'état des négociations en images avec Luc Lacroix pour France 2.
00:45Sur le terrain, la paix semble encore bien loin. De nouvelles frappes russes avec un lourd bilan, 7 morts, 19 blessés.
00:54La Russie, aussi, touchée par des frappes dans cette région proche de l'Ukraine.
01:03Mais de l'autre côté de l'Atlantique, Donald Trump lui veut y croire.
01:08Je pense que nous approchons d'un accord, on verra bien.
01:11Même optimiste. Côté britannique, les alliés de l'Ukraine pensent avoir obtenu un plan qui lui serait plus favorable.
01:18Mais les Russes seront-ils prêts à accepter ce nouveau plan ?
01:21Il n'y a aujourd'hui clairement pas de volonté russe d'avoir un cessez-le-feu.
01:25Car après avoir affronté les réticences des Ukrainiens, Donald Trump pourrait affronter celle de Vladimir Poutine.
01:31La seule raison qui pourrait pousser le président russe à changer d'avis, ce serait que Donald Trump, le président américain, rentre dans un rapport de force.
01:38Que poussé par le président ukrainien et par les Européens, ils finissent par reconnaître que dans cette affaire, il y a un agresseur et il y a un agressé.
01:48Pour poursuivre la négociation, Volodymyr Zelensky a fait savoir qu'il était prêt à se rendre en Floride pour rencontrer Donald Trump.
01:55Et Steve Witkoff, l'émissaire de Donald Trump, lui, doit se rendre à Moscou dans les prochains jours pour rendre compte des évolutions apportées au plan Trump.
02:06Olga Prokopieva, on est à un moment charnière.
02:08On a envie de croire à une paix, bien sûr. On a envie de croire que ça peut aboutir à quelque chose.
02:15Pour le moment, ça semble quand même assez difficile au vu des conditions presque de capitulation qui ont été initialement imposées à l'Ukraine.
02:24S'il y a paix, il faut qu'il y ait une paix durable sur les conditions aussi favorables pour l'Ukraine, favorables pour l'Europe.
02:31Poutine ne comprend qu'un rapport de force. Est-ce qu'il cédera face à de telles négociations ?
02:36On ne sait pas. Et l'important, et surtout ce qu'il ne faut pas oublier dans ces négociations, qui risque de prendre du temps,
02:42parce qu'il y a beaucoup de priorités qui semblent plutôt géopolitiques, territoriales, mais ce qu'on semble oublier, c'est la dimension humaine.
02:50Et là, c'est tout l'objet de la campagne que nous portons, notre association Russie Liberté, ensemble avec une coalition d'ONG internationale,
02:58qui s'appelle People First, qui exige qu'il y ait avant tout une priorité sur la libération des personnes, des humains,
03:06qui sont otages de cette guerre. Aujourd'hui, l'Ukraine compte plus de 70 000 personnes portées disparues,
03:1315 000 civils qui sont otages du Kremlin, détenus dans des prisons, dans des conditions terribles,
03:19sur les territoires occupés d'Ukraine, en Russie aussi.
03:22Et on veut qu'avant tout, et on pense que ça peut être un pas plus facile à atteindre finalement en priorité,
03:28c'est la libération de tous ces prisonniers de guerre, prisonniers civils ukrainiens aussi détenus partout en Russie et sur les territoires occupés,
03:38et aussi la libération des prisonniers politiques russes, parce qu'il y a aujourd'hui plus de 4 640 prisonniers au dernier chiffre des défenseurs des droits humains russes,
03:48et bien sûr le retour des enfants ukrainiens déportés de force en Russie.
03:52Donc tout cet enjeu humain, cette dimension humaine doit être la priorité.
03:58On a adressé un courrier, un appel aux dirigeants européens, à Donald Trump aussi,
04:03que cette dimension soit le premier point de toute négociation.
04:07Oui, parce que les échanges de prisonniers, on le sait, c'est l'un des rares sujets sur lesquels l'Ukraine et la Russie parviennent encore de temps à autre à s'entendre.
04:15On en oublie effectivement le sort de ces civils, qui ne figurent pas d'ailleurs dans le plan 28 points de Donald Trump.
04:21De ce point de vue-là, vous avez été choquée de voir même une proposition d'amnistie générale pour tous les crimes commis durant la guerre ?
04:27Alors il ne s'agit pas d'amnistier les crimes commis par le régime de Poutine, qu'on soit bien clair, parce qu'il faut que...
04:34Ce qui figure dans le plan de Donald Trump, le plan initial en tout cas.
04:38C'est totalement inacceptable. Heureusement que ce plan a été retravaillé, parce qu'il faut que, bien sûr, les commanditaires de ces crimes,
04:47le Kremlin, tous les responsables qui ont mené, qui ont encouragé, tous ceux qui ont fait de la propagande pour cette guerre,
04:55pour pousser plus loin, pour endoctriner la population, tous ces gens doivent être jugés.
05:00Et cela fait partie d'ailleurs des travaux qui sont menés par l'opposition démocratique russe,
05:06qui demandent à ce que, quand il y aura une transition démocratique russe, la première chose qu'il faut exiger de ce régime,
05:12avant toute levée de sanctions ou quoi que ce soit, c'est que les responsables de cette guerre d'agression soient jugés.
05:18Encore faut-il que la Russie veuille de la paix, a fortiori d'un cessez-le-feu,
05:24elle qui intensifie au contraire ces attaques, ciblant les immeubles d'habitation et les infrastructures d'énergie de l'Ukraine.
05:30C'est un reportage de Marc De Chalvon pour France Télévisions.
05:33Ces dernières semaines, à un rythme effréné, l'armée russe frappe les infrastructures énergétiques de l'Ukraine.
05:41117 ont été ciblées rien qu'au mois d'octobre.
05:43Cette centrale électrique a été en partie détruite il y a peu.
05:50Les techniciens sont à l'oeuvre pour essayer de la réparer au plus vite.
05:54Personne ici n'a été surpris par cette attaque.
05:58On sait que ça peut arriver à tout moment.
06:01Il y a des alertes toutes les nuits.
06:04Ici, c'est tombé sur nous.
06:06Certains disent qu'on est préparé pour ça, mais qu'est-ce qu'on peut faire contre ce type d'attaque ?
06:11La production électrique a été réduite de 50% par rapport à son niveau d'avant la guerre.
06:17L'Ukraine se retrouve obligée de gérer la pénurie.
06:21Kiev, plongée dans le noir à la tombée de la nuit.
06:24Les quartiers de la capitale sont à tour de rôle coupé du réseau pour économiser l'électricité.
06:30Pour les habitants, c'est une galère.
06:33Cette femme doit monter 24 étages pour rentrer chez elle.
06:37Je ne me sens pas très bien, car je suis enceinte.
06:43Xenia Kojevnikovane ne sait pas comment elle fera dans les prochains mois.
06:47Elle doit accoucher en mars prochain.
06:49Et face à ces nuits d'alerte et ces pénuries d'électricité, comment s'en sortent les Ukrainiens, Gulliver-Krag ?
06:59Les groupes électrogènes font désormais partie du paysage en Ukraine, permettant aux cafés et aux magasins de fonctionner, même pendant des coupures de courant de 7 à 8 heures par jour.
07:08Les hôpitaux et les ateliers de drones aussi, ce qui est plus essentiel.
07:11Pour les particuliers, c'est plus compliqué.
07:13Les plus aisés ont pu s'acheter des stations d'énergie portables, mais pour la plupart des Ukrainiens, ces méga-batteries sont trop chères.
07:19Sans électricité, les ascenseurs ne fonctionnent pas.
07:22Nombreux sont ceux qui doivent grimper 15 étages pour arriver chez eux.
07:25Ils affrontent en général tout cela avec stoïcisme et humour, mais la colère est là aussi.
07:30Contre les Russes, bien sûr, mais aussi contre les Occidentaux qui ne mettraient pas assez de pression sur Vladimir Poutine.
07:36Et puis cette année, ce qui est nouveau contre le président Volodymyr Zelensky et son équipe aussi.
07:40Non pas parce qu'ils ne feraient pas assez pour négocier la paix, la perception, et qu'ils font tout ce qu'ils peuvent en ce sens,
07:45mais parce que, selon les enquêteurs, des millions de dollars destinés à mieux protéger les réseaux électriques des frappes russes
07:51auraient été volés dans un vaste système de corruption impliquant des proches du président,
07:56et notamment son bras droit, André Yermak, dont l'appartement à Kiev a été perquisitionné vendredi matin.
08:03Olga Prokopiéva, on le voit, la situation est très dure en Ukraine, avec en août ce scandale qui entache.
08:08L'image des autorités auprès d'une population qui souffre.
08:12Les Russes, où en est leur morale à eux après quatre ans de guerre ?
08:15Ils subissent aussi les pénuries ou bien ils ne voient pas l'impact de la guerre dans leur quotidien ?
08:20C'est très difficile de connaître la réalité du sentiment des Russes, puisque la Russie a aujourd'hui une dictature,
08:27où pour le mot « guerre », on se fait emprisonner pour de très longues années.
08:31Donc il n'y a aucun sondage d'opinion véritablement fiable qui peut nous dire quelle est la véritable opinion de la population russe.
08:40Toutefois, l'ensemble des signaux montrent que la population est tout de même fatiguée par la guerre et veut une paix.
08:46– Elle ressent la guerre, cette population, dans ses conditions matérielles ?
08:51– Dans ses conditions, il y a une inflation très forte, l'économie russe va très mal, les économistes le disent beaucoup,
08:58et aussi ça se ressent bien sûr sur le pouvoir d'achat, etc.
09:01Mais aussi dans les régions du sud de la Russie typiquement, les gens ressentent vraiment la guerre,
09:06parce qu'il y a aussi des opérations militaires.
09:08Et c'est très peu connu dans toute la Russie, parce que la propagande fait tout pour cacher la souffrance de certaines personnes,
09:16aussi la souffrance des familles dont les maris ou les enfants sont au front.
09:21Il y a quand même 150 000 soldats russes morts en Ukraine.
09:25Mais toute cette vérité essaye d'être cachée par la machine de propagande du Kremlin,
09:31ce qui fait que les Russes, globalement, ont très peu de prise de conscience jusqu'où de l'étendue de la catastrophe de cette guerre.
09:41– Témoigne cette contestation tout de même, certaines voix qui commencent à se faire entendre,
09:45alors que les primes de guerre pour les familles de soldats tués au front baissent,
09:50voire même ne sont plus payées par certaines régions.
09:52– Oui, alors que la situation économique étant très complexe et une crise budgétaire en Russie,
09:58les économistes russes en exil en parlent beaucoup.
10:02Je vous invite à suivre, par exemple, Vladimir Milov qui explique cela dans le détail.
10:08Et les primes qui étaient exorbitantes au début de la guerre,
10:13payées aux contractuels qui signaient le contrat, parfois sous la pression,
10:19sous la menace, mais bien sûr motivées par ces sommes qu'ils ne pourraient jamais gagner dans leur vie normale.
10:25C'est cinq fois le salaire moyen.
10:28Donc ils sont très motivés par ces primes.
10:31Et aujourd'hui, elles tendent à être réduites.
10:35Ça dépend des régions dans lesquelles il y a une politique différente de recrutement militaire.
10:41Mais bien sûr, cette première motivation financière,
10:44si l'économie russe va mal aussi à cause et grâce, on va dire, des sanctions,
10:49internationales, fait que l'effort de guerre ralentit.
10:54Les gens ont moins cette motivation financière à s'enrôler dans la guerre.
10:58Et puis bien sûr aussi la situation catastrophique, tout simplement, de l'armée russe.
11:02Ou même contre les propres soldats, il y a des crimes de guerre qui sont commis.
11:06Ils sont dans des conditions de torture.
11:08Ils ont très peu de solutions, parfois, de s'échapper.
11:11Ils sont envoyés au front comme de la chair à canon.
11:15Et tout cela aussi se fait savoir de plus en plus dans la société russe.
11:20En tout cas, le doute s'est immiscé dans le camp occidental.
11:24Sur les intentions réelles de Donald Trump, longtemps soupçonné de complaisance envers Moscou,
11:29le président américain semble avoir définitivement tombé le masque
11:33lorsque son plan de paix pour l'Ukraine a été rendu public.
11:35Dianne Schlinger pour France 2.
11:39Donald Trump est-il prêt à tout pour résoudre le conflit
11:42jusqu'à devenir le porte-voix de Vladimir Poutine ?
11:45Car sur le plan de paix présenté ce week-end officiellement comme américain,
11:49c'est bien l'ombre de la Russie qui plane jusqu'à faire douter les dirigeants européens.
11:54Avant de commencer à travailler, ce serait bien de savoir de façon certaine
11:57qui est l'auteur de ce plan et où il a été créé.
11:5928 points avec quasiment que des concessions ukrainiennes
12:02et peu de garanties de sécurité.
12:04Mais surtout des tournures de phrases intrigues, pas très anglaises,
12:07comme si c'était une mauvaise traduction automatique depuis le russe.
12:11Et le vocabulaire typique du Kremlin est même utilisé.
12:15Toute idéologie et activité nazie doivent être rejetées et interdites.
12:20Même dans le camp de Trump, certains sénateurs républicains tombent des nus.
12:24On s'est rapproché du gouvernement.
12:25On leur a dit, vous pouvez nous expliquer,
12:27ça ne ressemble pas à un document qui vient de notre administration,
12:30surtout la façon dont c'est écrit.
12:31On dirait que ça a été écrit à l'origine en russe.
12:36La polémique enfle.
12:37Le secrétaire d'État américain dément,
12:39affirme que les États-Unis sont bien l'auteur de ce plan.
12:42On a eu des pourparlers avec les deux côtés
12:45et ça a mené à ce document de base qui est amené à évoluer.
12:47Mais selon plusieurs médias américains,
12:51ce plan aurait été concocté fin octobre à Miami,
12:54lors de réunions secrètes entre le diplomate américain Steve Witkoff
12:57et Kyril Dimitriev, un homme d'affaires russe proche de Poutine,
13:01sans que l'Ukraine ou l'Europe ne soient consultées.
13:03Et il y avait, on vient de le voir dans ce reportage,
13:08un personnage central côté russe, Kyril Dimitriev.
13:12C'est lui, ce conseiller de l'ombre de Vladimir Poutine,
13:14qui aurait soufflé le plan de paix aux Américains, Maya Anaïsiat-Aguen.
13:18Et oui, vous découvrez derrière moi son impressionnant CV,
13:20des études à Stanford, des études à Harvard
13:23et puis une carrière qui commence à Goldman Sachs
13:25et ensuite à McKinsey.
13:27Alors il est souvent décrit comme un technocrate de l'ombre,
13:31cet homme, il n'est visible que depuis peu,
13:33mais en réalité c'est un financier et un négociateur politique très chevronné.
13:38Il faut dire que Kyril Dimitriev, il connaît très bien l'Ukraine
13:41car il y est lui-même né en 1975,
13:43même s'il préfère se définir comme, je cite,
13:46un enfant de l'Union soviétique.
13:48Alors comment quelqu'un qui a obtenu la nationalité russe
13:51dans les années 2000, à son retour des Etats-Unis,
13:54comment a-t-il pu obtenir, gagner la confiance de Vladimir Poutine ?
13:58Eh bien très certainement grâce à deux personnages clés.
14:01Le premier, c'est une femme, celle que vous voyez ici,
14:04sa femme, Natalia Popova, il l'a épousée en 2011.
14:07Il s'avère que c'est une amie d'enfance d'une des filles de Vladimir Poutine.
14:11Et le deuxième personnage clé, il est juste ici,
14:14c'est Sergei Ivanov, à l'époque c'est le bras droit du chef du Kremlin.
14:18Et c'est lui qui a nommé Dmitriev en tant que directeur du fonds Souverain Russe,
14:23toujours en 2011.
14:24Alors c'est un poste qui lui permet de négocier avec les plus grandes puissances
14:27et puis de se transformer en VRP du vaccin russe Poutnik V
14:31au moment de la pandémie de Covid.
14:33Grâce à ses résultats, il devient envoyé spécial économique de Vladimir Poutine
14:38et puis invité régulier des médias conservateurs américains.
14:42Parce que les relations aux Etats-Unis de Dmitriev,
14:45elles sont très importantes et non des moindres.
14:47Vous en voyez un exemple ici.
14:49Jared Kushner, c'est le gendre de Donald Trump.
14:52Et c'est grâce à cette relation que dès 2017,
14:54Dmitriev a réussi à créer une ligne entre le Kremlin et la Maison-Blanche,
14:59bien loin de tous les canaux diplomatiques traditionnels.
15:01– Olga Prokopieva, vous avez été surprise d'apprendre dans la presse
15:06les discussions qui ont eu lieu entre Steve Whitkoff,
15:08l'émissaire américain, Jared Kushner, le gendre de Donald Trump,
15:11et côté russe, Kirill Dimitriev et Yuri Uchakov,
15:15le conseiller diplomatique de Vladimir Poutine.
15:18Vous imaginez une telle imbrication entre les deux administrations ?
15:21– Eh bien, on sait qu'il y a des relations entre Trump et son entourage,
15:26et le Kremlin et le FSB depuis de très nombreuses années.
15:30L'ouvrage de Denis Janté sur notre homme à Washington en parle très très bien.
15:37– Qui a été lui-même correspondant de France 24 en Géorgie et dans la région.
15:40– Exactement, et cela depuis les années 90.
15:44Mais bien sûr, c'est choquant aujourd'hui qu'à ce niveau-là,
15:48dans un moment comme ça crucial de négociation de paix,
15:51que ce soit un plan écrit peut-être par le Kremlin,
15:54en effet, qui soit imposé aux États-Unis et bien sûr à l'Ukraine et à l'Europe.
16:00Et heureusement qu'il y a eu ces négociations qui se sont poursuivies
16:03avec la participation des Européens qui sont derrière l'Ukraine.
16:08Il faut absolument soutenir dans ce cas-là l'Ukraine
16:11pour qu'elle ne soit pas forcée de signer un plan qui soit une capitulation.
16:17Et il faut continuer que l'Europe, la France, la coalition des volontaires
16:21aide l'Ukraine à trouver ce plan de paix qui soit vraiment durable
16:26et qui soit plus humaniste et qui respecte la souveraineté territoriale
16:32et les conditions que l'Ukraine, elle, serait prête à signer
16:36et pas uniquement Poutine et Trump.
16:38– La guerre, voilà en tout cas un mot qu'on avait oublié en Europe
16:41depuis la dislocation de l'Empire soviétique.
16:43La menace est revenue au cœur des discussions ici même en France
16:47avec la déclaration du chef d'état-major des armées, le général Mandon.
16:50Écoutez.
16:51– Si notre pays flanche parce qu'il n'est pas prêt à accepter
16:56de perdre ses enfants parce qu'il faut dire les choses,
17:04de souffrir économiquement parce que les priorités iront
17:07à de la production de défense par exemple.
17:13Si on n'est pas prêt à ça, alors on est en risque.
17:16– Des déclarations qui inquiètent, qui ont même choqué une partie des Français
17:21et pourtant la Russie de Vladimir Poutine se réarme.
17:25Dans quel but ? Reportage de Maris Burgaud pour France 2.
17:28– Quand on parle de menaces russes, il y a ce qui est visible.
17:32Vladimir Poutine l'expose au monde chaque année.
17:36– Mais il y a aussi une menace militaire beaucoup plus discrète.
17:40Elle se multiplie aux frontières de l'Europe.
17:45Voyez ce site militaire russe de Kamenka.
17:49Il est tout près de la Finlande, un pays allié de la France au sein de l'OTAN.
17:53Août 2022, cette partie de la base n'est pas occupée.
17:58Octobre 2025, de nombreuses toiles de tentes apparaissent
18:03comme s'il fallait accueillir plus de soldats russes aux frontières de l'Europe.
18:07– Si vous voulez, la Russie a déclaré la guerre à l'Europe d'une certaine manière.
18:12Différents scénarios sont sur la table, mais on peut envisager un raid même très ponctuel
18:17sur un pays de l'OTAN pour voir la volonté des Européens de réagir ou de ne pas réagir.
18:23– Cyberattaque, sabotage, c'est aussi cela la menace contre l'Europe et la France.
18:29– La cyberattaque est également un mode d'action et la cyberattaque connaît très peu de frontières nationales.
18:35– Ces différentes attaques expliquent la volonté de l'État français
18:39de préparer l'opinion à une confrontation possible.
18:43– Olga Prokopieva, la Russie produit désormais plus d'équipements de défense civile
18:50qu'elle n'en consomme sur le front pour les utiliser ailleurs.
18:53D'après vous, quelles sont les intentions de Vladimir Poutine ?
18:56– Eh bien, je ne saurais pas lire dans la tête de Vladimir Poutine,
19:00je ne suis pas une experte militaire, mais le régime de Poutine s'est construit sur la guerre.
19:06Aujourd'hui, c'est une vraie dictature de guerre.
19:10Il est dépendant, c'est dans sa tactique, c'est dans sa stratégie.
19:14On ne sait pas jusqu'où il peut aller.
19:17Il faut maintenir un rapport de force avec ce régime,
19:20parce qu'il ne parle que comme ça, il ne résonne que comme ça.
19:24Il y a des opérations de déstabilisation aujourd'hui partout en Europe,
19:28des ingérences électorales dans les élections européennes,
19:31des ingérences de déstabilisation des fragilités sociétales.
19:36En France, des cyberattaques sur des hôpitaux.
19:38Donc, il y a déjà une agression, on va dire, sur l'Europe et bien sûr sur l'Ukraine,
19:47où il faut être avant tout dans le soutien de la résistance ukrainienne.
19:51Mais il faut aussi maintenir un rapport de force, de dissuasion,
19:58parce que c'est comme ça que résonne ce régime et on ne sait pas jusqu'où il peut aller, c'est sûr.
20:05Mais ce que je voudrais aussi dire là-dessus, c'est qu'il faut aussi réfléchir au fait que la Russie,
20:12ce n'est pas que Poutine, c'est 140 millions d'habitants qui aspirent aussi à la démocratie et à la liberté.
20:19On l'a vu très récemment avec les manifestations de rue,
20:24les rassemblements de rue pour la chanteuse Naoko,
20:28la chanteuse qui a réuni des centaines de personnes, des jeunes de 18, 20 ans,
20:33qui chantaient des chansons de musiciens, d'artistes russes,
20:37qui sont désignés agents de l'étranger et qui sont exilés de Russie.
20:40Cette aspiration de la jeunesse à de la liberté, tout simplement,
20:44à chanter des chansons qu'ils ont envie de chanter, de critiquer le régime, de critiquer la guerre,
20:49montre qu'il y a un vivier dans la société civile à l'intérieur de la Russie.
20:53Il y a une étude aussi très intéressante de Novaya Gazeta Europe
20:56qui montre qu'il y a plus de 30 actes de contestation par jour en Russie.
21:00Alors ça peut être des pétitions, ça peut être des lettres ouvertes,
21:04ça peut être des piquets solitaires sur des questions très diverses et variées,
21:08sur l'écologie, les conditions de pouvoir d'achat, etc.
21:12Mais ça montre que des gens sont prêts finalement à revendiquer leurs droits,
21:17à revendiquer leurs aspirations.
21:20Et il faut encourager cette société civile-là.
21:23Et qu'est-ce que je veux dire, en fait, concrètement derrière ça,
21:26c'est qu'il faut laisser une porte ouverte en Europe,
21:28ne pas fermer les frontières à tous les Russes,
21:32aider ceux qui résistent avec des systèmes de visa humanitaire,
21:36des systèmes d'asile pour ceux qui osent vraiment se confronter à ce régime
21:41et qui doivent ensuite fuir à la hâte avant de risquer d'être emprisonnés.
21:46Et il faut aussi soutenir les forces démocratiques russes en exil
21:50parce qu'il y a des personnalités imminentes de la démocratie russe qui sont en exil,
21:56qui portent la voix de cette société civile russe.
21:59Et une plateforme même a été créée au sein de l'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe,
22:03de dialogue avec cette société civile russe.
22:07Et il faut que ce type de plateforme, ce type de dialogue soit plus institutionnalisé
22:12au niveau des différentes organisations internationales,
22:14dans un dialogue avec l'État aussi, les États européens,
22:18et qu'on montre aux Russes qu'on comprend qu'ils ne sont pas tous derrière Poutine,
22:24qu'on comprend qu'il y a une voie possible de démocratisation de la Russie
22:28et qu'on soutient tous ceux qui se battent pour cette voie.
22:31Pour parer en tout cas à toute éventualité, Emmanuel Macron annonce ici en France
22:35le retour du service militaire, mais sur la base du volontariat.
22:39Maïa, Naïsia Taguane.
22:41Et oui, à l'été 2026, le service national volontaire pourra accueillir 3000 volontaires.
22:47C'est dans le titre, avec un objectif d'arriver jusqu'à 50 000 par an en 2035.
22:51Alors ce seront essentiellement des jeunes de 18 ou 19 ans,
22:55avec potentiellement, si vous avez des profils spécialisés,
22:57comme par exemple infirmiers ou analystes de données,
23:00la saillerait jusqu'à 25 ans.
23:01Le tout sur candidature, avec un engagement qui durera 10 mois.
23:06Alors comment est-ce que ça va se dérouler ?
23:07Les volontaires commenceront par un mois d'initiation
23:10et le président de la République nous dit qu'ils vont apprendre la discipline,
23:14le maniement des armes, la marche au pas ou encore des champs militaires.
23:17Et ensuite, ils rejoindront les rangs de l'armée.
23:20Alors évidemment, avec un salaire, c'est 800 euros brut minimum.
23:23Ils seront aussi nourris, logés, équipés.
23:25Tout ça va représenter un budget pour l'État,
23:28actuellement estimé à 2 milliards, plus de 2 milliards d'euros,
23:31dont une bonne part pour les infrastructures,
23:33étant donné que de nombreuses casernes ont été fermées, vendues,
23:37avec la fin de la conscription obligatoire en 1997.
23:41Et tout ça, tous ces volontaires,
23:42eh bien, ils resteront sur le territoire national.
23:46Le président de la République l'a vraiment de nombreuses fois répété.
23:49Pas question d'envoyer ces volontaires en Ukraine ou ailleurs.
23:52Et à l'issue des 10 mois de service,
23:54les différents volontaires seront intégrés à la réserve opérationnelle,
23:58avec une disponibilité demandée, jusqu'à 5 jours par an, pendant 5 ans.
24:02Merci, Maya Anaïs.
24:03Yataghen, on avait pourtant cru à une solution politique en Ukraine.
24:08C'était en 2015, à Minsk, accord de cesser le feu.
24:11Il prévoyait alors des élections dans le Donbass,
24:13les oblastes de Donetsk et Luhansk,
24:15aujourd'hui revendiquées par Moscou.
24:17Elles n'eurent jamais lieu.
24:18Retour en image sur ces négociations à l'époque,
24:20avec Marc De Chalvon pour France 2.
24:21Toute la nuit, le balai des chefs d'État et de leurs conseillers,
24:27dont certains succombedent à l'épuisement.
24:30Des discussions extrêmement tendues entre Petro Poroshenko,
24:34le président ukrainien, par moments exaspéré,
24:38et Vladimir Poutine, souvent au bord de la rupture,
24:42au point d'en casser son crayon à papier.
24:44Le président ukrainien dénonce encore les conditions inacceptables
24:49posées par son homologue russe,
24:51qu'il regarde droit dans les yeux.
24:54Deux heures plus tard, pourtant, l'accord est annoncé.
24:56Angela Merkel et François Hollande jubilent.
25:01Même si tout n'est pas encore accompli,
25:04c'est un espoir sérieux pour l'Ukraine.
25:08François Hollande peut sourire, mais il le sait,
25:11c'est un accord à minima.
25:12Plus tard dans l'après-midi, la tonalité est déjà moins optimiste.
25:19L'accord ne garantit pas qu'il y aura, dans les jours prochains,
25:24un succès durable.
25:26Un accord extrêmement fragile, donc, est déjà contesté.
25:30L'Ukraine accuse la Russie d'avoir fait entrer 50 de ses chars
25:34dans l'est du pays la nuit dernière, au moment même des négociations.
25:38Olga Prokopié va par la suite.
25:43Fin 2022, François Hollande, qui en tant que président,
25:46avait négocié pour la France l'accord de Minsk II,
25:49a reconnu que l'objectif de cet accord, dans son esprit,
25:53était en fait de donner à Kiev le temps de reconstituer
25:56ses capacités militaires.
25:58Preuve qu'à l'époque, personne, en tout cas pas lui,
26:00n'était dupe des intentions réelles de Vladimir Poutine.
26:02La Russie peut-elle se permettre de rester indéfiniment
26:05en économie de guerre ou est-ce que ça va finir par craquer ?
26:08Faut-il attendre le départ de Vladimir Poutine ou sera-t-il renversé ?
26:13Cela va dépendre de la pression qu'on va mettre sur ce régime,
26:17des sanctions qui marchent, les sanctions sur les technologies
26:21qui sont vraiment indispensables pour le renouvellement
26:25de l'industrie de guerre.
26:27Et il faut absolument maintenir cette pression dans la durée,
26:32éviter aussi contrôler le contournement des sanctions.
26:36– Les navires fantômes.
26:38– Les navires fantômes et toutes les autres technologies
26:41de pays, via les pays tiers, etc., que le Kremlin utilise
26:45pour quand même réussir à se réarmer, à se fournir certaines technologies
26:51et aussi et surtout à se refinancer en vendant son pétrole.
26:55Donc tout cela, c'est la question des sanctions
26:58qui doit continuer à être menée et aussi avec les États-Unis
27:03parce que là, une double pression serait beaucoup plus efficace
27:07et ne permettrait pas justement à la Russie à long terme
27:10de continuer perpétuellement ces guerres d'agression.
27:14– Merci beaucoup Olga Prokopieva, directrice de l'ONG Russie.
27:17Liberté d'avoir été avec nous, c'est la fin de cette émission.
27:19Vous pouvez la retrouver sur notre site internet france24.com.
27:22Rendez-vous la semaine prochaine.
27:23– Sous-titrage Société Radio-Canada
27:25–
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