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  • il y a 2 jours
Philippe-Henri Rambaud, passionné de cinéma, nous fait découvrir "Les 100 films policiers français à voir absolument". Un livre recensant 100 long-métrages comptant parmi les plus grandes réussites du cinéma français : les incontournables tels que "Peur sur la ville", "Le Clan des Siciliens" ou "Les Tontons flingueurs", mais aussi de nombreux chefs-d'œuvre méconnus. Sans oublier l'envers du décor, avec quelques anecdotes sur les tournages.
Transcription
00:00TV Liberté n'a jamais été aussi puissante, mais les tentatives de nous anéantir n'ont jamais été aussi nombreuses.
00:10Les ordres du pouvoir politico-financier pour nous priver de comptes bancaires ont dévoilé leur volonté de nous abattre.
00:17Ces attaques, aussi virulentes et basses soient-elles, trahissent en réalité leur peur.
00:22Emmanuel Macron consacre à présent des conférences entières à plaider pour un encadrement, une censure donc, des médias alternatifs.
00:29Ils ont peur que nous montrions le réel qui démonte leur narratif.
00:34Le monde imaginaire vendu par les médias est en train de s'effondrer.
00:37L'information libre portée par TV Liberté déferle sur leurs mensonges, la vague les submerge.
00:44C'est l'instant de vérité. Le système tombe et il faut encore le pousser.
00:50Mais malgré notre détermination, notre dévouement intact, les coups que l'oligarchie nous a portés ont eu des conséquences lourdes.
00:58La fermeture de nos comptes, la précarité bancaire et les obstacles administratifs auxquels nous sommes confrontés ont grévé nos budgets.
01:07Pour aborder 2026, non pas avec sérénité, mais avec assurance, vous devez vous tenir à nos côtés et nous soutenir.
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01:23Alors je compte sur vous.
01:24– Chers téléspectateurs, bonjour.
01:35Pour notre Zoom du jour, nous allons au cinéma.
01:38Et plus précisément, nous menons l'enquête autour du film policier avec Philippe-Henri Rambaud.
01:42Philippe-Henri Rambaud, bonjour.
01:43– Bonjour, Renaud Borelève.
01:44– Alors Philippe-Henri Rambaud, vous êtes un passionné cinéma qui collaborait à différentes revues.
01:49Vous êtes aussi le créateur d'un blog intitulé le filmpolicier.fr.
01:53– Exactement.
01:54– Et aujourd'hui, vous nous présentez les 100 films policiers français à voir absolument.
01:59C'est aux éditions Mareuil, Mario édition.
02:03Alors c'est plus de 90 ans de films.
02:07On commence avec La tête d'un homme de Julien Duvivier en 1933,
02:10où Harry Borge ou le commissaire Managré.
02:13Et ça va jusqu'à nos jours, jusqu'en 2023, avec Anatomie d'une chute,
02:16le film qui a eu La Palme d'Or à Cannes, des films très variés.
02:21On passe de la comédie comme Les Tontons Flingueurs
02:23à la noirceur d'une tragédie comme Le Jour Se Lève.
02:27C'est tellement prolifique qu'on se dit, mais au fond,
02:31qu'est-ce que c'est qu'un film policier finalement ?
02:34Dur de donner une définition, n'est-ce pas ?
02:36– Oui, alors le film policier, c'est vraiment…
02:41Il faut, derrière tout bon film policier, de toute façon, il y a un crime.
02:45Il y a un crime, il y a la plupart du temps une enquête, mais pas forcément.
02:49En tout cas, le crime est vraiment le nœud principal du film policier.
02:54C'est vraiment ça la base.
02:56Et après, là se déroule une enquête, le crime peut être la conclusion,
03:00le crime peut être au début, peut être pendant, peut être au milieu.
03:02Mais vraiment, le nœud principal, c'est le crime.
03:06– Voilà, ça peut être la truanderie comme dans Les Tontons Flingueurs.
03:09Ça peut être le meurtre à proprement parler, comme dans L'Assassin au Bito 21,
03:14ou dans Peur sur la Ville.
03:16Vous dites aussi que le film policier, ça se prête un peu au mélange des genres.
03:19Ça peut être drôle, ça peut être triste.
03:21On le voit par exemple avec Peur sur la Ville, qui est à la fois tendu,
03:26à la fois spectaculaire, parfois drôle, parfois triste.
03:31– Exactement, oui, c'est vrai que le film de genre, le film policier,
03:35en tout cas ce film avec ce genre particulier, après, une fois que vous avez le canevas,
03:40derrière vous avez toute une liberté de pouvoir brosser plusieurs thèmes,
03:43d'aborder avec différents styles.
03:46Effectivement, on le voit dans Peur sur la Ville, on voit effectivement,
03:50on sent, alors c'était les dialogues qui étaient de signer Francis Weber,
03:54mais on sent qu'effectivement qu'il y a parfois une certaine légèreté.
03:56Belmondo était aussi cet acteur capable de pouvoir passer un peu du rire aux larmes
04:03en une fraction de seconde, il avait cette capacité-là.
04:06Et oui, le film policier français, dans sa diversité, a suscité à la fois des parodies,
04:14a suscité aussi des parodies assez grinçantes.
04:16Alors les parodies, on pense tous au ponton flingueur, bien évidemment,
04:19mais il y a un film qui, deux ans plus tard, s'appelle La métamorphose écloporte,
04:22qui est un film aussi parodique, mais un peu plus grinçant,
04:25on est vraiment dans l'humour noir.
04:27Et puis il y a des films, oui, assez tragiques, très durs même, je pense,
04:31à Série Noire, d'Alain Corneau, ou Le choix des armes, qui est un très beau film,
04:35ou Le vent se lève, comme vous avez évidemment bien cité.
04:37– Le jour se lève plutôt.
04:39– Voilà, Le jour se lève.
04:40– Le vent se lève, oui, c'est un film un peu plus intéressant.
04:43– Dans ça, c'est Le jour se lève avec Jean Gabin et Arletti.
04:47Alors justement, puisqu'on parle de Jean Gabin,
04:49ce cinéma policier est représenté par des acteurs emblématiques.
04:51D'ailleurs, on le voit tout de suite sur la couverture,
04:54Delon, Gabin, Belmondo, Ventura, on voit aussi Daniel Auteuil.
04:58Il y a vraiment quelques figures du cinéma policier français.
05:02– Oui, on peut dire que c'est un cinéma un peu de gueule,
05:06de grande gueule, de belle gueule, de grands acteurs.
05:10Alors effectivement, Gabin, quand on pense…
05:13– Voilà, vous questionnez quelqu'un un peu dans la rue,
05:15vous lui parlez du polar français.
05:17Très rapidement, ces acteurs-là vont arriver sur le devant de la scène.
05:22Et Gabin, en plus, a eu cette particularité,
05:24c'est qu'il a été dans des rôles de grandes figures,
05:27d'un peu avant-guerre, de figures romantiques,
05:31dans Pépé le moco, ou dans Le jour se lève.
05:35Et puis après, il a eu, après la guerre, ce passage à vide,
05:37et puis il est revenu avec tout, je ne sais pas, au Grisby,
05:40pour après devenir un peu le Gabin qu'on connaît,
05:42plus posé, plus lourd, mais un gamin très puissant
05:49et qui a joué dans tous les registres,
05:53et qui a été par exemple la figure du commissaire Migret,
05:54notamment, ou dans le clan des Siciliens, où il joue le parrain.
06:01– Et alors, ce sont des acteurs, et ce sont aussi des réalisateurs.
06:05Vous citez par exemple Jean-Pierre Melville
06:06comme une des grandes références, ou la grande référence.
06:09C'est même une référence mondiale, parce qu'on le sait peu,
06:14mais il a aussi été un maître pour le chinois John Woo,
06:17pour l'américain Martin Scorsese.
06:19Il y a vraiment un… ce cinéma policier français
06:22avait acquis un prestige mondial à cette époque.
06:25– Oui, parce qu'en plus Melville avait cette particularité,
06:27c'est qu'il était extrêmement influencé par le cinéma américain,
06:30mais tout en faisant, ça a été à des rares finalement
06:35à réaliser une sorte de symbiose parfaite
06:36entre ses influences hollywoodiennes et en même temps le cinéma français.
06:41Parce que Melville, c'est aussi…
06:42Donc, il a donné quelque chose d'assez unique.
06:47J'aimerais dire que c'est un peu un ovni dans le cinéma,
06:49parce qu'avec ses peu de paroles, peu de gestes,
06:52il disait qu'il voulait faire du noir et blanc en couleurs.
06:55C'était un peu sa définition.
06:56– Oui, on va tout à fait faire avec le samoura.
06:58– Le samoura, le cercle rouge, qui est très désaturé en lumière,
07:03où il y a peu de mots.
07:05Et donc, Melville avait cette particularité-là
07:08et qui a énormément influencé effectivement le cinéma outre-Atlantique
07:13et Clonot notamment aussi.
07:17– Alors, toute cette période, celle de Jean Gabin, d'Alain Delon,
07:20de Jean-Pierre Melville, c'est un âge d'or de ce cinéma policier,
07:23vous le dites, un âge d'or qui va des années 50 jusqu'aux années 70, grosso modo.
07:30– C'est-à-dire que oui.
07:31Alors, en fait, en faisant cette sélection,
07:35sans chercher à mettre en avant plus une période que l'autre,
07:39on prend les films, on choisit les films, on choisit les films qui ont marqué
07:42et on s'aperçoit finalement, au bout du compte,
07:44que 50% des films qui sont présents dans ce livre,
07:47ce sont ces trois décennies, ces années 50, 60, 70.
07:50C'était un âge d'or, c'était un âge où vraiment il y avait énormément de monde
07:54qui allait au cinéma et que les producteurs savaient que le genre policier
07:57portait énormément.
07:58On se déplaçait pour aller voir Le Dernier Gabin,
08:00Le Dernier Belmondo, Le Dernier Delon.
08:03Et vraiment, en plus, c'était des acteurs qui aimaient ce genre-là,
08:06alimentés beaucoup par à la fois, il y a eu Simenon,
08:09puis après par la série Noire.
08:12Quand on avait aussi comme scénariste, quelqu'un comme Audiard,
08:14il aimait beaucoup scénariser des Polars.
08:16Donc, il y avait tout ça qui faisait que le succès était au rendez-vous.
08:20Comme le succès était au rendez-vous, les producteurs étaient forcément à fond
08:24pour mettre en place des bons policiers.
08:27– Alors, tout cet âge, en fait, vous le faites un peu vivre dans votre livre
08:31de façon très concrète, puisque pour chaque film,
08:33chacun de ces 100 films, vous donnez à chaque fois le point de départ,
08:36c'est-à-dire poser l'intrigue, poser les premières images du film.
08:40Voilà, vous faites attention à ne pas trop divulgager d'informations,
08:43ne pas spoiler, comme on dit dans un langage en anglais-saxon.
08:47– Oui, parce que j'ai une certaine tendance, moi, quand on me raconte un film…
08:50– Surtout dans des films comme Maigret et l'affaire Saint-Fiègre,
08:53un chef-d'œuvre méconnu, on ne veut pas connaître l'identité du meurtrier tout de suite,
08:56en effet, on a envie de garder la surprise à la fin.
09:01Donc ça, c'est la première partie.
09:03En fait, une deuxième partie, c'est sur le film.
09:04Alors, vous racontez les coulisses, en fait, souvent du tournage,
09:08par exemple, comment Jean Gabin et Innoventura ont fait connaissance
09:10sur le tournage de Touche et pas au Grisby.
09:13C'est le début d'une longue amitié, d'une longue collaboration sur de nombreux films.
09:15Vous racontez aussi comment l'un de long s'est imposé
09:18sur les tournages de Plein Soleil ou de Mélodie en sous-sol,
09:21des longs-métrages qui ont changé ensuite sa carrière.
09:25Je reçois que vous avez eu envie vraiment de rendre vivante,
09:27vraiment, cette période, de raconter un peu tous les coulisses.
09:31– C'est vraiment ce que je trouve, moi, fascinant, en fait.
09:33C'est que derrière, effectivement, il y a ce point de départ
09:36où l'idée est vraiment de donner l'eau à la bouche.
09:39C'est vraiment juste de donner les premières minutes
09:41telles qu'elles se déroulent à l'écran,
09:43donc pour donner envie aux lecteurs, en tout cas,
09:45de devenir un spectateur du film.
09:47Et puis après, voilà, sur le film, c'est vraiment l'idée,
09:50c'est de raconter comment ça s'est construit.
09:51Et c'est toujours, je trouve, très intéressant de voir
09:53que des films qui sont des chefs-d'œuvre
09:56ont été faits parfois avec des briques et des brocs.
10:00L'acteur qui était prédestiné pour le faire, en tout cas,
10:05a été, finalement, ça a été un autre acteur.
10:07Toutes ces histoires qui font que de, un peu de rebondissement,
10:11rebondissement, on est arrivé à des films
10:14qui, après, ont marqué des générations.
10:16Et je trouve ça toujours intéressant, toujours amusant,
10:18parce qu'en plus, c'est des grands caractères.
10:20Donc, c'est extrêmement vivant.
10:22C'est ce que j'ai voulu, en tout cas, rendre dans le livre.
10:25– Et après, à chaque fois, pour chaque film,
10:27un peu toute la partie technique, l'envers du décor
10:29qui est un peu la fiche technique, avec des informations précises,
10:31le nom du met en scène, des scénaristes ou du scénariste,
10:35le casting, bien sûr, et puis aussi, le succès
10:39qu'a pu avoir le film, le nombre d'entrées en salle.
10:41C'est toujours intéressant de savoir ça.
10:42Parfois, des films qui ont pu avoir un certain succès
10:44à une époque, être oubliés, d'autres, avoir peu de succès,
10:47être redécouverts après, au fur et à mesure des années.
10:51– Oui, le nombre d'entrées en salle est toujours intéressant.
10:54On voit d'ailleurs qu'il y a des chiffres
10:57qui sont absolument incroyables.
10:58Dans les années 50, les films faisaient régulièrement
11:00plus de 3 millions, 4 millions d'entrées.
11:03Et en fait, aujourd'hui, un film qui dépasse
11:05les 500 000, 600 000 entrées est déjà bien.
11:09Donc, on voit que l'affluence, le cinéma est un art
11:13qui, malheureusement, beaucoup de gens vont beaucoup moins au cinéma.
11:16Et puis surtout, effectivement, c'est de voir
11:17que des films qui n'ont pas eu ou peu eu de succès à leur époque,
11:22je pense notamment, par exemple, un film qui est assez oublié,
11:25mais qui trouve un sérieux vraiment intéressant,
11:26qui s'appelle le bar du téléphone, de Claude Barrois,
11:29qui est un film qui est un peu à la…
11:31une sorte de cheville ouvrière entre le…
11:33une sorte d'hommage au polar de Melville
11:35et qui se déroule dans le début des années 80
11:38et qui est vraiment absolument formidable.
11:43Je pense… voilà, j'essaie aussi de mettre en avant des films qui…
11:47alors en plus, souvent, sont restaurés récemment,
11:51donc c'est aussi l'occasion parce qu'il y a de gros travail
11:54de certains studios pour restaurer ses films, pour les remettre un peu au goût du jour.
11:57Voilà, je pense à Un si joli village avec Victor Lanoue,
12:00Jean Carmé, qui est un super film et qui est passé un peu sous silence
12:03pendant quelques années et puis là, qui revient un peu sur le devant.
12:06Et donc c'est bien, voilà, c'est un peu aussi cette idée.
12:09– Et c'est ça, parce que ce que vous dites,
12:10on trouve les immenses classiques, les incontournables,
12:14et puis les chefs-d'œuvre moins connus, gloire passée,
12:16qui est une sorte de réalité.
12:17Ce serait quoi, selon vous, les films les plus sous-cotés,
12:20vraiment les films les plus oubliés ?
12:23– Ah oui, c'est…
12:23– Il y a vraiment à redécouvrir, justement,
12:25alors à voir absolument, comme vous le dites sur votre…
12:27– Ah ben, à voir absolument.
12:28Je pense à un des premiers films, le film de Jacques Derec,
12:31qui s'appelle Symphonie pour un massacre, avec Jean Rochefort,
12:34que vraiment j'invite à voir parce que, déjà,
12:36on voit Jean Rochefort dans un emploi, un contre-emploi total,
12:39qui est très… qui est une sorte de mécanique, très brillante,
12:45pareil que Compartiment Tueur, qui est un peu plus connu,
12:48mais pareil, ce sont des films…
12:49– Les films de Costa Gavra, c'est ça.
12:50– Exactement, et qui sont vraiment des films brillants,
12:53je trouve, dans leur construction.
12:55On est vraiment dans le divertissement pur,
12:57mais c'est extrêmement bien fait.
12:59Effectivement, je vais citer Un si joli village,
13:02et après, moi, j'ai une vraie tendresse
13:03pour La métamorphose des cloportes,
13:05qui est un film qui est sorti deux ans après Les Tontons Flingueurs,
13:08qui n'a pas eu de succès.
13:10Pourquoi ? Parce que Le Tonton Flingueur
13:12était dans le genre parodie,
13:13qui était une sorte d'apothéose,
13:15et que les gens ont eu l'impression
13:16de voir un Tonton Flingueur bis.
13:19Mais il est très grinçant, il est très drôle.
13:22Ventura est exceptionnel, il y a Aznavour,
13:26il y a Pierre Brasseur,
13:28c'est une distribution qui est absolument géniale.
13:30Et pareil, Dialoguer parodiare,
13:32donc une pépite qui, là, pour le coup,
13:34mériterait une vraie restauration.
13:35– Alors, tout ça, donc, c'est tout cet âge d'or,
13:40comme on l'a dit, ça va des années 50, des années 70,
13:42et après, à partir des années 80,
13:44et surtout des années 90, le genre décline.
13:47Alors, comment expliquer ça ?
13:49Il y a la concurrence de la télévision,
13:51avec, c'est le début des Julie Lescaux,
13:54des Navarro, des Commissaires Moulins,
13:56enfin, qui sont déjà depuis la fin des années 70,
13:58et puis peut-être aussi un filon qui est épuisé,
14:01le fait que ces fameuses grandes gueules disparaissent,
14:03Jean Gabin n'est plus là, Delon et Belmondo
14:06commencent à se répéter un peu,
14:09ces fameux polaires qui étaient un peu répétitifs,
14:12au fondant.
14:13– Oui, je pense que, voilà, dans les années 80,
14:17on voit, en fait, on a, en fait,
14:20effectivement, des dégloires passées
14:22qui commencent, ça commence à décliner,
14:24je pense que des films comme Le Solitaire…
14:27– Oui, Belmondo, le film Le Solitaire de Jacques Deray
14:31aura un petit succès,
14:32et Jean-Paul Belmondo dira lui-même,
14:35c'était le polar de trop,
14:36j'en avais assez, et le public aussi.
14:38– Voilà, bon résumé, je pense.
14:40– Oui, oui, voilà, Delon, pareil,
14:43le bâton avec Delon n'est pas non plus,
14:45vraiment pas exceptionnel.
14:47Et puis, en fait, on a derrière,
14:49alors, on a quand même des films vraiment intéressants,
14:51je pense que Cléo Pantin est un film noir,
14:54bon, policier noir, mais qui est vraiment intéressant.
14:56Un peu plus tard, on a Les Spécialistes,
14:58où là, vraiment, justement,
15:00on voit arriver la jeune génération,
15:02Lanvin, Girodo, très, très, énormément d'action,
15:06ça se passe dans les Gorges du Verdon, le début,
15:08c'est incroyable.
15:08– C'est un peu de paysage dans ce film, c'est vrai.
15:10– Oui, c'est vraiment un super film,
15:12en plus, là aussi, dialogué par Michel Blanc,
15:14dans ce qui apporte vraiment une couleur,
15:17un peu d'humour, justement, un peu de légèreté.
15:20Mais après ça, c'est vrai que c'est un peu le désert, quoi.
15:22C'est le désert, et alors, les années 90,
15:24c'est encore pire,
15:25parce qu'il ne se passe vraiment pas grand-chose.
15:28On a Corneau qui revient avec un polar qui est très bien,
15:33mais que j'ai mis d'ailleurs dans le livre.
15:35C'est le cousin, mais qui n'est pas à la hauteur
15:38de ses premiers films, en tout cas.
15:41Et il faudra vraiment…
15:43Alors que ce qui est intéressant de constater,
15:46c'est qu'aux États-Unis, pour le coup,
15:47avec Hit, de Michael Mann, qui est en 1995,
15:52lui, il y a vraiment un essor,
15:54il y a vraiment un cinéma politique extrêmement vivant,
15:56pendant Martin Scorsese aussi.
15:58Et nous, en France, non.
15:59Il y a un genre qui est délaissé,
16:01les producteurs aussi ne veulent plus trop prendre de risques,
16:03et c'est finalement, en 2004,
16:0536 cas des Orfèvres, d'Olivier Marchal,
16:07qui va remettre un peu le polar à la française
16:11sur le devant de la scène.
16:13– Oui, après, il y a toujours quelques initiatiques
16:15qui font beaucoup parler.
16:16Récemment, on a beaucoup parlé de Bac-Nord aussi,
16:18qui a été énormément augmenté lors de sa sortie.
16:21Puis, Anatomy d'une chute a fait couler beaucoup d'encre.
16:24Gros succès, Palme d'Horakan,
16:27primé aussi pour les Oscars et les Golden Globes.
16:31Quelles sont les perspectives qu'a le cinéma policier
16:34dans les années à venir ?
16:36– C'est difficile de faire les touristiques, par contre,
16:38mais au vu des dernières productions.
16:40– C'est vrai que quand on regarde,
16:42si on prend l'indicateur des entrées en salle,
16:45on s'aperçoit qu'effectivement,
16:47on prend Bac-Nord, qui a très, très bien marché en salle.
16:51La French avait plutôt bien marché en salle.
16:53Le film de Cédric Geménez aussi.
16:54Enfin, Bac-Nord et La French sont deux de ses films.
16:58Anatomy d'une chute a vraiment bien marché.
17:01Après, il y a eu l'effet Palme d'Horakan.
17:04C'est vraiment…
17:04Alors, on est sur des genres totalement différents.
17:06Enfin, c'est policier, mais Anatomy d'une chute,
17:08et puis c'est un film de procès.
17:10On avait aussi Les Mias Arabes, qui a bien marché.
17:13Donc, on a quand même, dans le genre,
17:17des films qui arrivent à rencontrer le public.
17:20Le problème, c'est que la majeure partie des producteurs et autres
17:24ne veulent pas prendre de risques.
17:25Et qui dit, ils ne veulent pas prendre de risques,
17:27dit, comédie, plutôt formatée.
17:29Et c'est ça qui est difficile.
17:32C'est que, malgré tout, ça reste quand même assez parcellé.
17:38– Je reviens aussi à la question des séries policières,
17:40façon Commissaire Moulin ou Julie Lescaux.
17:43À part des années 90, c'est un peu vers ce nouveau modèle
17:46que le public se tourne.
17:47– Quelle que soit la qualité, d'ailleurs.
17:50– C'est ça, oui.
17:52Ça fait quand même un…
17:54En fait, c'est particulier parce qu'on a des cinéastes français
17:59qui sont énormément influencés par le cinéma américain.
18:07Et par ça, peut-être parfois trop.
18:08Ce qui fait que…
18:09Mais reproduire le cinéma américain avec ses moyens
18:12dans le contexte français, ce n'est pas évident.
18:15Je trouve qu'un film comme Braqueur de Julien Leclerc,
18:18qui n'a pas du tout marché d'ailleurs,
18:19mais a réussi assez bien,
18:21même si on sent énormément l'influence de Hit,
18:23et le récit plutôt bien.
18:25Mais oui, effectivement, le niveau global
18:28de la série policière française, pendant des années,
18:30et après, il y a eu quand même des tentatives intéressantes,
18:32était assez mauvais, il faut le dire.
18:35Voilà, ça n'a pas grand intérêt.
18:36– Une histoire assez répétitive, très, très redondante.
18:39– Très redondante, on est vraiment dans quelque chose de…
18:42– Il y a quelques initiatives intéressantes
18:44au cours des dernières années, par exemple,
18:45la série Meurtre A, qui met en avant le patrimoine régional,
18:49le patrimoine local, la série Leçon de la vigne,
18:52qui est assez originale, puisque les intrigues se passent
18:54dans le milieu de la vigne et du vin.
18:56– Oui, il y a eu le…
18:57– Quelques démarches originales, en fait,
18:58qui sortent un peu du lot.
19:00– Il y a eu effectivement quelques séries vraiment intéressantes,
19:03mais dans ce domaine, avant ça, il y avait eu la série Bracco,
19:11qui avait été aussi pareil, alors très dans un style Olivier Marchal,
19:15donc on aime, on n'aime pas, mais qui avait au moins le mérite
19:17de proposer quelque chose assez neuf, de dépoussiérer un peu le genre.
19:21C'est surtout ça, en fait, c'est de dépoussiérer un peu le genre,
19:23d'arriver à prendre un peu ces références classiques qu'on a,
19:26et puis vraiment d'oser quelque chose, de ne pas avoir peur
19:32de prendre des risques.
19:32Et ça, malheureusement, les producteurs, on peut les comprendre aussi,
19:37ont parfois un peu du mal.
19:38– Après, peut-être qu'on s'oriente maintenant vers plus de réalisme,
19:43peut-être qu'il y a moins de spectacles avec des acteurs
19:47dont l'aura été bien connue.
19:51Aujourd'hui, on a plus du réalisme, des scènes de meurtre assez sombres.
19:54– Oui, alors ça, c'est vrai que c'est, moi, quelque chose
19:58que je trouve assez dommage, parce qu'on a de tradition,
20:01si on reprend un peu l'histoire justement du polar,
20:05on est vraiment dans un polar de tradition assez littéraire,
20:09avec des grandes figures, avec du style.
20:12Et effectivement, le virage a commencé d'ailleurs dans les années 80,
20:15on a voulu effectivement faire un peu de réalisme.
20:19Bob Swine, qui a réalisé La Balance, l'explique assez bien,
20:22c'est qu'il veut faire un film sur les flics,
20:27et puis il veut en rencontrer un lors d'une soirée,
20:29on lui en dit, il y en a un, et puis en fait,
20:31il le prend pour un gangster, en fait.
20:33Lui, dans sa tête, il s'imaginait un peu le policier,
20:35Alain Delon, en costume, et puis il voit quelqu'un en basket,
20:39jean, et donc il dit que j'ai voulu transcrire ça à l'écran.
20:42Donc, pourquoi pas ?
20:43Mais c'est vrai que parfois, ça aussi, ça s'est accompagné
20:45d'une déperdition un peu, je trouve, dans l'intrigue,
20:47dans les dialogues, à vouloir trop faire de réalisme.
20:49On oublie surtout que le cinéma n'est pas réaliste par essence.
20:53Le cinéma, il y a du montage, des dialogues, ce sont des figures.
20:57Si on reprend d'ailleurs même le cinéma américain
21:00avec ses grandes figures, Martin Scorsese n'est pas du tout réaliste,
21:02il ne se veut pas, et Michael Mann n'est pas du tout réaliste.
21:07Chacun dans un style différent, mais il n'y a jamais aucun réalisme
21:11dans les figures qu'il propose.
21:12Donc, c'est à ça aussi, et c'est aussi en retrouvant des acteurs,
21:17des acteurs capables d'incarner un peu ces figures,
21:20ce qui parfois manque un peu au cinéma français.
21:23– Avec Francis K. Deserfeuves, comme vous le disiez,
21:25c'était Daniel Auteuil et Gérard Depardieu
21:27qui ont posé une certaine prestance à l'écran.
21:30– Exactement, là on est vraiment dans un…
21:33Et puis Olivier Marchel le dit lui-même, il est rentré,
21:36c'est un ancien policier, il est rentré dans la police
21:40avec le clan des Siciliens, en regardant le clan des Siciliens,
21:44et il a voulu faire du cinéma en regardant Le choix des armes d'Alain Corneau.
21:47Et donc on sent ses influences, on sent aussi son influence américaine,
21:50il le dit lui-même, il avait vu, on revient toujours au même,
21:53mais Hit de Michael Mann, il a voulu…
21:56Mais il est arrivé à faire une sorte justement de rencontre,
22:01et il y arrive, il y arrive, mais il convoque des vraies figures.
22:05Voilà, Daniel Auteuil, Daniel Gélin est un immense acteur,
22:09voilà, Gérard Depardieu aussi, enfin voilà, c'est tout ça
22:15qui est vraiment assez impressionnant dans ce film.
22:18– Et alors, si vous deviez, alors, sur les 100 films policiers français
22:23qu'il faut voir, il faut du temps pour tous les voir,
22:25peut-être que certains de nos téléspectateurs en ont déjà vu un certain nombre,
22:28mais si vous deviez, il y en a qui sont des figures connues,
22:31les Tontons Flingueurs, je pense qu'ils ne connaissent pas les Tontons Flingueurs,
22:34Peurs sur la ville, très connus aussi,
22:36le Cercle Rouge, peut-être un peu moins connu du grand public peut-être.
22:41– Oui, ça reste quand même le Melville le plus connu.
22:43– Ça reste une grande référence aussi.
22:44– Le Melville le plus connu avec le Samurai.
22:46– S'il fallait en retenir, 5 à voir en priorité.
22:50– En priorité, alors je prendrais, il y a un film de Clouseau,
22:53donc je dirais L'Assassin à Bito XXI, qui est son premier film,
22:57qui est vraiment une sorte de, ça se passe dans une pension de famille,
23:01c'est drôle et en même temps, on sent tout de suite cette pointe
23:05un peu d'humour noir, très cynique de Clouseau.
23:09Et c'est une véritable enquête, c'est très bien fait,
23:12avec Pierre Freinet, Suzy Delerre, avec des sous-grôles incroyables,
23:15Jean Tissier, Noaïla Rockvert.
23:16Donc vraiment, L'Assassin à Bito XXI.
23:18Et puis il y a eu Quai des Orfèvres, 5 ans plus tard,
23:22qui est aussi, là pour le coin, un très grand classique avec Clouseau Vé.
23:25Donc vraiment, L'Assassin à Bito XXI.
23:27Après, je prendrais Touche les pas au Grisby, voilà.
23:30– Avec Jean Gabin.
23:31– Jean Gabin, qui est le film, un peu avec une musique que tout le monde connaît,
23:34enfin tout le monde a déjà entendu, de Jean Vienner,
23:37qui est le film de la Renaissance, qui est le film de la Découverte pour Ventura,
23:40qui est son premier rôle au cinéma.
23:41Donc Gabin, Ventura, il n'y a pas le franc-cœur,
23:44enfin voilà aussi des Songouros, le Jeanne Moreau qui joue.
23:47– Qui est à ses débuts aussi.
23:48– Oui, qui est à ses débuts, exactement.
23:49Dans les années 60, je prendrais le Samouraï, le Samouraï peut-être,
23:58parce que c'est un rôle assez hypnotique d'Alain Delon, il ne parle pas.
24:04– Il fait vraiment du Delon, et c'est du Delon à son paroxysme.
24:08– À son paroxysme, mais il y a quelque chose de très,
24:11oui, c'est presque poétique dans ce film,
24:13qui est vraiment un très très bon polar.
24:16Et comme je prendrais aussi Le Cercle Rouge,
24:19qui est aussi avec Delon, Bourville, qui est vraiment…
24:24– Contre-emploi d'ailleurs.
24:24– Contre-emploi total et qui va…
24:26– Dernier rôle ou avant-dernier.
24:27– Voilà, et qui ne verra pas d'ailleurs le film sortir
24:30et qui est très malade, on le voit d'ailleurs, sur son visage à l'écran.
24:35Ça transpire, puis Montand qui joue dans ce film,
24:37qui est vraiment incroyable.
24:39Et puis je prendrais aussi Gardavu.
24:41Gardavu, Ventura, Serro, un huis clos absolument époustouflant.
24:45Guy Marchand en second rôle, Romy Schneider,
24:49la musique de Georges Delorue.
24:51Très, voilà, vraiment un vrai huis clos extrêmement…
24:55presque angoissant.
24:57– Avec ça, merci Philippe-Henri Rambaud.
25:00Chers téléspectateurs, j'espère que ce zoom vous a intéressé,
25:03que ce livre vous donnera quelques idées de films.
25:06Si vous ne savez pas après l'avoir lu,
25:08quel DVD acheter pour les fêtes de Noël ou les anniversaires,
25:11c'est à ne plus rien d'y comprendre.
25:12Très bonne journée à vous et à bientôt.
25:16– Sous-titrage Société Radio-Canada –
25:22– Sous-titrage Société Radio-Canada –
25:31– Sous-titrage Société Radio-Canada –
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