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  • il y a 11 heures

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00:00Europe 1 Soir, 19h-21h, Pierre de Villeneuve.
00:04Avec autour de la table jusqu'à 21h, Hélène Rouet.
00:07Bonsoir.
00:08Bonsoir Pierre.
00:09Journaliste politique au Journal du Dimanche.
00:10Bonsoir Jean-Claude Dacier.
00:12Bonsoir.
00:12Chroniqueur politique éclairé.
00:14Bonsoir Sonia Zadig.
00:15Bonsoir.
00:15Ça dépend des jours.
00:16Merci d'être avec nous.
00:18Vous êtes psychologue clinicienne, psychanalyste, écrivain, auteur de ce livre
00:21Les enfants perdus de la République aux éditions Fayard.
00:24C'est paru le jeudi 13 novembre dernier.
00:28On s'attaque à un tabou.
00:29On va y venir dans un instant.
00:30D'abord, je voudrais juste, parce que c'est en corrélation avec l'idée de votre livre,
00:34cette proposition de Laurent Wauquiez d'interdire le voile aux jeunes filles mineures.
00:41Laurent Wauquiez suivi par 69% des Français.
00:44D'après un dernier sondage CSA pour Europe 1, le JDD Essay News.
00:51Qu'est-ce que vous en pensez de cette proposition de Laurent ?
00:52Bien entendu, je ne peux qu'être d'accord avec cette proposition.
00:56Vous disiez tout à l'heure que c'était pour ne pas implanter dans la tête des filles instillées dans leur tête qu'elles sont inférieures.
01:03Mais c'est surtout de ne pas les sexualiser.
01:05Parce que, qu'est-ce que ça veut dire le voile ?
01:07Que de considérer le corps de la femme comme étant quelque chose de tabouisé, de désirable.
01:13Et donc on cache pour protéger ces hommes.
01:16Donc on ne peut pas imposer ce genre de choses à sexualiser le corps d'une fillette de 4 ans, de 5 ans.
01:21Et c'est ce qu'on voit un petit peu aujourd'hui.
01:23Donc absolument, la loi devrait être très ferme là-dessus.
01:29C'est ce que vous décrivez dans votre livre, ces apostas, ces personnes qui essayent, tant bien que mal, de quitter un carcan.
01:36Ce n'est plus une religion, c'est un carcan, c'est un dogme, c'est une situation culturelle avec des verrous partout où ils essaient de sortir.
01:44Alors moi j'ai commencé votre livre, même si j'ai lu effectivement, la moitié ce sont des témoignages féminins, l'autre moitié ce sont des témoignages masculins.
01:54J'ai commencé par les hommes parce que je me suis dit qu'il y avait peut-être plus de matière.
01:59On sait qu'il y a le voile, là vous parlez d'ailleurs d'une jeune fille qui prend un café avec vous, elle rentre dans le café et puis elle enlève son voile.
02:05Pour la première fois.
02:06Pour la première fois de sa vie et elle dit, je ne vais quand même pas rentrer au café avec un voile.
02:10À 40 ans.
02:11À 40 ans, ça vous a étonné d'ailleurs ce geste ?
02:13Ça m'a beaucoup étonné, ça m'a aussi, je m'étais dit que c'était peut-être un premier geste de libération de ce carcan.
02:19J'ai commencé, je le disais, par des exemples masculins et notamment un jeune homme qui s'appelle Jawad.
02:28Il a 23 ans, il est né dans la plus stricte culture islamique, école coranique, cours d'arabe, fréquentation à sud des mosquées.
02:38L'abandon de son père a été terrible, il s'est retrouvé l'homme de la maison à l'âge de 12 ans.
02:42Rangel, c'est ça, on dit, l'homme de la maison.
02:45Il a zappé la quatrième, il a mal tourné vers 15 ans, il s'est retrouvé dans les cages d'escalier, il est devenu dealer.
02:51Et finalement, il a gagné beaucoup d'argent en étant dealer.
02:56Il y a une question qui est terrible et qui revient dans les questions sociétales qu'on aborde sur Europe 1.
03:01C'est quand il dit, ma mère ne m'a jamais posé de questions sur la provenance des fonds, elle s'en foutait.
03:07Ça c'est terrible parce que du coup là où on essaye de lutter contre le narcotrafic, on lutte, certains mères le font pour la responsabilisation des parents.
03:17On entend bien la situation dramatique dans laquelle se retrouve cette femme puisqu'elle est abandonnée de son mari,
03:21qui est partie vers une autre femme au nom de, comment dirais-je, de la polygamie qui est permise et est allée refaire sa vie en Algérie.
03:29Là, elle se retrouve toute seule.
03:31On entend bien la détresse de cette femme, mais voilà, elle s'en fout de savoir, elle le sait pertinemment, que son fils vend de la drogue.
03:37Et en même temps, c'est la seule source de revenus.
03:42Je ne sais pas si elle s'en fout, parce qu'il y a d'autres témoignages qui disent qu'ils sont passés par le deal, etc.
03:49Et qu'il y a une telle dichotomie, si vous voulez, entre...
03:53Voilà, c'est de la drogue qui est pour les autres, qui est pour les coufards, les mécréants, donc ce n'est pas un problème.
04:00Ah oui, donc c'est entre coufards, c'est entre mécréants, donc ce n'est pas important.
04:03Voilà.
04:03Mais ça veut dire quand même, vous voyez, c'est assez étonnant,
04:06parce qu'après, le témoignage de ce jeune est terrible, parce qu'il découvre qu'il est lui-même homosexuel,
04:13donc finalement, il part draguer des mecs dans Paris, etc.
04:16Et puis après, il se fait tabasser, kidnapper, parce qu'on découvre son homosexualité dans la cité.
04:21Et après, il découvre ce cercle des apostas, qui est en fait le fil rouge de tout votre livre,
04:26où effectivement, il y a ces personnes, cette pépinière qui permet de dire,
04:31voilà, tu veux t'en sortir, on va réussir, on va t'aider à t'en sortir.
04:35C'est ça la réalité des choses.
04:37Voilà, donc pour revenir un petit peu, avant d'arriver au cercle des apostas,
04:41revenir un peu à la sortie, si vous voulez, de cette religion,
04:45où je pense, et c'est ce que je martèle souvent,
04:49de ne pas considérer la religion comme uniquement une religion.
04:53C'est plutôt une culture, c'est plutôt un vivre-ensemble, une casuistique,
04:59enfin, peu importe, une identité surtout.
05:01C'est surtout une identité qui, je l'ai dit aussi, qui est supranationale,
05:06et on apprend dès son jeune âge à être musulman avant d'être quoi que ce soit d'autre.
05:11Même algérien ou marocain, ce n'est pas une attaque uniquement contre la France,
05:16ce n'est pas du tout, c'est l'islam prévaut, bien.
05:19Donc quand ils sortent de ce carcan, si j'ose dire,
05:23ils perdent tout finalement, ils perdent absolument tout leur repère,
05:27ils se retrouvent dans un vide ontologique,
05:30qu'est-ce que je vais devenir, que suis-je, qui suis-je ?
05:33Parce que leur vie était réglée avec l'islam, l'islam réglait leur vie.
05:37Règle tout, l'islam règle comment vous vous habillez,
05:39comment vous parlez, comment vous vous mariez, tout, tout, tout, tout.
05:42Donc c'est une perte de repère soudaine ?
05:44Soudaine, totale, et ils se retrouvent justement pris en charge,
05:47et heureusement par ce cercle des apostas,
05:49qui est une pépinière, une matrice provisoire,
05:53enfin je l'espère, je l'espère provisoire.
05:56Et il y a beaucoup de solidarité intra-groupale et tout,
06:00mais il faut savoir que c'est dans la clandestinité la plus totale,
06:03et ce que j'entends, moi, dans les témoignages,
06:05c'est qu'ils me disent la France nous a abandonnés.
06:07Dans quel sens la France nous a abandonnés ?
06:09Parce que la France est un pays laïque,
06:10qui ne s'occupe ni de la foi ni de la contre-foi,
06:12en revanche, il y a quand même la liberté de conscience,
06:15et aujourd'hui la liberté de conscience, en tout cas,
06:17chez ces jeunes Français, est mise à mal.
06:20Puisque quand ils vont porter plainte pour menace de mort,
06:23ou pour...
06:25Ils sont rattrapés par la patrouille ?
06:26Par les amis, par la famille ?
06:28Soit ils sont rattrapés, soit la police leur dit,
06:30mais écoutez, faites-vous discret,
06:32c'est pas la peine d'embêter ou d'énerver les musulmans.
06:36Voilà.
06:37Et donc, si vous voulez, enfants perdus,
06:39parce que sortant de la Houma qui les rejette,
06:42parce que c'est-à-dire que si vous quittez l'islam,
06:43on vous rejette aussi,
06:45même des mamans, des pères, etc.
06:47Donc ils se retrouvent sans rien,
06:48ils arrivent au bord,
06:51à demander asile, si vous voulez,
06:53à la République française,
06:55et ils se disent,
06:56ils sont assignés à résidence,
06:58ils sont assignés à retourner...
07:00Ça, ça veut dire quoi ?
07:01Ça rappelle les mots de M. Téjian,
07:05qui était le garde des sceaux du général de Gaulle en 1945,
07:07et qui disait, de toute façon,
07:09les deux cultures ne peuvent pas...
07:14ne sont pas solubles,
07:16ne peuvent pas se mélanger.
07:17Ça veut dire que c'était l'anti-vivre-ensemble, finalement.
07:19En l'occurrence, ces apostas-là veulent se mélanger,
07:23veulent vivre ensemble,
07:24veulent être partie prenante des Lumières et de la démocratie,
07:29mais ils ont l'impression qu'en face, c'est-à-dire...
07:30En face, vous avez 57% des jeunes musulmans de 15-24 ans
07:35qui estiment que la charia est supérieure aux lois de la République.
07:37C'est un dernier sondage IFOP.
07:38Oui, je sais.
07:39Et d'ailleurs, IFOP est scandaleusement
07:40attaqué pour ça par des députés aléphistes.
07:43Oui, de toute façon,
07:45tout le monde tombe des nues quand il entend 57%,
07:48mais finalement, si vous êtes vraiment musulmans,
07:50si vous connaissez l'islam,
07:51la charia est forcément au-dessus de tout.
07:53Sinon, vous n'êtes pas musulmans.
07:54Vous dites ça avec un air,
07:56les auditeurs d'Europe 1 ne vous voient pas forcément,
07:58sauf sur Internet,
08:00mais regardez avec cet air dans le visage,
08:03en disant, mais oui, bien sûr, évidemment,
08:04il n'y a pas de sujet.
08:06Mais arrêtons d'être ignorants.
08:07Je veux dire, on va nous accuser d'ignorance.
08:10Je veux dire, à partir de ce livre,
08:11on ne peut pas rester ignorants,
08:12ce n'est pas possible.
08:13Hélène Rouet.
08:14Justement, vous évoquiez les menaces
08:15que subissent ces apostas.
08:17Selon vous, quelles actions concrètes
08:19l'État pourrait-il mettre en place
08:20pour les protéger ?
08:22D'abord, prendre en charge quand même les plaintes.
08:24Il ne faut pas les classer,
08:26comme on classait avant les femmes
08:28qui allaient demander asile
08:30et dire, je suis tabassée, etc.
08:32Aujourd'hui, ça change.
08:33Donc, il y a eu une seule,
08:35et c'est une fille que je salue ici
08:38qui s'appelle Alia,
08:39qui a été vraiment, vraiment
08:41dans une démenace de mort.
08:42Ils l'ont attendue en bas de chez elle.
08:44Ils sont vraiment catastrophiques.
08:46Elle a eu qu'un de cause,
08:47il y a deux jours, à Albi.
08:49Elle a eu qu'un de cause.
08:49C'est le premier...
08:52La première affaire.
08:53La première affaire d'une apostate.
08:56Et heureusement...
08:57Donc, c'est ça.
08:57Et sur un autre volet,
08:59je le dis, à la fin,
09:00il y a aussi, ce sont des enfants,
09:02des enfants de la République,
09:03j'entends des adultes,
09:04des jeunes adultes,
09:05parce qu'ils sont très jeunes.
09:06Ils ont aussi entre 15 et 24 ans en moyenne.
09:08Ils sont très mal.
09:10Très, très mal.
09:11Ils sont en grande dépression.
09:13Donc, psychologiquement,
09:13c'est une traversée identitaire
09:16extrêmement difficile.
09:17On ne sort pas comme ça.
09:18Mais vous, par votre lien,
09:19vous appelez quoi ?
09:19Vous appelez les autorités françaises
09:21à dire qu'il faut faire quelque chose
09:22pour ces jeunes ?
09:22Oui, j'appelle à ce qu'on entend d'abord
09:24qu'il existe des gens
09:26qui peuvent sortir
09:27et qui demandent l'asile.
09:28Ils demandent l'asile
09:29alors qu'ils sont français.
09:30Ils demandent à ce qu'on les entende,
09:32qu'on puisse les aider
09:33et que, par exemple,
09:35il y a une association
09:36qui s'appelle le MELP
09:37qui n'ont aucune aide.
09:39Là, on balance un pognon de dingue,
09:41comme disait l'autre,
09:42sur des associations.
09:43Voilà.
09:44Je taierai les noms.
09:45Là, peut-être qu'il faut aider
09:46ces jeunes hommes
09:47parce qu'ils font ce qu'ils peuvent
09:49pour trouver des psys,
09:50pour trouver des psychiatres, etc.
09:53Oui, j'appelle 10%,
09:54entre 10 et 15%.
09:55Est-ce que, sur le chemin
09:57de l'assimilation,
09:59l'oubli de l'islam est obligatoire
10:01ou est-ce qu'on peut essayer
10:04d'être comme la chrétienté
10:07et comme la catholicité ?
10:09Il y a quand même beaucoup de gens
10:10qui ont ça au fond d'eux-mêmes
10:11et qui, pour autant,
10:12ne sont pas des pratiquants suivis.
10:15C'est un vœu que je forme.
10:17C'est-à-dire que ce n'est pas la peine
10:18quand on sort de l'islam.
10:20On a le droit de ne pas croire en Dieu,
10:21mais de rester quand même
10:22attaché à sa famille,
10:24attaché à sa communauté.
10:25Il n'y a pas de contradiction.
10:26Mais ça aussi,
10:27c'est quand même un problème
10:28franco-français.
10:29C'est qu'on nous ramène,
10:30et pour le coup,
10:31là je dis nous,
10:32toujours à notre origine première.
10:35On me dit très souvent,
10:36alors que moi,
10:36je n'ai jamais été musulmane, etc.
10:38On me dit toujours,
10:39alors Sonia Zadig,
10:40vous êtes musulmane.
10:41Vous voyez,
10:41il faut quand même
10:42que c'est deux sens différents.
10:43Il y en a une qui vous prend
10:43pour une juive, d'ailleurs,
10:44au début du livre.
10:45Oui, oui, parce que si,
10:46d'ailleurs,
10:47les premières insultes
10:48qui arrivent,
10:48c'est vous êtes juive.
10:50Parce qu'à partir du moment
10:50où on dit quoi que ce soit,
10:52vous êtes juive.
10:53Il y a ce côté binaire.
10:55Très très binaire.
10:56Très très rapidement, en fait.
10:57Ça, c'est étonnant.
10:59Et ça se ressent, évidemment,
11:00dans les slogans
11:01anti-Israël,
11:03pro-Gaza, etc.
11:06Hélène Rouet,
11:06une dernière question.
11:07Est-ce que vous avez
11:08un témoignage
11:09qui vraiment ressort
11:10parmi les autres,
11:11qui vous a particulièrement
11:12surpris ou bouleversé ?
11:14Jawad, je crois.
11:15C'est celui-là.
11:16Celui dont on parlait au début.
11:18Quand ils ont découvert,
11:18ils l'ont suivi,
11:19quand ils ont découvert
11:20son homosexualité,
11:22ils l'ont donc mis dans une cave,
11:24ils l'ont violé tour à tour,
11:26tous les copains.
11:27J'ai cru mourir là-bas,
11:28vous n'imaginez pas
11:28le calvaire que j'ai vécu,
11:29j'étais un décher,
11:30un déversoir
11:31pour les caïds du quartier.
11:32Ce qui m'a sauvé,
11:33c'est que je suis tombé
11:34dans les pommes,
11:35ils ont dû me transporter
11:35à l'hôpital.
11:36C'est ça qui l'a sauvé.
11:36Et il a fini à l'hôpital psychiatrique,
11:38il faut savoir qu'il y a
11:38beaucoup de gens
11:39qui ont quelque chose
11:40malheureux et bon,
11:41qui se retrouvent
11:42à l'hôpital psychiatrique
11:43et qui sont un peu sauvés,
11:44si vous voulez,
11:45par ça.
11:45C'est un problème national
11:47qui nous concerne tous.
11:49Et si on crie
11:50depuis toujours
11:51à l'assimilation,
11:52nous voilà devant des personnes
11:53qui veulent s'assimiler
11:54et qui en appellent
11:55à la République
11:56et à la démocratie
11:57et à, comment vous dire,
11:59et à arrêter peut-être
11:59la peur et la lâcheté
12:01de parler d'une religion
12:03et de se voir toujours
12:04traités d'islamophobes
12:06ou de racistes.
12:07Ces gens-là
12:07viennent de là,
12:08donc je ne sais pas
12:10si on peut les traiter
12:10de racistes,
12:12je ne crois pas.
12:13Merci beaucoup Sonia Zadig.
12:14Les enfants perdus
12:15de la République
12:16avec un titre bien sûr
12:17en résonance
12:18avec les territoires
12:19perdus de la République.
12:21Ils ont décidé
12:22de sortir de l'islam
12:23au péril de leur vie.
12:24C'est publié chez Fayard.
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