00:00Alors cet accord repose sur un partenariat public-privé assez inédit, c'est-à-dire que d'un côté on a la Guinée,
00:22via l'État et la société minière de Boké, qui détient une part obligatoire du capital, ce qui lui assure un rôle décisionnel et surtout une visibilité sur les recettes futures.
00:33Et puis de l'autre côté, on a le consortium chinois WCS qui finance l'essentiel des infrastructures et qui apporte le savoir-faire logistique et de construction.
00:43Et enfin on a aussi le groupe anglo-australien Rio Tinto qui exploite l'autre moitié du gisement.
00:48Et en fait la clé du dispositif, c'est cette co-entreprise de ces trois d'acteurs qui a été créée pour piloter la mine, le port en eau profonde et surtout la ligne ferroviaire de 650 kilomètres.
01:00La Guinée a imposé ce modèle afin d'éviter que le pays ne soit que fournisseur brut de matières premières.
01:06Et donc le résultat, c'est que la partie chinoise assume les travaux les plus coûteux, tandis que Conakry récupère une participation stratégique.
01:13C'est l'un des projets miniers les plus chers d'Afrique. Il faut quand même le rappeler, c'est plus de 20 milliards de dollars, mais c'est aussi l'un des plus structurants pour la région.
01:22Pourquoi la Chine investit-elle autant dans les infrastructures du projet ?
01:26Eh bien parce que si mon doux, pour Pékin, ce n'est pas qu'une mine, c'est aussi un corridor d'influence.
01:31C'est-à-dire que la ligne ferroviaire traverse des zones qui jusqu'ici avaient été enclavées et elle servira à terme à d'autres marchandises.
01:39Autrement dit, les entreprises chinoises ne construisent pas seulement un outil pour transporter du minerai, mais un couloir économique qui ancre durablement la présence chinoise en Guinée.
01:49Et c'est aussi un pari sur la fiabilité, parce qu'en contrôlant elle-même le rail et le port, la partie chinoise réduira les risques de blocage, de retard ou bien encore d'arbitrage politique qui pourrait lui être défavorable.
02:02Et en fait, Pékin s'offre ainsi un approvisionnement sécurisé pour plusieurs décennies, ce qui est assez rare dans le secteur minier, où les infrastructures appartiennent souvent à l'état hôte.
02:12D'abord parce que pour la qualité exceptionnelle du minerai, on l'appelle même parfois le caviar du minerai, c'est-à-dire que c'est un fer qui a plus de 65% de fer et très peu d'impureté.
02:33Et pour la sidérurgie chinoise qui doit réduire ses émissions, mais qui continue d'alimenter un gigantesque marché intérieur, c'est un levier technologique assez important,
02:43parce qu'un minerai plus propre permet de baisser la consommation d'énergie dans les hauts fourneaux et aussi de réduire les coûts.
02:50Ensuite, c'est aussi un outil de diversification stratégique.
02:53Aujourd'hui, si vous voulez, Pékin dépend de l'Australie et du Brésil pour la majorité de ses importations.
02:59Mais ce sont deux partenaires qui sont jugés assez instables, parce que d'un côté, il y a beaucoup de tensions géopolitiques avec Canberra,
03:05et de l'autre, il y a une production qui est devenue imprévisible au Brésil depuis les accidents miniers.
03:11Et en fait, Simondou pourrait couvrir à terme près de 10% des besoins chinois, et en fait c'est énorme, 10% dans ce secteur.
03:18Et enfin, c'est un levier géopolitique, parce qu'en Guinée, la Chine gagne là, on le disait, un ancrage durable, dans une région où les acteurs occidentaux sont en retrait.
03:27Et que peut changer ce premier chargement pour le marché mondial du fer ?
03:32Eh bien, s'il se confient que Simondou entre bel et bien en production régulière d'ici quelques années, cela peut vraiment redistribuer les cartes.
03:40L'arrivée d'un nouvel acteur à très haute teneur pousserait les prix mondiaux vers le bas, et affaiblirait la position dominante des producteurs australiens.
03:48Et en fait, ça renforcerait aussi le pouvoir de négociation de Pékin, qui deviendrait donc moins dépendante de ses fournisseurs traditionnels.
03:56Et enfin, pour la Guinée, c'est potentiellement une nouvelle ère économique qui s'ouvre, mais avec un enjeu crucial,
04:02s'assurer que les revenus miniers profitent réellement au pays, et que les communautés locales ne soient pas marginalisées.
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