00:00Après le Gabon, Emmanuel Macron sera cet après-midi en Angola, à Luanda, où s'ouvre le 7e sommet Union africaine-Union européenne.
00:08Bonjour Christophe Dansette.
00:09Bonjour Pauline.
00:10C'est 25 ans de partenariat, un sommet placé cette année sous le signe de la paix, de la prospérité, de très nombreux échanges économiques.
00:16Oui, parce que l'Europe c'est le premier partenaire commercial de l'Afrique et l'Afrique c'est le 4e partenaire commercial de l'Union européenne.
00:23L'Afrique dans son ensemble, derrière les Etats-Unis, la Chine et le Royaume-Uni.
00:27En 2024, les échanges, vous le voyez, ont atteint 360 milliards d'euros.
00:33C'est certes moins que le pic de 500 milliards d'euros il y a 3 ans, au moment du dernier sommet Europe-Afrique.
00:40Mais sur 10 ans, c'est quand même une progression de 37%.
00:43L'Union européenne a par ailleurs signé des accords commerciaux avec 19 pays africains, un certain nombre, quasiment la totalité des pays du Maghreb, l'Algérie, le Maroc, la Tunisie.
00:53Il y a aussi l'Égypte et on peut citer plus au sud la Côte d'Ivoire, le Ghana, le Cameroun ou encore l'Afrique du Sud.
01:02Mais derrière ces bons chiffres, la relation reste déséquilibrée.
01:06Le problème, ce n'est pas tellement la balance commerciale, on l'a vu sur le graphique précédent, qui est finalement relativement équilibrée.
01:12Le problème, c'est que l'Afrique, elle exporte majoritairement des matières premières, du pétrole, du gaz, du cobalt, du cuivre, même du cacao en agriculture.
01:2071% des exportations, c'est des matières premières et elle importe surtout des matières, des produits transformés, des voitures, des avions, des machines outils.
01:30Et même, pour reprendre l'exemple de l'agriculture, du chocolat qui revient donc transformé.
01:35Et l'enjeu de ce sommet, c'est d'essayer d'inverser cette logique et de créer plus de valeurs sur le continent africain.
01:42Et c'est là qu'intervient, et on l'entendait tout à l'heure dans la bouche du président Macron, la stratégie européenne.
01:47Exactement, et cette stratégie, elle porte notamment un nom, c'est l'initiative Global Gateway,
01:51c'est une grande offensive européenne lancée en 2021 pour proposer une alternative aux nouvelles routes de la soie chinoise,
01:58pas seulement en Afrique, mais la plupart des investissements vont en Afrique.
02:01C'est la même idée, investir dans des infrastructures, dans des transports, dans le numérique,
02:07mais avec des standards présentés comme plus durables, plus transparents que ceux de Pékin.
02:11Pour l'Afrique, Bruxelles promet 150 milliards d'euros d'investissements publics et privés,
02:16et dont environ 80 milliards d'euros ont déjà été déclenchés,
02:20ce qui représente plus de 130 projets phares, identifiés et même déjà lancés.
02:25Comme quoi ?
02:26Eh bien, on peut citer, là on est en Angola, le sommet s'ouvre en Angola,
02:31et l'Europe finance en Angola le corridor de Lobito, c'est une ligne ferroviaire stratégique
02:35qui part du port de Lobito en Angola, qui va traverser la RDC et la fameuse ceinture du cuivre et de cobalt
02:42pour aller jusqu'en Zambie, objectif acheminer plus facilement des minerais critiques vers l'Europe.
02:49Dans le numérique, on peut citer le câble sous-marin Médouza,
02:53qui va relier, ou qui commence déjà à relier le Maroc, la Tunisie notamment,
02:59à Marseille ou encore à Barcelone, en fait finalement tout l'ensemble de la Méditerranée,
03:03un grand câble sous-marin.
03:06Dans la santé, il y a les usines de vaccins qui montent en puissance,
03:10que ce soit au Sénégal, au Rwanda ou ici là on le voit au Ghana,
03:14et puis dans l'énergie, l'Europe finance des projets d'hydrogène vert en Namibie, en Mauritanie,
03:18et même un programme spatial Europe-Afrique, près de 100 millions d'euros
03:23pour améliorer l'accès aux données satellitaires.
03:27Mais est-ce que c'est suffisant ?
03:28Alors c'est tout l'enjeu de ce sommet, parce que les freins sont nombreux.
03:31D'abord l'Afrique veut plus de valeurs ajoutées locales et moins de projets
03:36qui profiteraient surtout aux entreprises européennes.
03:39Ensuite côté européen, les financements mettent parfois du temps à arriver, à se concrétiser.
03:44L'Europe arrive avec des contraintes budgétaires, on en parle très souvent sur ce plateau,
03:48même si Ursula von der Leyen veut monter encore cette initiative Global Gateway
03:53qui est aujourd'hui de 300 milliards d'euros pour l'ensemble du monde.
03:56Elle veut le monter à 450 milliards d'euros et donc environ la moitié pour l'Afrique.
04:00Ça reste quand même à financer.
04:01Et puis les Européens cherchent aussi à conditionner un certain nombre de ces financements
04:05à un meilleur contrôle migratoire ou aussi surtout à orienter des projets verts,
04:11ce qui parfois en Afrique est perçu comme du chantage diplomatique.
04:15Un chantage diplomatique que d'autres puissances ne font pas et qui continuent d'investir sur le continent ?
04:20Évidemment, il y a la Chine qui reste de très loin le premier investisseur bilatéral
04:25avec plus de 1000 milliards de dollars cumulés depuis 20 ans.
04:30Les ports, les autoroutes, les barrages, les zones industrielles.
04:3325% de l'ensemble des financements internationaux, c'est la Chine contre 10% pour l'Union Européenne.
04:39Les États-Unis qui accélèrent aussi avec une initiative qui s'appelle Prosper Africa,
04:44qui est une sorte de contre-global gateway et des investissements dans les industries stratégiques,
04:48notamment dans les énergies ou dans les minerais critiques.
04:51La Turquie qui est devenue omniprésente par exemple dans le bâtiment, la logistique ou entrecours de l'aviation.
04:56Les pays du Golfe qui investissent dans l'agro-industrie, les ports, les énergies renouvelables.
05:01Et puis il y a l'Inde aussi, il y a la Russie évidemment.
05:03Bref, la compétition, elle est mondiale et c'est aussi pour ça que ce sommet aujourd'hui, il est très important.
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