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  • il y a 19 heures
Le 15 octobre 2024, Paul Varry était écrasé par un automobiliste après une altercation sur une piste cyclable à Paris. Pour un documentaire réalisé par le service vidéo du Parisien, les parents du jeune homme ont ouvert leurs portes. Leur fils aurait eu 29 ans, le 19 novembre.

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Transcription
00:00Monsieur le juge ou madame, je m'appelle Pascale Varie.
00:11Il a fallu qu'un jour d'octobre, un individu, un véritable barbare,
00:18écrase mon fils Paul avec sa bagnole.
00:22Je suis la maman de Paul.
00:23J'ai perdu mon fils, un tueur fou, l'a écrasé.
00:3015 octobre 2024, il est 17h, un conducteur s'impatiente au volant de son véhicule
00:35dans le 8e arrondissement de la capitale.
00:38Il est en retard au rendez-vous médical de sa fille de 16 ans.
00:42Coincé dans les bouchons, l'automobiliste commet de nombreuses infractions.
00:45Au même moment, Paul, un cycliste de 27 ans, quitte son travail et emprunte le boulevard Malserbe.
00:54Pour gagner du temps, l'automobiliste s'engage sur la piste cyclable,
00:57les deux hommes s'invectivent et Paul va mourir.
01:00J'ai entendu un boum !
01:01Une altercation oppose un cycliste de 27 ans à un automobiliste de 52 ans.
01:06L'automobiliste le percute et lui roule dessus volontairement selon les témoins.
01:11Mais lui, on dirait qu'il avait écrasé un pigeon quoi !
01:13Il y a Paul qui est au sol avec une main de sang.
01:17J'étais juste derrière et quand je suis arrivé, j'ai vu le fils du monsieur allongé par terre.
01:21Des passants réagissent et réalisent un massage cardiaque sur le jeune homme inanimé.
01:25Je suis qu'il est mort là derrière, je ne m'en remettrai jamais.
01:29L'automobiliste qui a tué Paul est mis en examen pour homicides volontaires.
01:33Le destin du jeune homme bouleverse les cyclistes.
01:34Je propose qu'on pense fort à lui tous ensemble.
01:37A 660 km de Paris, Pascal et Nathalie apprennent la mort violente de leur fils.
01:50Pendant des mois, entre la capitale et les Alpes, ils ont accepté de se livrer et nous avons partagé leur intimité.
01:56C'est fini pour rejeter.
02:02C'est fini pour rejeter.
02:06Une intergaceur, une intergaceur 20 ans derrière,
02:11l'automobiliste le perd, l'automobiliste le perd, l'automobiliste le perd, l'automobiliste,
02:14et lui roule dessus volontairement.
02:16C'est fini pour rejeter.
02:16C'est fini pour rejeter.
02:46C'était un combat illégal.
02:56Je brasse, je brasse, dans ma tête ça mouline.
02:59C'est injuste, il devrait être là.
03:04Elle est où la justice ?
03:05Elle est où ?
03:05On fait quoi avec des gens comme ça ?
03:07C'est terrible.
03:08Moi j'ai une grosse voiture,
03:10toi tu m'emmerdes avec ton vélo,
03:12enlève-toi de là.
03:14Et je reste poli.
03:15Pour moi, il n'a donné aucune chance.
03:18Et moi je suis venu là pour la mémoire de mon gamin qui avait 27 ans,
03:21et je ne le verrai jamais plus.
03:23Là il est enterré au cimetière que je vais le voir tous les...
03:26et tout.
03:27Après tous les jours, ça me fait vraiment de la peine.
03:29là il est enterré au cimetière que je vais le voir tous les jours.
03:34Ah oui !
03:35Ouais !
03:37Ouais !
03:38Ouais !
03:38Ouais !
03:42Ah mon Paul !
03:52Ici Paul, il a vécu une grande partie de sa vie en fait.
03:58Bah oui, parce qu'il est né là en fait, et il a vécu toute son enfance, son adolescence,
04:05jusqu'à ce qu'il parte à Paris faire ses études.
04:07C'est vrai que vous voyez, il y a toute la place, donc en fait on n'est pas du tout embêté par les voitures,
04:13les tronçonneuses, les tronçonneuses, les voitures, et donc voilà, dans le jardin ils faisaient des spectacles.
04:32Le spectacle des enfants, on va commencer comme ça !
04:43Ils faisaient des cabanes dans les bois, ils faisaient des ponts sur la rivière, en fait ils faisaient taquer avec les autres enfants du village,
04:54et ils gambadaient partout, ça fait qu'il y a beaucoup de liberté.
04:56Et quand on est tout petit ici, c'est génial.
04:59Là c'est la fromagerie, on a passé beaucoup de temps à faire les fromages avec moi aussi.
05:02Paul, il a été tué il y a quatre mois.
05:12Comment on survit quand on a une maman, ces quatre mois, comment vous les avez vécu, comment vous les vivez, ou quoi ?
05:18C'est un cataclysme.
05:21Tous les matins je me réveille, je me dis mais en fait j'ai pas rêvé, elle est mort.
05:26Et c'est vertigineux, c'est vraiment vertigineux.
05:30Des fois je me dis j'y arriverai jamais, et quand ce meurtre est arrivé,
05:35je dis mais c'est pas possible en fait, il n'y a rien qui existe.
05:38Tous les soirs j'allume les petites flammes, j'allume la lumière pour Paul.
05:46C'est à chaque fois des objets que j'ai ramenés de voyage ou ça c'est les petits bouddhas rieurs que j'ai ramenés de Chine, de Shanghai.
06:08Ça c'est une déesse hindoue que j'ai ramenée d'Inde, bon après j'aime bien les kitsch, bon ça c'est la vierge que j'ai trouvée en Espagne.
06:19Et puis là j'ai mis les photos de Paul, qui sont entourés par toutes les divinités.
06:24Ça c'est tout le courrier qu'on a reçu.
06:40Il a laissé une empointe indélébile dans nos vies et soins.
06:52Et son absence se fait cruellement ressentir.
06:55Donc voilà, là c'est la chambre de Paul et encore son nom, une petite lettre qu'on avait mis ensemble.
07:13Des fois je me disais ouais je vais le rejoindre.
07:23C'est quelque chose qui nous passe par la tête.
07:25Après c'est sûr qu'on pense aux gens qui restent, aux gens qui sont autour de moi et non ils ont encore besoin de moi et je suis bien là.
07:43Et c'est là où, à la bergerie ?
07:47Quand il était tout bébé à cet âge-là, je le prenais dans un petit couffin puis on le mettait dans la crèche,
07:55les crèches où on met le foin pour les chèvres, là on boit, où elles viennent manger, on le mettait au milieu.
08:00Et puis après il était à quatre pattes, il montait sur les chèvres et il s'amusait avec elles, des câlins.
08:08Là c'est là comme son Ardèche, avec son papa.
08:12Allez, viens, viens, viens, viens, viens, viens, viens, viens, viens, viens, viens, viens, viens, viens, viens, viens, viens, viens.
08:24Une chèvre s'appelait Titus, oula.
08:26Comme nous, aussi.
08:28Comme nous, ouais, ouais, des fois il faut l'être.
08:30Non, avec la route pas.
08:34Paul il rêvait déjà 8 ou 9 ans qu'on s'est séparés.
08:37Heureusement on habitait proche, on était à 100 mètres.
08:39Il allait de deux côtés quoi.
08:41Entrez.
08:45Entrez, entrez.
08:46Merci Pascal.
08:47Ouais, ouais.
08:48Entrez.
08:49Ouais, ouais.
08:52Mais tu vois, si là.
08:54On va boire une petite Ricoré ?
08:56Ah oui, volontiers.
08:58C'est moi qui l'ai fait ça.
08:59Avec Paul on l'a...
09:00C'est Paul qui a même fait les plans quasiment.
09:02C'était bon dès ça hein.
09:03C'est la Ricoré qui a fait hein.
09:05Voilà.
09:06Comment tu vas Pascal depuis qu'on t'a vu à Paris ?
09:08J'y pense tous les jours bien sûr.
09:09Et puis...
09:10Et puis...
09:11Et puis...
09:12Ben non, c'est pas évident du tout hein.
09:14Il était là très souvent.
09:16Je vois arriver là avec sa démarche là.
09:20Ah c'est bon.
09:21C'est bon.
09:22On m'aurait dit ça il y a un an.
09:51Paul était encore là, je n'aurais jamais pensé qu'un homme m'a dit l'an prochain tu vas faire des...
09:57C'est drôle, la vie, comment c'est.
10:04Mais oui, ça fait 6 mois, un peu plus de 6 mois.
10:07Ah oui, je ne peux pas rester là les bras croisés.
10:11Comme tout père, je pense que tout père il ferait ça.
10:14Quand un père il perd son fils, dans les conditions comme ça,
10:19on ne peut pas rester les bras croisés.
10:22Il faut deux coups pour faire du bon travail.
10:29Là je ne suis pas bien croyant, mais s'il me voit, il va être content.
10:35Je ne sais pas s'il me voit, je ne sais pas.
10:42À la campagne, la vie est assez dure.
10:46On est souvent au vif, au vif du sujet et de la réalité quoi.
10:53Aïe !
10:55Dans une heure c'est bon.
10:57On le prend quand même avec délicatesse.
11:01On prend la voiture, on s'attend en bas !
11:03On vous embauche un petit peu, il faut reprendre ça.
11:13Ça.
11:14Oh pardon.
11:15Voilà, il faut reprendre.
11:16Ça, on le remet comme ça.
11:20Là on va mettre la ficelle.
11:22Ce matin, oui.
11:23Ce matin, oui.
11:24C'est ça.
11:25Il disait de le mettre pas trop au bord.
11:28Le mettre par là.
11:29Non, comme ça.
11:30Attends, oui.
11:31Attends, oui.
11:32Plutôt dans ce sens-là.
11:33À combien de fentes ? On va peut-être se servir de...
11:35là, tu sais.
11:36On le met.
11:37On le met.
11:38On le met.
11:39On le met.
11:40Ah, la ficelle.
11:41Et ça peint ce matin, ça, là ?
11:43Ce matin, oui.
11:44C'est ça.
11:49Il disait de le mettre pas trop au bord.
11:51Le mettre par là.
11:53Non, comme ça.
11:55Attends, oui.
11:56Plutôt dans ce sens-là.
11:58À combien de fentes ? On va peut-être se servir de là.
12:01Voilà, tu sais.
12:02On le met.
12:03On le met.
12:04On le met.
12:05On le met un piqué ici, comme ça.
12:06Non, c'est bon.
12:07Ça va ?
12:08Ouais, ouais.
12:09De là, on voit bien ceux qui arrivent le voient.
12:10Ouais.
12:11Et ceux qui vont arriver de là, le voient bien aussi, dans les deux sens.
12:14C'est bon comme ça ?
12:15Allez.
12:19Ça va, hein ?
12:20Comme ça.
12:23Un petit peu.
12:26Par là, on met une ficelle ici.
12:27Oui.
12:28Lisselle dans la jante.
12:29Et puis là, attends.
12:31Alain, vous êtes l'ancien maire.
12:33Vous êtes le président de la communauté de communes.
12:35C'est important, ce vélo blanc, ici, à l'entrée de la commune ?
12:37Oui, c'est important.
12:38C'est important parce que ce qui s'est passé est dramatique et on ne doit pas l'oublier.
12:44Donc, c'est à la fois un hommage pour Paul, qui voulait que le vélo puisse prendre toute sa place dans l'espace public.
12:54Et puis, c'est un rappel pour les gens qui passent là.
13:02Parce qu'on est tour à tour.
13:05Piétons, cyclistes ou chauffeurs.
13:13Et à beaucoup d'endroits, la route se partage.
13:18À des endroits, il y a des installations, des équipements qu'on se doit de respecter.
13:22Mais à beaucoup d'endroits, on est dans le partage.
13:25Et pas dans l'opposition.
13:28Et c'est pas toujours facile.
13:29C'est ça que rappellent ces vélos.
13:31De partout.
13:32Il y a quand même un long moment de sidération.
13:35Quand Pascal s'est retourné vers nous en disant, voilà, on met des vélos pour rappeler le combat, ça n'a pas fait discussion.
13:44C'était oui tout de suite.
13:46Aujourd'hui, c'est un temps de souvenirs.
13:51Pas apaisé encore.
13:52Parce qu'il y a une grande colère.
13:54Ça gêne personne, hein ?
13:56Ah non, non, là, ça gêne personne.
13:58Salut.
13:59Bonjour.
14:00En plus, il y a des vélos qui passent, t'as vu ?
14:02Il y a parfois, effectivement, beaucoup de tensions.
14:05On les voit même entre automobilistes.
14:08On a l'impression que pour certains, quelques minutes supplémentaires de gagner sur la route, c'est fondamental.
14:18On va continuer, hein ? T'inquiète pas.
14:21On va pas s'arrêter là, au moins.
14:26Et ça, c'est quoi ?
14:43Ça, c'est la lettre de Anne Hidalgo qui est écrite à Emmanuel Macron.
14:49La présidente de la République.
14:51lui a indiqué que je souhaite me marier à titre posthume avec Paul.
14:56Et du coup, c'est une lettre qui permet de soutenir ma demande.
15:00Un jour, il me dit, maman, faut que je te dise quelque chose.
15:08Bah, je suis gay, j'aime les garçons.
15:10C'est bon.
15:12Moi, j'ai complètement rassuré là-dessus.
15:15Bon, il y avait aucun problème avec ça.
15:18Mais il en avait pas encore parlé à Pascal.
15:21Et il disait, maman, faut que je dise à Pascal, je pense que ça va être plus difficile.
15:25C'est fait.
15:26Mais en tout cas, moi, je suis super fière de lui, qu'il ait pu l'assumer et le vivre pleinement.
15:34Ça va nous protéger émotionnellement par le drame et dans ce qu'on vit.
15:40Donc, c'est pas forcément très facile.
15:42Il y a de la pension par rapport à ça et aussi par rapport au fait de bien en parler.
15:50de ne pas être envahis justement par les émotions.
16:01Là, Nathalie, tu penses à quoi ?
16:10Pas à grand chose en fait, mais je pense au décalage entre ce que je vis d'intérieur.
16:20Et à quel moment je peux fumer une cigarette ?
16:28Euh, bah, maintenant, I think.
16:31Ok.
16:33Tout à l'heure, j'ai eu un petit...
16:36C'est-à-dire, le décalage entre ce qui se passe à l'intérieur, est-ce qu'il se passe à l'extérieur ou...
16:44Il y a quoi de chez vous ?
16:45Bien.
16:46Yuhu !
16:47Ouais, il y avait un décalage...
16:48Peut-être que là...
16:49C'est un peu craqué.
16:51Moi, en tant que comédienne qui a l'habitude de jouer, là, ça fait presque être en représentation.
17:01Et c'est comme si on jouait le rôle de sa propre vie en fait. C'est assez... tout blanc.
17:07Et même pour s'habiller, moi, j'étais là, j'ai sorti qui sur le... sur mon lit, euh...
17:12Qu'est-ce que je mets ?
17:13Je m'aimais reconcevoir.
17:14C'était une prise de tête.
17:15Parce qu'en fait, c'est qu'est-ce qu'on doit d'abord ?
17:16Je m'aimais reconcevoir.
17:17Je m'aimais reconcevoir...
17:18Il y a eu...
17:19Je m'aimais reconcevoir.
17:20Quand vous voulez, Juliette...
17:21OK.
17:22Nathalie.
17:23Jonathan.
17:24Julie.
17:25Bonjour Jonathan.
17:26Bonjour.
17:27Bonjour, bonjour.
17:28Bonjour Nathalie.
17:29Merci d'être venus.
17:30Le 15 octobre, je suis passée juste à côté, juste après l'accident, mais je n'avais
17:37pas compris ce qui se passait, je l'avais découvert le lendemain.
17:41Quand j'ai su que je vous recevais, j'étais aussi heureuse de parler de Paul.
17:46Est-ce que tout le monde est prêt ?
17:47Paul a été sacrifié.
17:55Il a travaillé avec tout un tas d'associations cyclistes pendant des années sur Paris.
17:59C'était un combat pour une ville apaisée, pour développer les pistes cyclables à Paris.
18:07Et ce contre quoi il se battait, l'a tué.
18:13Vous avez tenu bon.
18:19C'est très fort.
18:21Je vous envoie tout ce que je peux.
18:25Justine, on vous a vu vraiment très très émis.
18:27Ce qui me bouleverse le plus quand je reçois des invités qui sont dans une telle souffrance, c'est les larmes après.
18:32C'est-à-dire qu'on voit tout le combat pendant l'émission.
18:34On voit la détermination de cette mère de parler de son fils, de regarder sa photo, d'expliquer ce qui s'est passé.
18:40Et au moment du générique de fin, on voit tout le chagrin pur, le manque, le drame.
18:45J'ai pu remarquer et constater à quel point il y a eu une augmentation, des agressions,
18:51même en effet des obscénités, des violences banales en fait.
18:55C'est ça.
18:55Et d'ailleurs, moi je me suis retrouvée exactement à la situation d'Emilia sur l'un d'ailleurs,
19:01avec un mec collé derrière mon parcheux.
19:03Et j'ai senti vraiment une peur vive de ce qui pouvait arriver.
19:09C'est-à-dire qu'avant, on se serait contenté de se dire, quel con, quel con, laisse-moi.
19:14Aujourd'hui, on se sent en danger pour sa propre vie et on a peur avec des poussées d'adrénaline.
19:20Il était sur le pisciclame à Paris, Boulevard Mazerme.
19:30Ah, ça y est, ça y est, j'en avais parlé, j'en avais parlé.
19:33Il était sur le pisciclame.
19:34Bonjour.
19:35Il y a un gros Mercedes qui est venu derrière sur le pisciclame et qui l'a écrasé.
19:39Pas plus tard que la semaine dernière.
19:41Deux cyclistes, au milieu, ils discutaient le coup.
19:45Oui.
19:45Et claxonnés.
19:46Si.
19:47On peut mettre une afflure.
19:48Ah ben ça, par contre, il ne faut pas.
19:51Mais, c'est comme j'avais envie de m'arrêter plus loin.
19:55Non mais des fois, il faut mettre un coup de pêle dans la table.
19:57Non, il ne faut pas être comme ça.
19:58Et non, mais je continue, vous t'avez dit à eux.
20:01Non, non, non, il ne faut pas.
20:02C'est comme ça.
20:04Deux entrecôtes, c'est possible.
20:06Il y avait juste une table.
20:08Parfois, il y a des raisonnements un petit peu, un peu durs.
20:11Il y a des raisonnements, c'est même bizarre.
20:15Les gens, ils sont dans leur voiture, ils sont pressés.
20:18Je suis dans ma voiture, c'est moi et toi, enlève-toi de là que je suis pressé.
20:23Et puis, je m'arrête là.
20:24Bon, mais c'est pas évident.
20:28C'est quoi ces travaux, Nathalie ?
20:48C'est un projet de piste cyclable auquel Paul a participé.
20:53Il y a beaucoup travaillé.
20:55Ça va être une très longue piste cyclable.
20:58Et c'est pas mal parce que là, pour le moment, il n'y a rien pour les cyclistes sur cette partie-là.
21:03Normalement, la mairie de Paris devrait nommer cette piste cyclable au nom de Paul, en sa mémoire.
21:11Donc, ça va être la première fois qu'une piste cyclable va être nommée.
21:14C'est fort pour toi, on l'imagine ?
21:15Oui, c'est la reconnaissance de tout le travail associatif, tout le bénévolat et les heures qu'il a passées à monter ses projets.
21:26Parce qu'il y a énormément de projets auxquels il a participé.
21:28Les cyclistes pourront être sous sa protection.
21:35Il s'est donné un sens, encore une fois, à ce qu'il faisait et qu'on n'oublie pas.
21:39On n'oublie pas.
21:47Le plus blanc possible ?
21:49Oui, ça va.
21:50Je pense que tout le monde en a entendu parler, sans forcément savoir que c'était un gamin du pays.
22:12sans savoir que c'était plus qu'un incident, que c'était bien plus grave que ça.
22:17Et surtout que ce devoir de mémoire perdure un petit peu, que cette violence ne s'oublie pas.
22:24Tu as lancé la cuisson, Quentin ?
22:25Oui.
22:26Les vélos, on en peint quelques-uns par mois, on en peint quelques-uns par an.
22:30Celui-là, il a une charge un petit peu différente.
22:32Ce n'est pas juste un service commercial qu'on rend à un client.
22:37Là, c'est un petit peu plus empreinte d'humanité.
22:40Et la main est un peu plus lourde ce matin qu'un autre jour.
22:43Ce n'est pas le compresseur, c'est du beau boulot.
22:46Bravo, c'est du bon boulot.
22:50À tout moment, les gens peuvent craquer un boulon, peuvent sortir de l'organ,
22:55devenir non-humain pendant quelques minutes.
22:59La vie, elle est si précieuse et qu'elle peut partir en biberine pour pas grand-chose.
23:04Je suis un de mes filles qui m'ont posé plein de questions.
23:06On a du mal à comprendre la sauvagerie des villes, des fois.
23:11On est loin de Marseille, on est loin de Nyon, on est loin de Paris.
23:14C'est toujours des moments où on se sent un peu étrangers à tout ça.
23:17Avec l'OTAN, on va, tout s'en va.
23:31Mes meilleurs souvenirs,
23:34mes meilleurs qu'on n'oubliera jamais.
23:36Tu as peur d'oublier ses souvenirs, d'oublier les souvenirs de Paul, d'oublier sa voile ?
23:43Oh, je n'oublierai jamais.
23:45Son sourire et tout, je n'oublierai jamais, c'est impossible.
23:50Ah oui.
23:55Oh, je n'oublierai, tu ne peux pas, sa voile, son sourire.
24:00Mais oui, on ne peut pas oublier.
24:01À moins que demain, je devienne.
24:09Tu perds de la mémoire.
24:09Ça me rend fadapes, tout ça, là.
24:13Ça me rend fadapes, tout ça.
24:43La dernière photo que tu as de lui, elle est prise ici.
24:45C'est le cadier, c'est là.
24:46Ouais.
24:47C'est par là, voilà.
24:50Et Pascal, Paul, il était homosexuel ?
24:53Je l'ai appris il y a 2, 3, 4 ans.
24:563 ans, exactement, je ne sais plus trop.
24:59Il est allé me voir à la maison en bas.
25:01Il m'a dit, papa, je viens de parler.
25:03Papa, je suis homosexuel.
25:05Voilà.
25:07Tu as réagi comment ?
25:08Oh, ben là, ça m'a...
25:09C'était pendant une heure ou deux.
25:16Ça m'a fait tout le rôle.
25:18Moi, je suis un septième, on était 8 chez nous.
25:21L'homosexuelité, on n'en parlait pas ?
25:22Pas du tout.
25:25Pourtant, Jonathan, tu l'aimes beaucoup.
25:27Il est venu.
25:27Ah, ben bien sûr.
25:28J'ai vu qu'ils étaient bien ensemble, c'est sûr.
25:31Le principal, c'est qu'ils soient heureux jusqu'à la fin.
25:34Ce face-à-face avec cette personne que tu ne connais pas,
25:50l'auteur des faits, cette angoisse,
25:52ça te met en colère,
25:54ça te rend dans quel état d'esprit ?
25:56Je ne sais pas comment je veux réagir.
25:59Ça t'arriverait à toi ?
26:05Comment tu as...
26:07Et surtout quand je vais le voir physiquement,
26:12je vais le voir à 3 mètres de moi.
26:16Je ne sais pas.
26:17C'est le jour du jugement au tribunal à Paris.
26:19Il a ça.
26:19Oh là là.
26:22Je ne sais pas comment je veux réagir.
26:27Je ne suis même pas sûr de moi, je ne sais pas.
26:29C'est incroyable.
26:34Tu ne fais même pas ça un animal.
26:37Un animal, tu fais tout pour ne pas qu'il meure.
26:40J'ai passé ma vie à sauver des bêtes.
26:43Là, c'est un être humain.
26:44Un être humain qui tue un être humain, volontairement.
26:47Je ne sais n'importe quoi.
26:48Tu as fait un enfant, tu l'as vu naître,
26:50tu l'as porté, tu l'as vu sortir du ventre de la mer.
26:52Puis...
26:54On s'est retrouvé tous les deux au cimetière.
27:03Il y a un moment donné, il était un peu agacé avec les travaux.
27:07Il faisait chaud, un peu du stress, tout ça.
27:10Et puis il m'a dit un truc un peu...
27:12Je lui ai dit, mais Pascal, je ne sais pas si tu te rends compte,
27:15mais là, ce que tu me dis,
27:17ce n'est pas agréable à entendre.
27:20On ne va quand même pas se prendre le chou sur la tombe de Paul.
27:24C'est juste.
27:25Il m'a dit, oui, bon, tu as raison, c'est sûr.
27:27Excuse-moi.
27:28Vous êtes pris dans les bras, tous les deux ?
27:30Non.
27:30Pascal, ce sera toujours le papa de Paul.
27:33On sait pourquoi on s'est quitté.
27:36On sait qu'on n'est pas pareil.
27:39Et les t-shirts, on va les mettre là.
27:41On fait comme ça.
27:45Ah, on oublie la grande photo principale.
27:48Ah, mince.
27:53Ah, pétain.
27:54Attends.
27:56Voilà.
27:57Le prix coûtant, 5 euros.
27:58Le prix que ça m'a coûté pour les faire fabriquer.
28:03T'en as fait combien ?
28:04150.
28:05C'est sympa.
28:05T'en as vendu quelques-uns déjà ?
28:07Ah oui, une bonne moitié, oui.
28:08Je sais qu'à faire du vélo, je le mettrai.
28:10Non, non, ça me fait plaisir.
28:11Je te l'offre, en souvenir de Paul.
28:13Tu veux elle ?
28:13Elle, ouais.
28:14Elle, allez, prends.
28:15Ça fait plaisir.
28:16Allez.
28:17Voilà.
28:18Merci.
28:19Je pense à Paul.
28:20C'est quelle personne, Pascal ?
28:21Vous pourriez nous le décrir, vous le connaissez bien.
28:23Pascal ?
28:23Oui.
28:24Ah, c'est bon là.
28:26C'est un perso d'un.
28:27Cœur sur la main, grand bosseur.
28:30Toujours dans l'échange, toujours dans la...
28:33On a besoin, on va le voir.
28:35C'est un grand sensible aussi, hein, Pascal ?
28:37Oh, le malheur.
28:38Voilà, comme moi.
28:39C'est quelqu'un qui n'est pas sensible, c'est quelqu'un qui est historique.
28:43Comment on peut soutenir les parents ?
28:46Ah, ben moi, je vais voir mon ami Pascal tous les jeunis.
28:50C'est vrai ?
28:51Vous lui dites quoi ?
28:52Ah, il se fait ça.
28:55On se parle.
28:55Ah, bon souvenir, Paul, hein.
28:58Bon gamin.
28:59Oui, c'est vrai.
29:02Comment il va, mon ami Pascal ?
29:03Ça va ?
29:04Ça va, ça va.
29:05Ouais ?
29:05Je suis allé.
29:06Ah, ben sinon, tu es toujours là, donc c'est bon.
29:07Ah, ben oui, tant qu'on est pas foutus, en fait.
29:09Eh ben, alors, écoute.
29:11C'est là ?
29:12Alors, pas c'est là.
29:14C'est là, c'est cadeau.
29:14C'est là, alors.
29:16On construit une petite chapelle sur la tombe de Paul.
29:21Donc, on est ensemble sur ce projet-là.
29:24Et puis, de toute façon, on est tous les deux dans la même souffrance.
29:35Mon corps, je sens qu'il part, là, mais depuis, ça n'arrête pas.
29:39J'arrête pas d'aller chez l'Oxtéo.
29:41J'ai mal de ci, j'ai mal de là.
29:43Bienvenue les douleurs.
29:44Ah, c'est cool.
29:52Tu t'es pas mis dehors.
30:00Philippe, c'est un copain de très longue date.
30:04Je pense que, globalement, je me suis quand même un peu isolée.
30:07Ça, c'est sûr.
30:08Parce que j'ai besoin aussi de cette solitude pour transformer, pour mâcher, pour comprendre.
30:14Et aussi, des fois, parce que le regard des autres, c'est compliqué.
30:20Parce qu'il y a tout un passage où, quand je sortais, j'avais l'impression d'avoir l'étiquette
30:25« La mère qui a perdu son fils », c'est comme si j'étais handicapée.
30:30C'est-à-dire, les gens pouvaient avoir des regards soit trop bienveillants,
30:35soit que ça leur renvoie quelque chose qu'ils ne voudraient surtout pas vivre.
30:40Donc, ils viennent vers moi, en larmes.
30:45Et du coup, il y avait tout ça à gérer en plus.
30:48Et que finalement, c'était plus simple de rester face à moi-même, au moins.
30:52Et pas tout ça à gérer.
30:53Et Philippe, il te fait rire.
30:55On voit quand même qu'il a du humour.
30:57Il a beaucoup du moins.
30:59Lui ?
31:00Oui.
31:05Encore un peu, depuis que vous faites le reportage, il y a...
31:08Je suis Paris.
31:09Je suis Paris.
31:12Ah, les autres, on l'a vu dans les moments.
31:14On a des sujets un peu plus...
31:15Oui, oui, j'imagine.
31:17Oui, oui, il y a la tierne.
31:23Ça va ?
31:24C'est trop.
31:26Oui, toujours les courses.
31:27Eh, ben, toujours les courses, oui.
31:29On a dit que tu devais manger.
31:30Oui, oui.
31:31Oui, oui.
31:31Je vais pas en parler, là, comme ça, mais c'est un peu intime.
31:59Oui, ben, j'étais en connexion avec lui.
32:03Ah, oui.
32:05Ça va, oui ?
32:05Tu vas l'avoir.
32:07Ah, c'est trop.
32:08Si tu veux essayer...
32:10Je sais pas.
32:11Mais toi, perso, tu sens que ça...
32:14Ben, disons que ce qui m'a fait du bien, c'est de...
32:17C'est de me connecter à lui, de savoir qu'il est quelque part.
32:22Quand on parle de ça, en fait, beaucoup de gens qui peuvent se dire,
32:31elle, elle est complètement barrée, elle a perdu son fils,
32:33elle est partie dans des autres sphères.
32:36Mais en fait, quand on a un drame comme ça dans notre vie,
32:38on est obligé de se poser question.
32:40Il est où ?
32:40Où j'envoie cet amour, là, à qui je parle ?
32:42Il n'y a plus son corps, mais je sens sa présence,
32:45je le sens physiquement quand il est là.
32:47C'est parti.
33:17Pour ce temps, je vous invite à vous rapprocher du plus petit...
33:20Je vous embrasse.
33:29Voilà, j'envoie.
33:31Merci beaucoup.
33:32Un grand merci.
33:33Beaucoup se sont reconnus dans cette violence qu'a subie Paul
33:49et qui a eu raison de sa vie.
33:52Et il n'y a pas de mot, et il n'y a toujours pas de mot
33:54pour qualifier la brutalité de ce qui s'est passé.
33:58C'est un crime.
34:00Un crime.
34:01La voiture, quand elle est utilisée comme ça a été le cas,
34:04sans respect, sans responsabilité,
34:06devient une arme.
34:08Une arme létale.
34:09Mais sans volontarisme politique,
34:12en se cachant derrière son petit doigt,
34:14en ne nommant pas les choses,
34:16en étant impressionnés par la violence des lobbies
34:19que nous avons en face de nous
34:20et de ces virilistes masculinistes
34:23à bord de leur grosse voiture,
34:25si nous n'avons pas la volonté de lutter,
34:28alors ils gagneront.
34:30Mais moi, je ne veux pas qu'ils gagnent.
34:31Voilà.
34:32Voilà, venez, venez, venez.
34:37Non, non, il connaît...
34:38Non, non, il connaît...
34:39Voilà, prenez ce petit...
34:41Piste cyclable, Paul Vary, 1996-2024,
34:57militant du vélo.
34:58Ils sont belles, hein ?
35:23Qu'est-ce qu'il y a après ?
35:25Rien, je crois que c'est fini.
35:28Oui.
35:52Oh, la poussière, j'oublie mes lunettes.
35:54Ah, du coup, tu n'as pas fait les trois comme ça ?
35:59Tac, tac, tac.
36:00Les trois comme ça ?
36:01Non.
36:02Les pavés comme ça ?
36:03Non.
36:04Comme ça ?
36:05Oui, mais après, tu n'as pas la même large.
36:07J'ai une idée justement de trouver.
36:08Pour la porte.
36:12Par contre, les roues de vélo,
36:13moi, je vais réfléchir,
36:14ça ne me range pas trop les roues de vélo.
36:15Ah, ben, ça...
36:17Mais petite, hein ?
36:19Tout petit, hein ?
36:20Avec le guidon, là, avec le...
36:22Un des câbles.
36:23Un des vélos, il y en a partout, Pascal.
36:25Moi, à chaque fois, ça me rappelle...
36:27J'aimerais bien autre chose que...
36:29Par contre, les gros machins...
36:30Pas les mêmes, mais...
36:31Un dimensio.
36:32C'était pas que du vélo, quoi ?
36:35Ça passe un peu rétro.
36:42Un peu de 18 cents, avec des...
36:44Je verrais bien des...
36:46Des feuillages et des oiseaux.
36:48Moi, je veux bien dessiner.
36:51Ben, oui.
36:52Non ?
36:52Ben, oui, pourquoi pas.
36:54Et toi, ton copain, il est...
36:56Il a le laser pour faire la découpe fine.
36:59Il n'allait pas qu'il nous fasse un sanglier.
37:00Ah, bon...
37:01Un cercle avec des bannes.
37:04Parce que Paul, il est hors de la chasse, Paul.
37:06Ah, mais c'est clair.
37:07On est en train de se mettre d'accord sur le...
37:08Qui va faire la porte.
37:10Voilà.
37:12C'est pas qu'il est un peu têtu, c'est qu'il est...
37:15Ah, il y a peut-être un point qu'on va...
37:19On va trouver la solution.
37:21On était d'accord sur tout, sauf sur la porte.
37:23Ben, à la fin.
37:24Ouais, quand il y a de l'autre côté, et puis quand il y aura l'arrondi, la boue, ça fera.
37:33Ouais.
37:33Ouais.
37:33Sous-titrage Société Radio-Canada
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