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  • il y a 2 jours
Aujourd'hui, dans « Les 4V », Jeff Wittenberg revient sur les questions qui font l’actualité avec Benoît Payan, maire divers gauche de Marseille.

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Transcription
00:00— Effectivement. Merci, Benoît Payan, maire de Marseille, d'être avec nous ce matin en direct de votre mairie.
00:06Et hier, vous avez accompagné les deux ministres de l'Intérieur et de la Justice, Gérald Darmanin et M. Nunez, Laurent Nunez.
00:15Gérald Darmanin a dit que ça allait être, je le cite, une bataille très très dure contre le narcotrafic, très très dure, mais capable d'être gagné, vous pensez ?
00:23— Bien sûr. Il faut jamais baisser les bras. Il n'y a aucun combat qui est perdu d'avance. Et en effet, c'est difficile. En effet, c'est compliqué.
00:32Mais on voit qu'avec de la perspicacité, on voit qu'avec des moyens, on voit qu'avec des magistrats supplémentaires, on voit qu'avec des policiers supplémentaires,
00:39on voit qu'avec la synergie, on a des résultats et on a eu des résultats.
00:43— Et comment vous pouvez dire que vous avez des résultats ? Excusez-moi de vous couper.
00:44— L'assassinat tragique de Mehdi... Pardonnez-moi. Pardonnez-moi. Non. Je vais au bout.
00:48Donc même si on voit que l'assassinat tragique de Mehdi nous plonge dans une dimension qui est complètement différente.
00:55Quand je parle de résultats, je vous parle d'enquêtes qui sont résolues. Je vous parle de chiffres. Je vous parle de points de deal qui ont diminué.
01:00Je vous parle d'assassinat. On est passé de 50 personnes qui ont été tuées en 2023 à 20 en 2024 à Marseille à 9.
01:09Mais ce 9e, il nous dit quelque chose de différent. Il nous raconte que cette mafia, que cette pieuvre, que ces narcotrafiquants sont passés à une étape complètement différente.
01:21On n'avait jamais connu ça à Marseille depuis l'assassinat du juge Michel. Pour la première fois, on a des gens qui tuent pour faire taire, pour faire peur.
01:28— Précisément, Benoît Payan, est-ce que vous êtes capable, vous, les autorités de l'État, la police, la justice, de venir à bout de cette désaide mafia
01:36qui est devenue célèbre maintenant, cette organisation criminelle qui a pris le pouvoir dans certains quartiers
01:40et qui est sans doute responsable du meurtre de Mehdi Kessassi, le frère d'Amin Kessassi ?
01:46Est-ce que la peur ne s'est pas installée dans une grande partie de la population marseillaise ?
01:51— Mais évidemment, cet assassinat, il est fait pour faire peur. Il est fait pour faire taire.
01:56Il est fait pour que les autorités, pour que les associatifs, pour que la famille de Mehdi, pour que Amin Kessassi baisse les yeux.
02:04Mais c'est tout le contraire qu'il faut faire.
02:05Quand on est attaqué comme ça, quand l'État de droit et la République sont attaqués,
02:09comme ils l'ont été avec l'assassinat de Mehdi, parce que Mehdi, c'est le symbole d'une République mise à terre.
02:15Et je pèse mes mots. Et donc la réponse doit être proportionnée.
02:19Et en effet, je ne sais pas... C'est l'enquête qui dira exactement qui, quand et comment.
02:24Et je crois qu'elle avance, et qu'elle avance bien.
02:26Et en tout cas, j'espère qu'on va appréhender, arrêter et traduire en justice,
02:30non seulement les assassins, mais les commanditaires, même s'il semble y avoir quelques pistes.
02:34Mais c'est la République qui est testée.
02:36C'est sa capacité à tenir. C'est sa capacité à dire non.
02:40C'est sa capacité à dire, nous n'avons pas peur de vous.
02:42C'est ce qu'ils veulent, Jeff Vutenberg.
02:45Ils veulent que les journalistes se taisent.
02:46Ils veulent que les élus se taisent.
02:48Ils veulent que les magistrats aient peur.
02:50On a connu ça dans d'autres...
02:51Nous, on l'a vu, on l'a connu à Marseille, avec l'assassinat du juge Michel.
02:55L'omerta s'est installé dans certains pays.
02:57Mais nous, à Marseille, et c'est ce qu'on va dire, et c'est ce qu'on va dire samedi,
03:03nous ne nous tairons pas, nous ne baisserons pas les yeux, et nous vous affronterons.
03:09Benoît Payan, demain, il y aura effectivement une grande marche blanche.
03:11On en parlait dans le journal de 8h à Marseille.
03:14Évidemment, vous y participerez.
03:15Une grande partie de la classe politique locale et nationale y sera.
03:18Mais n'avez-vous pas peur, c'est le cas de le dire,
03:21que beaucoup de Marseillais, beaucoup d'habitants de ces quartiers
03:23n'osent pas venir pour ne pas, justement, publiquement affronter
03:28et exprimer leurs convictions contre les mafieux ?
03:33C'est possible, mais je sais que c'est une ville qui refuse ça.
03:36Je connais ma ville et je connais mon pays.
03:38Ce test, il est fait, finalement, à ce qu'il fait la République,
03:41à ce qu'il fait la patrie, c'est-à-dire qu'on peut être des gens différents.
03:44On peut avoir des différences d'opinion, on peut avoir des différences religieuses.
03:48Non seulement c'est possible, mais c'est essentiel.
03:51Et si on doit le faire une fois, deux fois, dix fois, on le fera.
03:54Ils veulent nous faire taire, Jeff Wittenberg.
03:57Ils veulent nous faire peur.
03:59Nous devons résister.
04:01Nous devons montrer que non seulement, quand on prend un coup, on en rend dix,
04:05mais que ce qui fait l'unité de cette ville,
04:07ce qui fait l'unité de cette nation est plus fort que ce qui peut nous diviser.
04:10Donc oui, je pense qu'on est dans un moment spécifique, critique,
04:14auquel on doit répondre tous ensemble.
04:16Vous appelez les Marseillais à venir très nombreux demain.
04:18Je pense qu'il ne peut pas y avoir de différence entre nous.
04:21Mais pas que les Marseillais.
04:22Je pense que ça concerne tout le monde.
04:24Ça s'est passé à Marseille, ça peut se passer ailleurs.
04:26Le narcotrafic, ces assassins sont partout.
04:29Ces gens, vous savez, ces gens-là ne font pas de cas de la vie.
04:33La vie ne vaut rien.
04:34Seul l'argent, l'or, le sang, il n'y a que ça qui les intéresse.
04:37Ils sont prêts à tout.
04:39Et nous, on doit leur dire qu'on n'a pas peur d'eux.
04:41Une question qu'a soulevée le président Macron.
04:45Est-ce que vous êtes d'accord avec lui pour dire qu'indirectement,
04:47ou peut-être plus qu'indirectement,
04:49les consommateurs sont responsables de l'explosion du trafic ?
04:53Il a notamment ciblé les bourgeois des centres-villes,
04:56je cite le président,
04:57qui en consommant de la drogue,
04:58participent à la prospérité de ce commerce meurtrier.
05:02Est-ce que vous êtes d'accord avec lui ?
05:05Je pense qu'il est très clair qu'il y a un lien entre la consommation et le trafic.
05:13Et c'est pour ça que beaucoup de sujets sont posés sur la table.
05:16La question de la légalisation, mais c'est le cannabis,
05:17donc ce n'est pas tout à fait la même chose.
05:19On sait que l'immense majorité des revenus...
05:22Moi, je suis favorable à ce qu'il y ait un débat, mais ce n'est pas le sujet.
05:25Moi, je veux d'abord qu'on mette fin à ce système.
05:28Encore une fois, ce n'est pas comme ça qu'on mettra en prison
05:31des gens qui sont des assassins et qui sont des mafias.
05:33On n'arrête pas la mafia, regardez ce qui se passe en Hollande,
05:36d'un coup de baguette magique avec un tweet ou avec...
05:39Si on avait une solution miracle, si elle existait,
05:42je pense qu'elle serait consensuelle et que tout le monde serait d'accord.
05:45Ce n'est pas qu'une question de morale, ce n'est pas qu'une question de principe,
05:48c'est une question d'efficacité.
05:50Moi, ce que je veux, c'est d'abord qu'on prenne ces gens
05:52et qu'on les mette à leur place, c'est-à-dire en prison.
05:54Ces gens-là ne sont pas des victimes de la société.
05:56Je vous parle de ces assassins.
05:59Ce sont des assassins.
06:00Ce sont des gens qui défient la République.
06:02Ce sont des gens qui n'ont pas leur place en société,
06:04qui ont leur place en prison, à l'isolement.
06:08Point barre.
06:08Benoît Payan, on est à quelques mois des élections municipales.
06:11Évidemment, ce sujet va peser dans cette campagne qui va s'ouvrir.
06:15Tout le monde pense que vous serez candidat à votre succession
06:17pour garder cette mairie de Marseille.
06:20Et l'un de vos principaux concurrents, Franck Alizio,
06:23qui représente le Rassemblement National,
06:25lui, il demande l'état d'urgence dans la ville,
06:27qu'il soit instauré.
06:28Et ces propos ont de l'écho, ont des adhérents.
06:32Beaucoup de Marseillais pensent qu'il a raison.
06:34Oui, mais bien sûr, vous savez...
06:36Écoutez, si j'avais demandé l'état de guerre,
06:39je pense que j'aurais fait encore plus d'adhésion.
06:41Et donc, on peut s'amuser à monter dans l'escalade verbale.
06:44On peut s'amuser à lancer à la cantonade un certain nombre de choses.
06:47Vous savez ce que c'est l'état d'urgence ?
06:48Bon, d'abord, l'état d'urgence, il existe depuis 2015,
06:51depuis les attentats terroristes.
06:53L'état d'urgence, c'est la possibilité pour un préfet d'interdire des manifestations.
06:57Jusqu'à preuve du contraire, Jeff Wittenberg à Marseille ou ailleurs,
06:59on n'a jamais vu de manifestation de narcotrafiquants.
07:02Ça, c'est le premier point.
07:03Ensuite, l'état d'urgence, il permet des perquisitions administratives.
07:07Jusqu'à preuve du contraire, je pense qu'il n'y a pas de boutique de narcotrafiquants
07:10que nous pourrions perquisitionner.
07:12Donc, en fait, ça n'a pas de sens.
07:13Ce sont des mots qui résonnent fort.
07:15Ce sont des mots qui pèsent.
07:18Mais leur réalité est non seulement inefficace, trompe les gens,
07:22mais en plus, c'est ridicule.
07:23C'est comme si je déclarais la ville en état de guerre.
07:26Peut-être que 90% de la population seraient d'accord avec moi.
07:29Mais qu'est-ce que j'amène réunir ?
07:30On parle de guerre aux narcotrafiquants.
07:35Mais encore une fois, dans cette période, il faut être rassurant,
07:39garder son calme et dire que cette bataille,
07:41et que cette guerre contre ces gens-là,
07:43on va la mener, on la mène et on va la gagner.
07:46Merci beaucoup, Benoît Payan, en direct de votre mairie de Marseille.
07:49C'est la suite de Télématin.
07:50Merci à vous.
07:51Merci, merci à tous les deux.
07:53Et merci à Sophie Mercurio pour la traduction en langue des signes.
07:58Merci à tous les deux.
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