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  • il y a 3 mois
Aujourd'hui, dans « Les 4V », Jeff Wittenberg revient sur les questions qui font l’actualité avec Naïma Moutchou, vice-présidente de l'Assemblée nationale, députée Horizons du Val-d'Oise.

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Transcription
00:00Bonjour en effet, Naïma Moutchou, vous êtes également députée Horizon du Val d'Oise et vous êtes chargée,
00:06vous avez été chargée d'un rapport par le Premier ministre sur le fléau des armes blanches
00:10dont on a eu une dramatique illustration cette semaine à Nogent, Haute-Marne,
00:15avec le meurtre de cette surveillante Mélanie.
00:17Une marche blanche aura lieu en son hommage ce soir sur place.
00:22Vous vous préconisez notamment dans votre rapport l'interdiction de la vente et de la détention des armes blanches
00:28pour les mineurs, mais comment on fait concrètement ?
00:31Ça veut dire d'ailleurs qu'aujourd'hui un enfant, un gamin, si j'ose dire, de 14 ou 16 ans peut aller acheter un couteau dans le commerce.
00:37Oui absolument, c'est ce qui se passe aujourd'hui.
00:39Un enfant d'ailleurs de n'importe quel âge peut aujourd'hui dans un supermarché, dans un magasin de bricolage,
00:44acheter un couteau avec une lame de 20 cm, il n'y a pas d'interdiction en tant que tel.
00:47Mais il peut de la même manière aussi sur Internet se procurer n'importe quel type d'armes blanches,
00:52parfois des choses qui peuvent choquer, on parle d'armes zombies, des armes inspirées, des jeux vidéo.
00:57À double lame.
00:58À double lame, avec des lames de parfois de 30-40 cm, enfin des objets qui sont faits pour blesser.
01:02Et pourquoi ces objets-là, par exemple, si je peux me permettre de vous interrompre, excusez-moi,
01:05ne sont pas tout simplement interdits pour tout le monde, comme c'est le cas en Grande-Bretagne,
01:09qui connaît un fléau de la même nature.
01:12D'ailleurs même là-bas, les couteaux de 20 cm de long, pardon, de rentrer dans ces précisions, sont interdits à la vente.
01:18Pourquoi la France n'en fait-elle pas de même tout de suite ?
01:20Elle peut le faire, c'est une des propositions de ce rapport que j'ai coprésidé avec le préfet François Ravier.
01:25Et nous proposons l'interdiction plus récente, d'abord des armes zombies, je veux dire,
01:28elles n'existent que pour blesser, que pour tuer, que pour faire du mal.
01:30Elles n'ont pas vocation à autre chose, donc elles doivent être interdites.
01:33Et pour le reste, on ne peut pas imaginer qu'un mineur, un enfant de 12 ans, de 13 ans, de 14 ans,
01:38puisse aller acheter un couteau, une paire de ciseaux, et puis aller le mettre dans son sac,
01:42et puis se promener avec à l'école.
01:43Alors comment on fait ? Des identités, comme pour les jeux d'argent, pour l'alcool ?
01:46Absolument, mais tout à fait.
01:47Aujourd'hui, un mineur ne peut pas acheter d'alcool, ne peut pas acheter par exemple de cigarettes.
01:50Bon, il y a eu une organisation, une mise en place de ces interdictions.
01:54Aujourd'hui, c'est tout à fait rentrer dans les mœurs.
01:57C'est la même idée, c'est le même esprit.
01:58Voilà, un enfant, un mineur n'achète pas d'alcool, un enfant mineur, pareil,
02:03dans un magasin, n'achète pas de couteau.
02:05Alors le meurtrier de la surveillance dans le collège de Haute-Marne avait,
02:09il faut le préciser, utilisé un couteau de cuisine.
02:11Jusqu'où peut aller aussi la responsabilité des familles ?
02:14Est-ce qu'il faut mettre, par exemple, ce genre de choses sous clé dans les familles ?
02:19Comment on fait là, concrètement ?
02:21Parce que ce n'est pas que, malheureusement, des armes blanches que l'on trouve dans le commerce.
02:24Vous avez raison, et l'idée n'est pas de légiférer sur tout et de tout interdire.
02:28Le législateur ne va pas écrire qu'il faudrait interdire les couteaux de cuisine dans les appartements et dans les foyers.
02:34Il y a une question de responsabilité parentale, bien sûr.
02:36Mais il y a autour de ça la question aussi de la santé mentale.
02:39Je ne sais pas quel est le profil, il y a une enquête en cours sur ce qui s'est passé malheureusement à nos gens.
02:42Pour l'instant, on dit qu'il ne relève pas, justement, d'un problème psychiatrique.
02:47L'enquête n'est pas terminée, mais nous verrons bien.
02:48Mais il y a aussi ce sujet, effectivement, de savoir s'il n'y a pas une fragilité en terrain psychologique aussi.
02:54C'est quand même insensé, quand on y pense, qu'un enfant puisse se munir d'un couteau dont il sait que, a priori, ça peut blesser, voire ça peut tuer,
03:04et qu'il se promène avec dans son sac.
03:06C'est d'autant plus insensé qu'en vérité c'est complexe, parce que vous avez des profils très différents.
03:10Vous avez des enfants qui ont un couteau dans leur sac pour se protéger parce qu'ils ont peur,
03:14parce qu'ils ont été agressés, qu'ils ont subi du harcèlement ou qu'ils vivent dans un environnement d'insécurité.
03:18Qu'est-ce que vous leur dites à cela ?
03:19Vous questionnez par exemple le rôle de la justice, vous dites que tout enfant, tout mineur,
03:23pris en flagrant délit de possession d'un couteau doit être déféré devant la justice.
03:27Mais cela comprend aussi les enfants dont vous venez de citer le cas, c'est-à-dire qui ont peur et qui ont donc un couteau sur eux.
03:33Absolument, vous avez raison, mais la réponse pénale n'est pas la même dans ce cas.
03:36Il ne s'agit pas d'envoyer en prison un enfant qui avait un couteau dans son sac pour se protéger.
03:40En revanche, on peut peut-être lui proposer un stage de sensibilisation pour lui expliquer
03:44qu'un couteau dans la poche c'est éventuellement une arme blanche dans la poche,
03:47et que de ce fait il peut commettre le pire et il peut grever lui-même son propre avenir.
03:52Alors vous voulez aussi, c'est un des axes forts de votre rapport,
03:55rétablir, je vous cite, l'autorité à l'école,
03:57mais ça fait des années qu'on entend cette préconisation, ce vœu.
04:03Par quoi ça passe ? Les enseignants, si j'ose dire, sont désarmés à tous les sens du terme.
04:07Est-ce qu'il faut mettre des gendarmes, des policiers ?
04:09Comment on rétablit l'ordre à l'école comme vous le préconisez ?
04:13Je veux rétablir l'ordre et l'autorité en général,
04:16parce que ce qui se passe à l'école se passe ailleurs aussi.
04:19L'autorité des parents, l'autorité de la police,
04:21tout ce qui représente le bien commun, l'intérêt public, se porte un uniforme.
04:24Tout ça aujourd'hui est remis en cause.
04:26Vous voyez bien que c'est un état d'esprit général.
04:28C'est là où ça rend la tâche un peu plus compliquée.
04:30Et le législateur peut y changer quelque chose ?
04:31Alors en partie, mais pas seulement.
04:33Vous avez raison.
04:34Tout ne se décrète pas par la loi.
04:35Il ne suffit pas de dire, je rétablis l'autorité, article 1,
04:37et donc l'autorité sera rétablie le lendemain.
04:40Mais il y a évidemment des choses à faire.
04:42Moi, je crois que la justice, par exemple,
04:44la justice porte un rôle essentiel.
04:46La justice pénale, elle doit être ferme, elle doit être dissuasive.
04:49C'est un message d'autorité.
04:52Plus qu'elle ne l'est aujourd'hui, elle peut aller un cran encore au-dessus.
04:55Moi, je suis favorable à des sanctions immédiates.
04:58Je préfère les courtes peines aux longues peines,
05:00qui prennent du temps à être mises en place.
05:01Parce que moi, j'ai des enfants, je suis maman aussi.
05:04Quand un de mes enfants commet un écart,
05:08je ne lui dis pas, écoute, on se revoit dans trois mois
05:09pour que tu sois puni.
05:11Il faut que ce soit immédiat pour que ce soit compris et entendu.
05:13Donc, il y a encore des marges de manœuvre
05:15dans la justice pénale aujourd'hui.
05:17Bien évidemment, les familles ont leur rôle à jouer.
05:20L'école, l'école ne peut pas tout faire.
05:22L'État non plus ne peut pas tout faire.
05:24Et donc, il faut certainement mieux encadrer les parents.
05:27Il ne suffit pas de dire, regardez, les parents ne font rien
05:29parce que certains sont débordés, certains n'y arrivent pas.
05:31Et puis, ils s'en lavent les mains.
05:32Je propose par exemple, à chaque rentrée scolaire,
05:35qui est le moment où se croisent les enseignants,
05:37la communauté éducative, les parents, les enfants,
05:39on puisse évoquer ces sujets dans une demi-matinée
05:42pour rappeler les règles, pour rappeler le respect de la loi.
05:44Parmi ces règles, vous souhaitez, vous, que les portables,
05:48notamment, soient interdits à l'école.
05:49Est-ce que c'est à l'école primaire, bien sûr,
05:51mais est-ce que c'est également au collège ?
05:53Première question.
05:54Et, pardon aussi de vous poser celle-ci,
05:57mais le président dit plus de réseaux sociaux avant 15 ans.
06:01Comment on fait ?
06:02Enfin, ça paraît totalement utopique à certains
06:04d'interdire purement et simplement quelque chose
06:07dont les parents aussi, encore une fois, ont la responsabilité.
06:10C'est une question de volonté
06:11et c'est une question de courage politique.
06:14Voilà.
06:14Interdire les téléphones portables,
06:16aujourd'hui, c'est une mesure d'intérêt général.
06:17Ça doit être une priorité.
06:19On a trop attendu.
06:20On sait les effets délétères des écrans.
06:23Oui, bien sûr, au collège aussi.
06:24Mais bien sûr, parce qu'au collège,
06:25les esprits sont encore fragiles.
06:27Les enfants, au collège, on parle d'enfants de 14-15 ans maximum,
06:30n'ont pas encore l'esprit critique, tout à fait développé.
06:33Donc, interdire les téléphones portables.
06:34Mais oui, quand on voit l'influence de TikTok, c'est dramatique.
06:38Ben voilà, TikTok, on en parle.
06:39Vous avez des enfants aujourd'hui,
06:41c'est documenté maintenant, c'est scientifique,
06:43de 10 ans, de 12 ans,
06:45qui passent des heures sur TikTok.
06:46Alors, TikTok, ça peut être des contenus culturels
06:48tout à fait positifs, mais c'est quoi aussi ?
06:51Des scènes violentes, des scènes sexuelles, sexistes,
06:54criminogènes, sans contrôle.
06:56Voilà le diagnostic. Est-ce qu'on peut le faire ?
06:58On peut le faire, bien sûr.
06:58Le président de la République s'est exprimé sur le sujet.
07:01Il est favorable.
07:02Nous avons fait voter, mon groupe a fait voter
07:04à l'Assemblée nationale un texte d'interdiction
07:05des réseaux sociaux au moins de 15 ans.
07:08L'Assemblée nationale, le Sénat se sont prononcés,
07:11la représentation nationale a voté.
07:13Alors, vous allez me dire, l'Europe bloque.
07:15Mais on peut faire ça seul.
07:16Mais bien sûr, on peut passer.
07:17On l'a déjà fait sur les données personnelles,
07:19sur la haine en ligne.
07:21J'ai une toute dernière question qui est liée à l'actualité.
07:23Hier soir, à Place de la République, Rima Hassan rassemblait des militants,
07:27des Français ou autres, qui adhéraient à sa cause.
07:33On a entendu ce qui se passe aujourd'hui entre l'Iran et Israël.
07:38Est-ce que cette situation au Proche-Orient,
07:40cette dramatisation, cette poudrière, joue un rôle,
07:43y compris à l'école, en milieu scolaire, dans la montée de la violence ?
07:46On a malheureusement peu de temps, mais si vous pouvez nous dire.
07:49Moi, je n'instrumentalise pas, c'est Julie en pointant du doigt la responsabilité,
07:53mais je constate qu'il y a une violence aussi dans l'espace public
07:57et qu'il y a une responsabilité des personnalités politiques.
08:01Rima Hassan qui prend un bateau pour aller sauver Gaza.
08:04Attendez, zéro résultat, zéro aide, 100% de mise en scène.
08:08100% de mise en scène, pourquoi ?
08:09Mais il n'y a pas d'engagement politique ici.
08:13Il y a une forme de storytelling, d'utilisation des réseaux sociaux
08:16pour exister au détriment de la qualité du débat public,
08:19mais aussi en faisant exploser cette violence qu'on constate dans la société.
08:24Et donc aussi en milieu scolaire.
08:26Et notamment en milieu scolaire, absolument, et dans tous les secteurs.
08:29Merci beaucoup Naïma Mouchou, députée du Val-d'Oise
08:32et autrice du rapport sur malheureusement ce fléau des armes blanches chez les mineurs.
08:37Merci beaucoup.
08:38Merci beaucoup à tous les deux.
08:39Merci.

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