Frédéric Ploquin : «L'assassinat de Mehdi Kessaci n'est pas un règlement de compte, mais relève d'une volonté de terroriser la société. [...] Il faut travailler tous main dans la main.»
00:00Là, le défi est immense, le défi qui est lancé par les trafiquants de stupéfiants marseillais à la République, à l'État, à nous-mêmes, à la société civile, aux élus locaux, est immense.
00:13À partir de là, la référence au terrorisme, elle est intéressante de plusieurs points de vue.
00:20Elle est intéressante parce qu'effectivement, cet assassinat, parce que ce n'est pas un règlement de compte,
00:25c'est vraiment un assassinat destiné à intimider quelqu'un qui parle, qui, aux yeux des commanditaires de ce crime, parle trop et dénonce trop le narcotrafic et ses violences.
00:37Donc, si vous voulez, ce n'est pas un règlement de compte, ça relève d'une volonté de terroriser la société, de terroriser l'État et la République, comme c'est dit par les ministres.
00:49L'analogie, elle est déjà là, mais elle est aussi à un autre niveau.
00:53Le message qui est envoyé, c'est d'abord un message au service d'enquête.
00:58C'est-à-dire qu'après les attentats de 2015, après la vague terroriste qu'a subie la France en 2015,
01:04je vous rappelle que l'Élysée, à l'époque, avait sommé tous les services de renseignement dans ce pays,
01:12de travailler main dans la main et non plus les uns contre les autres,
01:15et non plus d'être en concurrence permanente pour savoir qui serait le premier qui aurait l'information.
01:21Et ça a fonctionné, ça a accouché d'une superstructure qui s'appelle la DGSI,
01:27la Direction Générale de la Sécurité Intérieure,
01:30qui s'est substituée aux deux services de renseignement de la police,
01:33c'est-à-dire la DST et les renseignements généraux de l'époque,
01:36et ça a apporté ses fruits.
01:37Donc, c'est ça le message.
01:38Et le fait qu'hier a été convoqué à l'Élysée, les responsables des douanes,
01:43de la gendarmerie et de la police,
01:46c'est en gros le même message que celui qui avait été apporté à peu près 2015,
01:52c'est travailler ensemble, arrêter de vous bagarrer pour savoir
01:56lequel saisirait la plus grosse quantité de stupéfiants à la fin de l'année,
02:02c'est plus ça le problème.
02:03On est au-delà de cela et vu la manière dont aujourd'hui se comportent les trafiquants,
02:11notamment à Marseille, il faut passer à une entente collective,
02:16travailler tous main dans la main.
02:18Et pareil, le message est également adressé aux magistrats.
02:22Je rappelle qu'à chaque fois que les magistrats travaillent dans leur coin,
02:26que le tribunal d'Evreux, de Marseille, de Grenoble ne se parle pas,
02:30à chaque fois, ça crée des trous dans la raquette,
02:33ça permet à des trafiquants de circuler,
02:35de commettre des faits à tel et tel endroit sans qu'il y ait de suivi.
02:39Et je crois que là, l'État a compris que ces trous n'étaient plus acceptables.
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