00:00Édouard Geoffrey, je sais que vous êtes très pudique, mais je crois que vous avez cinq enfants, c'est ça ?
00:05Oui.
00:06Est-ce que je peux savoir un petit peu quels sont leurs âges ? Est-ce que vous avez des tout jeunes ?
00:11Le spectre est assez large.
00:13D'accord. Alors, vous avez déclaré sur France Inter le 22 octobre dernier, la lecture est une urgence absolue, il faut remettre tout le monde à la lecture, il faut lire l'histoire du soir.
00:23Est-ce que vous lisez des histoires le soir à vos enfants ?
00:26Oui, et pardonnez-moi, juste une précision, parce qu'il faut qu'on soit bien d'accord là-dessus, c'est lire ou raconter.
00:34On n'est pas obligé de lire des histoires, et notamment parce qu'il y a des familles où d'abord l'objet livre coûte cher, et où parfois aussi les parents ne sont peut-être pas forcément à l'aise pour lire une histoire aux enfants.
00:44Alors je vous arrête quand même, l'objet livre ne coûte pas cher, puis surtout il y a des boîtes à livres quand même, dans beaucoup d'endroits, et des bibliothèques.
00:52Mais moi je ne veux pas que ce soit un obstacle. D'abord, il y a des livres, ensuite il faut qu'ils soient prêtés, évidemment, aussi largement que possible par les écoles, et ça se fait énormément.
01:01Autant que possible, il faut que l'objet livre rentre dans la maison. Mais même s'il n'y a pas d'objet livre, il ne faut pas croire que ça arrête.
01:07Parce qu'en fait, compter une histoire, c'est ouvrir un horizon, c'est donner un vocabulaire. Et c'est aussi créer une relation très particulière avec son enfant.
01:17Et si ce n'est pas le soir, parce que par exemple on travaille le soir, on part des horaires décalées, ça peut être le matin, ça peut être le week-end.
01:23Mais avoir un moment avec un enfant autour d'une histoire, et a fortior autour d'un livre, c'est très important.
01:27Et vous savez, je voudrais partager un point avec vous qui est aussi très important, et que beaucoup de gens ignorent.
01:31On a fait des études, pas moi, il y a eu des études scientifiques qui ont été faites pour établir les liens entre le niveau scolaire et d'autres facteurs extérieurs.
01:43Alors ça peut être le niveau social de la famille, ça peut être, etc.
01:46La seule corrélation qui est absolue, c'est-à-dire pour laquelle le niveau scolaire progresse exactement à la même vitesse, c'est le nombre de livres dans la maison.
01:57Plus il y a de livres dans la maison, quel que soit le milieu social de l'enfant, plus il y a de livres dans la maison,
02:01plus il est à l'aise à l'école, et plus il réussit.
02:05Et ça, c'est extraordinaire, parce que c'est ça que ça veut dire aussi.
02:07C'est pour ça que moi je tiens beaucoup à la lecture, et y compris en prêtant des livres, vous avez parlé des boîtes à livres, etc.
02:12C'est-à-dire que le fait d'ouvrir l'imaginaire d'un enfant, par le livre et par la lecture,
02:18mais c'est à la fois une garantie de bien-être, parce que c'est extraordinairement épanouissant,
02:22et puis c'est une garantie de progression, c'est un champ lexical diversifié,
02:26c'est une pensée en nuances, et pas catégorique une fois encore,
02:29parce que notre monde est fait de nuances, et il ne peut pas s'enfermer dans des catégories.
02:33Et tout ça, ça passe par ça, donc oui, effectivement, je suis un fervent parti en lecture,
02:36et je la pratique chez moi aussi, avec les miens.
02:38De la lecture ou du conte, donc.
02:40Et est-ce que vous pourriez me dire, est-ce que vous avez des livres à nous conseiller ?
02:45Qu'est-ce que vous lisez à vos enfants ?
02:46Vous savez, il y a des enfants qui redemandent 39 fois le même bouquin tous les soirs,
02:52parce que c'est leur préféré.
02:53Est-ce que vous avez un livre comme ça ?
02:55Alors, alors, alors, alors, il y a eu un livre qu'on a lu pendant très longtemps,
03:00mais j'ai l'impression, je l'entends encore quasiment, je crois que je pourrais lire le texte,
03:05qui est « Les Trois Brigands ».
03:06Ah oui.
03:07Ça, ça marchait à France, avec la grande rouge, etc., et puis le soufflet à poivre.
03:11Alors ça, pour souffler dans les narines des chevaux.
03:15Vous voyez, j'ai encore le texte.
03:17Donc oui, il y en a des comme ça.
03:18Après, on va beaucoup en bibliothèque municipale pour emprunter des livres,
03:22et puis les ramener la semaine suivante.
03:24Donc ça permet aussi de diversifier un peu l'imaginaire.
03:27Il y a la famille Cochon, il y en a plein qui sont très sympathiques.
03:32Et puis après, surtout pour les plus grands, il y a aussi des romans, etc.,
03:34qui ouvrent un autre horizon.
03:36Est-ce que vos enfants de moins de 15 ans ont un smartphone, Édouard Jeffrey ?
03:40Non.
03:42Et alors, à quel âge ?
03:44À quel âge ils en auront moins ?
03:46Alors rien.
03:47Il n'y a rien.
03:48Alors quand il n'y a pas de besoin, il n'y a pas besoin de créer un besoin là où il n'existe pas.
03:58Et donc ça se fait tranquillement.
04:00Et ensuite, c'est en fonction aussi des attentes un peu de chacun.
04:02Mais globalement, mon principe, c'est que le plus tard le mieux,
04:10au sens où tout ce qui peut être préservé au niveau de l'école élémentaire et du collège
04:15est toujours ça de gagné en réalité pour nos enfants.
04:18Vous n'avez pas de plus grand qui a un smartphone ?
04:21Et vous pourriez nous donner peut-être un truc sur comment vous faites pour limiter sa consommation d'échange ?
04:26Moi aussi, j'ai des grands aussi qui ont des smartphones, mais qui en ont un usage extrêmement modéré.
04:30D'ailleurs, quand j'essaie de les appeler, ils ne me répondent pas.
04:32Vous voyez, il faut que j'en appelle plusieurs pour tomber sur un.
04:35Donc voilà.
04:37Ça, c'est souvent ça.
04:38On rêve qu'ils aient un téléphone pour pouvoir les joindre, puis en fait, ils ne décrochent jamais.
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