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00:00On passe à notre focus de ce samedi soir et on s'intéresse à une institution clé du développement en Afrique,
00:06la Banque Africaine de Développement, avec l'arrivée du Mauritanien Sidi Hulta à sa tête.
00:12La BAD pourrait changer de ton, plus technique, plus réactive, à l'écoute des besoins urgents des États.
00:18Dans un contexte de contraction des aides internationales, de tensions géopolitiques,
00:23la mission de la Banque est plus que jamais stratégique.
00:25Quelles seront ses priorités ? Comment mieux financer le développement ?
00:28Pour en parler, notre invité Adama Mariko, secrétaire générale de Finance in Common,
00:33directeur adjoint de la mobilisation au partenariat à la communication de l'Agence française de développement.
00:39Merci d'être avec nous. Bienvenue dans le Journal de l'Afrique.
00:42Bonsoir Fatima, merci de m'avoir invité.
00:44Alors c'est intéressant ce changement de leadership à la tête de la BAD.
00:49Sidi Hulta, il succède au Nigérian à Adesina.
00:53Quelle différence de style déjà et de stratégie, voyez-vous, entre les deux hommes ?
01:00C'est deux personnalités que j'ai eu la chance de connaître.
01:03Deux leaders africains vraiment très inspirés sur le financement du développement
01:09et qui ont l'Afrique chevillée au corps.
01:12Le président Adesina a eu beaucoup de mérite en ayant simplifié le message sur les priorités africaines
01:18avec son fameux high-five, mais également qu'il y avait un sens tactique, politique
01:23pour vraiment repositionner la Banque africaine de développement.
01:26On disait clairement plus politique, lui.
01:28Alors, il ne faut pas sous-estimer la capacité politique de Sidi Hulta.
01:32Mais ce que je veux dire, c'est qu'Adesina a repositionné vraiment la BAD sur une carte
01:37dans l'échiquier financement public international.
01:43Donc ça, c'est son premier mérite.
01:45Sidi Hulta est également un banquier public de développement,
01:49ancien ministre de l'économie, de la Mauritanie,
01:52mais qui a longtemps aussi navigué au sein de la Banque islamique de développement
01:56et qui a dirigé la BADEA, qui est une banque multilatérale,
02:00vraiment, qui a été aussi moteur dans le financement du développement en Afrique.
02:05Le résultat, quand même, in fine, on peut s'en féliciter,
02:08c'est que Sidi Hulta a été soutenu à la fois par les régionaux,
02:12vraiment avec un grand consensus sur sa candidature,
02:16et aussi les non-régionaux, qui déterminent aussi son sens politique, je pense.
02:20Ah oui, le sens politique.
02:21De toute façon, on ne peut pas arriver à cette tête-là.
02:23Si on n'a pas un minimum de sens politique, ça, je vous le concède.
02:26Dans ces contextes de réduction des aides internationales et d'instabilité sur le continent,
02:31on se pose la question, quel est le rôle concret de la BADE,
02:35d'une banque africaine de développement, et de la BADE en particulier ?
02:39Je pense que le rôle de la BADE est aujourd'hui plus important que jamais.
02:43Et ce qu'on peut remarquer avec ces deux présidents, et en tout cas Sidi Hulta,
02:47c'est que la BADE va assumer de plus en plus son africanité.
02:51Sidi Hulta est venue avec une promesse stratégique,
02:54qu'il a résumée en quatre points cardinaux,
02:57dont le premier qu'il a évoqué en anglais en self-reliance,
03:01mais en fait qui veut dire une forme d'autonomie, en fait, quelque part.
03:04Donc je pense qu'aujourd'hui plus que jamais,
03:06la Banque africaine de développement voudra être la banque de développement des Africains.
03:11C'est quoi une banque de développement ?
03:12Souvent, c'est une question qu'on ne détaille pas assez.
03:17Une banque de développement, c'est un outil de financement détenu par un État ou des États,
03:22et qui permet de rattacher les priorités à court terme d'investissement,
03:28mais aussi avec une vision stratégique de long terme,
03:30et qui sert à financer la réduction de la pauvreté,
03:34la création d'emplois, les politiques publiques dans un pays.
03:37– Mais est-ce que ça fonctionne, Adama Marico ?
03:40– Alors oui, il y a beaucoup de banques publiques qui fonctionnent.
03:42Prenons le cas de la France.
03:44La Caisse des dépôts et de consignations que l'on ne connaît pas,
03:48beaucoup de gens ne s'imaginent même pas ce que c'est, en fait.
03:51C'est une banque publique de développement qui a plus de 200 ans,
03:54qui a aujourd'hui plus de 1 400 milliards d'euros de total bilan, en fait.
04:00C'est dire que pendant longtemps, cette banque a financé le développement économique de son pays.
04:05– Si on ramène sur le continent africain, est-ce qu'il faut attendre 150 ans,
04:09si je vous écoute, Adama Marico, avant de voir les résultats ?
04:12– Je pense que le sujet est là.
04:15Les banques publiques de développement, il y en a une centaine en Afrique.
04:18Il y en a à peu près 530 dans le monde,
04:21donc dans la coalition financière en commun que je dirige avec Rémi Rioux.
04:26Donc, une banque publique de développement sur 5 dans le monde
04:30est présente sur le territoire africain.
04:32Le problème, c'est qu'elles sont très petites.
04:35et parfois méconnues, parfois pas soutenues par leurs propres États,
04:39parce que seulement 10% des banques publiques dans le monde
04:42ont une activité internationale, celles qui sont visibles.
04:45L'Agence française de développement, la Banque mondiale,
04:47la Banque africaine de développement, etc.
04:48Mais il y a des caisses de dépôt dans tous les pays, plus ou moins.
04:51Au Maroc, elle est très dynamique.
04:53Elle soutient le développement de son pays.
04:55Au Sénégal, elle se développe, au Bénin, etc.
04:57Mais les banques publiques africaines sont sous-capitalisées
05:01et leur poids dans le financement de leur économie nationale est extrêmement faible.
05:06C'est peut-être la première réforme qu'on doit ici regarder.
05:09Et comment on fait ? Il faut augmenter leur financement ? Comment on fait ?
05:12Et je pense que c'est là où la Banque africaine de développement,
05:15avec Sid Wiltaya, est très inspirée.
05:17Son deuxième point cardinal, c'est les partenariats.
05:21C'est que dans un écosystème où il y a une grosse contestation,
05:25il faut se le dire, sur la solidarité internationale,
05:28les États-Unis se retirent sur le financement du développement.
05:31On voit que dans les pays européens, en France, on a des problèmes de budget.
05:35Donc en fait, il y a une grosse contestation sur cette solidarité internationale.
05:39Mais quand on regarde le sens des partenariats,
05:42le sens des partenariats, ce n'est pas juste de dire,
05:44je vous donne de l'argent gratuit.
05:46C'est faisons ensemble mieux à deux que seuls.
05:50Et donc c'est pour ça que Sid Wiltaya a réuni tout l'écosystème
05:54des banques publiques de développement lors de son investiture.
05:57Et donc Rémi You, chairman de financement commun, était présent.
06:00Avec, aux côtés de lui, le président de la BOAD,
06:04le président de la TDB, le président de la Banque africaine
06:08qui finance le secteur privé, donc EFC,
06:10c'est un signal fort qu'il faut, dans ce contexte-là,
06:13que les banques africaines de développement, ensemble,
06:16avec le leadership de la Banque africaine de développement,
06:19soient plus collaboratives et en écosystème
06:22où elles développent leur partenariat pour être plus efficaces sur le territoire.
06:25Alors parlons hiérarchie rapidement.
06:27On observe une pression sur les États africains.
06:29Comment est-ce que le nouveau directeur, justement, de la Banque,
06:35comment il va réussir à hiérarchiser, tout simplement, les priorités ?
06:39Comment il va faire ?
06:40Les priorités sont énormes.
06:42Mais si on revient sur l'une d'elles, qui est le financement des économies africaines,
06:47je pense que dans cette hiérarchie-là, il faut toujours rappeler
06:50que le financement des économies africaines est fait d'abord par les Africains.
06:53C'est le budget des États, avec la contribution des contribuables de chaque pays,
06:59qui finance d'abord le développement économique national de chaque État.
07:02Puis, on arrive à la mobilisation des ressources.
07:05Et dans la mobilisation des ressources, il y a également celle des ressources domestiques
07:09à travers les marchés de capitaux africains, de plus en plus,
07:12et qu'il faut continuer à dynamiser.
07:14Puis, aussi, il faut le dire, les diasporas africaines qui contribuent au financement.
07:18Et la dernière partie, c'est là où on arrive sur le financement de l'aide publique au développement,
07:23qui est une infime partie.
07:24Et donc, je pense que pour les pays africains, la priorité, c'est le financement
07:28pour l'emploi des jeunes et des femmes, qui est aussi une des priorités
07:32que Sidi Oulta a mis dans son programme.
07:34Et je pense qu'il est très cohérente avec la dynamique africaine d'aujourd'hui.
07:37Merci beaucoup, Adama Mariko.
07:39C'est la fin de ce Focus.
07:40Restez avec nous, car l'actualité continue sur France 24.
07:42Merci.
07:43Merci à vous.
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