La maire d'Aubervilliers avait annoncé le 16 juin 2025 son retour à la mairie après s'être mise temporairement en retrait en février dernier pour des raisons de santé mentale. Elle témoigne et raconte son parcours ce mardi 18 novembre sur BFMTV
00:00Premier jour, donc je disais, du 107e congrès des maires et l'occasion d'entendre un témoignage fort ce soir, celui de Karine Franklay.
00:06Merci beaucoup d'avoir accepté notre invitation. Vous êtes maire UDI d'Aubervilliers, en Seine-Saint-Denis.
00:12Vous êtes à la tête de la mairie depuis 2020, mais en février cette année, vous avez annoncé votre retrait temporaire pour cause de fatigue profonde avant de revenir à vos fonctions en juin.
00:22Et vous dites vouloir, je cite, briser le tabou de la santé mentale des élus. D'abord, première question, est-ce que ça va mieux ?
00:29Ça va mieux, la page est tournée. Avec le recul, je peux maintenant m'exprimer avec beaucoup de clairvoyance sur le sujet.
00:38Sur le moment, j'ai décidé de l'annoncer aux habitants parce que c'est dans mon tempérament de dire les choses.
00:46C'est après coup que je me suis rendu compte de la portée, que finalement j'étais peut-être la première à le médiatiser.
00:51Et puis après, crise égale opportunité, ça a été une période difficile, difficile pour beaucoup de personnes.
00:58Pour mes collaborateurs, pour ma famille, pour mes enfants, pour mes proches.
01:02La première mère à assumer, avoir subi un burn-out. C'était un burn-out, c'est ça ? Une fatigue physique, émotionnelle.
01:08C'était un burn-out que j'ai laissé traîner parce que vous avez d'abord la phase de déni.
01:16On se dit que c'est les vacances, ça va aller. Et puis après, on veut quand même continuer.
01:20Puis après, vous en avez marre qu'on vous alerte. Et puis vous faites sûrement d'aller bien pour qu'on vous foute la paix.
01:24Et puis jusqu'au jour où c'est trop et il faut arrêter.
01:28Et qu'est-ce qui a été justement ce jour-là ? Ce jour où c'était trop ?
01:32Le jour où mes amis m'ont dit que si tu ne le fais pas pour toi, tu le fais pour tes garçons.
01:35C'était ça.
01:38Et vous arrivez à dire ce qui a causé, maintenant avec le recul, en tant que mère,
01:42ce sont certains aspects de votre fonction qui ont fait que c'était trop.
01:47Qu'est-ce qui a concrètement causé cet épuisement ?
01:49Alors, c'est multifactoriel. Il n'y a aussi, il n'y a pas que la charge de la mairie.
01:55Il y a aussi le fait d'être mère et mère avec des enfants en bas âge.
02:02Mais c'est aussi, on n'est pas préparé à devenir mère.
02:08Et moi, j'étais chef d'établissement.
02:12Et du jour au lendemain, je deviens mère d'une ville de 90 000 habitants
02:16avec des sujets aussi divers que variés.
02:19Et puis peut-être aussi le fait de vouloir tout maîtriser, tout bien faire,
02:25un peu syndrome bonne élève.
02:26Et du coup, il y a eu une...
02:31Oui, j'ai vraiment eu l'impression d'être prise dans un tourbillon et de vouloir tout faire.
02:35Il y avait tellement à faire.
02:35Vous n'avez pas su déléguer suffisamment ?
02:38Aussi, je pense.
02:39Aussi, je pense.
02:40Mais c'était aussi, il y avait tellement de sujets à maîtriser d'un seul coup,
02:45tellement d'enjeux.
02:46Parce qu'une ville comme Aubert-Villy, c'est une ville qui cumule énormément de fragilités,
02:51mais qui a aussi énormément d'atouts.
02:53Et peut-être que je l'ai abordé comme j'abordais à un établissement scolaire.
02:58Moi, j'adorais prendre des établissements scolaires.
03:01Et en plus, pardon, mais quand on est maire, est-ce qu'on peut vraiment déléguer ?
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