- il y a 2 jours
Christophe Galfard reçoit la journaliste et humoriste Charline Vanhoenacker aux côtés des deux glaciologues Heidi Sevestre et Lydie Lescarmontier pour explorer les glaces du monde.
Retrouvez « Big Bang » sur France Inter et sur : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/big-bang
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00:00...
00:00Pour commencer cette émission, j'aimerais que vous vous imaginiez en train de flotter dans l'espace.
00:19J'aimerais que vous vous imaginiez au-dessus de la Terre, au-dessus de notre planète,
00:24et que vous la regardiez en vous demandant si elle aurait pu être différente, toute ronde qu'elle est.
00:30Par exemple, sa couleur. Là, sous vos yeux, elle est bleue et blanc.
00:34Le blanc vient des nuages et des glaces qui s'étalent ici et là, surtout autour des pôles.
00:39Et le bleu vient des océans. C'est donc grâce au Soleil que notre Terre est bleue.
00:43Car c'est lui qui, par ses rayons, apporte à notre planète 99,99% de son énergie,
00:51réchauffant l'air et les sols, permettant à la glace de fondre et aux océans d'exister.
00:57Mais alors, une question se pose. Si l'énergie du Soleil se mettait à varier, que se passerait-il ?
01:02Les glaces pourraient-elles disparaître ou, à l'inverse, recouvrir toute la surface de la Terre ?
01:07Heureusement, notre étoile est d'une stabilité remarquable et l'énergie qu'elle rayonne ne risque pas de changer de si tôt.
01:14Cela étant, le rayonnement que la Terre reçoit peut quand même varier.
01:17C'est ce qu'a remarqué l'astronome et climatologue serbe Milutin Milankovic au milieu du XXe siècle.
01:24Il a vu que l'orbite de la Terre change de manière cyclique, qu'elle est plus ou moins ronde, plus ou moins ovale, selon le temps.
01:33Et il a aussi vu que l'axe de la Terre, l'axe qui relie le pôle Nord et le pôle Sud, et autour duquel la Terre tourne sur elle-même,
01:39et bien l'inclinaison de cet axe change lui aussi avec le temps, comme la tige d'un métronome, mais en plus lent.
01:46Il descend un peu et remonte un peu.
01:48Et il tourne aussi cet axe, dessinant un cercle avec sa pointe.
01:53Milankovic a regardé tous ses mouvements, il a analysé tous ses cycles.
01:57Il a vu que le premier durait 400 000 ans, le second 41 000 et le troisième 26 000.
02:02Et en les comparant à ce qu'il savait de l'histoire de la Terre, il a vu quelque chose d'extraordinaire.
02:08Il a vu qu'en les combinant, on comprenait pourquoi notre monde a alterné ces derniers millions d'années
02:14des périodes glaciaires et des périodes plus chaudes.
02:17Suivant la forme de l'orbite de la Terre, suivant l'inclinaison et la direction de son axe,
02:22la quantité de chaleur reçue par notre monde, et par les pôles en particulier,
02:26varie suffisamment pour parfois plonger la Terre entière dans une période de glaciation
02:31et parfois la faire fondre pour lui redonner ses océans.
02:35Aujourd'hui, nous appartenons à une période interglaciaire,
02:37c'est-à-dire une période relativement chaude séparant deux glaciations.
02:41La dernière glaciation a pris fin il y a un peu plus de 11 000 ans
02:44et la prochaine glaciation devrait commencer dans au moins 41 000 ans.
02:48Et j'espère qu'elle fera la joie de mes invités d'aujourd'hui,
02:51avec qui nous allons parler de glace, de glacier et de banquise.
02:54Et que voici ?
02:56Bonjour Christophe, je m'appelle Heidi Sauvestre.
02:58Mon métier, c'est d'étudier les glaciers.
03:01Je suis une fière haute savoyarde.
03:03Et quand j'ai eu 16 ans, on m'a expliqué qu'on pouvait être payée pour étudier les glaciers.
03:09Donc c'était une bonne excuse pour moi de passer du temps en montagne, de voyager.
03:12Aujourd'hui, je suis très fière d'être glaciologue.
03:14Et je travaille pour une institution qui s'appelle le Conseil de l'Arctique,
03:17donc tout au nord de la planète.
03:18Bonjour, je m'appelle Lydie Lescarmentier, je suis aussi glaciologue.
03:23Alors moi, par contre, j'ai une histoire vraiment pas très intéressante finalement,
03:29puisque je suis vraiment tombée dans ce métier de glaciologue un petit peu par hasard.
03:32Moi, ce qui m'intéressait à la base, c'est le climat.
03:36Et en fait, le fait d'étudier le climat m'a emmenée en Antarctique.
03:40C'est la toute première expédition que j'ai faite.
03:42Je suis partie sur un bateau, l'Astrolabe,
03:44pour étudier l'impact du changement climatique sur la calotte là-bas.
03:48Bonjour, je m'appelle Charline Vanhoenacker, je suis humoriste et je suis passionnée de radio,
03:55et notamment de radio de service public, surtout de France Inter où j'officie.
03:59Je m'empare de l'actualité pour essayer d'en rire et pour essayer de ne pas la subir.
04:04J'ai commencé comme journaliste à Paris, que j'étais correspondante pour le soir, la RTBF.
04:10Et je suis passée du journalisme à l'humour quand le monde a commencé à devenir absurde.
04:15On va voir tout ça avec les glaciers, s'ils sont absurdes aussi.
04:18Charline Vanhoenacker, Lydie Lescarmontier, Heidi Sevestre, bonjour.
04:23Bonjour à vous toutes et à vous tous.
04:25Nous sommes en public depuis la maison de la radio.
04:28Vous écoutez Big Bang et nous allons partir explorer ensemble les glaces du monde.
04:32France Inter, Big Bang, Christophe Galfard.
04:40Lydie Lescarmontier, vous nous racontiez à l'instant que vous avez commencé votre carrière de glaciologue en partant en expédition en Antarctique,
04:49qui n'est quand même pas l'endroit le plus simple d'accès sur notre planète.
04:52Est-ce que vous pouvez nous raconter un petit peu comment s'est passée cette expédition ?
04:56Alors, en fait, pendant toute ma thèse, j'ai enchaîné les expéditions.
04:59La toute première que j'ai faite, ça faisait 15 jours que je commençais ma thèse.
05:03Donc, on m'a dit, voilà, mets les pieds dans ce bateau.
05:06Et c'est vrai que pour moi, ça a été vraiment un choc parce que je ne savais pas du tout à quoi m'attendre.
05:13Je me suis vraiment fait porter par l'aventure.
05:16Et en fait, je me suis rendue compte qu'être scientifique et partir en Antarctique,
05:21ce n'est pas juste collecter des données et les ramener au laboratoire et puis travailler devant son ordi.
05:26C'est vraiment une aventure à part entière, une aventure humaine qui a été parfois difficile.
05:32Et finalement, cette aventure que j'ai un peu subie la première fois, j'ai essayé de la rendre,
05:40d'être beaucoup plus actrice sur les missions que j'ai faites ensuite.
05:44Après, j'ai fait une dizaine d'années de missions.
05:47Et je crois que...
05:49La plus incroyable des missions que vous ayez faites.
05:50La plus incroyable, c'est la toute dernière que j'ai pu vivre.
05:54C'était... J'étais en Terre Adélie en 2011.
05:57Et je suis partie sur ce fameux bateau qui était l'Astrolabe.
06:01J'avais de la chance parce que j'avais fini ma thèse.
06:03Donc, il n'y avait pas vraiment d'enjeu.
06:05Ces données que j'allais collecter, c'était mes collègues après moi qui allaient les analyser.
06:11Et donc, je suis arrivée sur l'Astrolabe.
06:16Je suis arrivée dans la banquise.
06:18C'est quoi l'Astrolabe ?
06:19L'Astrolabe, c'est un navire polaire.
06:21Ce n'est pas un brise-glace.
06:22D'accord.
06:23C'est un navire polaire qui nous permet en fait d'amener à la fois du personnel et des vivres en Antarctique
06:30et qui est aussi un support logistique pour les scientifiques.
06:33Et donc, moi, mon travail, c'était de poser des instruments et de collecter des données sur un glacier qui s'appelle le Glacier Mertz,
06:40qui est situé à 250 km de la station du Mont-Durville.
06:44Et donc, on devait y aller en hélicoptère.
06:46Mais par contre, la priorité, c'était vraiment de ravitailler la station.
06:51Et une fois que ça, c'était fini, nous, on partait voir ce glacier et on allait collecter nos données.
06:58Et donc là, on arrive dans la banquise et les hélicoptères commencent à faire des allers-retours avec la station
07:04pour apporter du courrier, les vivres, le matériel.
07:10Et au bout du premier jour, il y a un des deux hélicoptères qui tombe en panne.
07:15Pas de bol.
07:15Donc, voilà, pas de bol.
07:17Et donc, par mesure de sécurité, en fait, un hélicoptère ne peut pas voler sans l'autre.
07:21Parce que si jamais il se retrouve sur la calotte tout seul, il faut qu'il y en ait un autre pour venir le chercher.
07:29Donc, on s'arrête.
07:30Et en fait, la grosse erreur qu'a fait le commandant à cette époque-là...
07:35J'espère qu'il nous écoute.
07:36Ouais, j'espère qu'il ne nous écoute pas.
07:39Ça a été de couper les moteurs.
07:41Du bateau ?
07:42En se disant, de toute façon, on est bloqué là.
07:46On va attendre qu'il y ait un avion qui passe au-dessus de nous, qui nous lance la pièce qui nous manque sur l'hélicoptère.
07:54Et une fois qu'il sera réparé, on reprendra nos activités.
07:57Et je le vois encore s'installer sur la passerelle de commandement, mettre ses pieds sur la passerelle et ouvrir ses mots croisés.
08:04Et ça a été le premier jour d'une très très longue attente.
08:08Parce qu'en fait, la banquise qui était autour de nous, on était en zone de convergence.
08:13Et en fait...
08:13Ça veut dire que la banquise était en train de se former ?
08:15Se resserrer.
08:16Elle était formée.
08:17On était vraiment en plein milieu.
08:19Mais en fait, elle était en train de se resserrer autour du bateau.
08:22Et n'étant pas un brise-glace, une fois que la banquise est là, vous ne pouviez plus repartir.
08:25Exactement.
08:26Et donc, l'avion est passé au-dessus de nous.
08:29Nous a largué la pièce.
08:30L'hélicoptère a été réparé.
08:32Sauf qu'en fait, entre-temps, la banquise avait totalement dérivé avec le vent.
08:37On était bien trop loin de la station pour pouvoir se permettre de partir en hélicoptère.
08:41Parce que les hélicoptères ont peut-être 110 km d'autonomie.
08:47Et donc, on était beaucoup trop loin.
08:48Et d'un coup, quand le commandant a repris les commandes...
08:53A fini sa reproiser.
08:54Il s'est aperçu qu'en fait, il était incapable de sortir de là.
09:00Le bateau n'avait pas les moteurs suffisants.
09:02Et en fait, on est resté à cet endroit-là pendant deux mois.
09:07Bloqué dans les glaces.
09:09Donc, une des solutions, au bout d'un mois de blocage, ça a été de se dire
09:14on va construire une piste d'atterrissage sur la banquise.
09:17Donc, on a pris nos peines, nos sacs poubelles pour marquer les distances, etc.
09:21Donc, on était très fiers de notre piste.
09:23C'était la plus belle piste au monde.
09:26Et donc, on a appelé des petits avions canadiens qui s'appellent les Twin Otters,
09:30qui ont des patins, en fait, et qui sont capables de se poser sur la glace,
09:36qui sont vraiment spécialisés là-dedans, pour venir nous chercher.
09:39Mais d'habitude, en fait, ils atterrissent sur la calotte antarctique, mais pas sur la banquise.
09:44Donc, nous, on avait tout damé, on pensait que c'était parfait.
09:48Et en fait, l'avion est arrivé et notre piste, c'était comme ça.
09:52Il a atterri comme ça.
09:53Donc, on a compris que...
09:54De travers, en gros.
09:55Il n'a pas atterri tout droit.
09:55Donc, votre piste, il ne l'a pas vue du tout ?
09:57Pas du tout.
09:58Non, il l'a vue, mais elle ne lui a pas plu.
10:01Et elle n'aura pas plu.
10:02Et puis, ils ont pris une partie du personnel qu'ils ont emmené du Mont-Durville.
10:06Et le pilote nous a dit, je suis désolée, mais je ne pourrais pas revenir,
10:09parce que c'est trop dangereux.
10:11En fait, là, je vais casser mon avion si je reviens.
10:13Et il vous a regardé, vous a dit, vous, vous allez rester là.
10:16Je ne vous prends pas.
10:16Non, on a surtout regardé partir.
10:19Et donc, on a attendu encore un mois.
10:21Sauf qu'en fait, à la fin, on n'avait plus de...
10:23On n'était pas censé rester aussi nombreux et aussi longtemps sur ce bateau.
10:27Alors, le bateau faisait quelle taille, à peu près ?
10:29Il faisait 65 mètres de long.
10:31Oui, ça va.
10:31Ce n'était quand même pas une petite barque.
10:33Non.
10:34La différence entre la banquise et la calotte glaciaire.
10:36La banquise, c'est ce qui pousse, en gros, au-dessus de l'eau.
10:40C'est ça ?
10:40Directement, sans qu'il y ait de sol en dessous.
10:43Exactement.
10:43Et vous disiez à l'instant que la banquise dérive.
10:46Donc, vous, vous étiez peut-être au bord du continent Antarctique.
10:49C'est un continent qui est solide.
10:51Et c'est au bord de l'Antarctique que vous étiez.
10:53Vous avez été emportée au loin par la banquise qui bougeait ?
10:56Oui, on était à peu près une centaine de kilomètres de l'Antarctique.
10:59Et puis, en fait, la banquise nous faisait reculer, nous éloigner, finalement, de la calotte au fur et à mesure du temps.
11:07Heidi Sevestre, on a fait un petit bond dans le temps.
11:10Il faut que je l'avoue aux auditrices et aux auditeurs.
11:12Vous êtes là avec moi.
11:14On a enregistré cette émission il y a quelques jours.
11:16Mais en réalité, vous n'êtes déjà plus là.
11:18Vous êtes en Antarctique, en ce moment même, pendant qu'on parle.
11:22Et qu'est-ce que vous allez faire là-bas ?
11:24C'est vraiment une expédition ultra ambitieuse, assez compliquée.
11:29L'objectif, c'est de traverser l'intérieur de l'Antarctique, mais pas n'importe comment.
11:34On va la traverser avec l'énergie du vent.
11:37On essaie de décarboner comme on peut ces sciences polaires, d'utiliser moins d'énergie fossile.
11:42Et on se rend compte que, Lydie, tu l'as bien vu, je pense qu'il y a toujours du vent en Antarctique.
11:47Et donc, cette expédition qui s'appelle Under Antarctica, sous l'Antarctique, me fait sur trois mois, 4000 kilomètres traverser l'Antarctique.
11:57Je n'irai pas seule, heureusement.
11:58Je pars avec l'aventurier français Mathieu Tordeur.
12:01Et on ne part pas juste pour se faire tracter par les vents, ski au pied.
12:04On ne part pas juste faire du kite.
12:06On y part pour la science, évidemment.
12:08Moi, c'est ce qui me plaît dans ces expéditions, c'est vraiment de mêler aventure et science ensemble.
12:13Et ce qu'on va faire, et pas une mince affaire, en fait, avec nos voiles, derrière nous, on va tirer des instruments scientifiques
12:19qui vont faire un peu comme des rayons X de l'Antarctique.
12:23En fait, on va regarder ce qu'on a sous nos pieds.
12:25Comme vous le disiez très bien, nous, on ne regarde pas cette banquise qui flotte sur l'océan.
12:29Nous, on va vraiment regarder ces kilomètres de glace qu'on a sur Terre, sur ce continent antarctique.
12:35Et en fait, on va essayer de remonter le temps.
12:38On va chercher de la glace qui est entre 2 et 3 kilomètres de profondeur.
12:42Plus on va en profondeur, plus la glace peut être âgée.
12:45Alors, qu'est-ce qui s'est passé à 2-3 kilomètres de profondeur en Antarctique ?
12:49C'est de la glace qui a à peu près 130 000 ans.
12:51Et je vous vois venir, mais donc, qu'est-ce qui s'est passé à 130 000 ans ?
12:55En fait, il y a 130 000 ans, naturellement, sur Terre, les températures avaient augmenté.
13:00Le fameux Milankovitch.
13:02Les températures avaient augmenté à plus 3 degrés, naturellement.
13:06Et donc, nous, on a besoin de savoir, mais comment l'Antarctique, il a réagi à plus 3 degrés à ce moment-là ?
13:12Pour ça, la réponse, elle est inscrite dans ces glaces anciennes.
13:16On ne va pas récolter de carottes de glace, on fait vraiment comme des rayons X.
13:19Et on va essayer de comprendre, est-ce que certaines parties de l'Antarctique se sont effondrées il y a 130 000 ans,
13:25quand ils faisaient plus 3 degrés, ce qui est l'équivalent de ce qu'on risque d'avoir à la fin du siècle ?
13:29Mais alors, pour aller profond, aller chercher les carottes de glace pour les plus anciens temps,
13:36je me dis, est-ce qu'il y aurait à un moment la possibilité d'aller par-dessous la glace ?
13:41Parce que je me dis, on va sur Mars, est-ce qu'un jour, on pourra aller sous les glaciers
13:46pour aller directement aux plus anciennes glaces ?
13:48Mais franchement, je pense qu'en fait, on a plus d'informations sur ce qui se passe sur Mars
13:53et sur les premiers mètres d'épaisseur de Mars que ce qui se passe sous l'Antarctique.
13:58Alors, on a beaucoup de travaux qui essayent de regarder ce qui se passe sous la calotte polaire.
14:02C'est important parce qu'on essaie de savoir, est-ce qu'elle fond par-dessous ?
14:06Est-ce qu'il y a beaucoup d'eau de fonte sous cette calotte qui pourrait la lubrifier,
14:10la faire accélérer en direction de l'océan ?
14:12On ne veut pas qu'elle aille trop vite en direction de l'océan.
14:15Pour l'instant, ce serait dingue, mais pour l'instant, on ne peut pas le faire.
14:18C'est d'aller physiquement dessous.
14:20Mais ce qu'on utilise beaucoup en périphérie de l'Antarctique, c'est des drones sous-marins.
14:24Donc, avant de nous envoyer, nous, on envoie des robots.
14:28Et donc, les parties où l'Antarctique se met à flotter sur l'océan,
14:31il y a quelques parties, on appelle ça des barrières de glace, des plateformes de glace.
14:35Là, on fait péter les robots avant d'envoyer des gens physiquement pour aller voir.
14:39Mais on a beaucoup de questions sur ce qui se passe sous cette calotte polaire.
14:43Dans l'idée de remonter le temps en creusant la glace,
14:46les fameuses carottes dont vous parlez, qui sont des sortes d'énormes colonnes de glace
14:49qu'on récupère, qui peuvent faire peut-être parfois plusieurs kilomètres.
14:52Exactement.
14:53Et dans ces colonnes, de temps en temps, il me semble que sont coincées
14:58quelques bulles d'air des temps passés.
15:01Est-ce que grâce à ces bulles-là, on peut remonter dans le temps
15:05pour connaître la composition de l'atmosphère,
15:08notamment il y a 100 000 ans,
15:09quand la température était 3 degrés plus élevée qu'aujourd'hui,
15:12et peut-être en tirer quelques conclusions ?
15:14Exactement. En fait, il y a une histoire de fou derrière la découverte de ces petites bulles d'air.
15:19Je me permets, je vous la raconte.
15:20Allez-y, allez-y.
15:21Claude Lorius, qui était vraiment le maître Yoda de la climatologie, de la glaciologie,
15:28il est parti très tôt en Antarctique dans ses jeunes années d'études en tant que glaciologue.
15:32Il tombe amoureux de cette calotte polaire.
15:34Et au bout de quelques hivernages, il commence à se dire,
15:38je pense qu'il y a plus d'informations qu'on peut tirer de ces glaces qu'on l'imagine.
15:41Et en fait, un soir, alors comme tout bon scientifique, Claude, il aimait bien se faire un petit apéro à consommer avec modération.
15:50Et donc, Claude, son alcool de choix...
15:51On a dit qu'il fallait donner envie aux gens de faire de la science.
15:54Voilà, c'est un moyen.
15:56On coche les cases.
15:57Et donc, il se fait son petit apéro au whisky.
15:59Et puis, si vous êtes amateurs de whisky, il ne s'embête pas trop.
16:03Parce que là, il n'y a pas besoin de congélo.
16:05Il est entouré de carottes de glace.
16:06Il se prend un petit morceau d'une carotte, jette dans son verre de whisky.
16:10Et en fait, il se passe un truc de dingue.
16:12Ça se met à pétiller, à craqueler dans tous les sens.
16:14Et il se dit, mais bon sang de bonsoir, qu'est-ce qu'il se passe dans mon verre ?
16:18Et donc, c'est à partir de ce moment-là, un véritable moment eureka,
16:21qu'il va se dire, mais en fait, oui, c'est plein de toutes petites bulles d'air.
16:24Et ces bulles d'air, il faut qu'on aille chercher ce qu'il y a à l'intérieur.
16:27Alors, déjà, c'est quoi ces petites bulles d'air ?
16:29Pourquoi elles sont coincées là ?
16:30Toutes les glaces naissent de la même façon.
16:32C'est de la neige.
16:33Couche de neige après couche de neige, ça s'accumule.
16:35Ça se densifie.
16:36Ça se transforme en glace.
16:38On sait que la neige est pleine de bulles d'air.
16:40Mais au bout d'un moment, ces petites bulles d'air, elles se retrouvent coincées.
16:42Elles ne peuvent plus s'échapper.
16:43Et donc, Claude et ses équipes, au début des années 2000,
16:46ils vont publier la première grande étude
16:48qui va regarder justement ces glaces, parfois très anciennes en Antarctique,
16:54vous vous rendez compte ?
16:55Donc, grâce à lui, on arrive à reconstruire ce qui se passe au niveau de notre climat.
16:59Et ce qui l'intéresse, Claude, dans ces petites bulles d'air, il n'est pas bête,
17:02c'est d'aller chercher les gaz à effet de serre.
17:05Les concentrations en dioxyde de carbone ou en méthane qui, aujourd'hui, ont un impact.
17:10C'est exactement ça.
17:11Quand on parle de comparaison au climat passé,
17:14il y a plusieurs manières de faire ça.
17:15Il y a la pousse des arbres, il y a les troncs, il y a ce genre de choses.
17:18Mais il y a aussi ces bulles d'air qui sont coincées dans la glace.
17:22Exactement.
17:23Et Claude, ce qui nous permet de comprendre, c'est que, évidemment,
17:25que le climat a toujours changé.
17:26Il y avait des moments où il y avait beaucoup de CO2 sur Terre naturellement.
17:30Il y avait des moments où pas beaucoup de CO2 étaient présents dans notre atmosphère.
17:33Et là, on avait des âges de glace, donc incroyable.
17:36Sauf que là, en termes de concentration de CO2, ça n'a plus rien à voir.
17:40Aujourd'hui, on sait que ça fait des millions d'années
17:42qu'on n'a pas autant fait péter les scores en termes de CO2 dans l'atmosphère.
17:46Et donc, c'est implacablement lié aux activités humaines, ce qui se passe aujourd'hui.
17:50Est-ce que vous avez...
17:53Quand vous êtes partie en Antarctique pour ces dizaines de voyages que vous avez faits là-bas,
17:58c'est le genre de choses que vous essayez de comprendre ?
18:01L'impact que la glace peut avoir sur le climat, que le climat peut avoir sur la glace ?
18:06Et vous buvez beaucoup de whisky ?
18:08Oui, ça c'est une habitude, oui, effectivement.
18:11C'est celui qui ramènera le plus beau glaçon le soir et le pic à glace.
18:16Non, mais oui, effectivement.
18:17Moi, c'est vrai que souvent, on associe le travail des glaciologues à celui des climatologues.
18:24Donc, ceux qui vont utiliser la glace comme un moyen de rechercher l'évolution des climats passés
18:30et forcément de comparer avec ce qu'on connaît aujourd'hui.
18:33Moi, ce que je regardais, c'était plutôt l'impact du changement climatique sur les glaciers
18:38et notamment sur les glaciers qu'on appelle les glaciers émissaires
18:43qui sont vraiment à l'interface entre la calotte antarctique et les océans.
18:48Et de se dire, dans les projections futures, si les océans changent,
18:53si par exemple on a une augmentation du niveau marin
18:55ou si on a une augmentation de la température de l'eau,
18:59quel sera l'impact en fait sur ces glaciers-là, sur ces plateformes
19:02et donc sur la calotte antarctique en amont ?
19:05Est-ce que ces glaciers servent, on parle souvent de la comparaison avec les bouchons des bouteilles de champagne,
19:12est-ce qu'ils servent en fait à contenir la glace de la calotte
19:16ou au contraire, si on perd un iceberg, le glacier va arrêter de s'écouler
19:24et du coup, va garder la glace.
19:27Donc aujourd'hui, on le sait très bien, on sait que ces glaciers-là,
19:30en fait, une fois qu'ils sont partis vers les océans,
19:32en fait, ils accélèrent le drainage de la glace, de la calotte vers les océans.
19:37Parce que les glaciers antarctiques sont sur la périphérie du continent antarctique ?
19:41Exactement. En fait, l'Antarctique, il faut l'imaginer vraiment comme un gâteau de...
19:46Oui, comme un gâteau, avec une partie, un plateau qui est au-dessus
19:51où la glace avance à quelques millimètres par an.
19:54Vers l'eau ?
19:56Vers l'eau, exactement. Elle se détend, en quelque sorte.
19:59Et sur les côtés, quand on arrive dans des zones de pente, finalement,
20:03cette glace, elle va accélérer.
20:05Et il y a des glaciers qui vont très vite.
20:06Celui que j'étudie en thèse, il est allé à plus de 3 km par an.
20:10Et il s'écoule vers les océans,
20:13donc dans des endroits qui sont un petit peu plus contenus, finalement, dans des vallées.
20:18Et tu le disais tout à l'heure, c'est vrai que ces glaciers,
20:20en fait, après, ils peuvent potentiellement se réunir
20:23et ensuite flotter ensemble sur l'eau
20:26et former des grandes plateformes de glace.
20:28Et en fait, aujourd'hui, on sait que l'Antarctique
20:30fond à travers l'augmentation de la température de l'eau
20:34parce qu'en fait, on perd ces plateformes
20:36qui sont au contact de l'eau qui se réchauffe
20:39et donc sont grignotées, perdent leurs icebergs
20:42et reviennent sur la calotte qui ensuite dégringole vers les océans.
20:46Nous sommes toujours en compagnie de mes invités,
20:48l'humoriste Charline Vornenecker et les glaciologues Heidi Sévestre
20:51et Lydie Lescarmontier pour parler des glaces
20:54avec le public du studio 621.
21:04Lydie Lescarmontier, vous êtes glaciologue
21:06et après les glaces de l'Antarctique,
21:09vous vous êtes intéressée aux glaces du Nord,
21:11de l'hémisphère Nord.
21:12Pourquoi est-ce que vous avez changé d'hémisphère comme ça ?
21:14Est-ce que les glaces sont différentes
21:15entre le pôle Sud et le pôle Nord ?
21:18Oui, pour moi, c'est deux mondes différents.
21:21Vraiment, je crois que la seule similitude
21:23c'est le fait qu'il y ait de l'eau à l'état solide
21:27mais c'est vrai que pour moi l'Antarctique et l'Arctique
21:30c'est vraiment deux mondes différents
21:31et pourquoi j'y suis allée ?
21:32Je pense que comme tout glaciologue,
21:34quand on connaît bien un pôle,
21:36je pense que tu ne vas pas me contredire,
21:38on a envie d'aller voir ce qui se passe de l'autre côté
21:41et de voir à quel point on retrouve ces paysages-là
21:44ou pas du tout.
21:45Et lorsque vous dites deux mondes totalement différents,
21:47pour quelqu'un, moi j'ai fait quelques petits
21:50petits séjours dans les glaces aussi,
21:53mais j'ai vraiment l'impression que je verrais
21:55exactement la même chose si j'allais ailleurs,
21:56mais c'est complètement faux ?
21:58Non, c'est complètement faux.
21:59Et puis c'est vrai qu'il y a quand même
22:00une certaine unité en Antarctique
22:02parce qu'encore une fois,
22:04à certains endroits,
22:05on a 4 km d'épaisseur de glace,
22:07c'est vraiment 98% de glace l'Antarctique.
22:11Alors qu'en Arctique,
22:12on va avoir des montagnes beaucoup plus apparentes,
22:16on va avoir des zones de toundra,
22:17on va avoir des glaciers de montagne,
22:20on va avoir des calottes,
22:21on va avoir aussi cet océan Arctique.
22:24Donc pour moi, c'est très différent.
22:27Et puis on a aussi des populations,
22:29des espèces d'animaux qui sont beaucoup plus différentes,
22:32qui sont beaucoup plus nombreuses.
22:35Donc je crois que moi,
22:36c'est ça qui m'a marquée quand je suis allée en Arctique,
22:38c'est la vie qui est présente.
22:40En Antarctique, c'est quand même très minéral.
22:43Une fois qu'on a rencontré trois espèces de manchots,
22:46on se dit qu'on les a presque toutes vues,
22:48en tout cas en Terre à Delhi.
22:50Mais l'Arctique, non.
22:51C'est vraiment cette variété qui m'a frappée.
22:54L'Antarctique, c'est les conditions les plus extrêmes
22:56qu'on connaisse sur Terre.
22:57De mémoire, si je me souviens bien,
22:59la température la plus basse jamais enregistrée
23:01sur notre planète était en Antarctique,
23:02aux alentours de moins 90 degrés,
23:04il y a quelques années, cette température.
23:06C'est quasiment pire que sur Mars,
23:09à ces endroits-là, ou certains endroits de Mars en tout cas.
23:13Et en Arctique, quand vous êtes montée,
23:17regardez là-haut, vous êtes allée chercher quoi ?
23:19Une fois de plus, l'impact que pourrait avoir
23:21le réchauffement climatique sur ces zones extraordinaires ?
23:25Alors, moi, j'y suis allée en tant que naturaliste.
23:27Donc, je n'y suis pas allée en tant que scientifique.
23:29J'avais une casquette complètement différente.
23:31Donc, plutôt en tant que curieuse pour voir
23:33et découvrir ces endroits-là.
23:35Mais c'est vrai que ce qui m'a frappée,
23:38autant j'ai eu très, très chaud,
23:41très, très froid, pardon,
23:43l'absurde en Antarctique,
23:45autant il y a eu des journées que j'ai pu vivre
23:47au Groenland,
23:48où il faisait 20 degrés.
23:50Et malheureusement, c'était des endroits
23:53où j'ai pu voir des ours polaires
23:55qui étaient un petit peu reclus
23:56et qui étaient vraiment au ralenti, finalement,
24:01parce qu'ils ne supportaient pas ces conditions-là.
24:03Donc, oui, vraiment des sensations
24:04très, très différentes.
24:06Heidi Sébast, c'est quoi la définition d'un glacier ?
24:10C'est important de passer par là.
24:11Si vous préférez qu'on parle de whisky,
24:13on peut.
24:13Exactement.
24:15Pour vraiment rentrer dans la définition d'un glacier,
24:18il faut être dans un endroit où il fait assez froid,
24:20toute l'année,
24:21pour que la neige s'accumule,
24:23année après année,
24:24que cette neige, elle se transforme en glace.
24:26Mais, il y a quand même un détail très important
24:28que Lydie a beaucoup évoqué,
24:30il faut qu'il soit actif,
24:31il faut qu'il se déplace, en fait,
24:32sous son propre poids.
24:34Donc, aujourd'hui,
24:35même des tout petits glaciers que l'on a,
24:37par exemple, dans les Pyrénées,
24:39qui font moins de 1 km²,
24:40qui ne bougent plus,
24:41ils perdent, en fait, malheureusement,
24:43leur statut de glacier aujourd'hui.
24:46Parce qu'ils restent stables
24:47et il n'y a plus de place.
24:47Parce qu'ils ne bougent plus,
24:48ils ne bougent plus, ils sont trop petits,
24:49c'est une petite crêpe, en fait,
24:51de glace posée sur la montagne
24:53et, malheureusement,
24:53ils ne sont plus qualifiés.
24:54Ils ne rentrent plus dans les clous.
24:55Charlie, vous avez une idée
24:56de combien il y a de glaciers en France ?
24:57Moi, j'ai découvert ça
24:58en préparant cette émission,
24:59j'ai halluciné.
25:00Oui, en France.
25:01Ah non, je n'ai pas d'idée.
25:03Est-ce que c'est de l'ordre de la dizaine ?
25:07C'est ce que j'aurais dit, moi aussi, au départ.
25:09Mais j'ai l'impression
25:10qu'Aïdi va nous donner la réponse
25:12et que c'est un chiffre
25:13qui est bien plus élevé que ça.
25:14Vous avez une idée ?
25:15Moi, j'ai la réponse.
25:16On est autour de 1 200 glaciers.
25:19Ah bon ?
25:19Dans le monde, ça fait combien ?
25:21Dans le monde, c'est 270 000.
25:24C'est ce que je dis à mes parents
25:25tout le temps pour les rassurer
25:26sur le fait qu'il y a du travail.
25:29Et en fait, quand on les met bout à bout,
25:31ces glaciers de montagne,
25:32de toute façon, vous les connaissez tous.
25:33C'est l'Himalaya, les Andes, l'Alaska.
25:36Il n'y a pas que les beaux glaciers
25:37des Alpes chez nous.
25:39En fait, quand on les met bout à bout,
25:40c'est deux fois la taille de l'Allemagne quand même.
25:41Ça représente pas mal de glace.
25:44Et en fait, c'est des glaciers qui sont importants
25:47parce que ce sont surtout des super réserves
25:49en eau douce.
25:50Les glaciers de montagne, pendant l'été,
25:52ils perdent un petit peu d'eau.
25:53Et c'est pratiquement 2 milliards de personnes
25:55sur Terre qui utilisent l'eau de la fonte de la neige
25:57et la fonte des glaces pendant une partie de l'année.
26:00Donc ça fait du monde.
26:01Un quart de l'humanité a besoin de l'eau des glaciers.
26:03Et est-ce que le glacier, la banquise,
26:06a un goût ?
26:06Est-ce que ça a un goût différent
26:07en Arctique, en Antarctique ?
26:08Est-ce qu'on peut dire si c'est salé, pas salé ?
26:10J'ai eu un pote à une époque
26:12qui avait lancé sa start-up
26:14qui allait justement récupérer
26:18des icebergs autour du Svalbard
26:20que vous connaissez bien, Christophe.
26:22Donc il les mettait sur des bateaux.
26:23Il faisait fondre ces icebergs.
26:25Un iceberg, c'est un morceau de glacier
26:27qui s'est décroché, qui se met à flotter.
26:29Et ensuite, il mettait l'eau en bouteille
26:30et il vendait ça pour genre 100 dollars
26:32le litre d'eau.
26:34C'est plus votre pote, là.
26:37Alors malheureusement, le Covid est passé.
26:38C'était un petit peu compliqué pour lui.
26:39C'est plus cher que la bouteille de whisky
26:41qui va avec.
26:41C'est compliqué, c'est cher.
26:42Et en fait, pourquoi c'était aussi cher ?
26:44Déjà parce que c'est compliqué à récolter.
26:46Mais vous savez qu'il y a des sommeliers de l'eau,
26:49donc c'est le métier de goûter les eaux différentes.
26:52Et il a eu toutes les médailles.
26:54Parce qu'en fait, vu que c'est de la neige,
26:55c'est très pauvre en minéraux,
26:57la neige qui s'est transformée en glace,
26:59apparemment c'est un goût très pur.
27:01Mais ça c'est pour les icebergs.
27:03Donc neige qui s'est transformée en glace.
27:05Mais si on parle de la glace, de banquise.
27:08T'as déjà goûté tout, Elodie ?
27:09Non.
27:10Alors en fait, les explorateurs anglais
27:13disaient que la banquise qui a plus de 4 ans
27:17est bonne pour le thé.
27:18Alors je ne sais plus exactement
27:19ce que c'est la formule en anglais.
27:21Mais en gros, il fallait que ce soit
27:23de la banquise pluriannuelle
27:25qui puisse être utilisée.
27:27J'ai peut-être une raison pour ça, à vous donner.
27:29Qui est que lorsque la banquise
27:31se forme à la surface de l'eau,
27:33forcément il y a des petites bulles d'eau salée
27:36qui restent bloquées à l'intérieur.
27:38Et avec le temps, par gravitation,
27:41elles descendent petit à petit
27:42et la banquise elle-même
27:44devient de moins en moins salée.
27:46Donc en gros, je comprends bien,
27:47si on lèche de la banquise
27:48et que c'est salée,
27:49c'est qu'elle est toute neuve.
27:50Et qu'en revanche,
27:51si on peut la mettre dans le thé,
27:52c'est qu'elle est bien plus âgée.
27:54Donc on aurait ce genre de choses.
27:56Les glaciers de France, par exemple,
28:00il y en a 1200 donc,
28:01à peu près, j'imagine.
28:02C'est quelque chose
28:04qui vous intéresse aussi ?
28:06Bien sûr, en étant haute Savoyarde,
28:09ça fait pleinement partie
28:11de notre culture dans les Alpes.
28:13On est très fiers de nos glaciers.
28:15On y est très, très attachés.
28:17Moi, dans mes albums de famille,
28:18je crois que j'ai toutes les générations
28:19qui ont pris leurs photos
28:20devant la mer de glace à Chamonix,
28:22qui est notre plus grand glacier français.
28:24Et forcément, de les voir changer
28:26aussi rapidement chaque année,
28:27ça nous affecte.
28:29Je crois qu'il n'y a pas une carte postale
28:30dans les Alpes où il n'y a pas des glaciers dessus.
28:32Donc quand ces glaciers partent,
28:33on a un peu l'impression
28:34de perdre une partie de nous,
28:36de perdre une partie
28:37de ce qui nous rend fiers,
28:38de ce qui nous donne le sourire le matin
28:40quand on regarde ces belles montagnes.
28:42Et en fait, aujourd'hui,
28:43on sait que si on ne se bouge pas assez vite,
28:44on risque vraiment
28:45de les perdre, ces glaciers.
28:46Donc il faut tout faire
28:47pour essayer d'en garder quelques-uns.
28:48Lydie Lescarmentier disait tout à l'heure
28:50qu'en Antarctique,
28:52ils peuvent bouger
28:52de plusieurs kilomètres par an
28:54certaines parties de la glace.
28:56Est-ce qu'ils bougent aussi
28:57de la même manière dans les Alpes ?
28:59Alors, ils sont dynamiques.
29:00Eux aussi bougent,
29:01ils descendent par gravité des montagnes.
29:04Alors, ils ne vont pas forcément
29:05aussi vite que ça.
29:06Peut-être dans des endroits
29:07où il y a des ruptures de pente.
29:09On ne veut pas que les glaciers
29:09aillent trop vite non plus.
29:11Ils descendent trop vite des montagnes.
29:12Mais ça, c'est quelque chose
29:13que l'on surveille beaucoup.
29:14Justement, comment les glaciers
29:16changent de comportement
29:17face au changement climatique ?
29:18Est-ce qu'ils ralentissent ?
29:19Est-ce qu'ils accélèrent ?
29:21Et là, vous avez dû voir l'étude
29:22qui vient de sortir de Suisse
29:23qui nous dit qu'en 10 ans,
29:24quand même, les glaciers suisses
29:25ont perdu un quart de leur volume.
29:27Donc, les choses sont en train
29:28d'aller très vite en ce moment.
29:29Est-ce qu'on pourrait les nourrir
29:31pour qu'ils puissent grossir un peu ?
29:33En fait, cette question,
29:36elle n'est pas bête
29:37parce qu'il y en a beaucoup
29:38qui réfléchissent aujourd'hui
29:39à des techniques
29:40qu'on appelle ça la géo-ingénierie.
29:43Donc, c'est du pur technosolutionnisme.
29:45Plutôt que de réduire
29:47nos émissions de gaz à effet de serre
29:48et d'aider le puits de carbone naturel,
29:50ce qui est vraiment
29:50ce dont on a besoin aujourd'hui,
29:52il y a des personnes qui se disent
29:53avec la technologie,
29:54pourquoi est-ce qu'on ne ferait pas péter
29:56des canons à neige sur les glaciers ?
29:59Alors, le problème,
30:00c'est que ça consomme énormément d'énergie,
30:01énormément d'eau aussi.
30:03D'autres réfléchissent
30:04à mettre des bâches blanches
30:05en plastique sur les glaciers
30:06pour ralentir leur fonte,
30:08mettre une sorte de petite couverture
30:10qui va les isoler pendant l'été.
30:11Oui, mais c'est du plastique !
30:12Voilà, je pense qu'on mange tous
30:13à ces plastiques dans notre régime alimentaire
30:15au quotidien.
30:16Donc aujourd'hui,
30:17on voit un tsunami
30:19du technosolutionnisme,
30:21beaucoup aussi dans les régions polaires
30:23parce que ce sont des régions
30:23qui se réchauffent plus vite qu'ailleurs,
30:25mais aussi chez nous dans les Alpes.
30:26Donc en Suisse,
30:27il y a déjà eu des tests
30:28d'installer des canons à neige.
30:30Voilà, c'est compliqué.
30:31Alors là, une des raisons,
30:33on en parlait tout à l'heure
30:34parce qu'à un moment,
30:34Charline demandait
30:35s'il valait mieux
30:36aller chercher des glaçons en Antarctique,
30:39c'était pendant la pause
30:40ou aller en fabriquer dans son congélateur.
30:44Et il y a une raison
30:45pour laquelle il vaudrait peut-être
30:47mieux les laisser là où ils sont
30:48et ne pas faire de glaçons dans le congélateur
30:50parce qu'il y a cette fameuse loi,
30:51la deuxième loi de la thermodynamique
30:53qui dit que si on doit refroidir
30:55quelque chose quelque part,
30:56forcément,
30:57ça réchauffe plus encore
30:58quelque part ailleurs.
31:00Donc à chaque fois
31:01qu'on va faire un glaçon
31:02dans nos congélateurs,
31:03ça va réchauffer l'atmosphère
31:05d'autant plus
31:06créer des canons à neige
31:08pour faire de la glace
31:09ou de la neige,
31:10ça réchauffe d'autant plus le ciel
31:11ce qui fait que ça accélère la fonte
31:14qu'il faudrait plus de...
31:15Bref, vous avez compris,
31:16ça fait un cycle...
31:17C'est un peu les chadocs,
31:18les canons à neige.
31:19De temps en temps,
31:21Heidi Sevestre,
31:22les glaciers bougent plus vite
31:24qu'à d'autres moments.
31:26Est-ce que...
31:27Je crois que ça s'appelle
31:27un surge glaciaire.
31:30C'est le genre de choses
31:31que vous avez étudiées ?
31:32Oui, beaucoup.
31:33En fait,
31:34on a des glaciers
31:34qu'on ne comprend pas beaucoup.
31:36Alors, c'est vrai que
31:36ce n'est pas ultra bavard
31:38un glacier.
31:38On a besoin d'utiliser
31:39tout un tas d'instruments
31:40pour essayer de les faire parler.
31:43Et notamment,
31:43Osvalbard,
31:44dans ce petit archipel
31:45qui est entre le nord
31:46de la Norvège
31:47et le pôle Nord,
31:48on a la plus haute densité
31:49de glaciers
31:50qui partent en live complet.
31:51Donc d'habitude,
31:52les glaciers,
31:52on l'a bien compris,
31:54ils bougent
31:54à une certaine vitesse,
31:56certains très vite,
31:56certains très lentement.
31:58Mais Osvalbard,
31:58on a un peu des glaciers bipolaires
32:00où d'un coup,
32:01en fait,
32:02ils partent de rien faire du tout,
32:03pratiquement pas bouger,
32:05bouger peut-être
32:05à quelques mètres par an,
32:07à tout pulser
32:09et tout pulvériser
32:10sur leur passage,
32:11à avancer
32:11à des vitesses folles
32:12comme 50 mètres par jour.
32:14Un glacier qui bouge
32:15à 50 mètres par jour,
32:16ça devient compliqué.
32:17Une énergie énorme.
32:18Une énergie énorme.
32:19C'est vraiment
32:20un labour total
32:21sur le paysage.
32:23Ça redessine
32:24les fjords,
32:24les montagnes,
32:25ça remonte
32:26les fonds sous-marins.
32:27Et pourquoi c'est important
32:28d'essayer de comprendre
32:30ce qui se passe
32:30dans ces glaciers ?
32:31Parce que quand un glacier
32:32passe de la terre
32:34et se met,
32:34ce qui est beaucoup
32:35le cas au Svalbard,
32:36vu que c'est un archipel,
32:37se met à avancer
32:38dans l'océan,
32:39ça contribue très fortement
32:40à l'élévation
32:40du niveau des mers.
32:42Et donc aujourd'hui,
32:42on a besoin d'essayer
32:43de mieux comprendre
32:44comment ces glaciers bipolaires
32:45se comportent,
32:46qu'est-ce qui les déclenche ?
32:48Parce qu'aujourd'hui,
32:48on a vu des glaciers
32:49qui perdaient 80%
32:51de leur volume
32:51en faisant
32:52cette fameuse accélération,
32:53cette fameuse surge.
32:55Et malheureusement,
32:55puisqu'on a du mal
32:56à les comprendre
32:57malgré mes travaux
32:58de doctorat,
32:59on ne les prend pas en compte
33:01en fait dans les modèles
33:02de projection,
33:03d'élévation du niveau
33:04des mers.
33:05Et on sait que c'est critique.
33:06Il y a quelques semaines
33:07à peine,
33:07j'étais au Havre.
33:08Je pense qu'au Havre,
33:09tout le monde comprend
33:10que les glaciers
33:12du Svalbard,
33:13le Groenland et l'Antarctique,
33:14ce n'est pas de leur porte.
33:16Parce que ça grignote,
33:17voilà nos littoraux
33:18qui sont magnifiques.
33:18Et en fait,
33:19il y a une différence
33:19entre les glaces
33:21qui sont de banquise,
33:22à savoir des glaces
33:23qui apparaissent
33:24au niveau de la surface
33:25de l'eau
33:26et qui, elle,
33:27ne changent strictement rien
33:28à la surface de l'océan.
33:29Par exemple,
33:29quand vous prenez un verre
33:30et qu'il y a un glaçon dedans,
33:32l'eau ne débordera pas
33:34une fois que le glaçon
33:34aura fondu,
33:35ce sera à la même hauteur.
33:36Ça ne bouge pas.
33:37En revanche,
33:38ce qui change le niveau
33:39des océans,
33:39ce que vous êtes en train
33:40de nous raconter,
33:40ce sont les glaces
33:41qui sont sur les terres.
33:43Les glaces qui, elles,
33:44ne sont pas encore
33:45sur les océans
33:46et qui, en fondant,
33:47vont faire monter
33:47la surface des eaux.
33:50J'ai un vague souvenir,
33:51peut-être que vous connaissez
33:53un meilleur chiffre
33:54que moi, Nidhi L'Escarmontier.
33:57Mais il me semble
33:57que si toutes les glaces
33:59du Groenland fondaient,
34:00ça ferait monter
34:01le niveau des océans
34:02de 7 mètres,
34:03quelque chose comme ça.
34:04C'est ça.
34:04Si on additionne
34:06le Groenland et l'Antarctique,
34:09c'est l'équivalent
34:09de 65 mètres.
34:11Mais c'est vrai,
34:12Nidhi a totalement raison.
34:14En fait, aujourd'hui,
34:15encore,
34:15on a du mal
34:16à comprendre complètement
34:17les processus
34:19de fonte des glaciers,
34:20mais même en Antarctique.
34:23Et ça,
34:23ça a vraiment
34:24un intérêt aujourd'hui
34:26dans nos projections,
34:27dans nos projections
34:28de niveau marin.
34:28Par exemple,
34:29pour la fin du siècle,
34:30on ne sait pas...
34:31Bien sûr,
34:32ça dépend des scénarios
34:33d'émissions
34:33de façon très directe,
34:35mais en même temps,
34:36pour un même...
34:36On voulait dire
34:37de gaz à effet de serre.
34:39De CO2 et autres
34:40dans la planète.
34:41Et en fait,
34:42pour une même émission,
34:43on ne sait pas
34:44si on va avoir
34:45une augmentation
34:45du niveau marin
34:46de 80 centimètres,
34:48de 1 mètre,
34:49de 1,50 mètre,
34:50parce qu'on n'arrive pas
34:51dans nos modèles,
34:52encore aujourd'hui,
34:52à retrouver
34:54les comportements
34:55des glaciers
34:55qu'ils ont pu avoir
34:58dans les paléoclimats
34:59à ces niveaux
35:00de réchauffement
35:01qu'on connaît aujourd'hui.
35:03Parce qu'on sait
35:04qu'on a tous appris
35:05à l'école
35:05qu'il fut un temps
35:06où on pouvait marcher
35:07jusqu'en Angleterre
35:08et que c'est qu'il faisait
35:09beaucoup plus froid
35:10à l'époque
35:11car plus d'eau
35:12était contenue
35:13dans des glaces
35:13qui ont ensuite fondu
35:15et créé la Manche
35:16et on ne peut plus
35:16aller à pied
35:17jusqu'en Angleterre.
35:18Nous sommes toujours
35:19en compagnie
35:19de mes invités,
35:20l'humoriste Charline Vanden Hecker
35:22et les glaciologues
35:23Heidi Sévestre
35:24et Lydie Lescar-Montier
35:25pour parler des glaces
35:26avec le public
35:27du studio 621.
35:28France Inter
35:31Christophe Galfard
35:34Big Bang
35:37Et nous allons maintenant
35:39passer aux questions
35:40du public
35:41avec une première question
35:42d'Ariane.
35:43Bonjour,
35:44ma question c'était
35:45avec l'évolution
35:46des instruments de mesure
35:47est-ce que les informations
35:48trouvées auparavant
35:49peuvent être erronées
35:50et donc compliquées
35:51à exploiter ?
35:53Qui voudrait répondre
35:54à cette question ?
35:55Lydie Lescar-Montier ?
35:56Oui, allez je me lance.
35:57On n'a pas trouvé
35:59d'informations erronées.
36:03Par contre,
36:03ce qu'on voit aujourd'hui
36:05c'est que plus on avance,
36:06il faut imaginer en fait
36:07que le changement climatique
36:08c'est vraiment
36:08une expérience
36:09à ciel ouvert.
36:11Et aujourd'hui,
36:12on collecte des données
36:13sur cette expérience
36:14qui se passe en temps réel.
36:16Donc c'est très difficile
36:17pour les scientifiques
36:17à la fois
36:18de comprendre
36:20ce qui se passe
36:20et d'être assez rapide
36:22en fait
36:23pour analyser
36:24les nouvelles observations.
36:26mais ce qu'on a compris
36:28c'est qu'en fait
36:28les impacts
36:29du changement climatique
36:30à des niveaux de température
36:32sont bien plus forts
36:33que ce qu'on avait anticipé.
36:35C'est pour ça que
36:36par exemple aujourd'hui
36:37si on prend
36:37le dernier rapport
36:38du GIEC
36:39sur la hausse
36:40du niveau marin
36:41on sait que
36:42toutes les données
36:43en fait
36:43elles sont bien en dessous
36:44de ce qu'on peut
36:45trouver aujourd'hui
36:46dans les toutes nouvelles publications
36:48qui sont sorties
36:48ces dernières années.
36:49donc on va plutôt
36:51vers des observations
36:53et des impacts
36:56qui sont beaucoup plus forts
36:57que ce qui est anticipé.
36:59Une deuxième question
37:00d'Agathe.
37:01Bonjour,
37:01c'était pour savoir
37:02quelles étaient
37:02les qualités requises
37:03pour être glaciologue
37:05et participer
37:06à ce genre d'expédition ?
37:08C'est une super question.
37:10Je pense qu'avoir
37:11un bon esprit d'équipe
37:12en fait
37:12c'est vraiment important.
37:14Quand on part en expédition
37:15c'est souvent
37:16des petites équipes
37:17et on est dans des situations
37:19parfois très stressantes
37:21parfois on a peur
37:22sur le terrain
37:22et on a tous froid.
37:24Je tiens à le dire
37:24que c'est pas comme
37:25si les glaciologues
37:26on adorait le froid.
37:27Là l'expédition
37:28dans laquelle vous êtes
37:28présentement
37:29alors que vous êtes
37:30quand même avec nous
37:30vous imaginez
37:32des températures
37:33de quelle ordre ?
37:34Des moins 40
37:36moins 45
37:36sans le vent
37:38donc on va avoir
37:39très très froid
37:39et c'est pour ça
37:41que c'est très important
37:42de pouvoir compter
37:43sur l'autre en fait.
37:44On remet sa vie
37:45dans les mains
37:46de l'autre personne
37:47Mathieu il aura
37:48ma vie entre ses mains
37:50j'aurai la sienne
37:50dans mes mains
37:51et si on veut faire
37:52la meilleure science possible
37:53il faut d'abord
37:53qu'on soit en sécurité
37:54c'est la base.
37:56Adrien
37:56une troisième question.
37:58Bonjour
37:58j'ai entendu dire
37:59il y a quelques temps
38:00que la fonte des glaciers
38:01pouvait relâcher
38:02des virus
38:03ou alors des microbes
38:04dangereux pour l'homme
38:05dans l'atmosphère.
38:06Alors
38:06que nous apprend
38:07la glaciologie
38:08à ce sujet ?
38:10Alors là
38:10c'est pas tout à fait
38:11la glaciologie
38:12oui pardon
38:13excusez-moi
38:13c'est pas tout à fait
38:15la glaciologie
38:15ça sera plutôt
38:16les personnes
38:18qui étudient
38:18le pergélisol
38:20ou le permafrost
38:21en anglais
38:21qui est en fait
38:23le sol qui est gelé
38:24dans les régions
38:25boréales
38:25typiquement en Sibérie
38:27et en fait
38:28ce sol
38:29comme il est gelé
38:30il empêche
38:31finalement la dégradation
38:33de la matière organique
38:34et donc
38:34on va y trouver
38:35par exemple
38:36des fossiles
38:36de mammouths
38:38ou des cadavres
38:39de rennes
38:40qui sont
38:41complètement conservés
38:42et en fait
38:43en faisant disparaître
38:45ce sol gelé
38:46en le laissant fondre
38:47on a
38:48une
38:49on a un travail
38:51qui se fait
38:52sur cette matière organique
38:54et qui potentiellement
38:55peut relâcher
38:56des virus
38:56des microbes
38:57etc.
38:58et donc c'est quelque chose
38:59qui est de plus en plus
39:00visible
39:00dans ces régions
39:02dans ces régions-là
39:03c'est pas en mettant
39:03de la glace dans le whisky
39:04qu'on risque quelque chose
39:05non ça c'est bon
39:06parce qu'il n'y a pas vraiment
39:08beaucoup de virus
39:08en Antarctique
39:09non en Antarctique
39:10ça va
39:11étrangement
39:12c'est pas là-bas
39:13qu'on attrape un rhume
39:13non
39:14on peut pas
39:15parce que
39:15d'ailleurs
39:16quand on revient
39:17d'expédition
39:17tu l'as vécu
39:20tu le vivras
39:20sûrement bientôt
39:21c'est le moment
39:23où on tombe malade
39:23systématiquement
39:25on chope
39:26tous les virus
39:26qui passent
39:27on a perdu nos défenses
39:28et quand on revient
39:29paf
39:30c'est pas facile
39:31c'est pas là-bas
39:31que c'est dangereux
39:32c'est ici
39:32nous avons une question
39:33de Jeanne
39:34bonjour
39:35j'aimerais bien savoir
39:37quelles seraient
39:38les solutions
39:39que vous proposeriez
39:40pour favoriser
39:41la conservation
39:41des glaciers
39:42donc mis à part
39:43les canons
39:46par exemple
39:46dont vous avez parlé
39:47en Suisse
39:47c'est une super question
39:49alors je tiens juste
39:50à insister
39:50que les canons
39:51c'était peut-être
39:52pas la meilleure solution
39:53c'était plus
39:55ce qu'on qualifierait
39:56de maladaptation
39:58tu vois
39:58il y a carrément
39:59un terme pour dire
39:59que c'est des fausses
40:00bonnes idées
40:00mais en fait
40:01un glacier
40:01c'est pas compliqué
40:02tu sais
40:03pour chaque tonne
40:04de CO2
40:04qu'on émet
40:05dans l'atmosphère
40:06il y a 16 tonnes
40:07de glace
40:08qui fondent
40:08donc ça va vite
40:08donc en fait
40:09la meilleure solution
40:10pour préserver
40:11les glaciers
40:12ça va être
40:13de tout faire
40:14chacun à notre niveau
40:15avec les outils
40:16que l'on a
40:16pour utiliser
40:17moins d'énergie fossile
40:19donc tu sais
40:20le charbon
40:20le gaz
40:21le pétrole
40:21et c'est vraiment
40:22comme ça
40:23qu'on peut
40:23non seulement
40:24nettoyer notre atmosphère
40:25donc avoir moins
40:25de petites particules noires
40:27qui se déposent
40:28sur les glaciers
40:28qui les font fondre
40:29mais aussi tout simplement
40:30moins réchauffer
40:31notre atmosphère
40:31et en fait
40:32ce qui est génial
40:32c'est que toutes les solutions
40:33dont on a besoin
40:34pour faire ça
40:35elles existent
40:36c'est génial
40:36aujourd'hui les énergies renouvelables
40:38coûtent moins cher
40:39que les énergies fossiles
40:40ce qui nous manque un petit peu
40:41c'est une vraie volonté politique
40:43d'essayer de sauver ces glaciers
40:44ça veut dire que si on choisit
40:46de faire un trajet en voiture
40:47alors qu'on peut le faire
40:48d'une autre manière
40:49si je fais 10 km en bagnole
40:51ça veut dire qu'il y a
40:53X blocs de glace
40:55qui vont fondre
40:56à l'autre bout de la planète
40:57exactement
40:58c'est un rapport
40:58de 1 à 16
40:59donc ça va très très vite
41:01au niveau des glaciers
41:02oui tout à fait
41:03ok je rentre à pied
41:04et bien pour en apprendre
41:05peut-être un petit peu plus
41:06sur tout ça
41:07d'une manière différente
41:08on arrive au moment
41:09de l'émission
41:10où je vais vous faire
41:10écouter un son
41:11et c'est un son
41:13un peu mystère
41:14et je vais vous
41:14on va l'écouter ensemble
41:15et vous pouvez discuter
41:17à voix haute
41:19pour essayer de deviner
41:21de quoi il s'agit
41:21Charline aussi évidemment
41:23vous pouvez participer
41:24on écoute
41:24vous faites chauffer l'eau
41:33pour le thé
41:33pas tout à fait
41:37Heidi Sabès
41:37j'ai l'impression
41:38que vous dites oui
41:39avec un grand souhait
41:40comme si vous aviez reconnu
41:41c'est un copain ça
41:42c'est Hugo Nani
41:44c'est ce que je veux dire
41:45absolument
41:46vous l'avez bien reconnu
41:47c'est effectivement
41:48Hugo Nani
41:49Hugo Nani
41:50que nous avons d'ailleurs
41:51au téléphone
41:52en ce moment même
41:53et qui va nous expliquer
41:55ce que l'on vient
41:56comment il a eu
41:57ces sons déjà
41:58bonjour Hugo
41:59Hugo Nani
41:59vous êtes glaciologue
42:01affilié à l'université
42:02d'Oslo
42:03spécialisé dans l'étude
42:04des instabilités glaciaires
42:05par la sismologie
42:07bonjour Hugo Nani
42:09vous m'entendez bien
42:11on vous entend très bien
42:12alors qu'est-ce que
42:13c'est quoi ce qu'on vient
42:14d'entendre là
42:15comment vous avez pris
42:15ces sons
42:16alors déjà
42:18quand on disait
42:18que c'était
42:18Hugo Nani
42:19le son
42:19ça c'est pas ma voix
42:20ce qu'on a entendu
42:23en fait
42:23c'est le son d'un glacier
42:24c'est le son
42:26qu'on a enregistré
42:26avec des sismomètres
42:28qui sont des appareils
42:28qui mesurent les vibrations
42:29de la même manière
42:30que ce qu'on fait
42:31pour les volcans
42:32ou les tremblements de terre
42:32et bien nous
42:33on allait mettre
42:34ces appareils au coeur
42:35d'un des glaciers
42:35du Svalbard
42:36d'un de ces grands glaciers
42:39ces vibrations
42:40donc c'est pas un enregistrement audio
42:42non c'est un enregistrement
42:45en fait très très basse fréquence
42:46on a des fréquences
42:47jusqu'à 1 hertz
42:48donc des choses
42:49qu'on peut pas entendre
42:50et en fait on monte
42:51à peine
42:52on vient effleurer
42:52le spectre audible
42:53pour l'humain
42:54parce que le glacier
42:55finalement il a une voix
42:56qui est légèrement
42:59similaire à un autre
43:00dans le spectre
43:01mais qui n'est pas la même
43:01qui est juste en dessous
43:02et du coup vous l'avez transformé
43:03pour qu'on puisse l'entendre
43:04alors les sons que vous entendez
43:06il y a une partie
43:07qui est vraiment
43:08le son du glacier brut
43:09non transformé
43:10il y a une partie
43:10on a dû augmenter un peu
43:11le volume bien sûr
43:12mais il y a une grande partie
43:13de ce que vous entendez
43:14c'est exactement
43:15ce que vous entendriez
43:16si vous étiez
43:17300 mètres au coeur du glacier
43:19sous la surface
43:20on va vous faire écouter
43:22un autre son
43:23que vous avez pris
43:24qui est dans un glacier
43:26français
43:27l'argentière je crois
43:28et si ça vous ennuie pas
43:30de nous décrire
43:31au moment où on l'écoute
43:33les différents sons
43:34qu'on entend
43:34pour que l'on sache
43:35à quoi ça correspond
43:36voici le son
43:38et n'hésitez pas
43:39à nous dire
43:40ce qu'on entend
43:40alors là on entend
43:45l'eau qui
43:45quand le glacier fond
43:47l'eau pénètre dans le glacier
43:48et elle vient créer
43:50cette résonance
43:51dans tout le glacier
43:51et en fait c'est cette eau
43:54qui permet au glacier
43:55de glisser
43:55et voilà
43:58et au glacier de craquer
43:59en fait
44:00quand le glacier se déplace
44:01il vient arracher
44:01des petits bouts de roche
44:02les crevasses s'ouvrent
44:03et le glacier craque
44:03là le son au fond
44:07le fond c'est l'eau qui coule
44:09c'est ça
44:11c'est l'eau qui coule
44:11à 200-300 mètres
44:12sous la surface du glacier
44:13et qui permet au glacier
44:14de glisser
44:15et d'accélérer
44:16pendant la période de fonte
44:17et de craquer
44:18de plus en plus
44:18d'avancer de plus en plus
44:19jusqu'à potentiellement déstabiliser
44:22grâce à ce genre
44:25d'enregistrement
44:26vous arrivez à savoir
44:28ce qui se passe
44:28à des centaines de mètres
44:30parfois peut-être même plus
44:31sous la surface des glaciers
44:33oui tout à l'heure
44:35Heidi disait
44:36justement
44:36il y a des choses
44:37qu'on n'arrive pas à comprendre
44:38et une des grosses questions
44:39aujourd'hui c'est
44:39qu'est-ce qui se passe
44:40quand la glace fond
44:41alors bien sûr
44:42le glacier perd un peu
44:44de son volume
44:44mais qu'est-ce qui se passe
44:45quand cette eau arrive
44:46à l'endroit où le glacier
44:46repose sur la roche
44:48et se met à glisser
44:49mais comme ça
44:50c'est à des centaines
44:50de mètres de profondeur
44:51on ne peut pas y accéder
44:52on ne peut pas regarder
44:53ce qui se passe
44:54alors nous on a décidé
44:55d'écouter ce qui se passe
44:56à cet instant d'interface
44:57un peu de la même manière
44:58que ce que je disais
44:59quand on écoute les volcans
45:00donc ça ça nous permet
45:01de regarder vraiment
45:03la manière dont le glacier
45:04craque
45:05dont il se déplace
45:05et surtout
45:06dont il répond à la fonte
45:07qui augmente
45:08de plus en plus
45:09et chaque glacier
45:10va avoir sa signature sonore
45:12du coup ?
45:14chaque glacier
45:14a sa signature sonore
45:15et surtout ce qui est important
45:16c'est que chaque phénomène
45:17a sa signature sonore
45:18on a un peu
45:19des signatures sonores
45:20sismiques
45:21d'un glacier en bonne santé
45:23mais on a aussi
45:24des signatures sismiques
45:25par exemple
45:25de glaciers
45:25qui vont s'effondrer
45:26et ça c'est très utile
45:27dans des régions
45:28comme les Alpes
45:29ou comme le Népal
45:29où il y a des glaciers
45:31qui sont en train
45:31de s'effondrer
45:32qui peuvent s'effondrer
45:33sur des populations
45:33et du coup
45:34en mettant ces stations
45:35à quelques dizaines
45:36de kilomètres
45:37on peut dire
45:37attention là
45:38le glacier est en train
45:39de craquer
45:39presque le glacier
45:40annonce
45:41qu'il va s'effondrer
45:42et il faut faire
45:43quelque chose
45:43pour évacuer
45:44pour écouter
45:45cette voix du glacier
45:46au sens métaphorique
45:47du terme
45:48mais aussi au sens propre
45:49Heidi Sauvestre
45:50vous avez déjà collé
45:51votre oreille
45:51contre un glacier
45:52pour essayer de l'écouter
45:53ça peut être fatal
45:54il faut faire attention
45:55je suis émerveillée
45:57par ce que fait Hugo
45:58et des fois
45:59on a l'impression
45:59d'entendre un peu
46:00le pouls du glacier
46:01on a un peu l'impression
46:02qu'il est vivant
46:03qu'il nous raconte
46:03tout un tas de choses
46:04et c'est magnifique
46:05ce qui nous permet
46:06de vivre
46:06de ressentir
46:08toutes ces vibrations
46:08cette force du glacier
46:10vous ressentez la même chose
46:11Lydie
46:11J'ai une petite anecdote
46:15j'avais un collègue
46:16qui avait posé
46:17des sismos
46:18comme ça
46:18sur le glacier
46:19que j'étudiais en thèse
46:20et en fait
46:21il avait
46:23au moment du vélage
46:25de ce glacier
46:26qui était un vélage
46:27monumental
46:28puisque l'iceberg
46:29faisait 80 km de long
46:30en fait
46:31l'événement
46:32a été enregistré
46:32sur des sismos
46:33qui étaient situés
46:34en Afrique du Sud
46:35les collègues
46:36qui l'avaient appelé
46:36en disant
46:37on a enregistré
46:38cet événement là
46:38comme vous l'entendez
46:40malheureusement
46:41c'est déjà la fin
46:42de l'émission
46:43c'était Big Bang
46:44merci à toutes et à tous
46:46de nous avoir écoutés
46:47jusqu'ici
46:47merci à vous
46:49Hugo Nani
46:49pour vos sons de glaciers
46:50à vous
46:51Charine Van Aenecker
46:52qui publieait
46:53Un canari dans la mine
46:54aux éditions
46:54De Noël et France Inter
46:55à vous
46:56Heidi Sevestre
46:57qui publieait
46:58Sentinelle
46:58Voyage au coeur des glaciers
47:00aux éditions
47:01HarperCollins
47:02et vous
47:02Lydie Lescarmontier
47:03qui publieait
47:04Les pôles
47:04en sans question
47:05aux éditions
47:06Talendier
47:07et merci surtout
47:08au public
47:09du studio 621
47:10nous avions aujourd'hui
47:11des élèves de Terminal
47:12nous étions à la maison
47:14de la radio
47:14et cette émission
47:15a été réalisée
47:16par Benjamin Riquet
47:17à la programmation musicale
47:19Jean-Baptiste Audiber
47:19à la technique
47:21Raphaël Rousseau
47:22à la vidéo
47:22Gilles Gaillard
47:23et à la préparation
47:24et la programmation
47:25Élodie Royer
47:26je vous donne rendez-vous
47:28samedi prochain
47:28avec deux scientifiques
47:30et un invité mystère
47:31pour deux émissions
47:32à la maison de la radio
47:33nous parlerons
47:34animaux marins
47:34et champignons
47:35rendez-vous dès maintenant
47:36sur le site
47:37de la maison de la radio
47:38et de la musique
47:39pour réserver votre place
47:40à la maison de la radio
47:41et de la maison de la radio
47:42et de la maison de la radio
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