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  • il y a 11 heures

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00:00Tiens, pas à l'aveugle du tout, Emmanuel Ducroix est avec nous. Bonjour Emmanuel.
00:03Bonjour Dimitri, bonjour Anissa, bonjour Olivier, bonjour à tous.
00:07Volodymyr Zelensky était à Paris hier avec donc cette annonce dont on parlait il y a quelques minutes sur Europe 1,
00:12son intention de commander 100 appareils de combat Rafale, c'est quand même colossal sans avion d'un coup.
00:17Bon, c'est une bonne nouvelle mais ça ouvre de nombreuses questions militaires, industrielles, financières.
00:22D'abord, est-ce que ça peut changer, pensez-vous, quelque chose au cours de la guerre en Ukraine ?
00:26Moi ça c'est la question dont la réponse est la plus facile parce que c'est non.
00:30La commande en est pour l'instant au stade de l'intention, si elle se concrétise au mieux du mieux,
00:34les premiers avions arriveraient dans trois ans et les livraisons s'étaleraient sur plusieurs années,
00:39à un moment où, espérons-le, la guerre sera finie.
00:41Alors il n'y a pas de quoi changer la donne tout de suite en Ukraine où l'armée vit des moments difficiles.
00:45Il y a eu d'autres annonces de commandes de systèmes de radars et de drones qui lui seront bien plus utiles à court terme.
00:51Bon, cela dit, ça reste quand même une bonne nouvelle sur le fond, valorisante pour la France et ses savoir-faire.
00:55Puis l'annonce est un symbole politique de long terme, de l'ancrage de l'Ukraine à l'Ouest pour au moins dix ans.
01:01Bon, autre question, est-ce que la France, est-ce que Dassault a les moyens de fournir 100 rafales ?
01:06Alors là on est déjà, c'est un peu plus incertain, on est dans le Grand Est pour l'industrie de défense française.
01:11Le rafale est produit dans l'usine Dassault de Mérignac qui en sort une trentaine par an.
01:15Et le carnet de commandes est plein, 249 avions à livrer, il va donc falloir pousser les murs.
01:21Dassault peut a priori monter jusqu'à 50 appareils par an, mais ça suppose qu'avant,
01:25les 400 fournisseurs de pièces de composants se soient mis en ordre de marche pour que ce puzzle de luxe soit assemblé sans retard.
01:33Et là, la France doit veiller à ne pas se piéger elle-même.
01:35Ben oui, toutes ces entreprises en amont vont devoir augmenter les cadences, les volumes pour qu'aucun morceau ne manque.
01:41Et ça ne repose que sur la France puisque le rafale est 100% français.
01:45Donc c'est aussi un test pour éviter de nous tirer des balles dans le pied.
01:49Il ne faut pas que nos habituelles normes, tracasseries administratives, pénalisent un des maillons,
01:54une des usines qui aurait besoin de s'agrandir plus vite par exemple,
01:57ou qui aurait besoin qu'on lui allège des contraintes.
02:00Ça peut gripper toute la chaîne avec une de ces absurdités françaises dont nous avons le secret.
02:04Il nous faut lutter contre nous-mêmes.
02:06Mais on fera comme pour les JO de Notre-Dame une loi spéciale.
02:08Bon, reste la question insoluble.
02:10Qui va payer ?
02:11Ah ben ça, c'est la question à 8, 10, 15 milliards d'euros.
02:15Le prix du contrat, on ne sait pas.
02:16Alors, ce n'est pas l'Ukraine qui va payer, ça c'est sûr.
02:19Il y a bien une piste qui consiste à utiliser les intérêts des avoirs russes gelés en Europe.
02:23Honnêtement, personne n'y croit vraiment.
02:25Puis l'Europe est réticente.
02:26C'est quoi, c'est 2 à 3 milliards par an que ça génère à peu près l'intérêt ?
02:28Oui, qui sont déjà fléchés pour d'autres pistes en Ukraine.
02:31Alors, il y a une autre piste qui est étendre le programme PEARL, P-U-R-L.
02:35Ça, c'est un dispositif des pays membres de l'OTAN qui s'engage à payer pour l'Ukraine du matériel militaire américain.
02:42Mais il faudrait qu'il soit étendu aux commandes en France.
02:43Alors là, il y a un double problème.
02:45La France n'a pas voulu financer quoi que ce soit dans le cadre de ce dispositif.
02:49Alors, ça lui est maintenant difficile de demander d'en bénéficier.
02:52Puis c'est un paradoxe européen.
02:53L'Allemagne, le Royaume-Uni ont bien voulu financer du matériel américain parce qu'ils savent qu'ils achètent la bienveillance des Etats-Unis, la garantie de son implication dans le conflit.
03:02Quand il s'agit de la France, là, les vieux réflexes de protectionnisme économique prennent le dessus.
03:06La France est un concurrent militaire, pas question de lui faciliter la tâche.
03:10Alors, il reste bien une piste au sein de l'Union européenne, encore très très floue.
03:15Puis la France n'est pas exactement en position de force à Bruxelles, pas en position de force pour faire émerger un mécanisme qui lui soit favorable.
03:21Donc voilà, cette lettre d'intention pour le Rafale, c'est une bonne nouvelle.
03:24Mais dans l'exécution, les ennuis peuvent encore voler en escadrille.
03:28Merci beaucoup Emmanuel Ducrot.
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