00:01La grande interview sur CNews et Europe 1. Mon invité ce matin s'est imposé en quelques mois comme une opposante résolue au gouvernement sur le budget et d'autres sujets dont nous allons parler.
00:11Bonjour et bienvenue Sarah Knafo.
00:12Bonjour Sonia Mabrouk.
00:13Merci d'être là. Et tout d'abord, la commande est qualifiée d'historique entre Paris et Kiev. L'Ukraine va donc acquérir jusqu'à 100 rafales à la France. Est-ce que ce matin vous dites « cocorico » ?
00:25Ce matin, je dis plutôt « comme, comme, comme ». Pour l'instant, on en est au stade de la communication, de la lettre d'intention, comme disent les anglo-saxons.
00:33Donc, ce n'est pas fait du tout. On ne connaît pas encore les modalités. Ensuite, ce qui est sûr, c'est que c'est très flatteur pour l'industrie aéronautique française.
00:39C'est formidable pour la France qu'on achète des avions français. C'est formidable que des pays européens choisissent plutôt des rafales que des F-35 américains.
00:47Tout ça, c'est très positif. Les questions qui vont néanmoins se poser et qu'on est en droit de se poser, c'est d'abord à quelle échéance est-ce qu'il faut livrer ?
00:54S'il faut livrer très rapidement, on sait ce qui va se passer, c'est qu'on va devoir prélever sur la flotte française actuelle.
01:00Or, quand on regarde les chiffres, on sait que la flotte française actuelle, on a nous-mêmes 105 rafales en tout.
01:06Donc, si on doit les offrir à l'Ukraine, on voit bien que ça va poser un problème pour notre propre sécurité.
01:11La deuxième question qui se pose, évidemment, c'est qui va payer ? On est obligé de se poser la question.
01:15Et quelle est la réponse selon vous ?
01:16Alors, je n'ai pas encore la réponse. Est-ce qu'on va les offrir ?
01:18Si on doit les offrir, vous voyez bien qu'il y a un grave problème qui se pose.
01:21Un rafale, c'est environ 80 millions d'euros.
01:23On en est déjà à 21 milliards d'euros d'aide à l'Ukraine, que ce soit en aide bilatérale ou ce que la France a donné multilatéralement avec l'Union européenne.
01:31Ça fait déjà beaucoup.
01:33Donc, si on doit les offrir, ça pose un problème.
01:35Est-ce qu'ils vont les payer ?
01:36Si oui, est-ce qu'ils vont les payer avec l'argent qu'on leur donne ou avec un autre argent ?
01:40Vous estimez que c'est peut-être le carnet tchèque français et vous dénoncez souvent, Sarah Knafo, ces milliards pour l'Ukraine.
01:47Que répondez-vous à l'argument selon lequel cela pourrait coûter beaucoup plus cher si on abandonne l'Ukraine aujourd'hui face à l'appétit russe demain ?
01:54N'est-ce pas indispensable finalement d'accroître et d'augmenter notre aide aujourd'hui pour obtenir plutôt une paix sérieuse et pérenne demain ?
02:03Déjà, la théorie selon laquelle dépenser plus permet de dépenser moins, je ne serais jamais favorable.
02:07Ça me fait penser à Bruno Le Maire qui disait que le quoi qu'il en coûte nous avait permis de faire des économies.
02:12On n'a pas vu les économies en attendant.
02:14Je vais vous donner un seul chiffre, plus sérieusement, qui, à mon avis, va vous faire comprendre ce que je pense.
02:19Je vous ai dit, on a donné 21 milliards d'euros à l'Ukraine depuis le début de cette guerre.
02:23Pour vous donner une comparaison, le budget de la police nationale aujourd'hui, c'est 13 milliards d'euros.
02:27Donc, on a donné plus que le budget de la police nationale.
02:30Quand nos policiers manquent de munitions ici, on va offrir des munitions à l'étranger.
02:34Moi, je passe toutes les décisions que j'aimerais prendre au tamis d'une seule règle.
02:38Est-ce qu'on donne à l'étranger alors qu'on manque chez nous ?
02:40Si la réponse est oui, alors il faut arrêter de donner.
02:43Ce n'est pas de l'égoïsme national.
02:45C'est la raison même d'être des nations.
02:47Vous voulez dire que demain, si on n'a pas assez de moyens pour l'hôpital et l'éducation ?
02:50On ne peut pas aller financer nos hôpitaux à l'agascar.
02:52Vous voyez ce que je veux dire ?
02:53On en est à former des magistrats à l'étranger.
02:55On a entendu Jean-Noël Barraud, j'ai eu une altercation avec lui sur le sujet,
02:59qui se targue d'aller ouvrir des écoles de lutte contre le narcotrafic à Bogotá et à Punta Cana,
03:04quand aujourd'hui, il n'arrive même pas à arrêter les narcotrafiquants de sevrants,
03:07quand son gouvernement n'y arrive pas.
03:09Pour moi, c'est une incohérence.
03:10Il faut passer toutes nos décisions à ce tamis.
03:12Et encore une fois, ce n'est pas de l'égoïsme national, c'est la raison même d'être des nations.
03:15Parce que sinon, il y aurait un seul pays mondial et on aiderait tout le monde.
03:18Et voter pour un président de la République en France n'aurait plus aucun sens.
03:21Quand on vote pour le président, on attend de lui qu'il protège son peuple en premier lieu.
03:25Vous disiez tout à l'heure, est-ce que ce n'est pas soumettre finalement aux appétits russes ?
03:28Nous, on a un peuple qui est aujourd'hui soumis sur notre propre sol à toutes les mafias et à tous les appétits.
03:34Donc quand on a une police qui manque de munitions, on a une priorité, on arme notre police d'abord.
03:38Vous parlez de soumission, Sarah Knafo.
03:40Est-ce une soumission à l'islamisme, ou en tout cas à l'empreinte des frères musulmans ?
03:44Puisque dans l'actualité, il y a ce sondage IFOP sur l'intensification du fait islamique chez les jeunes musulmans.
03:48Alors ils sont nettement vraiment plus religieux que leurs parents, attirés par les formes les plus radicales de leur religion.
03:5457% des musulmans de moins de 25 ans mettent les règles de l'islam au-dessus des valeurs de la République.
03:59Et une partie non négligeable le font pour la charia.
04:03Est-ce que c'est une victoire culturelle ? Et si c'est le cas, de qui ? De quoi ?
04:07Malheureusement, oui. Une victoire des plus radicaux sur les moins radicaux.
04:11J'aurais envie de vous dire que quand je vois ce sondage que j'ai découvert comme vous ce matin,
04:16la première tentation c'est de dire « on vous l'avait bien dit ».
04:19Et ensuite on se dit que l'heure est grave et qu'on n'a pas envie finalement d'avoir raison contre son propre peuple
04:23et contre l'intelligence de Syrah, parce que souvent notre propre peuple a vu, comme nous, la montée de ce danger islamique.
04:30Et pas certaines élites pour vous.
04:31Et pas certaines élites.
04:32Mais l'heure est tellement grave qu'on va se passer de ça et plutôt dire « regardons l'avenir, écoutez-nous maintenant ».
04:37Parce que quand vous voyez la tendance exponentielle de ces chiffres,
04:41quand vous voyez que dans la jeunesse, la prévalence notamment des idées djihadistes,
04:45vous avez presque un tiers des jeunes musulmans.
04:46Avec une bascule à partir de 2016 après Charlie.
04:49Donc ça bat en brèche toute la théorie de l'extrême minorité.
04:53On avait l'impression, vous savez, on parlait de loups solitaires.
04:55On avait l'impression qu'il y en avait dix à Trappes, dix à Lunel et puis après que le problème était réglé.
04:59Mais là, on voit bien qu'on parle d'un tiers des jeunes.
05:01Ce sont des chiffres qui sont colossaux.
05:03Donc la question qui se pose, c'est celle de l'avenir.
05:05C'est très bien.
05:05Vous avez cloué au pilori des hommes comme Éric Zemmour qui vous avaient prévenu il y a déjà 30 ans de ce danger.
05:10Ne mettez pas encore 30 ans à refuser ce constat.
05:13Acceptez-le maintenant.
05:14Et maintenant, par exemple, puisque vous citez évidemment Éric Zemmour, Sarah Knafo,
05:17il a toujours estimé que l'islam n'était pas compatible avec la République.
05:21Vous au pouvoir, que dites-vous ?
05:22Que faites-vous d'ailleurs avec des millions de musulmans français ?
05:26Déjà, une première chose la plus simple,
05:28c'est rompre avec leurs liens, avec les pays d'origine
05:31ou même avec des pays qui ne sont pas des pays d'origine
05:33mais qui prennent la France comme terrain de jeu
05:35pour financer des lieux de culte, pour financer des salles de sport,
05:38pour financer des associations
05:39et qui font monter cet islam qu'on dirait radical.
05:43Et quand on voit dans les sondages le nombre de jeunes qui se reconnaissent dans les frères musulmans,
05:47dans le salafisme, vous avez vu les chiffres sur le salafisme,
05:50dans le djihadisme même,
05:51on s'aperçoit que ça doit bien venir de quelque part.
05:53Donc couper ces financements, à mon avis, c'est la chose la plus simple.
05:55Donc fermer ces lieux de culte radicaux et sulfureux,
05:58le gouvernement vous dira que c'est la chose la plus simple.
06:00Ensuite, l'étape numéro 2.
06:02On sent bien que quand on a un tiers de jeunes qui se reconnaissent dans le djihadisme,
06:07ils ne seront pas tous récupérables.
06:09Vous voyez ce que je veux dire ?
06:09Il faut être raisonnable.
06:11Dans ce cas-là, qu'est-ce qu'on doit se dire ?
06:13Il faut être prêt à dire qu'on doit expulser peut-être des dizaines de milliers de personnes
06:18qui ont une double nationalité,
06:20qu'on doit pouvoir déchoir de leur nationalité française.
06:22Vous savez, il faut que ce chiffre est assez épilonesque.
06:26Alors, malheureusement non,
06:27puisqu'on hérite de la nationalité de manière assez automatique.
06:30Même François Hollande voulait le faire.
06:32Ça paraît aujourd'hui radical de dire qu'on va déchoir de sa nationalité française
06:35quelqu'un qui tient des propos djihadistes.
06:37Même François Hollande voulait le faire en 2015.
06:39Ne soyons quand même pas plus à gauche que François Hollande.
06:42Dans une assemblée très fragmentée aujourd'hui.
06:44Et disons-nous, on doit pouvoir se dire
06:46qu'on rompt avec des personnes qui ont déjà rompu avec nous.
06:49Ce n'est pas radical de dire ça, c'est du bon sens.
06:51Quand on a sur notre sol des bombes sur pattes,
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