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  • il y a 2 jours
Le taux de conformité de l'eau potable a diminué de dix points, en moins de cinq ans, passant de 95% en 2021 à 85% en 2025, révèle l'UFC-Que Choisir. Olivier Andrault est chargé de mission alimentation au sein de l'association.
L'invité de 6h20 (6h20 - 18 Novembre 2025 - Olivier Andrault)
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Transcription
00:00C'est la goutte de trop, nouvelle campagne lancée aujourd'hui par l'UFC Que Choisir pour alerter sur le coût de la dépollution de l'eau potable.
00:07Sujet important alors que l'on retrouve de plus en plus de produits toxiques dans l'eau courante.
00:11Bonjour Olivier Andrault.
00:12Bonjour.
00:12Vous êtes chargé de mission alimentation au sein de l'UFC Que Choisir.
00:16Alors aujourd'hui ce sont les consommateurs qui paient, qui financent cette dépollution.
00:20Vous les appelez les pollués et vous aimeriez que ce soit désormais les pollueurs qui paient.
00:25Et là vous visez clairement en numéro 1 les agriculteurs.
00:27Clairement, puisque à l'occasion de notre nouvelle carte interactive qui est disponible gratuitement sur notre site internet A Que Choisir,
00:35on se rend compte que par rapport à notre précédente enquête de 2021,
00:39alors qu'on avait 95% des réseaux de distribution en France qui distribuaient une enquête qui était parfaitement conforme à la totalité des critères qui sont définis au niveau européen,
00:48cette fois-ci on perd 10 points.
00:49C'est-à-dire qu'il y a 15% des réseaux pour lesquels il y a des dépassements de la norme, de la valeur européenne générique,
00:56de 0 à 1 pg par litre, essentiellement dû au fait des dépassements en pesticides et en certains métaboliques.
01:02Ces résidus de pesticides que l'on recommence à chercher depuis 2023.
01:05Voilà, c'est pas qu'il y a plus et que l'eau est de moins bonne qualité.
01:09Elle était déjà comme ça avant, c'est juste qu'on ne cherchait pas.
01:11Et là on a cherché des produits toxiques qu'on ne cherchait pas avant.
01:13Donc forcément on en trouve.
01:14On cherche, on trouve.
01:16Et donc ce sont des pesticides qui d'ailleurs ont été interdits depuis mais qui sont très rémanents et que l'on trouve notamment dans le nord de la France,
01:22là où il y a une énorme agriculture intensive d'échelle industrielle et du maraîchage.
01:27Alors pour vous, il faut faire comment ? Comment on fait payer les pollueurs ?
01:30Comment on les identifie déjà ? Comment on fait en fonction de la taille des exploitations, de la quantité de pesticides utilisés ?
01:36Ça me semble compliqué à mettre en place. Comment vous feriez ?
01:38Alors nous, déjà, avant de faire payer les pollueurs, la première chose pour nous, c'est une mesure préventive.
01:43C'est-à-dire de protéger les sources d'eau potable, ce qu'on appelle les captages.
01:47Parce que si, il faut vraiment le rappeler, on a 85% de l'eau distribuée en France qui est parfaitement conforme,
01:54c'est pas parce que l'eau des rivières et l'eau des naphratiques utilisée, c'est la matière première, serait bonne.
01:59Non, elle est massivement pollue.
02:00On a finalement partout à travers la France et notamment dans la moitié nord de la France,
02:05des contaminations massives en pesticides en premier lieu mais aussi en nitrates.
02:08Donc ça veut dire qu'il faut de toute façon dépolluer, ça, ça coûte cher.
02:11Et qu'est-ce qu'ils payent ? C'est pas les pollueurs, c'est les consommateurs.
02:14Et il se trouve qu'en plus, maintenant, avec ces nouvelles recherches, on voit qu'on commence vraiment à dépasser,
02:18y compris dans des villes du nord de la France, ce qui est une nouveauté jusqu'à présent, on ne voyait pas ça.
02:22Et donc, pour nous, ce qu'on dit, il faut appliquer une réglementation qui est censée s'appliquer depuis les années 60,
02:27qui est de dire, à proximité des sources d'eau potable, on ne pulvérise pas les pesticides, notamment les plus dangereux.
02:33On les interdit et on essaye de mettre en place de l'agriculture biologique dont on sait que c'est le meilleur moyen de protéger les captages.
02:40Ça, c'est la première chose. Et cette demande, elle est adressée à qui ?
02:42Au préfet de département. Parce que c'est eux qui ont le pouvoir de mettre en place des mesures obligatoires.
02:48Malheureusement, ils le font en général pas, parce qu'ils n'ont pas le courage politique.
02:53Les agriculteurs au niveau local ont un pouvoir d'influence disproportionné par rapport à la problématique sanitaire.
03:00Et donc, la deuxième chose à faire, c'est de faire payer les pollueurs ?
03:03Absolument. Il faut faire payer les pollueurs. Pourquoi ? Parce que la première raison, c'est qu'il va falloir dépolluer toutes ces eaux qui ne sont pas conformes,
03:11même s'il n'y a pas de problème sanitaire.
03:12Sanifier, ça veut dire mettre en place des systèmes de filtration de plus en plus performants,
03:16parce qu'il y a des produits toxiques qui sont de plus en plus petits et qu'on n'arrive pas à attraper avec les systèmes actuels.
03:20Donc, il faut toujours investir davantage.
03:22C'est exactement ça. Donc, jusqu'à présent, les techniques classiques, c'était du charbon actif.
03:25Alors, on change de plus en plus les filtres à charbon actif.
03:29Ce qui explique que la note pour le consommateur, dans sa facture d'eau, elle a déjà augmenté de 16% depuis 2023, à cause de ça.
03:35Mais ça ne va pas suffire, parce qu'on se rend compte que ces molécules de pesticides,
03:39ces molécules de dégradation de plus en plus petites,
03:42arrivent à passer à travers les filtres.
03:44Demain, à partir de 2026,
03:46les agences régionales de santé vont commencer à rechercher les pifas,
03:49ces polluants éternels.
03:50Qui sont déjà dans l'eau, mais qu'on ne cherche pas.
03:52Et pareil, là, on n'a pas de chiffres, mais ça va arriver à partir d'en prochain.
03:54Ça va arriver. L'UFC que je veux dire a déjà fait quelques coups de sonde en début d'année
03:58qui ont montré qu'on avait des taux parfois très élevés,
04:01notamment dans certaines grandes villes de France.
04:02Et donc là, le charbon actif, ça n'a plus marché.
04:04Il va falloir passer à la filtration membranaire,
04:06qui coûte beaucoup plus cher.
04:07Et donc, ça veut dire qu'il va falloir aider les petites communes
04:10qui n'ont pas les moyens de financer ça.
04:12Et donc, ce que nous proposons...
04:13Ça coûte combien, par exemple ? Je ne me rends pas compte.
04:15Eh bien, par exemple, il y a Eau de Vienne,
04:20qui est un syndicat d'eau,
04:22qui a proposé un investissement supplémentaire
04:24qui combine justement ces filtres à charbon actif
04:26et puis ces nouvelles technologies de filtration membranaire.
04:29Et on a, sur la partie eau,
04:31la modélisation serait de plus 74% d'augmentation sur la partie eau.
04:35Vous voyez, donc c'est déjà considérable.
04:37Et ça serait encore plus cher sur des petites collectivités.
04:41Donc nous, ce qu'on propose,
04:42eh bien, c'est d'augmenter la taxe sur la pollution du fuse.
04:45C'est quoi ?
04:45C'est une taxe qui relève actuellement très légèrement
04:49le prix des pesticides pour les agriculteurs.
04:51Et nous, ce que nous disons,
04:52eh bien, il n'y a pas d'effet incitatif.
04:54Cette taxe, elle est beaucoup trop faible.
04:55Donc, il faut qu'elle soit plus forte.
04:57Et cet argent, qu'il soit fléché vers les petites communes
05:00pour les aider à investir dans ces nouvelles installations de dépollution.
05:03Alors ça, c'est pour les agriculteurs et les industriels, alors ?
05:06Alors, les industriels, notamment ceux qui produisent des pifaces,
05:09il faut savoir qu'il y a eu une loi,
05:10la loi qu'on appelle la loi Thierry,
05:12qui a été votée contre toute attente.
05:14Et c'est une très bonne nouvelle
05:15qui interdit le principe de fabriquer,
05:19d'utiliser et aussi d'importer des pifaces,
05:22des polluants éternels.
05:23Ce qui est une très bonne chose.
05:24Ceci dit, pour le moment,
05:26elle n'est pas encore mise en œuvre,
05:27notamment dans son principe d'interdire
05:29et de taxer les pollueurs qui vont relarguer des pifaces
05:33dans l'environnement.
05:34Actuellement, ils peuvent toujours le faire.
05:35Nous, ce que nous demandons,
05:36c'est qu'il y ait une mise en application
05:38le plus rapide possible de cette taxe
05:40pour limiter, d'ores et déjà, dès maintenant,
05:43ces relargages de pifaces dans l'environnement.
05:45Merci Olivier Andro de l'UFC Que Choisir.
05:48On redit quand même pour terminer,
05:49on peut la boire l'eau du robinet.
05:50Ça, c'est un message qui est très important.
05:52Dans la très grande majorité des cas,
05:54les dépassements qu'on le voit,
05:55ce sont des dépassements qui sont très faibles,
05:57d'une norme sanitaire qui est placée extrêmement bas
05:59en application du principe de précaution.
06:01Il n'y a que 1200 personnes en France
06:03qui sont concernées par des restrictions de l'eau
06:06du fait des dépassements en pesticides.
06:08Merci beaucoup. Je vous souhaite une bonne journée.
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