00:00Voici ton Guy Passureau.
00:04Les amis, nous vivons dans un pays à la dérive, un pays déclassé, on n'a plus un sou.
00:08Même Sébastien Lecornu, ça se voit qu'il s'est biché Emmaüs.
00:11Un homme de 39 ans avec un livret A bien rempli,
00:13porterait pas les mêmes vectements de son papy si c'était pas le cas.
00:15Moi encore, ça va, j'en suis au crépuscule de mon existence.
00:19La preuve, quand je regarde France 3, je ne zappe plus quand il y a une pub pour les montes-escaliers.
00:22Au contraire, je dis, hey, pratique !
00:25Mais prenez Emma Beaujour, notre chroniqueuse, qui n'en est qu'à la moitié de sa puberté.
00:28Quel pays, on lui laisse ?
00:30Tu m'étonnes qu'elle dissimule difficilement ton son désespoir derrière une façade enjouée.
00:34À chaque fois qu'elle dit, ah, boring, ça va la team ?
00:37C'est un SOS qui nous est adressé.
00:39Donc, j'ai connu l'opulence, les Ferrari qu'on achetait en cash, les manoirs sur la côte,
00:43le personnel de maison, ces gens charmants qui savent qu'un lit, c'est un drap en satin
00:47et une couverture en soie, pas une couette.
00:49Ah oui, pour les besoins de cette chronique, j'ai pris l'avis d'Arnaud Lagardère et j'ai mis jeu à la place.
00:53La France, avant, c'était tout un empire, Madiol Delafle, les petits noirs lisaient Astérix,
00:57en disant, on descend de ces gens-là, c'était magique, il a dit en pleurant d'émotion,
01:01tandis que sur son téléphone qui sonnait s'affichait « Rédac, valeurs actuelles ».
01:05Et hier, j'étais en train d'ouvrir une canette litchi intitulée « Du blé pour l'Elysée »
01:08quand j'ai lu un article sur le Louvre.
01:10Le Louvre, c'est la seule passoire qui ne sert pas pour égoutter les nouilles.
01:13Ils ont été obligés de fermer une galerie, celle de la céramique grecque.
01:17C'est comme ce qu'on achète chez Maisons du Monde, mais avec des grecs nus représentés sur les poteries,
01:21à la place de la phrase « la maison du bonheur ».
01:23Il y a des fissures sur les poutres tenant le plafond de la salle.
01:27Alors, je sais que la mode est aux expos immersives,
01:29mais si c'est pour se prendre les bureaux de l'étage du dessus sur la tête,
01:31on va plutôt garder de l'idée de la 3D.
01:33Il y a de l'eau qui passe, des plafonds écaillés.
01:36Pourquoi ne voit-on plus Olivier Mine à la télé ?
01:38Parce qu'il a été embauché par le Louvre pour soutenir les murs.
01:41Comme tous les mecs gaulés, si lâches avant que Thibaut Inchef vienne le relayer, tout tombe.
01:45Les prochains attentats de Daesh en France, ça va être basique.
01:48Il y a un islamiste sans armes qui va donner un coup de pied dans n'importe quel bâtiment qui a plus de 100 ans.
01:52Il aura juste le temps de crier « Allahak ! » que l'édifice sera déjà par terre.
01:55Il y en a qu'on arrive à vendre à des Qataris ou à des Chinois,
01:58mais c'est parce qu'on a rempli les fissures du bâtiment avec la colle spéciale de Frédéric de Carglass.
02:02Trois jours après l'achat, l'hôtel particulier, il est flingué.
02:05L'hôpital, il n'y a plus d'argent.
02:06L'administration, il n'y a plus d'argent.
02:08L'audiovisuel public, pareil.
02:11Avant, un invité de prestige comme Alain Chanfort, c'était quatre croissants,
02:14un café servi dans de la porcelaine, des drogues de synthèse.
02:17Aujourd'hui, le hôpital se retrouve avec une gourde Radio France réutilisable.
02:21Réutilisable, ça veut dire que les douze invités précédents ont bu dedans.
02:24Pour un grand nombre de dégueulasses, vous savez comment sont les artistes.
02:27Il y a du tartre plein le goulot.
02:29N'en buvez pas.
02:29Le dernier à avoir fait ça, c'est Charles Aznavour.
02:31Il est décédé le lendemain.
02:32Alors que l'audiovisuel privé, c'est le contraire.
02:36C'est géré par des millionnaires qui tous, d'ailleurs, ont des vues sur les élections.
02:40On parle des ingérences étrangères, les Russes, mais jamais des ingérences intérieures, le CAC 40.
02:46Exemple comme une busier.
02:47J'ai travaillé pour Radio Nova, mais en 2007, c'était géré par trois hippies qui écoutaient de la salsa Moldame.
02:53Et aujourd'hui, à la tête de ce truc-là, c'est Mathieu Pigasse.
02:57Millionnaire qui, curieusement, est de gauche.
02:58C'est une forme de trouble bipolaire.
03:01Nova, ça dégorge de fric, mais je suis écœuré.
03:03Écœuré.
03:04Et en plus, c'est grillé maintenant pour moi.
03:06À moins qu'ils lancent une émission intitulée Petite parenthèse nuancée au service du centre droit.
03:11Bon, ils vont pas me prendre.
03:13Ils se sont radicalisés.
03:14Cette carrière est finie, les amis, mais j'aurais kiffé.
03:17Attendez, l'éducation.
03:18Il n'y a plus d'argent non plus.
03:19Lue dans Le Parisien, à Noisy-le-Grand, dans le 93, le système d'alarme incendie de l'école de la Varenne ne fonctionne plus.
03:26Là, Édouard Geffray, le ministre de l'Éducation nationale, qui a le nom pour cartonner Halloween, s'il restait 120 euros, il ferait une facture à un artisan qui remettrait le fil bleu sur le bleu et le rouge sur le rouge.
03:36Mais là, on vit tellement dans la banlieue de Calcutta qu'ils ont distribué aux enseignants des vouvuzelas pour prévenir en cas d'incendie.
03:43Ils ont aussi un xylophone pour annoncer la fin de l'heure parce que je pense qu'il n'y a plus d'horloge.
03:47Les vouvuzelas, c'était les trompettes de stade qui faisaient du bruit lors du Mondial 2010.
03:52Celui qui a servi à Raymond Domenech a réalisé qu'il s'était trompé d'orientation.
03:56Dès la fin du premier match, il avait commencé son bilan de compétences.
03:59Aujourd'hui, il tient un salon de coiffure dans la Nièvre.
04:02Réactif, il l'a appelé comme ça parce qu'il met Europe 1 en fond sonore.
04:05Le pire, les professeurs de cette école interrogés par la presse disent que tous n'ont pas reçu de vouvuzelas parce que bien sûr, il n'y avait plus de budget donc il n'y en a que deux.
04:15Mais attention, le préfet de région a prêté la trompette de oui-oui de son neveu à l'établissement.
04:19Donc ça fait une de plus.
04:21Si en plus, on invite Sylvain Sanchez, le record man du cri de la mouette, clairement aucun incendie.
04:26On a déjà de quoi alerter 10 élèves.
04:28Voyez, moi j'ai toujours connu le chômage de masse et j'ai vu ce pays peu à peu réduire ses investissements dans les secteurs clés.
04:33La santé, l'école, je suis habitué.
04:36Mais j'ai encore le souvenir de ces infirmières au moment du Covid qui, faute de blouse, s'habillaient de sacs poubelle.
04:41Ça faisait bizarre, on voyait des bras, une tête et des jambes sortir d'un sac poubelle.
04:45On avait l'impression qu'un restant, qu'un peu de thon au fond d'une boîte de thon avait mangé un restant de maïs transgénique et avait muté.
04:51En 2020, je n'arrivais pas à me dire que la France, désormais, c'était ça.
04:54Nous sommes ce pays peuplé de musées en ruines, de travailleurs sans logique qui dorment dans des voitures,
04:59d'infirmières dans des sacs poubelles et d'enseignants qui pourcevaient potentiellement des enfants.
05:04vont devoir souffler dans une trompette en plastique à la con.
05:07À chaque fois qu'un proche me dit qu'il arrête de voter, ce qui arrive maintenant tous les jours,
05:11je réponds « Ouais, non, arrête, c'est pas la solution ».
05:13Puis je repense à tout ça, alors parfois je réponds « Je comprends ».
05:17Merci !
05:17Et tu seras demain, demain jeudi à Paris à la gaieté Rive-Gauche.
