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Lundi 17 novembre 2025, retrouvez Pierre-Yves Dugua (Correspondant américain) dans SMART BOURSE, une émission présentée par Grégoire Favet.

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Transcription
00:00Chaque lundi, nous commentons, nous analysons, nous décryptons la vie économique et politique
00:10américaine dans ce quart d'heure américain hebdomadaire avec notre correspondant américain
00:15Pierre-Yves Dugas en visio avec nous. Bonsoir Pierre-Yves, merci beaucoup d'être avec nous.
00:21Il y a un mot qu'on retrouve dans toute la presse économique, financière américaine ces derniers jours,
00:25c'est affordability. C'est un peu différent de la question du pouvoir d'achat, c'est la question de savoir si la vie
00:33est suffisamment bon marché, accessible pour le plus grand nombre d'américains et visiblement la réponse est non.
00:40Écoutez, pour mon malheur, je commence mes journées en buvant du café et en mangeant une banane.
00:46C'est très mauvais, c'est très très mauvais. Alors peut-être pour la santé, j'en sais rien, mais ça m'aide à démarrer la journée.
00:53C'est très mauvais, mais le café, au cours des 12 derniers mois, le café moulu a vu son prix bondir de 41%,
01:04celui de la banane de quelques 9%, vous ajoutez à ça le prix du hamburger plus 15%,
01:12l'inflation existe, les américains la rencontrent tous les jours en allant au supermarché,
01:18et Donald Trump s'est aperçu qu'il ne pouvait plus, un an après son élection, bien qu'ils ne soient au pouvoir que depuis le 20 janvier,
01:27un an après son élection, il ne peut plus tout mettre sur le dos de Joe Biden.
01:32Il ne peut plus dire que s'il y a encore des prix qui augmentent beaucoup, c'est la faute de Joe Biden.
01:37Il essaye de le faire, mais ça ne marche plus. Les américains n'y croient plus.
01:40Et la cote de popularité de Donald Trump sur les questions économiques est en forte baisse,
01:46et c'est un problème qui s'est manifesté notamment lors des élections partielles du 4 novembre,
01:51où on avait prévu des victoires démocrates, mais l'amplitude des victoires démocrates a surpris,
01:55parce que les américains ne sont pas contents.
01:58Ils payent très cher aussi pour l'électricité, un bond de quelques 7%.
02:01Alors qu'est-ce qu'on fait dans ces cas-là ?
02:04Alors d'abord, le déni de réalité n'est plus possible.
02:09Donc on essaie de trouver des responsables.
02:12Alors dans le cas de la viande, on a désigné du doigt le gang des quatre.
02:17Le gang des quatre, ce sont ces quatre sociétés qui sont dans l'abattage et le conditionnement de la viande,
02:23et qui contrôlent 85% de ce marché aux États-Unis,
02:27qui sont de puissantes sociétés, Tyson Foods,
02:32deux sociétés contrôlées par des intérêts brésiliens,
02:36et tout ce beau monde est accusé de pratiquer de la collusion,
02:44et une enquête a été lancée contre eux pour abus de position dominante et collusion,
02:50enquête demandée par Donald Trump et qui sera menée par le département de la justice.
02:55Tout ça ne tient pas debout.
02:59Ça ressemble énormément à ce que faisait Joe Biden quand il était dans une situation où l'inflation était à 9%.
03:05Il accusait les grands monopoles.
03:09Le prix du hamburger est élevé. Pourquoi ?
03:11Parce que le cheptel américain est en baisse depuis des années,
03:14en raison de difficultés financières des éleveurs,
03:18en raison de vagues de sécheresse.
03:20Et depuis quelques mois, le prix du hamburger grimpe,
03:24parce qu'on a imposé des droits de douane de 50% sur les produits brésiliens,
03:29qui fait exploser le prix de la viande.
03:32On a empêché le Mexique de vendre du bœuf aux États-Unis,
03:35parce qu'il y a un parasite terrible qui se manifeste à nouveau au sud du Rio Grande.
03:40Donc tout ça complique les choses.
03:4150% de surtaxe sur les produits brésiliens,
03:45ça fait exploser le prix du café.
03:46Donc ça y est, on fait baisser les droits de douane,
03:49ce qui veut dire que l'on admet pour la première fois
03:52que les droits de douane, au moins pour certains produits qui ne poussent pas aux États-Unis,
03:58peuvent avoir une influence sur l'inflation.
04:00Le Guatemala, l'Équateur, le Brésil, le Salvador vont pratiquement avoir leur droit de douane s'effacer
04:12parce qu'ils vendent aux États-Unis des produits qui ne poussent pas aux États-Unis.
04:16Et puis on vient d'apprendre que le bœuf de Nouvelle-Zélande va pouvoir rentrer aussi maintenant
04:21pratiquement sans aucune surtaxe,
04:23de même que ce magnifique fruit que vous mangez le matin plutôt que moi la banane,
04:29vous, vous êtes porté sur le kiwi,
04:31eh bien aux États-Unis, le kiwi va rentrer sans droit de douane.
04:34Et puis on a fait un geste aussi pour faire baisser le prix du bœuf
04:37en faisant baisser les droits de douane qui frappent l'Argentine,
04:41ce qui n'est pas du goût des éleveurs américains.
04:44Alors il y a d'autres idées incroyables qui sont soulevées par Donald Trump.
04:49L'idée de nous envoyer tous, nous Américains, un chèque de 2000 dollars.
04:53Eh oui.
04:54Pourquoi pas ?
04:55Un chèque de 2000 dollars qui serait un chèque...
04:58Alors l'explication varie.
05:01Soit un espèce de dividende des droits de douane,
05:05ce qui pose un problème,
05:06parce que si on utilise les quelques 150 ou 200 milliards de droits de douane supplémentaires,
05:12de recettes fiscales qui sont perçues pour les redistribuer aux consommateurs américains,
05:16ça ne sera plus là pour limiter l'augmentation du déficit budgétaire.
05:20Et le secrétaire au Trésor avait promis que ces droits de douane et ces recettes fiscales allaient permettre de réduire le déficit.
05:27Et puis, alors il y a une autre théorie, les 2000 dollars vont venir, tenez-vous bien,
05:31des économies qui ont été générées dans nos dépenses publiques par le travail du département sur l'efficience gouvernementale.
05:38Mais alors, les chiffres que l'on a pour l'instant sur ces économies ne sont pas compatibles avec l'envoi de chèques de 2000 dollars à tous les Américains.
05:48Donc il va falloir être sélectif.
05:50Bon, c'est ce qu'on appelle un put budgétaire.
05:52On verra ce qu'il en est effectivement de ces chèques, si et quand est-ce qu'ils sont distribués.
05:57En attendant, la menace est là, enfin la menace, le risque est là.
06:01Et effectivement, c'est quand même un soutien potentiel aussi à la demande de la consommation des ménages aux Etats-Unis, Pierre-Yves.
06:09À propos de consommation, on est dans une semaine où on va voir réapparaître certains chiffres officiels concernant l'emploi américain.
06:17Alors que tout le monde a mis le nez sur différentes enquêtes privées ou données privées au cours des derniers jours et des dernières semaines.
06:24Est-ce que le marché de l'emploi américain est réellement malade aujourd'hui, Pierre-Yves ?
06:30Alors, je crois que ce qu'on peut dire avec certitude, c'est qu'on a vraiment tourné la page sur la période dorée post-Covid de pénurie de main-d'œuvre.
06:39Période dorée pour ceux qui cherchaient du travail.
06:43Le taux de chômage, autant qu'on puisse en juger, la dernière fois qu'on a pu le calculer, c'était au mois d'août, c'est très loin le mois d'août maintenant, était à 4,3%.
06:53Les créations nettes d'emplois ont été estimées par le département du travail à 22 000.
06:5922 000, c'est pratiquement l'erreur de mesure.
07:04C'est zéro, ça peut être plus 22 000, moins 22 000, on ne sait pas trop ce que ça veut dire.
07:08Je rappellerai quand même que la population active américaine, c'est 171 millions de personnes, donc 22 000, c'est vraiment des pois chiches dans le couscous, comme disait l'autre.
07:20On va avoir un chiffre de septembre qui va être difficile à lire.
07:23On n'aura pas vraiment la totalité, comme on vient de le dire avec nos invités, des chiffres d'octobre.
07:28Et ils vont être illisibles, de toute façon, parce qu'il y aura là-dedans des emplois de fonctionnaires qui vont être comptabilisés,
07:36il y aura des emplois du secteur privé qui dépendaient directement des emplois fédéraux qui vont disparaître.
07:42Mais on sait qu'ils vont rebondir en décembre, donc je ne sais pas dans quelle brouillard, dans quelle purée de poids,
07:48la réserve fédérale pourra se décider.
07:52Imaginez ensuite quels sont des chiffres sur l'inflation.
07:56Mais nous observons que les annonces de plans sociaux explosent.
08:04Elles ont explosé au mois d'octobre.
08:07Elles sont trois fois plus élevées qu'en octobre 2024.
08:11Et pour les gens qui s'intéressent à notre émission Smart Bourse,
08:15je pense que c'est d'abord un phénomène boursier intéressant.
08:18C'est une forme de communication boursière qui marche à nouveau.
08:21Il y a eu une période que nous avons connue dans les années 90,
08:25où quand les entreprises américaines annonçaient des réductions d'emplois, leurs cours s'envolaient.
08:29Puis ensuite, les choses se sont gâtées.
08:31On a retrouvé, pour certaines d'entre elles, en tout cas Amazon, Verizon,
08:36le premier opérateur de téléphonie des États-Unis,
08:39une situation où le paradoxe se joue.
08:41Quand une entreprise de premier rang annonce des réductions d'emplois,
08:44on interprète ça comme un élément de restructuration qui va préserver leurs marges.
08:49C'est possible.
08:53Quelles sont les autres explications possibles dans la multiplication de ces plans sociaux ?
08:57Et s'agit-il du début d'un cycle, si ce n'est pas uniquement une annonce de communication boursière ?
09:04C'est un moyen de dire que pour compenser les augmentations de droits de douane
09:10et préserver les marges des entreprises, on joue sur la variable de l'emploi.
09:14C'est certainement vrai dans le secteur de la distribution,
09:17où Target nous a annoncé une réduction de 8% de ses effectifs administratifs.
09:23Chez Amazon, qui est aussi un géant de la distribution,
09:27les 14 000 suppressions d'emplois, en partie, vont couvrir ce secteur-là.
09:32Et puis, il y a les bonnes vieilles suppressions d'emplois qui interviennent
09:36parce que le business ne va pas.
09:38C'est certainement le cas de Verizon, qui perd des parts de marché.
09:42Et Verizon, le premier opérateur de téléphonie des États-Unis,
09:47quelques 100 000 employés qui va supprimer, si je me souviens bien, 48 000 postes.
09:55Un montant considérable parce qu'on s'aperçoit que Verizon perd des clients.
10:01Et en passant, on a appris au détour de l'annonce des résultats trimestriels de UPS
10:07que UPS, un des leaders de la messagerie express, a déjà supprimé quelques 40 000 postes.
10:15Ces 10% de leurs effectifs, ils ont perdu leur meilleur client, Amazon.
10:20Il y a un passage dans le transcript de la réunion avec les analystes,
10:24de la conf de Andrew Jassy, le patron, CEO d'Amazon à l'occasion de la publication des résultats
10:30et de l'annonce des 14 000 suppressions de postes.
10:33Je ne sais pas si vous l'avez lu, sinon je vous l'enverrai, Pierre.
10:35On lui demande, est-ce que c'est des licenciements boursiers ?
10:38Est-ce que c'est l'IA ?
10:39La réponse d'Andrew Jassy, c'est, c'est notre culture.
10:43Nous sommes Amazon, nous devons être en permanence,
10:47nous devons opérer en permanence comme la plus grande start-up du monde.
10:51Et oui, tous les 2-3 ans, ça implique de remettre un peu sur le tapis
10:57certaines questions d'organisation, etc.
11:02Je ne sais pas si c'est la vérité totale,
11:04mais en tout cas, je pense que c'est aussi une partie de la réponse.
11:08Alors, ça traduit clairement une mentalité très très différente d'Amazon,
11:13et même, je dirais, une mentalité américaine,
11:16où quand une entreprise se porte bien,
11:18elle est fière de supprimer des emplois.
11:21Je pense que c'est aussi une réponse qui,
11:24même si elle n'est pas fausse,
11:26présente un gros avantage pour Amazon,
11:28c'est qu'elle est politiquement correcte.
11:29Parce qu'Amazon, qui vit de l'intelligence artificielle,
11:33qui investit plus de 100 milliards de dollars
11:35dans des centres de traitement de données,
11:38ne va pas commencer à parler de l'intelligence artificielle
11:42comme quelque chose de péjoratif,
11:43qui supprime des emplois.
11:44Je pense que ça les aide de ne pas trop insister là-dessus.
11:48J'ai été très frappé,
11:50dans le même ordre d'idées,
11:52par les commentaires de Walmart sur la question.
11:55Walmart dit, nous allons continuer notre croissance,
11:573-4% par an,
11:58mais nos effectifs ne vont plus augmenter.
12:00Parce que nous allons augmenter la productivité,
12:02et parce que, notamment,
12:04l'apport de la technologie,
12:06et notamment l'intelligence artificielle,
12:08vont nous permettre de faire plus,
12:09avec le même nombre d'employés,
12:12même discours chez JP Morgan Chase,
12:15dans un secteur tout à fait différent.
12:17Non, l'intelligence artificielle va supprimer certains emplois,
12:20elle va en créer d'autres.
12:21En gros, à effectif constant,
12:23on peut faire mieux.
12:25Pierre-Yves Dugas, avec nous,
12:26chaque lundi dans ce quart d'heure américain,
12:2917h45 si vous nous suivez en direct,
12:31sinon, bien sûr, en replay,
12:33sur bsmart.fr.
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