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00:00On va parler à présent de planche à voile avec votre invitée Coraline Fauveau.
00:04Tout à fait, merci à vous Coraline d'être avec nous, bienvenue.
00:08Merci beaucoup, c'est gentil.
00:09Alors on va parler de votre parcours où vous revenez de loin après une longue période difficile.
00:15Je vous présente un peu, vous avez 25 ans, vous êtes windsurfeuse de vagues,
00:19c'est-à-dire que votre discipline consiste à faire des figures en planche à voile en se servant des vagues et du vent.
00:25C'est pour ça que c'est différent du surf.
00:26Vous pratiquez ce sport depuis votre plus jeune âge, avec une belle ascension.
00:30Vous avez été 3e mondiale en 2023, c'était votre plus belle et votre pire année également.
00:36Oui, exactement.
00:37Puisqu'en 2023, vous avez été victime d'une commotion cérébrale après une chute en compétition.
00:42Ça a été le début d'un long combat dont on va parler.
00:45Déjà pour replacer un peu le contexte, qu'est-ce qui s'est passé le 9 juillet 2023 ?
00:50Eh bien le 9 juillet 2023, il y avait le championnat du monde à Grande-Canaria et j'étais en quart de finale.
00:56Donc je suis allée à l'eau pour les quart de finale et il se trouve que le vent était vachement fort
01:00et je n'ai pas du tout assumé les conditions et je me suis retrouvée à chuter la tête la première dans ma voile
01:06suite à ça, gros blackout.
01:08Et en fait, j'ai été prise en charge par les urgences, etc.
01:12On m'a dit que j'ai eu une commotion cérébrale,
01:15mais pour autant on ne m'a pas informée à quel point ça pouvait avoir des conséquences monstrueuses.
01:22C'était il y a plus de deux ans déjà ?
01:24Comment vous expliquez que cela était si difficile de vous remettre à cette commotion ?
01:32Déjà parce qu'on ne m'a pas pris au sérieux,
01:34parce que les blessures invisibles sont difficilement prises au sérieux aujourd'hui.
01:38Il faut qu'il y ait des preuves, des preuves à l'image par exemple avec les IRM ou les scanners médicaux.
01:43Moi, il n'y avait rien et on n'a pas mis en question l'IRM ou le scanner.
01:49En fait, au jour d'aujourd'hui, il faut 3 cm de lésion pour qu'on voit quelque chose.
01:55Et une plus petite lésion peut donner des grosses conséquences quand même.
01:59Et donc, c'est ça qui m'a fait défaut finalement pour qu'on me prenne au sérieux.
02:04Et puis, j'ai dû chercher pendant un an pour que derrière, je trouve enfin un médecin qui me prenne au sérieux.
02:11Il m'a donné des conseils et je croyais que ces conseils-là allaient suffire.
02:16Mais j'ai attendu une deuxième année et je n'avais toujours rien.
02:19Qu'est-ce que vous aviez comme symptômes précisément ?
02:21Oui, les symptômes que j'avais, c'était de l'extrême fatigue, des gros maux de tête à 8 sur 10, ce genre de choses.
02:27Je ne supportais pas le bruit, je ne supportais pas la lumière.
02:31J'avais des gros problèmes cognitifs au niveau du lexique, de la mémoire, de la concentration.
02:35Et puis, j'avais tout un tas de problèmes, je ne me souviens plus trop là.
02:43Mais tout ça était d'autant plus dur, plus je faisais de choses en fait.
02:50Donc, il fallait vraiment que je faisais plus d'entraînement.
02:52La carrière sportive, c'était à l'art et vous ne faisiez plus d'entraînement, plus rien ?
02:54Je ne faisais plus d'entraînement, mais j'avais quand même des obligations auprès de mes sponsors.
03:01Alors du coup, j'allais quand même aux compétitions.
03:03Donc, c'est comme ça que je me suis retrouvée troisième mondiale.
03:06C'est que j'avais une dernière étape à faire et donc j'ai été pour la faire.
03:10Et à cette étape-là, j'ai fini deuxième mondiale parce que Hawaï, c'est mes conditions, je les aime.
03:15Et du coup, voilà, j'ai réussi à performer.
03:19Mais oui, j'avais arrêté les entraînements.
03:21À côté, je travaillais, c'était extrêmement compliqué.
03:24Et au final, j'ai dû arrêter toute activité pendant facilement un an.
03:28Vous avez douté un jour de trouver une solution à ces problèmes de santé et à revenir ?
03:32Oui, je pense que deux ans après l'accident, j'étais en énorme doute.
03:39Et je me demandais même si je n'allais pas voir pour être certifiée handicapée.
03:43Parce que finalement, même au quotidien, j'étais constamment dépendante de mon entourage pour absolument tout.
03:49Vider la vaisselle, ça me demandait de faire la sieste deux heures après.
03:52C'était ridicule.
03:54Et je ne me voyais pas me sortir d'affaires, mais j'ai réussi.
03:58Pourtant, une commotion cérébrale, c'est quelque chose qui peut arriver dans beaucoup de disciplines.
04:02Ça me fait penser notamment au rugby ou des protocoles qui sont mis en place en cas de choc.
04:07Comment ça se fait que dans vos disciplines, c'était presque une inconnue ?
04:10Oui, c'est une bonne question.
04:13Je suis encore en travail avec la Fédération Française de Voile pour que ce soit reconnu.
04:18Parce qu'il y a énormément de fédérations qui ne reconnaissent pas ce genre de blessure.
04:21Encore une fois, blessure invisible, on a tendance à mettre ça un peu de côté.
04:26Et donc, oui, il n'y avait pas de protocole.
04:30Mais j'aimerais bien que ça change.
04:31Parce que ça m'aurait changé la vie d'avoir connu un protocole.
04:36Après ces deux ans d'errance médicale, vous allez mieux aujourd'hui ?
04:42Je vais bien mieux aujourd'hui grâce à un docteur, le docteur Sherman,
04:47qui est responsable de beaucoup de protocoles pour le rugby, etc.
04:50Il suit beaucoup de grosses têtes dans le monde du sport.
04:56Et lui, en fait, il a mis en place une nouvelle technique,
04:59la photobiomodulation transcranienne qui m'a changé la vie,
05:05et qui m'a changé ma santé en quelques séances.
05:08Donc, c'était beau.
05:10La grande nouvelle, c'est que vous allez reprendre la compétition maintenant au mois de mars prochain.
05:13Oui, absolument.
05:14Donc, le grand retour après 2023.
05:15Le grand retour à Hawaï, à nouveau.
05:17Alors, ça se trouve un nouveau podium.
05:19Vous estimez que vous êtes à 100% aujourd'hui ?
05:20Vous avez totalement récupéré ?
05:22Alors, j'estime que je suis peut-être à 80%,
05:25mais 80% d'une santé standard.
05:27Après, il faut que je reprenne ma préparation physique,
05:30parce que ma forme physique n'est plus celle d'un athlète.
05:33Après deux ans d'arrêt, comme ça, j'ai encore un petit chemin à faire.
05:38Mais c'est fin mars, ma compétition.
05:39Donc, j'ai encore.
05:41C'est le bout du tunnel, quasiment, pour vous.
05:43Ah, clairement.
05:44Qu'est-ce que vous retenez de cette leçon, finalement, durant votre parcours ?
05:48Oui, je pars sur le principe que c'est une leçon,
05:50parce que, finalement, avant cet accident-là,
05:53j'étais énormément dans le dépassement de soi,
05:55dans « on n'écoute pas son corps ».
05:57Donc, maintenant, j'ai bien compris la leçon.
05:59J'écoute énormément mon corps.
06:00Et puis, c'est aussi une leçon au niveau des progrès qu'on a à faire
06:07au niveau de la société pour reconnaître les blessures invisibles, etc.
06:10Que ce ne soit pas autant une bataille pour enfin avoir des réponses.
06:13Parce qu'avec mon statut, j'ai pris deux ans à trouver une solution.
06:16Alors, je n'imagine même pas les autres, quoi.
06:18C'est un message qui sera largement relayé ce soir sur France 24.
06:22Merci beaucoup à vous, Coréline Fauveau, d'être venue sur le plateau de France 24.
06:26Et merci à vous, Cédric, de l'avoir invitée.
06:29Et merci à vous, Cédric, de l'avoir invitée.
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