Alain Bauer : «L'outil statistique n'est pas fait pour dire la vérité, il est fait pour masquer la réalité quand elle est désagréable. C'est la forme la plus élaborée du mensonge. Le premier problème de la politique, c'est le courage.»
00:00Le dispositif est ainsi fait que l'outil statistique n'est pas fait pour dire la vérité, il est fait pour masquer la réalité quand elle est désagréable.
00:09La statistique est la forme la plus élaborée du mensonge, disait un britannique qui s'y connaissait, où elle ne cache que l'essentiel.
00:16Non, la réalité c'est que la plupart des responsables politiques sont face à un dilemme particulier, c'est face à la dégradation générale de l'offre de protection de l'État.
00:24En France, l'État a créé la nation, il l'a créée au nom de sa protection, protection des frontières, protection des institutions, protection des personnes et des biens, protection de la monnaie d'ailleurs,
00:33ce à quoi il a reculé à peu près partout depuis 50 ans.
00:37Et donc face à des dégradations multiples, un petit effondrement mais qui s'accélère avec le temps à la surmultiplication du nombre des victimes physiques d'une agression.
00:45Parce que moi je fais la différence, vous me permettrez, entre les victimes physiques qu'il faut traiter comme de véritables victimes avec de véritables moyens
00:51et les dégradations matérielles qui sont un sujet que je qualifierais de, pardonnez-moi de le dire, plus contraventionnel.
00:57Notre code de prison pour tout et pour tous, mais si on s'occupait des choses vraiment graves,
01:02c'est-à-dire les agressions physiques, les agressions sexuelles, les agressions sur mineurs et effectivement les réitérants et les récidivistes,
01:07déjà on irait beaucoup mieux.
01:08Je citais juste un sentiment populaire, vous vous êtes fait cambrioler, vous savez que vous ne retrouverez rien
01:13et que personne ne sera jamais traduit dans les tribunaux.
01:16Donc dans la hiérarchie des urgences, l'agression physique, les violences physiques, les violences sexuelles, je les mets plutôt au-dessus.
01:23Quand c'est le Louvre, on ne retrouve pas le butin, alors quand c'est un particulier qui se fait cambrioler...
01:26Voilà, vous n'avez pas tort sur cette question, mais l'enjeu aujourd'hui, il est plutôt de dire quelle est la problématique globale.
01:33Et quand vous commencez à dire, pour reprendre le Louvre, en fait tout a bien fonctionné alors que rien n'a marché,
01:38vous comprenez la difficulté de la communication politique sur ce sujet.
01:42Or le fait de commencer par dire la vérité en lui donnant les moyens,
01:46puisque si la statistique est en général manipulée, l'enquête de victimation, elle ne l'est pas.
01:50Et l'enquête de victimation qui demande aux gens ce qu'ils ont subi et vécu,
01:53et pas seulement ce que les services ont enregistré et là où ils l'ont enregistré,
01:57elle vous donne un écart gigantesque.
01:59Les enquêtes de victimation dans le pays anglo-saxon, c'est de 1 à 2, 1 à 3.
02:02En France, c'est de 1 à 4, 1 à 5.
02:04Et vous avez un outil encore plus formidable, la main courante,
02:06qui permet de ne pas enregistrer une plainte tout en faisant croire qu'on l'a enregistrée pour de bonnes et de mauvaises raisons.
02:11Tout est fait pour ne pas savoir la réalité,
02:14parce qu'accepter la réalité, c'est s'obliger à la combattre.
02:18Et c'est le premier problème de la politique, c'est le courage.
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