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00:00Il est 10h ici à Paris, bonjour à toutes et tous et bienvenue dans Parlons-en, votre rendez-vous avec l'info qui prend son temps.
00:08Voici les titres de ce mercredi, le plus grand porte-avions du monde déployé au large du Venezuela.
00:14C'est l'USS Gérald Ford, bâtiment américain.
00:17L'administration Trump montre encore un peu plus les muscles dans la guerre qu'elle dit mener contre le trafic de drogue.
00:22L'ouverture à l'instant à Paris d'un procès historique sur les crimes commis dans l'Est de la République démocratique du Congo, dans le box Roger Lumballa,
00:32ex-chef rebelle poursuivi pour complicité de crimes contre l'humanité présumée pour des faits commis au début des années 2000.
00:38Les opérations portaient un nom qui fait froid dans le dos, effaçaient le tableau.
00:43Et puis la France a prêté à commémorer le 10e anniversaire des attentats du 13 novembre 2015 qui ont fait 132 morts.
00:49Avant les cérémonies officielles demain, l'inauguration du Jardin du Souvenir,
00:53nombreux sont les Parisiens à venir fleurir, notamment un mémorial installé Place de la République.
01:01Et justement aujourd'hui, le choix de Parlons-en, c'est de mettre en lumière le travail remarquable des équipes de la série Le Choix de Sonia.
01:09A la veille de ce 10e anniversaire, ce sont 4 épisodes de 30 minutes qui racontent l'histoire de cette femme
01:14qui a aidé la police à localiser et neutraliser le cerveau des attaques du mois de novembre 2015.
01:20Une femme qui pour sauver des vies a sacrifié la sienne,
01:23elle qui a dû disparaître aux yeux du monde depuis 10 ans sous le statut de témoin protégé.
01:27Tant qu'il y aura des héros, c'est le thème de Parlons-en aujourd'hui avec Karima Amarouch,
01:32Violette Lazare et David André.
01:34Bonjour à tous les trois, merci d'être là.
01:36On a beaucoup de choses à se dire, c'est Parlons-en et c'est parti.
01:38Bonjour Karima Amarouch, et bienvenue sur ce plateau.
01:54Vous êtes actrice et chanteuse, et c'est vous qui incarnez Sonia dans la série,
01:59série que vous avez écrite conjointement.
02:02Violette Lazare, bonjour.
02:03Bonjour.
02:03Merci d'être sur ce plateau ce matin.
02:05Vous êtes journaliste au service enquête du Nouvel Hop.
02:08C'est donc corréalisatrice avec vous, David André, réalisateur de cette série.
02:13Le choix de Sonia, série en 4 épisodes, qui sera diffusée demain jeudi, 13 novembre,
02:18à 21h10 sur France 2.
02:21Et c'est déjà visible sur le site de la chaîne publique.
02:24Cette série est une production Kappa pour France Télé.
02:27Avant toute chose, je précise, pour des raisons de sécurité,
02:30qu'aucun membre de l'équipe de la série n'a vu le visage de Sonia,
02:35ni ne connaît sa localisation actuelle.
02:37C'est donc l'histoire d'une héroïne oubliée, ou méconnue, ou les deux à la fois.
02:42L'histoire de Sonia, ça n'est pas son vrai nom.
02:45On ne sait pas comment elle s'appelle aujourd'hui, ni où elle habite.
02:47Elle vit sous légende depuis presque 10 ans, jour pour jour,
02:50depuis qu'elle a dénoncé à la police deux des membres du commando du 13 novembre 2015,
02:56ceux qui s'en étaient tirés et qui projetaient de commettre d'autres attentats.
03:00Ce faisant, elle a sauvé des centaines de vies et elle a sacrifié la sienne.
03:04On regarde quelques images de la série et on en parle juste après.
03:06Bonjour, il vient d'avoir des coups de feu là, on est à Paris.
03:21Quand j'ai dénoncé le commando du 13 novembre,
03:38je ne l'ai pas fait pour être glorifiée ou pour être considérée comme une héroïne.
03:43Quand je l'ai fait, je l'ai fait en mon âme et conscience.
03:51À l'heure d'aujourd'hui, je vais menacer.
04:00Je vais avec une identité qui n'est pas la nienne.
04:04Est-ce que ça vaut le coup? Oui, ça vaut le coup.
04:06Vous allez jouer mon rôle.
04:29Du moins, tu vas jouer mon rôle parce que c'est avec le cœur que je te le dis.
04:35Je veux que tu sois humaine comme je suis humaine.
04:38Je veux que tu sois naturelle.
04:41Et je ne veux pas être une héroïne parce que je n'en suis pas une.
04:44Je suis juste un être humain avec un cœur, des principes et des valeurs.
04:48Et je veux que tu sois comme ça.
04:50202 sur 1, cinquième.
04:52Action!
04:52J'ai vu les terroristes, les terroristes de la terrasse.
04:56Oui, c'est le mec qui passe à la télé depuis ce matin.
05:00Sonia appelle dans l'après-midi du 16 novembre.
05:03À partir du moment où Sonia rentre en audition, on sait que c'est un moment crucial.
05:06L'enquête va véritablement changer de dimension.
05:09J'ai dit, je sais où c'est qu'il est caché.
05:11Il faut vite envoyer quelqu'un parce qu'il a dit qu'il va refaire un attentat.
05:14On y va en voiture, je vous montre où c'est, vous les arrêtez et c'est terminé.
05:18Témoigner de cette manière-là, ça a été très utile.
05:21Sonia a évité un attentat majeur sur la dalle de la défense.
05:26C'est un acte courageux.
05:28Quand j'ai rencontré le terroriste, je l'ai empêchée de recommencer.
05:32T'as tiré sur tous ces gens comme ça sur la terrasse vendredi, normal ?
05:36On a tendance à se souvenir du nom des terroristes, de leurs atrocités.
05:39Et on oublie souvent les héros de l'instant.
05:42Sonia a été une héroïne de l'instant.
05:45On ne peut plus faire de mythos.
05:46Il n'y a plus de marcher à rire possible.
05:47Voilà, c'est Sonia qui parle.
05:51Sonia, c'est donc le nom qu'on a donné à cette femme.
05:53Voix qui a été transformée par l'intelligence artificielle.
05:57Tout est absolument dingue dans cette histoire.
06:00A commencer par le fait que cette histoire n'est pas si connue, Violette Lazare.
06:04Comment est-ce qu'elle est venue à vous, cette histoire ?
06:06Moi, c'est un peu particulier parce qu'en fait, je suis journaliste au Nouvelle Obs.
06:11Et il y a 10 ans, au moment du 13 novembre, je suis pour le journal l'enquête, les attentats, les faits d'abord.
06:20Je vais sur place le soir du 13, puis je suis l'enquête heure par heure.
06:24Et deux jours après les attentats, des sources me disent qu'ils ont potentiellement un témoignage très intéressant.
06:32Quelqu'un qui a appelé le numéro vert qui a été mis en place, c'est le dispositif spécial attentat,
06:38pour leur livrer des informations sur des membres du commando qui sont toujours en fuite.
06:43On ne sait pas qui c'est cette personne, on ne sait évidemment pas comment elle s'appelle,
06:47je sais juste que c'est une femme.
06:49Et dans les 48 heures qui vont suivre, on découvre que ce témoignage, effectivement,
06:53va permettre la neutralisation d'Abaoud et d'un de ses complices.
06:58Ensuite, moi, j'ai envie d'en parler de cette personne,
07:02mais on me dit qu'il ne faut absolument pas donner le moins de détails possibles, évidemment, pour sa protection.
07:07De toute façon, moi, je ne les ai pas à l'époque, je n'ai pas suffisamment de détails pour faire un article.
07:11Donc, j'en fais un, mais qui est très flou.
07:15On reste très flou sur cette personne.
07:17Elle va intégrer le programme des témoins protégés qu'on va créer exprès pour elle.
07:21Donc, elle disparaît complètement.
07:23Et en fait, pour sa propre sécurité, c'est vrai que ce qu'elle a fait disparaît complètement de l'histoire officielle.
07:31Voilà, à l'histoire officielle, il y a des terroristes qui étaient toujours en vie, qui ont été neutralisés.
07:36Il y a un témoignage qui permet ces arrestations, mais on n'en dit pas plus.
07:40Et c'est resté dans un coin de votre tête.
07:41Et c'est resté dans un coin de ma tête.
07:42Évidemment, c'est quelque chose qui est très marquant.
07:44Quand on est journaliste et qu'on suit ces événements, déjà, on est très marqué.
07:47Donc, chaque petite chose, on s'en souvient.
07:50Et ce coup de téléphone, moi, j'ai envie de savoir qui c'est qui l'a passé, pourquoi, comment.
07:54Mais ça ne sera pas possible dans l'immédiat.
07:55Et puis, le traumatisme est tel aussi que cette histoire se dilue d'une certaine façon
07:59dans l'océan de douleurs et d'informations qui ont suivi les attentats de novembre 2015.
08:05Alors, on va devoir synthétiser l'histoire.
08:08Mais comment, in fine, vous avez réussi à la convaincre, déjà à la retrouver,
08:12ou en tout cas d'être en contact avec elle.
08:14Et comment vous avez réussi à la convaincre de vous raconter l'histoire ?
08:17Là encore, c'est le travail préalable de Violette et puis des producteurs de l'agence Capa
08:23qui ont réussi à la mettre d'accord sur le principe de réaliser une série
08:30ou un long documentaire dans lequel elle pourrait raconter toute son histoire.
08:34Et qui est une histoire, je pense que si des scénaristes l'avaient écrite,
08:39on n'y aurait pas cru, tellement c'est extraordinaire.
08:42Et donc, une fois qu'il y avait cet accord de principe,
08:48il a fallu organiser des rencontres de façon sécurisée.
08:52Violette et Monde ne s'étend pas trop sur les procédures qu'on a mises en place
08:59à la fois pour la protéger et pour nous protéger, pour protéger les gens de l'équipe.
09:02Et ensuite, il a fallu imaginer un dispositif dans lequel on pourrait...
09:07Parce qu'en gros, on avait un témoignage anonyme, on avait une voix.
09:09Et donc, il a fallu réfléchir à comment on pourrait permettre la rencontre
09:15entre le public et cette femme sans visage en lui donnant un visage
09:21qui est le visage de Karima.
09:22Voilà, la série alterne effectivement comme un fil ce témoignage.
09:28Je le redis, c'est sa voix qui a été transformée par une intelligence artificielle.
09:33Et cette mise en scène, vous êtes de part et d'autre d'un voile.
09:37Je le redis, vous ne l'avez pas vue physiquement, vous l'avez entendu.
09:44Et donc, la série alterne ces scènes de reconstitution dans lesquelles vous jouez Sonia.
09:49Il y a avec des acteurs, donc il y a aussi des archives.
09:52On en a vu à l'instant des témoignages de policiers, de politiques.
09:57Karima Amarouch, vous l'avez rencontrée à la fois et puis pas tout à fait,
10:01avec d'infinies précautions sécuritaires.
10:04Comment ça s'est passé ?
10:07Alors, c'était incroyable déjà cette rencontre.
10:12Parce que c'était de rencontrer cette femme en chair et un os,
10:16même sans voir son visage, mais de ressentir tout, tout, tout.
10:20De ressentir son histoire et tout ça.
10:25Donc ça, ça a été une grosse expérience.
10:28Même sans voir son visage, d'ailleurs, c'était d'autant plus fort.
10:31Je laisse aux gens le soin de découvrir l'une des dernières scènes de la série qui est bouleversante.
10:36Vous la connaissiez, cette histoire, avant qu'on vous propose le...
10:38Alors, je la connaissais, mais dans les grandes lignes.
10:40Honnêtement, je ne connaissais pas l'histoire dans les détails.
10:43Et c'est grâce à Violette et David que j'ai pris connaissance de l'histoire.
10:47Et c'est là où j'ai été bouleversée, en fait.
10:50Et de me dire, mais quel incroyable courage, quelle femme.
10:53Et puis de me dire, qu'est-ce que j'aurais fait, moi, à sa place ?
10:57Je pense que c'est la question que tout le monde se pose.
10:59Ah bah oui, on passe deux heures à se demander, moi, qu'est-ce que j'aurais fait ?
11:01Non, c'était important pour nous, en plus, de créer.
11:05On se l'est dit au démarrage, on aurait pu faire cette série,
11:07juste avec la voix de Sonia, sans créer la rencontre.
11:11Donc là, elle nous a été amenée par le RAID un après-midi d'hiver,
11:15dans une maison isolée, pour éviter les voisins, pour éviter la curiosité.
11:21Et elle est, en effet, séparée de Karima par un grand voilage.
11:27Mais même si c'est une rencontre sans visage,
11:30il s'est quand même passé des choses entre elles.
11:32Et c'était vraiment important pour nous que cette rencontre puisse avoir lieu
11:38et que cette transmission qu'elle fait à Karima,
11:42en lui disant, écoute, tu vas jouer mon rôle,
11:43mais je voudrais que tu joues quelqu'un de normal, je ne suis pas une héroïne,
11:46je suis, voilà, avec cette espèce de modestie extraordinaire,
11:50probablement, comme les gens très héroïques et très courageux.
11:53Elle n'avait jamais raconté son histoire comme ça ?
11:56Elle avait besoin de parler ?
11:58Il était temps pour elle, Violette Lazare, de parler ?
12:01Alors, je pense que, le fait d'arriver peut-être aux 10 ans du 13 novembre,
12:09elle éprouvait peut-être le besoin que son témoignage soit pas seulement...
12:15En fait, elle avait déjà parlé, ce n'est pas la première fois qu'elle parle.
12:18Elle a déjà parlé à des journalistes dans les années qui ont suivi le 13 novembre.
12:24Elle a témoigné au procès, on y reviendra.
12:25Elle a témoigné au procès, effectivement.
12:26Non, non, ce n'est pas la première fois qu'elle parle, ça, on ne sait pas du tout ce qu'on dit.
12:30En revanche, de raconter son geste vraiment et de l'ancrer, en fait, dans sa vie.
12:37Ne pas seulement raconter, voilà, voilà ce que j'ai fait au 13 novembre.
12:40Non, voilà qui j'étais, en fait, avant le 13 novembre.
12:42Et voilà qui je ne peux plus être, en fait, parce que ma vie ne m'appartient plus.
12:48Et puis, je pense qu'elle, peut-être...
12:52Alors, je ne sais pas si elle, elle ne se considère pas comme une héroïne,
12:55parce qu'en fait, ce qu'elle explique, c'est qu'elle n'a jamais eu le moindre doute sur ce qu'il fallait faire.
12:59Elle n'a jamais eu la moindre hésitation.
13:01Pour elle, ça lui paraît normal, ce qu'elle a fait.
13:04Et donc, aujourd'hui, elle ne se considère pas comme une héroïne.
13:06Mais comme dit David, c'est sûrement la marque des véritables héros.
13:09C'est de ne pas, justement, ni le revendiquer, ni en avoir conscience.
13:13Tout est dingue dans cette histoire, je le disais.
13:16Pour revenir sur les faits, donc, le cerveau des attentats du 13 novembre,
13:21Abdelhamid Abaoud se retrouve le 14 novembre, sans plan B,
13:24dans un buisson, en contrebas de la 86 à Aubervilliers,
13:28avec l'un de ses complices.
13:30Il fait appel, donc, à sa cousine, qui s'appelle Asna Haït Boulasen,
13:34pour qu'elle lui trouve une planque.
13:36Et il se trouve que cette cousine est hébergée, donc, par Sonia,
13:40que cette Sonia se retrouve à venir avec elle,
13:43dans une confrontation que vous jouez, donc, pour la série,
13:46dans une reconstitution.
13:47Et il dit à Sonia, les terrasses, c'est moi.
13:49Et là, elle a une réaction extraordinaire.
13:51Elle l'engueule, presque.
13:53Elle lui dit, mais en fait, t'as tué des musulmans,
13:55ces dernières heures aussi ?
13:56Complètement.
13:57Et puis, en plus, c'est une femme qui a l'habitude d'aider,
14:00en fait, les jeunes du quartier.
14:02C'est quelqu'un de très engagé.
14:04Les maraudes, c'est quelqu'un de très généreuse, déjà, à la base.
14:08Et puis, je pense que cette scène, c'est...
14:12Je pense qu'elle a...
14:13J'imagine, en tout cas, qu'elle a oublié, en fait,
14:16que c'était dangereux sur le coup
14:17et qu'il y a eu un espèce de truc
14:19de réveiller ce gamin, en fait, entre guillemets,
14:26parce qu'il n'était pas si gamin que ça.
14:28Mais c'est après qu'elle s'est rendue compte
14:31dans quelle situation elle s'était mise, quoi.
14:35Elle comprend ce soir-là, David André,
14:37qu'Abaoud projette d'autres attentats à la défense,
14:40sans qu'on sache vraiment, d'ailleurs,
14:42si c'était vraiment prévu de longue date.
14:43Et elle se dit, donc, malgré les menaces,
14:46parce qu'elle est face à lui,
14:48il sait où il habite,
14:49elle vient avec son compagnon,
14:51elle a deux enfants.
14:52Malgré les menaces, elle se dit, effectivement,
14:54comme dit Violette, très vite,
14:56en fait, il faut que je le dénonce, quoi.
14:57Oui, ce qui est important de bien comprendre
15:00dans le travail qu'on a fait conjointement,
15:03c'est que ce que décrit Karima,
15:06toute la fiction, toute la part-fiction
15:08de ce documentaire, toute cette reconstitution,
15:10elle est traversée par la voix-offre de Sonia.
15:12Donc, tout ce qu'on voit, elle le raconte.
15:14Et tout ce qu'elle raconte a été vérifié par la police.
15:17On est dans quelque chose
15:20qui est, effectivement, une confrontation incroyable
15:23entre une femme qui se retrouve devant
15:25quelqu'un qui lui explique
15:27que les terrasses, c'est moi.
15:29C'est la phrase qui l'emploie.
15:30Voilà, plus d'une trentaine, trente-huit,
15:31je ne sais plus combien il y a,
15:33je suis désolé pour l'imprécision,
15:35mais combien il y a de victimes
15:37sur les terrasses du XIII.
15:40Et donc, voilà, on est face à quelqu'un
15:44qui n'est même plus dans l'humanité,
15:45qui est hyper joyeux,
15:46qui est très fier, comme elle le décrit, etc.,
15:48de ce qu'il vient de faire.
15:50Et donc, en effet,
15:53elle lui tient tête.
15:56En effet, elle commence à comprendre
15:58que ce serait plus prudent
16:00qu'elle cesse de lui tenir tête,
16:02puisqu'il devient menaçant.
16:04Et en effet, elle va avoir,
16:07alors que les menaces pèsent sur elle,
16:09sur sa famille,
16:11le courage de faire
16:15ce qu'on lui a interdit de faire.
16:17C'est pourquoi on a menace
16:18qui est d'appeler le 197,
16:20qui était à l'époque un numéro d'urgence.
16:21Qui a reçu, Violette Lazare,
16:23des milliers d'appels
16:24après le 13 novembre.
16:26Elle appelle donc ce numéro vert.
16:28Et là encore,
16:29elle a dans les mains
16:30quelque chose de capital.
16:31et elle a, au bout du fil,
16:33d'abord, vraiment un fonctionnaire lambda,
16:37si j'ose dire, de la police.
16:39Et c'est là que c'est...
16:40Je ne cesse de dire
16:40que cette histoire est dingue,
16:41mais à ce moment-là,
16:43et il en est beaucoup question
16:44ces jours-ci,
16:45dans la presse aussi,
16:45sur les ratés et les succès
16:47des services de renseignement français,
16:49à ce moment-là,
16:51les policiers français
16:53sont convaincus
16:54que Abaoud n'est pas en France.
16:57Et c'est l'incrédulité
16:59qu'ils ont face
17:00au témoignage de Sonia
17:00et liés aussi à ça,
17:01qu'ils pensent
17:02qu'Abbaoud n'est pas là.
17:03Voilà.
17:03Alors, le personnage
17:04d'Abdelhamid Abaoud,
17:05c'est celui qui est traqué
17:06quand même par les polices
17:07et les services de renseignement
17:08du monde entier.
17:09Donc, on sait
17:10qu'il peut venir en Europe
17:11parfois,
17:11parce que quelques mois
17:12avant le 13 novembre,
17:13il est venu en Grèce
17:14pour superviser un attentat.
17:16Il a échappé
17:17aux policiers de justesse.
17:19Et depuis,
17:21il est localisé en Syrie.
17:23Abdelhamid Abaoud,
17:24ce n'est pas possible
17:24qu'il soit sur le territoire français
17:26pour les services de renseignement
17:28et pour les policiers.
17:28Donc, c'est vrai que
17:29quand ils ont cet appel
17:30de Sonia
17:31le 15 novembre
17:33sur le numéro vert
17:34et qu'il leur dit
17:35Abdelhamid Abaoud
17:36est en France,
17:37non seulement il est en France,
17:39mais il est caché
17:39dans un buisson
17:40sous un pont d'autoroute
17:44à la hauteur
17:45d'Aubervilliers.
17:46Bon, on peut comprendre
17:47un peu leur incrédulité,
17:50mais elle va donner
17:51des détails.
17:52Et très vite,
17:53ils vont pouvoir
17:54les vérifier,
17:54ces détails.
17:55Les détails,
17:55c'est les baskets oranges ?
17:57Oui.
17:57Les policiers n'avaient pas fait
17:58état de...
17:59Alors, même un peu moins romanesque,
18:00le premier détail qu'elle donne,
18:02c'est j'héberge une jeune fille
18:03qui s'appelle Asna
18:04et il se trouve que c'est
18:05la cousine germaine
18:06d'Abdelhamid Abaoud.
18:07C'est quand même
18:07quelque chose qui n'est pas connu.
18:08Donc, je veux dire,
18:09à partir du moment
18:09où elle donne ce nom
18:10et où ils vérifient,
18:11les policiers vérifient tout de suite
18:12dans l'état civil, évidemment,
18:13ils se rendent compte
18:14que ça, c'est vrai.
18:15Puis, par ailleurs,
18:15ils vont faire les bornages
18:16de son téléphone,
18:17c'est-à-dire qu'ils vont essayer
18:18de localiser où Sonia a été
18:20dans les heures
18:21et les jours précédents l'appel.
18:22Ils la localisent
18:23dans ce buisson à Aubervilliers.
18:24Les baskets oranges
18:25viendront après.
18:26Ça, ça va être un élément
18:27déclencheur
18:28et un élément qui est très visuel
18:29dont on se souvient, évidemment.
18:30Mais ce n'est pas le seul.
18:31Il y a plein de petits détails
18:32comme ça qui vont être vérifiés
18:34parce qu'à ce moment-là,
18:35il faut aussi dire
18:35que les policiers,
18:36ils font un travail extraordinaire.
18:40Ils ont des milliers
18:41et des milliers d'appels
18:42sur ce numéro vert.
18:43Il y a des gens
18:43qui voient Salah Abdeslam
18:46au bord de la mer,
18:47à Saint-Tropez.
18:48Il y a vraiment des signalements.
18:50Les gens sont sincères
18:51quand ils appellent,
18:52mais ils disent absolument
18:52n'importe quoi.
18:53Et ils ne peuvent rien
18:54laisser passer.
18:55À chaque fois,
18:56ils sont obligés de vérifier.
18:57Et là, ils vérifient
18:58et ils se rendent compte
18:58que tout ce qu'elle dit,
19:00en tout cas,
19:00c'est corroboré
19:01par des éléments très concrets.
19:03Sachant qu'Arimah
19:05et donc dans les parties
19:07que vous jouez
19:07pour reconstituer
19:09ces jours-ci,
19:10il y a donc
19:11l'immense angoisse
19:12parce qu'il y a
19:13la menace d'Abaoud
19:14qui sait où habite Sonia,
19:15mais elle est aussi
19:16avec cette fameuse
19:18Hasna chez elle
19:19qui lui met
19:20une pression maximum
19:21et qui la surveille.
19:22Qui la surveille
19:23pour ne pas précisément
19:24qu'elle entre en contact
19:25avec la police.
19:25Oui, c'est ça.
19:26En fait,
19:26pendant ces jours-là,
19:29elle est surveillée
19:31par Hasna
19:32avec ses enfants.
19:34C'est là,
19:34en fait,
19:35où elle se dit
19:35bien avant,
19:37mais en tout cas,
19:37où elle est
19:38en grave danger
19:39avec sa famille.
19:41Et en même temps,
19:42elle pensait
19:43qu'à une seule chose,
19:45c'est éviter ses attentats
19:46et sauver des vies.
19:48Sans jamais penser
19:49à ce qui allait se passer
19:51pour elle après.
19:53En l'espace de 48 heures,
19:55c'est une Française
19:56comme nous tous
19:56qui est passée
19:57de regarder
19:59les attentats
20:00à la télé
20:00en étant mortifiée
20:01à une actrice centrale
20:03d'une histoire
20:04qui la dépasse.
20:05Et vous jouez très bien,
20:07Karima,
20:07la colère qui est la sienne
20:09entre le moment
20:09où elle l'appelle
20:10la première fois,
20:11elle dit
20:11« En fait,
20:11je sais où il est,
20:12il est sous la 86
20:14dans un buisson,
20:15je ne vous mens pas,
20:16je dis la vérité
20:17et je sais que j'ai raison »
20:18et le moment où elle sent
20:19qu'effectivement
20:20ça commence à s'agiter un peu.
20:21Pour elle,
20:21c'est incompréhensible en fait.
20:22Ah bah oui,
20:23oui,
20:23puis l'urgence,
20:24elle n'a pas beaucoup de temps
20:26pour déjouer ça
20:28et puis pour qu'on la croit.
20:29Donc ça,
20:30c'est plus que stressant.
20:35Je veux dire,
20:35je n'ai pas les mots.
20:38Non mais il y a quelque chose
20:39dans ce destin,
20:43il y a vraiment
20:44tellement de choses
20:44qui convergent.
20:46Il y a d'abord,
20:47carrément,
20:47on a parlé,
20:47il y a la générosité
20:48de cette femme,
20:49cette Asna qu'elle héberge.
20:51Elle en a entendu parler
20:52par un membre de sa famille
20:54qui lui dit
20:55« T'aimer Thérésa,
20:56Sonia »,
20:57puisqu'elle fait des maraudes
20:58au reste du cœur.
21:00Elle accueille régulièrement
21:00des gens chez elle
21:01qu'elle croise dans la rue.
21:03Elle se dit
21:04« Je vais prendre cette petite ».
21:05Qui est une fille
21:06qui a été
21:06par la vie.
21:09Qui a été placée,
21:10qui a eu l'enfant placé
21:11d'une famille disloquée,
21:13qui a subi des viols,
21:14qui utilise
21:17des stupéfiants,
21:18qui un coup de temps en temps
21:19porte l'unicab
21:21et trois jours après
21:21en Barésie
21:22dans des clubs,
21:24enfin,
21:24qui est complètement perdue.
21:27Et donc,
21:29finalement,
21:29c'est cette gentillesse
21:31qui va mettre
21:33Sonia
21:35dans,
21:36qui va la tirer
21:37vers le destin
21:38des attentats
21:39du 13 novembre.
21:40Asna et la cousine
21:41germaine d'Abaoud,
21:42quand ils étaient petits,
21:43leur maman était sœur,
21:45mais ils ne se sont pas revus
21:45depuis des années.
21:46Les policiers
21:47se diront tout le temps
21:48« Mais comment
21:49c'est possible
21:50le coordinateur
21:51des attentats du 13 ? »
21:52Oui, parce que celui
21:52qui l'appelle,
21:53ce n'est pas Abbaoud
21:53directement.
21:54Non, non,
21:54il est dans un buisson.
21:56Comment c'est possible
21:57que le coordinateur,
21:59le type qui est recherché
21:59par les services
22:00de renseignement,
22:01il n'ait pas prévu
22:02un plan B
22:02et qu'il ait fait appeler
22:03par la Belgique,
22:05sa cousine germaine
22:06pour lui trouver
22:06une planque
22:07le 15 décembre
22:09au soir,
22:10le 15 novembre au soir ?
22:11Ça appartient probablement
22:13au mystère
22:13de cette enquête.
22:15Et oui,
22:17donc vraiment,
22:18ces roues du destin
22:20dans lesquelles
22:21elle est embarquée
22:22et ces choix
22:23qu'elle fait,
22:24c'est tout à fait
22:25saisissant.
22:26Elle finit donc
22:28par être crue,
22:30Sonia.
22:31Elle finit par récupérer,
22:33alors les policiers
22:34n'interviennent pas
22:35pour des raisons
22:36que vous expliquiez
22:36dans le documentaire
22:37dans ce fameux buisson,
22:38mais attendent
22:40d'avoir l'adresse
22:40de la planque
22:41que lui a trouvée
22:42cette fameuse Asna
22:44et donc finissent
22:46par localiser
22:47la planque
22:48et lancent l'assaut,
22:49on s'en souvient,
22:49on l'a tous vécu
22:51en direct,
22:52là encore,
22:53sur les chaînes
22:53de télévision
22:54autre époque,
22:54dans la nuit
22:55du 17 au 18 novembre
22:57à Saint-Denis,
22:58l'assaut est lancé
23:00par le RAID
23:01avec l'appui
23:01de la BRI.
23:04Les deux terroristes
23:05et Asna
23:06sont tués
23:08alors que la police,
23:10elle avait demandé
23:10à ce que Asna
23:11ait la vie sauve
23:12et là,
23:13incompréhensible,
23:14mais tout est dingue
23:15et on va de dinguerie
23:15en dinguerie
23:16dans cette histoire,
23:17elle est placée
23:17en garde à vue.
23:19Oui,
23:19c'est quelque chose
23:20qui est effectivement
23:21pour elle
23:22incompréhensible
23:23à ce moment-là,
23:25elle vient de parler,
23:27elle a révélé
23:27où se trouvait
23:28Abaoud
23:29et son complice,
23:30elle a demandé
23:31à ce que Asna
23:32soit protégée,
23:33les policiers ont dit
23:34oui,
23:35on fera le maximum
23:36effectivement,
23:36c'est pas elle
23:37qu'on veut forcément
23:38neutraliser
23:39et puis rien ne se passe
23:41comme prévu,
23:42on est dans un contexte
23:43extrêmement tendu,
23:44il faut quand même rappeler
23:44qu'il vient d'y avoir
23:45130 morts
23:46en plein Paris,
23:48que les équipes du RAID
23:49sont intervenues
23:50dans le Bataclan
23:50pour le sécuriser,
23:52donc ils ont vu
23:52de quoi étaient capables
23:53les terroristes
23:54quand ils interviennent
23:55à Saint-Denis,
23:56ils ont probablement
23:56pour certains d'entre eux
23:57encore les images
23:58du Bataclan en tête.
24:00Voilà,
24:00donc il faut aussi
24:01se replonger
24:01dans le contexte de l'époque,
24:03tout ça c'est pour expliquer
24:04comment on arrive
24:05à la garde à vue
24:05de Sonia.
24:06Et il y a par ailleurs
24:07une des stratégies
24:09de l'État islamique
24:10en Syrie,
24:11on le sait,
24:12c'est les sur-attentats,
24:13c'est-à-dire
24:14de commettre un attentat,
24:16faire venir
24:16toutes les forces
24:17de sécurité sur place
24:18pour les forces
24:19de secours,
24:20etc.,
24:20et de réaliser
24:21un nouvel attentat.
24:22Ils ont peur du guet-apens.
24:23Donc ils ont peur
24:23du guet-apens,
24:24clairement,
24:25ils ne savent pas
24:25qui se cache derrière Sonia
24:26et ils veulent en avoir
24:27le cœur net,
24:28ils veulent fermer
24:28toutes les portes,
24:29être sûrs que ce témoin
24:30n'est pas le fauné
24:31de l'État islamique.
24:33Donc ils vont la mettre
24:33en garde à vue,
24:34ils vont mener
24:35une perquisition
24:36chez elle.
24:37Et alors,
24:38évidemment qu'elle le vit
24:39extrêmement mal,
24:40comment pourrait-on
24:41bien le vivre ?
24:42Surtout quand on sait
24:43qu'elle n'est absolument
24:45pas le fauné
24:46de qui que ce soit,
24:46mais qu'elle a commis
24:47un acte héroïque,
24:48qu'elle va en plus
24:49subir toute sa vie
24:50et les conséquences,
24:51etc.
24:52Et à ce moment-là,
24:53les policiers,
24:54ils nous l'expliquent
24:54dans le documentaire
24:56de façon assez claire.
24:57En fait,
24:58eux,
24:58ils ne le font pas du tout
24:59de gaieté de cœur.
25:00Même l'ASDAT va dire
25:01« Nous, en fait,
25:02elle nous a parlé. »
25:04Oui, pardon,
25:04l'ASDAT,
25:05donc la sous-direction
25:05antiterroriste.
25:07Les policiers
25:07qui ont eu Sonia
25:08en audition
25:09et qui savent
25:10que ce qu'elle leur a dit
25:11était vrai,
25:12eux, ils disent
25:12« Écoutez, nous,
25:13elle nous a parlé.
25:14Elle nous a parlé. »
25:15La garde à vue,
25:16ça ne nous paraît pas
25:17forcément être
25:19tout à fait approprié
25:20ou en tout cas,
25:21nous, on ne peut pas
25:22le faire.
25:23Donc ça sera un autre service
25:24qui va être en charge
25:25de cette garde à vue.
25:27Et une fois que
25:27toutes les portes
25:28seront fermées,
25:29comme on dit
25:29dans le jargon policier,
25:30c'est-à-dire qu'il n'y a
25:31plus aucun soupçon
25:31sur cette personne,
25:33elle va être
25:33remise en liberté,
25:36mais remise en liberté
25:36pas totalement
25:37parce qu'elle va être
25:38mise sous protection.
25:40Donc elle est libre,
25:41mais sous protection.
25:42Voilà.
25:42Donc cet épisode,
25:43il est vraiment terrible
25:44pour Sonia
25:44et encore aujourd'hui,
25:46elle le vit de façon
25:47très douloureuse,
25:49avec une colère
25:51meulée d'un sentiment
25:52d'humiliation
25:52et on la comprend
25:53à 100%.
25:54Oui, parce que
25:54ce qui transparaît
25:55dans son témoignage
25:57qu'elle vous livre,
25:58Karima,
25:58et on l'a dit,
25:59c'est une femme de caractère,
26:00je dis ça dans le bon sens
26:01du terme,
26:01mais sans doute,
26:02si elle n'avait pas eu
26:02ce caractère,
26:03elle n'aurait pas fait ça.
26:04Comment elle vous la raconte,
26:05cette garde à vue,
26:06comme le sentiment
26:07d'une trahison ?
26:08Elle a assisté en direct
26:09à la mort de cette jeune fille
26:10dont elle pensait
26:11qu'elle allait bien sûr
26:12être poursuivie et condamnée,
26:14mais qu'elle allait suivre ?
26:14Oui, et qu'elle aimait,
26:15c'était un membre
26:17de la famille.
26:19Et cette garde à vue
26:20qui pour elle est vraiment...
26:21Oui, c'était comme
26:21une trahison,
26:22une injustice.
26:25Pour elle,
26:25elle avait une trahison déjà
26:27parce qu'elle venait
26:27de perdre Hesna aussi,
26:29plus la garde à vue,
26:31plus sa vie d'aujourd'hui.
26:35Donc effectivement,
26:36je comprends sa colère
26:37même actuelle.
26:39Je pense que c'est
26:40quelque chose qui reste.
26:42Sachant qu'elle allait
26:42le pensée au moment
26:43où il y a l'assaut
26:45du raid à Saint-Denis,
26:47qu'elle avait fait
26:48sa part du boulot
26:49et qu'elle allait rentrer
26:50chez elle et faire l'histoire.
26:52Absolument.
26:53Ça ne s'est pas passé
26:54comme ça du tout.
26:56Mais oui,
26:57elle a sauvé les gens,
27:00elle a fait tout
27:02ce qu'elle a fait
27:02en pensant que sa vie
27:03n'allait pas changer.
27:04Oui, elle est passée
27:05David André
27:06quasiment directement
27:07de la case garde à vue
27:08à la case exfiltration
27:10sans quasiment repasser
27:11par la case des paroles.
27:12Il y a quelque chose
27:13que Karima,
27:16je me permets de te le dire,
27:18joue très bien.
27:19C'est qu'elle est quand même
27:22prise dans un dilemme
27:23émotionnel très fort.
27:24C'est-à-dire que cette Asna,
27:26qui est complètement cabossée,
27:27elle a le même âge
27:28que sa fille.
27:29C'est un membre de la famille,
27:31elle va, elle vient,
27:32elle a une faute
27:32tous les six mois,
27:33elle fait rigoler tout le monde.
27:34et en même temps,
27:39en faisant ce qu'elle,
27:41voilà, en appelant la police,
27:42en livrant l'adresse
27:43où elle amène les terroristes,
27:45où Asna amène les terroristes,
27:47elle a tout à fait conscience
27:49qu'il y a quelque chose
27:50de...
27:51qu'il y a un dilemme,
27:53qu'elle va la perdre,
27:54possiblement.
27:54et je trouve que d'ailleurs,
27:56voilà,
27:57cette...
27:59cette...
28:01cette demande pressante
28:02que tu lui fais,
28:03à l'écran,
28:04lui demande,
28:04donne-moi l'adresse,
28:06s'il te plaît Asna,
28:07je viens de chercher après,
28:09après ça sera fini,
28:10etc.
28:10Mais elle ne lui ment pas,
28:11d'ailleurs,
28:11elle ne lui ment pas à ce moment-là.
28:12Ah non, non, oui.
28:13Elle pense sincèrement
28:14qu'après ce sera fini.
28:15Bien sûr que bon,
28:16qu'elle affrontera
28:16ses responsabilités,
28:17mais que voilà,
28:19qu'il faut en finir.
28:21Et effectivement,
28:24oui,
28:24après,
28:24comme vous le dites,
28:26comme l'a expliqué Violette,
28:28elle a fait beaucoup
28:29quand même pendant ces heures-là.
28:30Elle a fait beaucoup
28:31pour les policiers.
28:32Si on veut être pompeux,
28:33on peut dire
28:33qu'elle a fait beaucoup
28:34pour la France.
28:35Et que c'est sûr
28:36qu'être cueillie
28:38quelques heures plus
28:39après l'assaut
28:40par la BRI
28:40et puis être mise en cellule
28:42pendant une garde à vue
28:45dans le cadre
28:46de la législation antiterroriste,
28:47c'est...
28:48Hyper violent.
28:49C'est très violent pour elle.
28:51Mais comme l'a expliqué Violette,
28:52c'est parfaitement compréhensible
28:53dans le schéma
28:54qui est celui
28:55des investigations
28:56à l'époque
28:57qui s'en menait.
28:58Oui,
28:58je pense qu'effectivement,
29:00on peut se mettre
29:00à la place
29:01des autorités,
29:02des policiers
29:02qui la mettent en garde à vue,
29:03mais il faut aussi...
29:04Donc,
29:04on comprend,
29:06je veux dire.
29:06Mais il faut comprendre
29:07Sonia qui se dit
29:08je vais passer un coup de fil,
29:10je vais donner une information,
29:12ils vont aller dans le buisson
29:13l'arrêter
29:13et moi,
29:13je disparais des radars.
29:15C'est-à-dire que Sonia,
29:16elle n'est pas du tout préparée,
29:18bon,
29:18qui le serait,
29:18mais à tout ce qui va suivre.
29:22Elle,
29:22elle pense qu'elle passe
29:23un coup de fil,
29:24elle donne une information,
29:25même au début,
29:25elle ne veut même pas
29:26donner son identité.
29:27Voilà,
29:27moi,
29:27je vous dis ça,
29:28allez vérifier
29:29et puis voilà,
29:31moi,
29:31je disparais,
29:32moi,
29:32je n'apparais nulle part.
29:34Donc,
29:34elle,
29:35en fait,
29:35dans sa tête,
29:37elle se dit
29:37que ça va se passer comme ça.
29:39Donc,
29:39vous imaginez un peu
29:40le gap entre elle,
29:42ce qu'elle pense,
29:43la place qu'elle pense avoir
29:45dans cette enquête
29:45et finalement,
29:47l'endroit où elle se retrouve,
29:48je veux dire,
29:49en première ligne,
29:51en garde à vue,
29:52dans les locaux de la DGSI,
29:53des renseignements intérieurs.
29:55Enfin,
29:56je ne sais pas,
29:57on se met deux minutes à sa place.
29:58C'est la chute.
29:59C'est un vertige phénoménal.
30:01La série,
30:02donc,
30:02interroge,
30:04bien sûr,
30:05pose des questions
30:05autour de cette jeune fille,
30:07Asna Haïd-Bolasen,
30:08qui a donc évidemment aidé
30:10Abaoud et son complice
30:12à trouver cette planque.
30:13Mais elle finit quand même
30:14par donner l'adresse,
30:17même si j'imagine,
30:18on peut se faire
30:19tous les plans
30:19qu'on veut dans sa tête.
30:21Je ne sais pas
30:21si elle savait à l'époque
30:22qu'en réalité,
30:24Sonia avait parlé,
30:26mais elle finit quand même
30:27par donner l'adresse.
30:28Karima,
30:28qu'est-ce que ça veut dire ?
30:30Pour moi,
30:30elle a donné l'adresse
30:31pour être sauvée.
30:33C'est une demande à l'aide.
30:36C'est une demande à l'aide,
30:38en fait.
30:38Mais c'est pour ça
30:42qu'aussi Sonia a insisté,
30:43à paraitre de la harceler
30:45pour justement
30:45qu'elle puisse venir la chercher.
30:48Et malheureusement...
30:50Elle a été tuée
30:51dans cet assaut.
30:53Alors,
30:54donc elle comprend
30:55chemin faisant
30:56que ça ne va pas se passer
30:58comme elle avait pensé
30:59que ça allait se passer.
30:59Effectivement,
31:00que ça n'allait pas s'arrêter
31:01après ce raid.
31:02Et donc,
31:03je crois que ça s'est passé
31:04en plusieurs étapes.
31:06Sa disparition
31:07de la sphère publique,
31:08elle a d'abord été cachée.
31:10On lui a demandé
31:10de se cacher.
31:11Et puis après,
31:12Violette,
31:12vous le disiez tout à l'heure,
31:13mais des mois plus tard,
31:14je crois,
31:15a été créée pour elle.
31:17C'est un statut unique,
31:18ce statut de témoin protégé.
31:20À quoi ça ressemble,
31:22la vie sous le statut
31:23de témoin protégé ?
31:24Ce qu'il faut comprendre,
31:25je pense que Violette
31:25pourra peut-être
31:26mieux expliquer avec moi
31:27la loi ensuite
31:29qui a été votée
31:30sur le statut
31:30de témoin protégé.
31:31Quand Sonia est entendue,
31:33elle a été entendue
31:33comme des milliers de gens,
31:35des milliers et des milliers
31:36de gens,
31:37comme un tuyau parmi d'autres,
31:38comme le dit Violette.
31:39Donc,
31:40les policiers,
31:40on ne va pas l'entendre
31:41de façon anonyme
31:42à ce moment-là.
31:42Ils l'entendent
31:43comme n'importe qui
31:44qui dit avoir vu,
31:45comme elle dit,
31:45Abdelhamid Abaoud
31:46dans la rue,
31:47ici,
31:47par là,
31:48des gens qui appellent
31:49des prisons
31:49en disant
31:50oui,
31:50moi je sais où il est,
31:51les policiers
31:52qui sont busés
31:52de se transporter
31:53dans les maisons d'arrêt
31:54du territoire
31:55en essayant de vérifier.
31:56On est obligé
31:57de tout vérifier.
31:58Quand Sonia est entendue,
31:59elle a entendu
31:59sous son vrai nom.
32:01À partir du moment
32:01où il y a l'assaut,
32:02il y a son nom
32:02dans le dossier.
32:03Donc,
32:04tout de suite,
32:05les policiers vont dire
32:06voilà,
32:06vous ne pouvez pas rentrer
32:07chez vous, madame.
32:08Non seulement,
32:10vous avez été une héroïne,
32:11non seulement,
32:11on vous a mis en garde à vue,
32:13mais en plus,
32:13vous ne pouvez pas rentrer.
32:14Je l'imagine
32:15que dans son entourage,
32:16tout le monde sait.
32:17Tout le monde sait,
32:18tout le monde a vu.
32:18Tout le monde sait à Minimax,
32:19c'était celle qui logeait
32:20la jeune fille.
32:21Et puis,
32:21il y a eu la perquisition,
32:22ils ont vu arriver
32:23quelques heures
32:26après l'assaut.
32:27Donc,
32:27elle ne peut pas rentrer
32:28dans le quartier.
32:29Son nom circule
32:30possiblement
32:31dans les dossiers,
32:32possiblement sur les réseaux.
32:34Elle est identifiable,
32:34ses enfants sont identifiables,
32:36etc.
32:36Donc,
32:36il y a eu une espèce
32:37de processus,
32:39on va dire,
32:40improvisé.
32:40Et puis,
32:40s'ils n'ont pas les outils,
32:41c'est réservé aux repentis.
32:44Ce n'est pas une repentie,
32:45c'est quelqu'un
32:45qui n'a jamais rien fait
32:46de sa vie.
32:48Et donc,
32:50oui,
32:50au début,
32:51c'est une espèce
32:52d'improvisation.
32:54Les planques
32:54dans des hôtels,
32:55la police qui lui donne
32:56un peu de cash,
32:57un téléphone,
32:58et puis petit à petit,
32:59quelque chose
32:59où elle est complètement
33:00aspirant en dehors
33:01de sa propre existence.
33:03Et par la suite,
33:05en fait,
33:06il y a un statut
33:06qui va être voté
33:07pour elle.
33:10Oui,
33:10ça va être créé
33:11en fait,
33:12jusque-là,
33:13il y a un programme
33:13qui existe,
33:14c'est le programme
33:15des repentis.
33:16C'est-à-dire que
33:16des personnes
33:16qui ont trempé
33:17dans une infraction,
33:18un crime,
33:19et qui décident
33:19de dénoncer
33:20soit les auteurs principaux,
33:22soit les actes préparatifs,
33:23on va dire,
33:24sont ensuite protégés
33:25et intègrent
33:26le programme
33:26des repentis.
33:27Mais repentis,
33:27ça veut dire
33:27qu'on a quelque chose
33:28à voir avec le crime.
33:29Sonia,
33:30elle n'a rien à voir.
33:31Et pourtant,
33:31elle va être intégrée
33:32dans ce programme
33:33parce que c'est
33:33ce qui ressemble le plus
33:34à un programme
33:35de protection.
33:37Et au bout
33:38de quelques mois,
33:39on va adopter
33:42un programme
33:42des témoins protégés.
33:44Donc,
33:44à ce moment-là,
33:45elle est la seule
33:46et unique.
33:47C'est créé pour elle.
33:49Alors,
33:49un peu calqué
33:50sur le programme
33:50des repentis,
33:51c'est-à-dire qu'on vous donne
33:52une nouvelle identité.
33:53Donc,
33:54administrativement,
33:55on vous fait mourir.
33:57Votre véritable identité
33:58meurt pour l'état civil.
33:59On vous en crée
34:00une nouvelle
34:00de toute pièce.
34:02Et autour de cette nouvelle identité,
34:03il faut créer
34:03ce qu'on appelle
34:04une légende
34:04dans le langage
34:05des renseignements.
34:07Donc,
34:07il faut s'inventer
34:08une famille.
34:09Il faut s'inventer
34:09une enfance,
34:10des nouveaux parents,
34:12des nouveaux cousins,
34:13un nouveau métier,
34:14un parcours professionnel,
34:15des amitiés.
34:16On vous crée
34:17un diplôme,
34:18des nouveaux diplômes,
34:19par exemple.
34:20Voilà,
34:20tout est nouveau.
34:21Un extrait de naissance.
34:22Voilà,
34:23il faut l'apprendre par cœur
34:24et il faut aussi
34:24être crédible.
34:25C'est-à-dire que
34:26quand on rencontre
34:26des gens
34:27dans sa nouvelle vie,
34:28qu'est-ce que tu faisais
34:30toi comme sport ?
34:31Je ne sais pas,
34:31quand tu avais 12 ans,
34:32il faut essayer
34:33de délocaliser.
34:35Peut-être qu'on peut
34:35partir de ses propres souvenirs,
34:38mais les délocaliser,
34:38ne pas dire qu'on vient
34:39de tel endroit
34:40ou tel endroit.
34:41Donc c'est vraiment compliqué
34:42pour se recréer une vie.
34:44Surtout que
34:45dans les premières années,
34:47Sonia,
34:47il y a beaucoup de menaces
34:48autour d'elle.
34:49Donc il faut qu'elle déménage.
34:50Donc elle a quand même
34:51à des moments
34:52été vaguement localisée
34:54pour faire l'objet
34:55de ces menaces ?
34:56Probablement.
34:57En tout cas,
34:57ce qu'on sait,
34:58c'est que les services
34:58de renseignement
35:00l'ont déménagé
35:02plusieurs fois.
35:03Une grande vie.
35:03Elle a deux enfants,
35:04on l'a dit,
35:05qui sont adolescents
35:06au moment des attentats
35:07de novembre 2015.
35:10Ils se retrouvent,
35:11ainsi que son compagnon,
35:13embarqués
35:14dans cette disparition
35:16administrative.
35:18Absolument, oui.
35:19C'est un truc de dingue
35:21quand même
35:21de devoir changer de vie
35:23pour les jeunes,
35:24pour les adultes aussi,
35:25le fait d'être coupés
35:27de leurs amis,
35:28leurs repères.
35:30Donc c'est quand même
35:31une sacrée...
35:31Et puis la question
35:33qu'on se pose,
35:33c'est où s'arrête
35:34le cercle ?
35:34Où s'arrête
35:35le cercle du mensonge ?
35:36Parce qu'il y a
35:36le noyau familial proche
35:38et puis après quoi,
35:38les parents,
35:39les amis,
35:40pour eux aussi,
35:40on a disparu à leurs yeux ?
35:42Il me semble
35:43qu'elle a disparu,
35:45oui.
35:46On avait tourné
35:47une scène
35:48qu'on n'a pas montée,
35:49je ne sais pas
35:49si tu te souviens,
35:50de sa relation
35:51à ses amis.
35:53C'est assez intéressant.
35:54En fait,
35:55elle travaille,
35:56on va dire,
35:57elle a un poste,
35:58etc.
35:58Mais c'est trop compliqué
35:59parce que du coup,
36:00on commence à lui poser
36:01des questions.
36:02Ah oui, alors ?
36:03Tu viens d'où ?
36:04Toutes les questions
36:05qu'on peut poser
36:05à des collègues.
36:07Et là,
36:08c'est là où
36:09elle ne peut rien dire.
36:11Il faut avoir
36:12un bon diplôme
36:13de mythomane
36:14pour bien tenir
36:16et ne pas faire d'erreur.
36:17C'est-à-dire que
36:18ça ne tient pas.
36:19On se rend compte
36:19que ça ne tient pas.
36:20Elle ne peut pas avoir
36:21une activité professionnelle
36:22très compliqué.
36:23Ce que tu montrais bien
36:24dans cette scène,
36:24c'est au fond aussi
36:25la difficulté de...
36:26Quand on rencontre
36:27des amis ou des gens
36:28qu'on aime,
36:28les amis ou les gens
36:29qu'on aime ont envie
36:30de savoir qui on est.
36:31Et elle,
36:32dès qu'on commence
36:33à lui poser des questions
36:34trop précises,
36:34elle est obligée de mentir.
36:36Et plutôt que de mentir,
36:37nous expliquait-elle,
36:38elle préfère mettre
36:39un terme aux relations.
36:40Elle fuit.
36:41Elle fuit.
36:41Donc c'est-à-dire que
36:42dès qu'il y a des relations
36:43émotionnelles ou affectives
36:45et que les choses
36:47se rapprochent trop de sa vie,
36:48elle est obligée
36:49de couper et de passer
36:49à la suite.
36:50Donc évidemment,
36:51il y a quelque chose
36:52qui est quand même...
36:53C'est une vie de solitude.
36:54C'est quand même difficile.
36:57Preuve à la fois
36:57de l'importance
36:58de son témoignage,
36:59de ce qu'elle a été
37:00un caillou dans la chaussure
37:02du projet des terroristes
37:03de novembre 2015.
37:04Elle a témoigné,
37:05on le disait tout à l'heure,
37:05au procès V13
37:07par visioconférence.
37:08À nouveau,
37:09son visage,
37:09sa voix cachée.
37:11Et vous racontez
37:11dans la série
37:12que ceux qui ont assisté
37:13au témoignage
37:14dans la salle
37:15ont vu une tension.
37:16Le boxe de prévenus
37:17se crisper.
37:19Signe, oui,
37:20que dix ans plus tard,
37:21enfin le procès,
37:22c'était sept ou huit ans plus tard,
37:24elle représente encore
37:25à leurs yeux
37:26celle qui a fait foirer
37:28une partie du projet.
37:29Oui,
37:30ils ne lui pardonneront jamais,
37:31en fait.
37:32C'est vraiment,
37:33ils savent très bien
37:33qu'un nouvel attentat
37:34était prévu
37:35après les attentats
37:36des terrasses
37:37du Bataclan,
37:38du Stade de France.
37:38Il y avait un nouvel attentat
37:39qui était prévu
37:40et c'est elle
37:40qui l'a empêchée.
37:41Ils le savent très bien
37:42et en plus,
37:43ils le vivent
37:43comme une trahison,
37:45une femme,
37:48une femme...
37:49Une délure,
37:49plus ou moins ?
37:50Une femme musulmane,
37:51en tout cas.
37:53Indéniablement,
37:54ça a joué.
37:54Moi, j'étais dans la salle,
37:56c'était en 2021
37:58quand Sonia a témoigné
38:00par visioconférence
38:01et il y avait une grosse tension
38:03au niveau du boxe,
38:05tout d'un coup,
38:06alors qu'ils dormaient un peu
38:07comme ça tous
38:07parce que le procès
38:08a quand même duré un an
38:09donc ils n'écoutaient pas
38:09attentivement tous les témoignages.
38:11C'est vrai qu'ils se sont réveillés,
38:13qu'il y avait un climat de tension
38:16mais dans la salle,
38:18il y a eu aussi pendant un an
38:21beaucoup de victimes,
38:22toutes les victimes,
38:22toutes les parties civiles
38:23étaient là
38:23et on entend dans ce témoignage
38:27beaucoup qui ne le connaissaient pas
38:28avec précision
38:29ont été extrêmement émus.
38:31Il y en a même certains
38:32qui ont écrit des lettres
38:33par la suite à Sonia
38:35pour la remercier
38:35de ce qu'elle avait fait.
38:36C'est des lettres
38:37auxquelles elle tient beaucoup
38:38donc c'était une journée hyper...
38:40c'était une journée
38:41très particulière
38:42cette journée.
38:43Et malgré tout ça,
38:44malgré cette vie,
38:46vous le disiez tout à l'heure
38:47Karima,
38:48malgré le fait
38:49de cette vie de solitude,
38:50cette vie de mensonge,
38:51cette vie loin des siens
38:53et loin de son histoire,
38:54elle vous le dit
38:55si c'était à refaire,
38:56je le referais.
38:57Elle le referait, oui.
38:58Pareil.
38:58Elle le referait, oui.
38:59Et puis même en tant que
39:02femme musulmane,
39:04c'est une citoyenne française,
39:05musulmane
39:06et pour elle,
39:08ces gens-là,
39:09ça n'a rien à voir
39:09avec l'islam.
39:10Je veux dire,
39:11ça ne fait pas partie
39:12des leurs.
39:13Ça n'a rien à voir.
39:14Ce n'est pas des musulmans,
39:16c'est juste des gens
39:17complètement perdus
39:20et complètement...
39:22Voilà.
39:23Mais ça n'a rien à voir
39:24avec l'islam.
39:25Comme son acte héroïque aussi.
39:27Bien sûr.
39:27Ça n'a pas de couleur,
39:28ça n'a pas de drapeau,
39:29elle a fait ça
39:30pour sauver des vies.
39:31C'est fou parce qu'elle peut
39:32vous dire dans la même phrase
39:34faire la liste
39:36du sacrifice
39:38qu'elle a fait
39:39et dont elle est
39:39extrêmement lucide
39:41et dire en même temps
39:42je ne regrette absolument
39:43pas ce que j'ai fait.
39:44Mais qui peut dire
39:45une chose pareille ?
39:46Comme elle le disait,
39:48je suis une vraie musulmane.
39:51Quand elle dit
39:51moi, je suis une vraie musulmane
39:52et c'est vrai que
39:53dans toutes les religions,
39:55en tout cas dans le Coran,
39:56tu enlèves une vie,
40:01c'est comme si tu tuais
40:01toute l'humanité
40:02et tu en sauves une,
40:03c'est comme si tu sauvais
40:03toute l'humanité.
40:05Donc il y a sa foi,
40:07son humanisme
40:07et son courage.
40:10François Hollande,
40:11j'aime bien ce qu'il dit
40:11à l'ancien président
40:13de la République.
40:15Au fond, il dit
40:16qu'elle a agi
40:17comme une citoyenne.
40:18Elle n'a pas agi
40:19comme quelqu'un
40:19qui appartient ou pas
40:20à une confession.
40:21Mais probablement
40:22que le fait
40:23qu'elle soit de culture musulmane,
40:25ça a encore renforcé
40:27peut-être
40:28quelque chose
40:29dans sa détermination
40:31qui est
40:31ce que tu dis,
40:35ce que vous venez de faire
40:36est une insulte.
40:39Et je pense que
40:41ça joue aussi,
40:42probablement,
40:43des valeurs humaines
40:45qu'on a tous sues
40:46par rapport aux victimes,
40:48évidemment.
40:49Des valeurs républicaines
40:50parce qu'elle appelle la police
40:51et qu'elle leur fait confiance.
40:52Mais aussi peut-être
40:52des valeurs culturelles
40:53qui sont quelque chose
40:55qui...
40:56Voilà.
40:57Et c'est aussi
40:58une des histoires
40:59méconnues
40:59du 13 novembre.
41:01Précisément,
41:02vous évoquez le témoignage
41:03de François Hollande.
41:03L'une des conséquences
41:04de sa disparition
41:07provoquée
41:09par le risque immense
41:11qu'elle a pris,
41:11c'est qu'elle a disparu
41:12aussi des hommages publics.
41:14Elle n'est quasiment
41:15dans aucun discours.
41:16Alors, est-ce que demain,
41:17le président Macron
41:17en parlera ?
41:18On verra.
41:19Mais il est question
41:20de cette légion d'honneur
41:21qu'elle ne peut pas avoir
41:22parce qu'officiellement,
41:23elle n'existe pas.
41:24D'abord, est-ce qu'elle
41:25l'aimerait ?
41:28Alors, je sais qu'elle a vu
41:28la série,
41:30qu'elle est contente,
41:31en tout cas,
41:32qu'elle trouve la série
41:32collée avec son histoire.
41:35Est-ce que de ne pas avoir
41:37été reconnue,
41:38c'est important ?
41:39Enfin, ça compte pour elle.
41:41Et en ceci,
41:42avec la série,
41:42elle se dit qu'il y a peut-être
41:43quelque chose qui est réparé.
41:44Oui, je pense que plus
41:46qu'une médaille
41:47ou une récompense,
41:51je ne sais pas si c'est ça
41:52qui...
41:52Je n'ai pas envie
41:53de parler à sa presse,
41:54mais je n'ai pas,
41:54en tout cas,
41:54je n'ai pas l'impression
41:55que c'est vraiment
41:55qu'elle n'est pas
41:56à la recherche de ça,
41:57en fait.
41:59Elle, ce qu'elle aimerait juste,
42:01je pense que ce qu'elle aimerait juste,
42:02voilà, c'est qu'on comprenne
42:04ce qu'elle a fait
42:06et les conséquences
42:09qu'elle vit encore aujourd'hui,
42:12qui lui pèsent énormément.
42:13Je pense qu'elle avait peut-être
42:16envie de le partager.
42:17Et puis, par ailleurs,
42:18il doit y avoir quelque chose
42:19de l'ordre de...
42:21Voilà, je l'ai fait
42:22et dans des circonstances pareilles,
42:25elle ne se sent pas un exemple.
42:29Mais en tout cas,
42:30voilà ce que moi, j'ai fait.
42:31Et si ça peut inspirer
42:32certaines personnes
42:33au moment de la décision,
42:37c'est vraiment de l'ordre
42:38de la décision, du choix.
42:39Voilà, moi, le choix que j'ai fait.
42:41Et si c'est un choix
42:41qui peut être inspirant,
42:43pour d'autres,
42:44eh bien, voilà,
42:45moi, je vous livre mon histoire.
42:47Je pense qu'elle est plus
42:47dans cet état d'esprit-là.
42:48Et on est face à ce choix,
42:50Karima, de petites choses.
42:51Parce qu'effectivement,
42:52pendant deux heures,
42:53et en découvrant cette histoire,
42:55on le disait tout à l'heure,
42:56on se demande bien
42:57ce que nous, on aurait fait.
42:58Et vous, vous auriez fait quoi ?
43:00Grande question.
43:01J'ai envie de penser
43:05que j'aurais fait la même chose.
43:07Bien sûr.
43:08Surtout quand on sait
43:09qu'il y a une crèche.
43:11Enfin, je veux dire,
43:11voilà, encore une fois,
43:12des innocents.
43:12Dans ce qui était visé.
43:13Dans ce qui était visé.
43:14Donc, j'espère
43:16que j'aurais fait la même chose.
43:17Vous gardez quoi,
43:18vous, de cette expérience,
43:19j'imagine, singulière
43:20dans la vie d'une actrice ?
43:22Alors oui,
43:23en tant qu'actrice,
43:24c'est un des rôles
43:26les plus profonds,
43:27les plus puissants
43:28que j'ai eu à jouer.
43:29Je suis honorée
43:31d'avoir interprété Sonia
43:33grâce à Violette, David.
43:38Ce que je retiens,
43:39c'est déjà de lui dire merci.
43:42Mais voilà.
43:43Et je retiens
43:44l'exemple, justement,
43:48de s'inspirer de son humanisme,
43:50de tout ça.
43:53Et puis, encore une fois,
43:54surtout,
43:54ce qui est important pour moi,
43:56et puis pour nous,
43:57je pense,
43:57c'est de mettre en lumière.
44:01De mettre en lumière
44:02son histoire.
44:03Moi, quand je lis
44:03des messages des gens
44:04qui ont découvert
44:05le documentaire
44:06sur les réseaux
44:08et des messages
44:08directement pour Sonia,
44:10je suis hyper émue
44:11et je me dis
44:12que je suis heureuse pour elle.
44:15Elle a dit
44:15dans une interview,
44:16ces jours-ci,
44:17après la sortie de la série,
44:19dire,
44:19peut-être un peu naïvement,
44:21avoir envie de reprendre
44:22un jour sa vie,
44:23il n'y aura pas
44:24de retour à la vie d'avant
44:25pour elle.
44:27Elle a une vie.
44:30Comme elle le dit
44:30dans la série,
44:31je voudrais être
44:31Madame Tout-le-Monde,
44:32je ne l'aime personne.
44:33Donc, elle a une vie
44:34qu'on ne connaît pas
44:36et qu'on n'a pas
44:38spécialement envie
44:38de connaître.
44:40Elle a une vie
44:40sous légende.
44:42Je pense qu'effectivement,
44:43la vie d'avant,
44:44elle est perdue.
44:46et que ça a été
44:49le prix
44:50à payer.
44:52On se pose toujours
44:52la question
44:53de savoir,
44:54je crois qu'il y a
44:54un policier
44:55qui en parle
44:55à un moment
44:56et une des personnalités
44:57des commissaires
44:59de la sous-direction
45:00antiterroriste,
45:01est-ce qu'elle sait
45:01au moment où
45:02elle est en train
45:03de faire ça
45:03ce qu'elle va perdre ?
45:05Est-ce qu'on en a
45:06l'intuition ?
45:08Moi, je pense
45:09qu'elle devait
45:09en avoir l'intuition
45:10quelque part,
45:11soit c'est
45:16comme tu dis
45:17Violette,
45:19je donne un tuyau
45:19et puis ça continue,
45:21soit peut-être
45:22qu'elle s'en pressentait
45:23déjà
45:24que vu
45:25ce dans quoi
45:27elle était embarquée,
45:28il allait y avoir
45:28des conséquences.
45:31On ne saura pas
45:32ce qui s'est passé
45:33dans sa tête
45:33à ce moment-là.
45:34En tout cas,
45:34c'est le choix
45:34qu'elle a fait
45:35et c'est le nom
45:36de cette série
45:36en quatre épisodes
45:37à découvrir demain
45:38à 21h10
45:39sur France 2
45:39et d'ores et déjà
45:40sur le site
45:41de la chaîne publique
45:42une production
45:43Kappa pour France Télé.
45:45Sonia,
45:45si vous nous regardez,
45:46merci à notre nom,
45:49à tous.
45:49Merci infiniment
45:50Karima Amarouche
45:51d'être venue
45:52sur ce plateau
45:52David-André
45:53et Violette Lazare.
45:54Merci beaucoup.
45:55Une émission
45:56à revoir en replay,
45:57réécouter un podcast.
45:58On se retrouve
45:58dans un quart d'heure
45:59pour la suite
45:59de ce rendez-vous d'Info.
46:01A tout à l'heure.
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