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  • il y a 2 jours
La compagnie italienne multiplie les projets de lignes à grande vitesse en Europe, en s’appuyant notamment sur un plan d’investissements de 100 milliards d’euros. Mais ses ambitions ne font pas l’unanimité en Italie.

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Transcription
00:00Ces trains rouges, vous les voyez de plus en plus souvent dans les gares.
00:03Et depuis quelques années, les rames Trenitalia se sont imposées sur les rails français.
00:08Sur le trajet Paris-Lyon, la ligne grande vitesse la plus empruntée d'Europe,
00:11mais aussi Lyon-Milan et Lyon-Marseille.
00:14Et ce pourrait être qu'un début, car Trenitalia veut conquérir l'Europe.
00:19Nous nous guérons l'Europe comme notre domaine,
00:21renforçant notre présence internationale pour porter au-delà le modèle d'excellence italien.
00:27Trenitalia prévoit de relier Rome à Berlin, en passant notamment par Milan,
00:32Innsbruck en Autriche, puis Munich en Allemagne.
00:35Une liaison Milan-Monaco est aussi dans les cartons,
00:37et même Paris-Londres pour affronter Eurostar dans le tunnel sous la linge.
00:41Derrière cette expansion se cache un projet, le métro européen à grande vitesse.
00:46Et pour y arriver, le groupe s'appuie sur un plan à 100 milliards d'euros sur 5 ans.
00:50C'est un coup de fouet pour les investissements italiens.
00:53Voici comment Trenitalia veut conquérir l'Europe.
00:58Derrière Trenitalia, il y a un groupe, Ferroviaire d'Ello Stato, les chemins de fer italiens.
01:04L'entreprise est née en Italie en 1905.
01:06C'est l'équivalent de la SNCF française, sauf qu'aujourd'hui, elle est plus petite.
01:11Elle opère 9 800 trains quotidiens contre 15 000 pour la SNCF.
01:15Elle réalise 16,5 milliards d'euros de chiffre d'affaires contre plus de 43 milliards pour sa rivale française.
01:21Quant à son réseau, il est presque deux fois plus petit.
01:25Mais le groupe ne cache pas ses ambitions de devenir un géant européen.
01:30Dès 2011, il achète le troisième plus grand opérateur de transport de passagers en Allemagne.
01:35Et depuis, cette stratégie s'est accélérée.
01:38Résultat, en 2024, 230 millions de passagers ont voyagé hors d'Italie avec le groupe et ses filiales.
01:44Ferroville dello Stato, donc Trenitalia pour le nom commercial, est déjà présent dans une trentaine de pays en Europe.
01:53Pierre de Gasquet est grand reporter au magazine Les Eco Weekends.
01:56Il a habité plus de 10 ans en Italie et a signé une enquête sur les ambitions de Trenitalia.
02:01Ils sont présents dans le fret ferroviaire, dans le transport des marchandises,
02:04mais aussi dans le transport local, dans le bus, le bus électrique par exemple aux Pays-Bas.
02:11Et l'étape majeure aujourd'hui, c'est d'investir dans la très grande vitesse.
02:16Et la grande vitesse, c'est ce qui est au cœur du projet de Trenitalia.
02:19Le métro européen à grande vitesse.
02:22Derrière ce slogan un peu marketing,
02:25se cache en réalité un concept développé par l'ancien président du conseil italien,
02:29Enrico Letta,
02:30qui est aujourd'hui repris par le directeur général de Trenitalia.
02:33Si Trenitalia se montre si confiant pour conquérir le marché européen,
03:00c'est parce que le groupe public italien a pris de l'avance sur les autres opérateurs
03:04comme la SNCF ou l'Espagnol Renfe.
03:07Et il y a une raison bien précise si les dirigeants de la compagnie italienne ont pris les devants.
03:13Parce qu'en Italie, ils ont connu la concurrence d'un opérateur privé avant les autres.
03:19C'était Italo qui a été lancé à l'époque par des opérateurs privés
03:25et avec la SNCF qui s'est retiré depuis.
03:28Et donc ils ont l'habitude de la concurrence.
03:31Et c'est pour ça qu'ils se sont lancés en Espagne à travers IRIO,
03:36un opérateur privé qui fait concurrence à l'opérateur historique.
03:40Et donc on se retrouve dans cette situation assez amusante,
03:43d'un opérateur historique qui fait concurrence aux autres opérateurs historiques
03:46dans les principaux pays européens.
03:49Et pour les concurrencés, Trenitalia possède deux cartes maîtresses.
03:53La première, c'est un plan d'investissement de 100 milliards d'euros sur 5 ans,
03:57même si des doutes existent pour savoir s'il sera réalisé dans les délais.
04:01Une partie de cette somme provient d'ailleurs de prêts accordés
04:03dans le cadre du plan de relance européen adopté en juillet 2020
04:07après la pandémie de Covid-19.
04:09La deuxième carte maîtresse, c'est lui, l'ETR 1000, deuxième génération.
04:14Ce train à grande vitesse, fabriqué en Italie par Itachirai,
04:18peut fonctionner sur le réseau ferroviaire de l'Italie
04:20et sur les réseaux de 7 pays européens supplémentaires.
04:23Un atout, même si rien n'est encore sûr pour sa compatibilité
04:26avec le tunet sous la manche du fait de normes techniques.
04:29Alors, Trenitalia est-elle inarrêtable ?
04:33Pour avoir des trains à grande vitesse qui relient toutes les capitales européennes,
04:36Trenitalia et les autres groupes ferroviaires européens
04:39devront tôt ou tard s'harmoniser sur des règles et des normes.
04:42C'est ce que Trenitalia appelle la coopétition.
04:46Coopérer tout en étant concurrent.
04:49Mais entre les délais, la bureaucratie, voire les oppositions,
04:52il y a des obstacles sur le chemin.
04:55Dans le même temps, les ambitions européennes de Trenitalia
04:57ne sont pas toujours vues d'un bon oeil, chez elles, en Italie.
05:01Des usagers préfèreraient d'abord que la compagnie ferroviaire
05:04améliore son service en Italie.
05:06Car selon une association, 72% des TGVs italiens
05:10ont subi un retard de 30 minutes en 2024.
05:13Mais ce n'est pas tout.
05:15Certains économistes, notamment l'économiste de la Bocconne, Tito Boeri,
05:19a publié des études où ils critiquent cette stratégie
05:22qui consiste à aller à l'international
05:25avant de régler le problème du sud de l'Italie
05:29qui souffre d'un déficit d'investissement chronique depuis des décennies,
05:34mais qui s'est aggravé et notamment qui est très visible,
05:37je dirais presque à l'œil nu, puisque au-dessous de Naples,
05:41pratiquement, la très grande vitesse n'existe plus.
05:44Les ambitions folles de Trenitalia en Europe
05:47dépendront donc aussi de la satisfaction de ses clients en Italie.

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