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  • il y a 4 semaines

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00:00Bienvenue au Cœur du Crime, un podcast issu des archives d'Europe 1.
00:11Savez-vous que plus d'un tiers des crimes et délits commis en France sont traités par la Gendarmerie Nationale ?
00:19Je m'appelle Yann Kermadek, je suis commandant de Gendarmerie.
00:25Je dirige une section de recherche dont la mission essentielle est une mission de police judiciaire.
00:41L'histoire que je vais vous raconter est une histoire vraie.
00:46Tous les faits sont réels et se sont déroulés en France.
00:50Seuls, les noms des personnes et des lieux ont été changés.
00:55Dire que Larry Tyler est ravi de voir Bradley Stone l'appeler à l'aide serait en dessous de la vérité.
01:10Pour un peu, Larry en aurait sauté de joie.
01:13Mais bien sûr, il n'en laisse rien paraître.
01:16Au contraire, en cette nuit de février où tombe une pluie fine et pénétrante des plus désagréables,
01:22il fait entrer Bradley dans son appartement d'un air plein de sympathie et de sollicitude, parfaitement bien limité.
01:30Après tout, Bradley, lui, ne sent-il pas de vieux amis ?
01:34C'est bien Larry qui a sorti in extremis l'entreprise de fonderie de Bradley d'une situation financière quasi désespérée.
01:41Et en véritable ami, Bradley est venu trouver tout droit Larry le jour où Deborah Larson, une ravissante petite brune,
01:50lui a avoué le préféré à Larry.
01:52Ce soir-là, en ouvrant sa porte à l'homme qu'il déteste à présent plus que tout au monde,
02:00Larry comprend aussitôt qu'il s'est passé quelque chose de très grave.
02:05Les vêtements de Bradley sont mouillés, maculés de boue, son visage est livide et ses yeux vitreux agrandis de frayeur.
02:13Dans un premier temps, la jubilation l'emporte sur la curiosité.
02:18Larry sait qu'en ce moment, Bradley devrait être en train de dîner chez Deborah.
02:24Et Larry a passé toute la soirée à bouillir de rage en pensant aux deux tourtereaux,
02:29seuls dans l'intimité du chalet du bord du lac de Deborah.
02:33« Ah, il a quand même une justice ! » se dit-il en aidant Bradley à gagner le canapé.
02:41Bradley commence par marmonner des excuses d'une voix un peu pâteuse.
02:45« Il fallait que je me parle à quelqu'un, Larry.
02:48J'ai tout de suite pensé à toi.
02:51Mais je crois qu'il vaudrait mieux que je m'en aille. »
02:54Il fait mine de se lever, mais Larry l'oblige à se rassoir.
02:56« Allons, allons, Bradley, ne dis-donc pas de bêtises ! »
02:59Il est si impatient de connaître la nature des ennuis de Bradley
03:02qu'il aurait plutôt fermé la porte à clés pour l'empêcher de partir.
03:05« Tu as très bien fait ! » reprend-il.
03:07« Allons, allons, détends-toi et raconte-moi ce qui se passe. »
03:12Mais Bradley est bien incapable de se détendre.
03:15Le voilà qui se met à trembler de tous ses membres,
03:17au point qu'il n'est même plus capable d'articuler un son.
03:21Larry se dirige vers le bar, rempli un verre d'une bonne rasade de cognac
03:25et le tend à Bradley.
03:26Le résultat ne se fait pas attendre.
03:30Bradley, qui a avalé l'alcool d'un trait, reprend presque aussitôt des couleurs.
03:36Larry est sur le point de trépigner d'impatience
03:38quand Bradley lâche enfin d'une voix désespérée.
03:41« C'est horrible, Larry.
03:43J'ai tué un homme. »
03:45« Quoi ? Tu as tué un homme, toi ? »
03:49« Oui. »
03:50« Inconnu. »
03:52« Un homme que j'avais jamais vu de ma vie. »
03:55« Je l'ai vu pour la première fois, quelques instants avant qu'il heurte le capot de ma voiture. »
04:01Larry sent s'évanouir en lui toute l'amertume qu'il ronge depuis des semaines.
04:06Il arbore un visage grave, compatissant,
04:10et se laisse tomber sur le canapé à côté de Bradley.
04:12Bradley. Il pose une main apaisante sur son épaule.
04:17« Tu ferais mieux de tout me dire depuis le début, Bradley. »
04:21Bradley hésite.
04:23« Je ne sais pas, Larry. Je ne voudrais pas t'entraîner dans Dieu sait quoi. »
04:28« Arrête de dire des bêtises, veux-tu ? Les amis sont là pour ça, non ? »
04:34Bradley hésite encore quelques instants,
04:35mais bientôt le besoin de se confier devient plus fort que ses scrupules.
04:40« Voilà, Larry. Déborah et moi avons pris quelques verres avant le dîner,
04:48et aussi quelques verres après.
04:52En quittant le chalet, j'étais pas ivre, mais pas très sobre non plus.
04:58À un moment donné, j'ai vu un camion s'arrêter assez loin devant moi, à un carrefour.
05:05Et puis, il a redémarré. J'ai compris après que le chauffeur venait de déposer un auto-stopper, tu vois.
05:15Et c'est seulement quand j'ai traversé le carrefour que je l'ai vu.
05:19Il était là, sur le bord de la route, le pouce levé.
05:22« Tu sais, d'habitude, je prends pas d'auto-stopper.
05:28Mais là, il pleuvait tellement, il était si tard.
05:33Enfin, bref, j'ai appuyé à fond sur le frein et la voiture a dérapé.
05:39J'ai bien cru qu'elle allait se retourner.
05:41En tout cas, je m'étais pas rendu compte que je conduisais si vite.
05:45Alors, j'ai donné un coup de volant, la voiture a touché le bord du talus
05:50et j'ai entendu un bruit sourd, plus précisément celui d'une chose en métal,
05:58heurtant de la chair et des os.
06:03Bradley s'arrête comme épuisé, en jetant autour de lui des regards désespérés.
06:10Larry ne dit rien.
06:10Il se contente de remplir encore un verre de cognac pour Bradley,
06:15un autre pour lui, auquel il touche à peine.
06:19Bradley vide le sien d'un trait et reprend son récit.
06:24Quand j'ai enfin réussi à m'arrêter,
06:28je suis tout de suite descendu, mais j'ai rien vu.
06:32D'abord, j'ai cru que, sous le coup de la peur,
06:36j'avais eu une hallucination.
06:38Et puis, je me suis souvenu du bruit,
06:42de ce terrible bruit d'os broyé.
06:46Alors, j'ai pris la torche dans la boîte à gants
06:49et j'ai couru le long de la route.
06:52« Et tu l'as trouvée ? »
06:55demande Larry d'une voix un peu haletante.
06:58« Oui, oui, Larry.
07:00Il était bien là, dans un buisson,
07:02le visage ensanglanté.
07:06Et il avait l'air tout ce qu'il y a de plus mort.
07:10« Allons, allons, allons, Bradley.
07:12Comment pouvais-tu le savoir ?
07:14Tu t'es penché pour le regarder de plus près, au moins ? »
07:17« Hein ? »
07:18« Ben non.
07:19Non, quand j'ai vu tout ce sang,
07:21moi j'ai été pris de panique.
07:24En fait, en fait,
07:25je ne sais plus très bien ce que j'ai fait
07:27entre ce moment-là et celui où je suis venu chez toi.
07:30« Mais je te jure, Larry,
07:33avec un crâne dans un tel état,
07:35je ne vois vraiment pas comment il aurait pu être encore vivant. »
07:42Larry réfléchit à toute allure, puis demande
07:44« Est-ce que tu as laissé sur les lieux des traces quelconques
07:47qui permettraient de remonter jusqu'à toi ? »
07:51« Hein ? Non, enfin, je ne sais pas, je ne sais plus. »
07:55« Bon, alors on va aller voir. »
07:58« Non, Larry, je ne veux pas te mêler à ça. »
08:01« Mais qu'est-ce que tu racontes, Bradley ? »
08:03« Tu n'as pas de soucis à te faire. »
08:05« Nous sommes bien associés en affaires, non ? »
08:08Bradley se lève péniblement du canapé,
08:11l'air incertain.
08:13« Tu sais, Larry,
08:16j'ai toujours eu l'impression
08:18que tu ne m'aimais pas beaucoup.
08:20Au fond de toi-même, je veux dire.
08:22Après tout,
08:24tu as de bonnes raisons de m'en vouloir.
08:26« Je t'ai volé, Déborah. »
08:29Larry se met à rire d'un rire un peu jaune,
08:32mais Bradley n'est visiblement plus en état de faire la différence.
08:37« D'abord, tu ne m'as pas volé, Déborah. »
08:40« Non. »
08:41« Nous avons fait sa connaissance le même soir,
08:43à la même réception.
08:44Nous avons passé quelques bons moments ensemble,
08:46tous les trois,
08:47et puis un beau jour,
08:49elle s'est aperçue qu'elle te préférait à moi. »
08:52« C'est la vie, Bradley. »
08:53« Bon, j'ai peut-être été un peu vexé sur le moment,
08:56mais au fond,
08:58au fond, je suis bien content pour vous deux. »
09:03« Vous avez bien compris que ce pauvre Bradley
09:05n'est pas prêt d'être tiré d'affaire
09:08avec un ami comme Larry. »
09:11« Mais qu'est-ce qu'il a exactement derrière la tête, Larry ? »
09:16« C'est ce que vous saurez dans quelques instants. »
09:25Bradley Stone débarque en pleine nuit
09:28chez Larry Tyler,
09:29complètement affolé.
09:31Il vient de tuer un homme
09:33en le heurtant avec sa voiture,
09:35alors qu'il était passablement ivre.
09:39Larry,
09:39qui a de bonnes raisons d'en vouloir à Bradley,
09:42puisqu'il lui a entre autres
09:44volé sa petite amie,
09:45propose tout de même de l'aider.
09:48Mais, en fait,
09:51il a des idées bien plus perfides
09:54derrière la tête.
09:59Un quart d'heure plus tard,
10:01il roule sur la grande route
10:02parfaitement déserte
10:03et toujours noyé sous la pluie.
10:06Soudain,
10:07Bradley arrête la voiture.
10:10« C'est là, »
10:11chujette-t-il.
10:12« De l'autre côté de la route. »
10:17Larry descend une torche à la main.
10:19« Laisse les phares allumés, Bradley,
10:22et si tu vois arriver une voiture,
10:23descends et ouvre le capot
10:25comme si tu avais des ennuis de moteur. »
10:29Larry traverse rapidement la route
10:30et commence à descendre le talus.
10:33De sa lampe,
10:34il fouille les buissons
10:36tout en réfléchissant.
10:38Cette fois,
10:39il est sûr
10:40de tenir la chance
10:41de sa vie.
10:43En s'y prenant bien,
10:44il récupérera
10:45à la fois
10:46l'argent qu'il a mis
10:47dans l'entreprise de Bradley
10:48et la ravissante Deborah.
10:52Évidemment,
10:53il va devoir aussi
10:54prévenir la police
10:56avant que Bradley
10:57ait le temps de déplacer le corps.
10:59Après tout,
11:00il est un citoyen
11:01respectueux des lois
11:02et il faut bien
11:04qu'il soit en règle
11:05avec sa conscience,
11:06n'est-ce pas ?
11:08« Le plus fort,
11:09se dit-il
11:10en étouffant un petit rire,
11:12le plus fort,
11:13c'est qu'avec
11:13un minimum de sang-froid,
11:15Bradley s'en serait
11:16très bien tiré.
11:18Mais maintenant,
11:21il est trop tard. »
11:24Pourtant,
11:25au bout de quelques minutes,
11:26l'irritation commence
11:27à prendre le pas
11:28sur son exaltation.
11:30« Où diable est-il passé,
11:31ce cadavre ?
11:32la lampe commence
11:33à trembler un peu
11:34entre les mains de Larry.
11:35Il fouille les buissons
11:37les plus épais,
11:38s'arrête,
11:38revient sur ses pas
11:39et soudain,
11:40il se penche en avant
11:41en étouffant un juron.
11:42Oui,
11:43c'est bien là
11:44que Bradley a dû
11:45apercevoir son autostopper.
11:48Larry distingue
11:48nettement des brindilles
11:49fraîchement cassées,
11:50l'empreinte d'un corps
11:51étendu
11:52et aussi des feuilles mouillées
11:54que l'homme
11:54a visiblement remuées
11:56en essayant
11:57de se relever.
11:59Mais il n'avait pas
11:59seulement essayé,
12:00le bougre.
12:01Il y est arrivé ! »
12:04Larry voit comme
12:04s'il y était
12:05l'homme en train
12:06de se traîner
12:07en gémissant
12:07pour se remettre
12:08sur pied.
12:09« Oh non,
12:10non, non, non,
12:10non,
12:11ce serait trop bête ! »
12:13« À moins, »
12:14se dit Larry
12:15en s'accrochant
12:15désespérément
12:16à ce mince espoir,
12:19« à moins
12:19que l'homme
12:20ne se soit écroulé
12:21un peu plus loin,
12:22mort pour de bon
12:23cette fois. »
12:25« Non, il a beau
12:27fouiller encore
12:28et encore,
12:28la vérité est là.
12:30L'homme,
12:30remis du choc,
12:31a poursuivi sa route. »
12:34Larry arrête
12:35ses recherches
12:35complètement accablées.
12:37« Oh,
12:37c'est vagabond !
12:39Même un bulldozer
12:40n'en viendrait pas à bout.
12:42Un automobiliste
12:43a dû le faire monter
12:44dans sa voiture
12:44et alors qu'il est,
12:45l'autre doit être
12:46bien au sec
12:47et confortablement
12:48couché dans un lit
12:49d'hôpital.
12:50Il y a peu de chances
12:51pour que la police
12:52s'intéresse beaucoup
12:53à ce genre d'accident.
12:54« Hé, Larry,
12:57tu es là ? »
12:59Larry lève la tête
13:00et voit la silhouette
13:01de Bradley
13:01se découper
13:02sur la grande route.
13:03« Larry,
13:04réponds-moi !
13:06Qu'est-ce qui se passe ?
13:08Où es-tu ? »
13:10La voix tant détestée
13:12fait grincer
13:12les dents de Larry.
13:15Jusqu'à cette nuit-là,
13:16il n'a pas compris
13:17vraiment à quel point
13:18il souhaitait rayer
13:19Bradley de sa vie
13:20et l'enrayer
13:22définitivement.
13:24et dire qu'un instant
13:25plus tôt,
13:26tout était encore possible.
13:28Oh non, non,
13:29c'est vraiment
13:29trop bête !
13:31Et soudain ?
13:33Soudain,
13:34les pensées
13:34se bousculent
13:35dans sa tête.
13:37Il ne rallume pas
13:38la lampe
13:39qu'il a éteinte
13:40en décidant
13:40d'abandonner
13:41ses recherches
13:42et dit,
13:43sans trop élever
13:44la voix,
13:45« Retourne à la voiture,
13:47Bradley !
13:47Tu te rends compte
13:48de ce qui arriverait
13:49si quelqu'un venait
13:49à passer ?
13:50Allez, allez,
13:51file !
13:51J'arrive tout de suite ! »
13:53Bradley obéit
13:54avec des gestes
13:55de somnambule.
13:58Quand Larry
13:58le rejoint
13:59dans la voiture,
14:00il demande
14:00d'une voix plaintive,
14:02« Pourquoi t'as mis
14:03si longtemps ?
14:04Hein ?
14:05Pourquoi ? »
14:06« Je t'en prie,
14:07Bradley ! »
14:09répond calmement Larry.
14:10« Je ne suis pas
14:11resté si longtemps
14:12que ça.
14:13Tu as trouvé
14:14le temps long,
14:14c'est tout,
14:15et je te comprends,
14:16va.
14:17Mais il a fallu
14:18que je retrouve
14:18ce type.
14:19Ensuite,
14:20j'ai réfléchi
14:21à ce qu'il fallait faire.
14:23J'ai pensé
14:23que le plus urgent
14:24c'était de le tirer
14:25d'où il était
14:26pour le cacher. »
14:28Bradley s'en remet
14:29à trembler.
14:31« Alors,
14:32il est vraiment ? »
14:34« Oui, Bradley.
14:36Il est mort.
14:38Évidemment.
14:40Je suis désolé,
14:41tu sais. »
14:43Bradley étouffe
14:44un sanglot.
14:45« Je suis
14:46un meurtrier, Larry.
14:48Un meurtrier. »
14:50« Écoute, mon vieux. »
14:52Et Bradley ne veut
14:53rien écouter.
14:54Il frappe le volant
14:55du plat de la main
14:56et répète
14:56« Un meurtrier.
14:58Je suis un meurtrier.
15:00Et personne ne pourra
15:01plus rien y changer. »
15:04Larry pose sa main
15:05sur son épaule
15:06et le secoue légèrement.
15:07« Allons, allons.
15:09Te laisse pas aller, Bradley.
15:10D'abord,
15:11il faut que nous réfléchissions. »
15:13« Réfléchir à quoi ? »
15:16gémit Bradley.
15:17« C'est tout réfléchi. »
15:19Avant, j'étais un homme honnête,
15:21ami de l'ordre public,
15:24avec une fiancée,
15:25une entreprise
15:26qui marchait bien.
15:28Maintenant,
15:29je ne suis plus qu'un assassin.
15:31Et plus jamais
15:32ce sera pareil.
15:33Plus jamais.
15:35Puis j'ai tellement peur
15:37d'aller trouver la police.
15:39« Mais tu n'as pas besoin
15:40d'y aller, »
15:41fait Larry.
15:42« Ce serait de la folie. »
15:44« Tu avais bu
15:45quand tu as heurté ce type.
15:46À tous les coups,
15:47tu écoperais du maximum. »
15:51Bradley,
15:51plus tremblant que jamais,
15:52serre le volant à deux mains.
15:54« Il est juste à point, »
15:57pense Larry.
16:00« Tu sais, » dit-il,
16:01« il y a un moyen
16:03de t'en sortir. »
16:05« Ah bon ? Tu crois ? »
16:06« Mais évidemment. »
16:07« Je vais t'aider, mon vieux. »
16:09« M'aider ? »
16:10« Comment ? »
16:12« Voilà. »
16:13« Nous allons rentrer chez moi. »
16:15« Je te donnerai tout ce que j'ai
16:17en argent liquide. »
16:18« Comme ça, tu auras de quoi
16:19prendre un nouveau départ
16:20avant qu'on retrouve le type. »
16:23« Ne t'en fais pas. »
16:24« On ne te retrouvera jamais. »
16:26« Tu... »
16:27« Tu veux dire... »
16:29« Tu veux dire qu'il faudrait
16:31que je parte ? »
16:33« Tu vois une autre solution, Bradley ? »
16:36« Mais, Larry,
16:38si je pars, je perds tout. »
16:41« Mon entreprise. »
16:43« Déborah. »
16:45Larry hausse les épaules.
16:47« Moi, Bradley, tu sais,
16:49une fiancée, ça se retrouve. »
16:52« Et avec ton sens des affaires,
16:54tu as ravi de créer
16:55une nouvelle société. »
16:56« Tu as vingt ans devant toi. »
16:59« Ah, évidemment. »
17:00« Évidemment, si tu préfères
17:01les passer derrière les barreaux,
17:03en même temps que tu perdras tout,
17:05c'est ton problème. »
17:07« Franchement, je ne vois pas
17:08d'autre issue pour toi
17:09que de partir très vite,
17:10très loin,
17:11et de ne jamais revenir. »
17:12« Tu sais, tu n'es pas le premier
17:14à qui une chose pareille arrive. »
17:18Bradley se calme, enfin.
17:21Il se redresse.
17:23Tend la main vers la clé de contact
17:25et met le moteur en marche.
17:29« Larry est bien content
17:31que l'obscurité
17:33cache sa mine réjouie. »
17:37Une demi-heure plus tard,
17:38ils arrivent à l'appartement
17:39de Larry.
17:41Bradley se dirige d'un air triste
17:43vers la fenêtre
17:44qui l'ouvre toute grande.
17:46Il respire longuement
17:47l'air froid de la nuit.
17:49« La pluie a enfin cessé. »
17:53Dehors,
17:55tout est calme.
17:58Larry, lui,
17:59a disparu dans une autre pièce
18:00dont il émerge maintenant
18:02avec un grand sourire.
18:04« Voilà près de 2000 dollars, Bradley.
18:06Ça n'est pas énorme,
18:07mais en les ménageant,
18:08ils pourront te durer
18:09un certain temps. »
18:13Bradley prend l'argent
18:14comme s'il ne comprenait pas
18:15très bien de quoi il s'agissait
18:17et le glisse dans une de ses poches.
18:21Ses lèvres esquissent
18:22un sourire sans joie.
18:25« Un meurtrier ! »
18:28murmure-t-il d'un ton rêveur.
18:31« Tu sais, Larry,
18:34une fois passé le premier choc,
18:37ça change complètement
18:39votre façon de voir les choses. »
18:42« Allons, allons, Bradley,
18:43n'y pense plus,
18:43c'est fini maintenant. »
18:46Bradley a toujours
18:48son drôle de sourire.
18:50« Vois-tu, Larry,
18:53quand on a tué quelqu'un,
18:56la vie humaine
18:57prend tout à coup
18:59une valeur bien différente.
19:03Ou peut-être,
19:04devrais-je dire,
19:05qu'elle perd
19:06cette même valeur. »
19:10Bizarrement,
19:11Larry commence
19:12à se sentir mal à l'aise.
19:13« Mais qu'est-ce qu'il a
19:15à sourire comme ça,
19:16cet imbécile ? »
19:18« S'il croit
19:19que c'est le moment
19:19de se mettre à philosopher. »
19:22Mais Larry s'efforce
19:23de ne manifester
19:24aucune impatience.
19:25Ce serait trop bête
19:26de tout gâcher
19:27au dernier moment.
19:27« Bon, écoute, Bradley,
19:29tu devrais profiter
19:30de la moindre seconde
19:31pour mettre
19:31un maximum de distance
19:33entre ce cadavre
19:34et toi. »
19:36Bradley fait
19:38un grand geste
19:39de la main
19:39comme pour signifier
19:41que tout cela
19:42n'a désormais
19:43plus grande importance.
19:46« Ça m'ennuie, »
19:49dit-il.
19:51« Ça m'ennuie beaucoup
19:52de penser
19:54que je vais perdre
19:55mon entreprise
19:56et ma belle fiancée. »
19:59« Oui, oui,
19:59vraiment,
20:00ça m'ennuie. »
20:02« D'autant plus
20:03que je ne vois
20:03qu'une seule chose
20:05susceptible
20:06de me trahir,
20:07en somme. »
20:09Alors qu'il est,
20:10la pluie doit avoir
20:11effacé les traces
20:12de mes pneus
20:13sur le talus
20:14et je peux très bien
20:16brûler mes chaussures
20:18pour le cas
20:19où j'aurais laissé
20:20des empreintes.
20:23Il ne reste
20:24par conséquent
20:25plus qu'un élément
20:27gênant.
20:29« Toi,
20:30Larry,
20:31tu es
20:32mon seul témoin. »
20:36Avant que Larry
20:37ait pu dire un mot
20:38ou faire un geste,
20:39il reçoit
20:39un formidable coup
20:40de poing
20:41en pleine mâchoire.
20:42Bradley le cueille
20:43juste au moment
20:43où il a laissé fondrer,
20:44le saisit par les épaules
20:45et le balance
20:46par la fenêtre
20:47grande ouverte.
20:49Puis,
20:50il repousse
20:50le tapis
20:51qui arrivait
20:52jusque sous la fenêtre,
20:54ce qui rendrait
20:55les choses
20:55fort compréhensibles,
20:57même pour le plus
20:58borné des policiers.
21:00Et lui
21:01n'aurait plus
21:03qu'à convenir
21:03avec tout le monde
21:04qu'il est
21:06vraiment,
21:07mais vraiment
21:08regrettable
21:09que ce tapis
21:10ait glissé.
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21:19Au cœur du crime,
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21:21issu des archives
21:22d'Europe 1.
21:23Réalisation,
21:24Julien Tarot.
21:25Production,
21:26Estelle Laffont.
21:27Patrimoine sonore,
21:29Sylvaine Denis,
21:30Laetitia Casanova
21:31et Antoine Reclus.
21:35Au cœur du crime
21:35est disponible
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