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  • il y a 26 minutes
À trois jours des commémorations des attentats du 13 novembre 2015, notre grand invité est l'ancien procureur de la République de Paris, François Molins, Les souvenirs de cette terrible nuit, sa lutte contre le terrorisme... Il raconte tout au micro de RTL Soir.
Regardez L'invité d'Anne-Sophie Lapix du 10 novembre 2025.

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Transcription
00:00Comme
00:00Anne-Sophie Lapix, RTL Soir
00:03Notre grand invité de RTL Soir
00:05est l'ancien procureur de la République de Paris
00:07François Mollins, bonsoir
00:08Jamais un procureur de la République n'avait été aussi
00:11connu et pour cause, on a été suspendu
00:14à vos paroles, vos explications, vos informations
00:16pendant toute cette période noire
00:17des attentats du 13 novembre 2015
00:20D'abord, une réaction à notre
00:21RTL Insight sur le futur musée mémoriel
00:24du terrorisme, vous êtes impliqué
00:26dans ce projet, je crois, c'est important
00:28de raconter, de marquer
00:30les esprits et de dire ce qu'est le terrorisme
00:32Oui, parce
00:34que le terrorisme
00:36c'est quelque chose de présent
00:37qui affecte la vie quotidienne des gens
00:40depuis des années et des années
00:41quelques dizaines d'années, et je pense
00:44que c'est important effectivement
00:45d'avoir un lieu
00:47qui ait
00:50plusieurs dimensions, et c'est tout
00:51l'objet de ce musée, on va avoir avec ce musée
00:54une dimension historique, c'est important de connaître
00:56l'évolution du terrorisme
00:58il se passe quand même beaucoup de choses dans cette histoire
01:00depuis deux ou trois cents ans
01:01donc l'histoire du terrorisme pour mieux
01:04comprendre les ressorts
01:05et le mécanisme de tout ça
01:08mais aussi une dimension
01:10pédagogique qui, je pense
01:11concerne peut-être davantage
01:13pour le coup
01:14la voix des victimes
01:15et puis surtout la réaction des sociétés
01:16parce qu'on s'aperçoit qu'autour
01:18de ces attentats
01:19il y a des réactions particulièrement
01:21saines, moi je trouve
01:22qui effectivement
01:23c'est la résilience
01:28la résilience de notre pays
01:29alors tout le monde sait où il se trouvait
01:31le 13 novembre 2015
01:33ce qu'il faisait ce soir là
01:34au moment où ont eu lieu les attentats
01:35et vous
01:36où étiez-vous, que faisiez-vous ?
01:38moi j'étais chez moi
01:39j'allais me coucher
01:40parce que j'étais fatigué de ma semaine
01:42et lorsque j'ai eu un appel
01:45vers 21h25
01:47du directeur de la police parisienne
01:48qui m'a appelé pour me rendre compte
01:51d'une explosion
01:52qui avait eu lieu
01:53porte D au stade de France
01:54donc un attentat avec un mort
01:56donc j'ai essayé de croiser l'information
01:58avec mes adjoints
01:59le chef de la DGSI
02:00et au bout de 10 minutes
02:02j'ai allumé mon téléviseur
02:04et j'ai vu apparaître
02:05ça devait être
02:0521h35, 21h40
02:07des bandeaux
02:08en bas de l'écran
02:09qui annonçaient des fusillades multiples
02:11sur les terrasses de café
02:13du 11ème arrondissement
02:14et là j'ai compris tout de suite
02:16qu'on y était
02:18et qu'elle en fait
02:19était la cible
02:20de multi-attentats
02:22dans le cadre de cette menace
02:23que les services de renseignement
02:25ont évoqué avec nous
02:26depuis des mois
02:26et dont ils nous disaient
02:27qu'elle était très élevée
02:28donc j'ai compris tout de suite
02:29et donc je suis parti sur les lieux
02:31je suis parti sur place
02:32c'est étonnant que vous disiez
02:33que vous avez vu des bandeaux
02:35comme ça à la télévision
02:36parce que dans son livre
02:38l'ex-patron de l'antiterrorisme
02:40Fijip Chadris
02:40raconte que vous l'appeliez
02:42pour vérifier ce que disaient
02:44les chaînes infotans
02:45il y avait de rumeurs
02:46et de choses
02:47dites par la télé
02:49Dans ces situations
02:50vous avez surtout
02:51plus l'information est rapide
02:52plus elle est brute
02:53et plus elle est fragile
02:54donc il faut toujours
02:55essayer de la vérifier
02:56mais bon
02:58moi quand j'ai vu ces bandeaux
02:59j'ai pris ça très au sérieux
03:00c'était annoncé
03:02on a annoncé
03:02de très nombreux morts
03:05et puis j'ai vite vérifié
03:07en réalité
03:08Et vous êtes même déplacé
03:10au Bataclan ce soir-là
03:11c'est assez inhabituel ?
03:13Non, non, non
03:14c'est vraiment la culture
03:15du procureur
03:16c'est effectivement
03:16d'aller sur place
03:17souvent
03:18pour ça qu'on a l'habitude
03:19on a en théorie
03:21l'habitude des scènes de crime
03:22mais là bon
03:22ça dépassait tout ce
03:23qu'on pouvait imaginer
03:24mais c'est toujours bien
03:26d'aller sur le terrain
03:27parce que vous n'êtes pas
03:28dépendant des informations
03:29qu'on peut vous donner
03:30vous voyez
03:30vous entendez
03:31vous faites une idée
03:32par vous-même
03:32donc quelque part
03:34ça rentre dans la réactivité
03:36ça peut vous permettre
03:37de gagner du temps
03:38et en ayant les bonnes informations
03:40de prendre les bonnes décisions
03:41plus rapidement
03:42et vous n'avez pas été
03:43submergé par l'émotion
03:45on se dit qu'on est
03:45face à une...
03:47bien sûr
03:47mais bon
03:48la fonction ne vous protège pas
03:50de ces émotions
03:50la fonction ne vous protège pas du tout
03:52d'autant que
03:52moi j'ai l'habitude
03:53des scènes de crime
03:54mais je n'avais jamais vu
03:55des scènes comme ça
03:56donc forcément
03:56on est submergé par l'émotion
03:58cette émotion
03:59il faut arriver à la gérer
04:00parce qu'on a un travail à faire
04:02et il faut essayer
04:03de le faire le mieux possible
04:04est-ce qu'il y a un détail
04:05qui est resté
04:06dans votre mémoire ?
04:07il y en a des tas
04:08il y a toujours
04:10je le dis toujours
04:11l'image de cette dame
04:12dont la tête repose
04:13sur un sac
04:14dans lequel il y a un téléphone
04:15qui n'arrête pas de sonner
04:15au Bataclan
04:16j'ai toujours moi l'image
04:18quand je suis rentré
04:19au Bataclan
04:20d'un pauvre gars
04:22qui était dans le bar à côté
04:23qui n'était pas du tout
04:24dans la salle de spectacle
04:24et qui avait été tué
04:26je pense que ça avait été
04:27peut-être le premier tué
04:28lorsqu'ils sont rentrés
04:29avant qu'ils rentrent
04:30dans la scène
04:31les balles fichées
04:34dans le comptoir
04:35le comptoir du bar
04:37le carillon
04:37j'ai des tas d'images
04:39qui sont restées
04:39et qui ne partiront jamais
04:40est-ce que cette immersion
04:42dans le Paris
04:42à feu et à sang
04:43a eu une influence
04:45sur la façon
04:45dont vous avez ensuite
04:46fait votre travail
04:48communiqué
04:49sur ce qu'il se passait
04:50dans Paris
04:52sur ces attentats
04:53si vous voulez
04:53ce soir-là
04:53en réalité
04:54on comprend bien
04:55en réalité
04:55que l'attentat
04:57il suscite
04:58une sorte
04:59une situation de chaos
05:00et ça on le voyait
05:02très bien dans Paris
05:02le soir
05:03plus on s'approchait
05:04on avait l'impression
05:06on ressentit
05:07une tension énorme
05:08une impression
05:09de chape de plomb
05:10avec une sidération
05:11je pense qui a concerné
05:12beaucoup de gens
05:13ce soir-là
05:14tout le monde
05:16se faisait du souci
05:17pour les proches
05:17les enfants
05:18les amis
05:18qu'il avait dans le quartier
05:19donc effectivement
05:20je pense que ça
05:21a certainement aidé
05:23à comprendre
05:23effectivement
05:24l'état de perdition
05:26et de chaos
05:26dans lequel se trouvait
05:27la société
05:28et qui nécessitait
05:29effectivement
05:29qu'on apporte
05:30des informations
05:31qui soient claires
05:32qui soient précises
05:32qui soient objectifs
05:33et c'est ça aussi
05:34le but de la communication
05:35dans une situation
05:37de chaos
05:38comme ça
05:38après un attentat
05:39c'est de montrer
05:40à nos concitoyens
05:43que les institutions
05:44fonctionnent
05:45que les choses
05:45sont en place
05:46que la police judiciaire
05:47travaille
05:47le parquet aussi
05:48pour essayer de trouver
05:49les gens qui ont fait ça
05:50et comment on choisit
05:51le moment où l'on parle
05:52et ce que l'on dit
05:53ou ce que l'on ne dit pas
05:54ou ce que l'on cache
05:54alors sur les moments
05:56il y a des moments clés
05:57quand il y a des gros attentats
05:59comme ça
06:00c'est quelques heures après
06:01parce qu'il faut quand même
06:02on ne peut pas parler trop vite
06:03si on parle trop vite
06:04on court le risque
06:05de dire des bêtises
06:05donc il y a quand même
06:07quelques heures nécessaires
06:07pour avoir une information
06:08qui soit vraiment fiable
06:09et ça je pense
06:10que c'est aussi
06:11l'intérêt des journalistes
06:12qui vont entendre ça
06:13et le répéter
06:15le dupliquer
06:16et sur ce qu'on peut dire
06:18ou pas
06:18il y a des choses
06:19qu'on ne peut pas dire
06:21pour des raisons
06:22d'ailleurs différentes
06:22on ne peut pas dire
06:23des choses
06:24qui soient de nature
06:25à venir compliquer
06:27le déroulement de l'enquête
06:28donc il y a des investigations
06:29à venir
06:30qui doivent rester secrètes
06:31on ne peut pas en parler
06:31et puis il y a quelque chose
06:33dont je me suis toujours
06:34interdit de parler
06:35c'est toute chose
06:37qui pourrait constituer
06:38une atteinte
06:38à la dignité des victimes
06:39alors bon
06:41personne n'est parfait
06:42moi vous m'avez
06:43vous ne m'avez jamais entendu
06:45vous ne m'entendrez jamais dire
06:47des détails
06:47de salles de crimes
06:48parce que je trouve
06:49qu'il y a des choses
06:51que les familles de victimes
06:52n'ont pas à apprendre
06:53de cette façon
06:53ceux qui ont survécu
06:55au Bataclan
06:55parlent aujourd'hui
06:56n'ont plus peur
06:57de raconter cette soirée
06:58ce qui frappe aussi
06:59c'est qu'ils disent
07:00à quel point le procès
07:01a été important pour eux
07:02c'est tout le miracle
07:03de la justice
07:03oui
07:05la justice je pense
07:06a eu une fonction
07:08d'apaisement
07:09et de réparation
07:09avec ce procès
07:10parce que
07:11je pense que
07:12ce procès
07:15a eu plusieurs vertus
07:15d'abord de montrer
07:16effectivement
07:17que la justice passait
07:18mais en s'inscrivant
07:19dans l'état de droit
07:20avec les valeurs
07:21de notre démocratie
07:22et les règles
07:22de l'état de droit
07:23et puis surtout
07:24ce procès
07:24qui a duré
07:25plus de neuf mois
07:26un procès
07:27s'est fait
07:28pour statuer
07:28sur la culpabilité
07:29de quelqu'un
07:30c'est l'objet premier
07:31il faut que ça le soit
07:32c'est d'abord ça
07:33mais ce procès
07:34il a eu aussi
07:35l'immense mérite
07:37de savoir faire
07:37une place aux victimes
07:38avec une cour
07:40et un président
07:40qui a très bien géré ça
07:41Jean-Louis Perriès
07:43qui a pris le temps
07:44d'écouter
07:44et de permettre
07:45à toutes les victimes
07:46qui voulaient s'exprimer
07:47de le faire
07:47tout en respectant aussi
07:49le droit des victimes
07:50qui ne voulaient pas parler
07:51de ne pas parler
07:52et ça c'était bien
07:53On a appris ce week-end
07:54que trois jeunes femmes
07:55avaient été arrêtées
07:55fin octobre
07:56alors qu'elles voulaient
07:57s'en prendre
07:57à une salle de spectacle
07:58le jour du 10ème anniversaire
07:59des attentats
08:00c'est une piqûre de rappel
08:01la menace terroriste
08:02ne disparaît pas
08:04même si elle évolue
08:05Elle disparaîtra
08:06et elle ne disparaîtra jamais
08:07il n'y aura jamais
08:08de risque zéro
08:09en matière de terrorisme
08:10elle sera toujours là
08:11elle est toujours vive
08:12elle a toujours
08:13beaucoup de vigueur
08:14même si les formes
08:15ne sont pas les mêmes
08:16qu'à 10 ans
08:17l'hypothèse du commando
08:18projeté du Bataclan
08:19il est certainement
08:21on ne sait pas
08:22dépassé
08:23mais il y a la fameuse
08:25menace inspirée
08:26chez soi
08:27sur les réseaux sociaux
08:29avec un rajeunissement
08:30des gens
08:31qui sont susceptibles
08:32de passer à l'acte
08:33souvent sur un mode
08:34individuel
08:35mais là effectivement
08:36j'avais eu une affaire
08:37comme ça
08:37quand j'étais au parquet de Paris
08:39avec trois jeunes femmes
08:40qui devaient monter à Paris
08:41pour aller faire
08:42un attentat
08:42dans une salle de spectacle
08:43ça m'a fait penser à ça
08:44l'information que vous donnez
08:45mais ça va continuer
08:47parce que le terrorisme
08:48c'est une sorte de guerre
08:50des temps modernes
08:51et ça ne s'arrêtera pas
08:52vous avez sans doute
08:54suivi l'info de ce jour
08:55la remise en liberté
08:56de Nicolas Sarkozy
08:57il ne sera pas autorisé
08:58à rencontrer
08:59Gérald Darmanin
09:00le garde des Sceaux
09:01qui lui avait rendu visite
09:02en prison
09:02une petite réaction
09:03est-ce que vous comprenez
09:04cette décision de la cour d'appel ?
09:05je ne l'ai pas lu
09:06donc j'ai un peu de difficulté
09:08pour en parler
09:09je n'ai pas vu sa motivation
09:10mais non
09:12je pense que ça participe
09:13d'un souci de la justice
09:14pour permettre
09:16que les choses
09:18se passent
09:19avec un maximum
09:19de garantie
09:20en termes de sérénité
09:22et de conservation
09:23des indices et des preuves
09:25dans la mesure
09:25où il y a
09:27visiblement
09:28une grande proximité
09:29entre le garde des Sceaux
09:30et le Sarkozy
09:31puisqu'il est allé
09:31le voir en prison
09:32et que je crois
09:33que c'était un peu
09:34son mentor
09:35je pense qu'il faut
09:36lire la décision
09:38et voir sa motivation
09:39mais j'imagine
09:40que les juges
09:41avant de prendre
09:42une décision comme ça
09:43ont bien dû peser
09:44au trébuchet
09:46les mots qu'ils employaient
09:47c'est un affront
09:48pour le garde des Sceaux ?
09:51je ne sais pas
09:54question à me poser
09:55merci beaucoup
09:57François Moellin
09:58je précise que vous êtes
09:59l'auteur d'un livre
09:59paru l'an dernier
10:00au nom du peuple français
10:01aux éditions Flammarion
10:02où vous racontez
10:03votre parcours
10:04et notamment
10:04les années de lutte
10:06contre le terrorisme
10:07merci encore
10:07dans un instant
10:08on retrouve Florian Gazan
10:09qui repachera l'info
10:10qu'on a failli manquer
10:11puis dans la tentation
10:12du soir
10:12Sophie Orange
10:13nous présente
10:14le dernier roman
10:14de Ken Follett
10:15le célèbre auteur
10:16de Polar
10:17et de roman historique
10:18il s'attaque
10:19à la préhistoire
10:20cette fois
10:20à tout de suite
10:20cette interview
10:22est à retrouver
10:23sur l'appli RTL
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