Jean-Paul Rouve est l'invité d'Anne-Sophie Lapix.

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Pour son retour au théâtre, Jean-Paul Rouve enfile le costume de Monsieur Jourdain, « Le Bourgeois Gentilhomme » de Molière, à partir du 3 octobre au théâtre Antoine, à Paris. Il est l'invité d'Anne-Sophie Lapix dans RTL Soir. Regardez L'invité d'Anne-Sophie Lapix du 30 septembre 2025.

Transcript

00:01Anne-Sophie Lapix, RTL Soir.

00:03Notre invité est aussi crédible en héros sombres, en séducteurs qu'en vieilles stars péroxidées,

00:09je pense à Paul Nareff dans Podium, ou en chef de famille des Tuches.

00:13Jean-Paul Rouve, bonsoir.

00:14Bonsoir.

00:15Et vous continuez de varier les plaisirs puisque vous venez nous parler du bourgeois gentilhomme

00:19que vous allez interpréter au théâtre.

00:20Antoine, quand aviez-vous joué pour la dernière fois du Molière ?

00:24Oh là là, du Molière ?

00:25Écoutez, ça date puisque c'était à l'époque, je sortais du cours Florent

00:29et nous avions joué le Georges Dandin avec PEF, futur Robin Desbois,

00:34et mis en scène à l'époque, Tenez-vous bien, par Stéphane Brisé,

00:37qui est aujourd'hui un grand réalisateur de cinéma.

00:39Bien sûr.

00:40Et alors, qui a eu l'idée de vous confier ce rôle magistral de M. Jourdain ?

00:44Eh bien, c'est moi.

00:45Jérémy Le Mal, le metteur en scène, m'a appelé en disant

00:47« Écoute, t'as pas envie de faire du tata à la rentrée ? »

00:50Je dis « Oui, on lit des pièces ».

00:51Et moi, évidemment, je relis des classiques, dont des Molières,

00:55et je relis le bourgeois que je n'avais pas lu, je pense, depuis le collège.

00:58Et je me suis tellement amusé, je trouvais ça tellement moderne,

01:01tellement drôle surtout, avec des humours, plein de types d'humour,

01:06de l'absurde, un humour presque à la Fédo, à Marivaux,

01:11ou alors on dirait un film de Francis Beber,

01:13que je me suis dit « Tiens, j'ai envie de m'y coller » et on est parti là-dessus.

01:16Donc en fait, quand vous pensez au bourgeois gentilhomme,

01:18vous pensez à vos cours de collège, c'est quasiment régressif en fait ?

01:22Oui, vous avez raison, parce que le bourgeois,

01:24je crois que c'est une des premières pièces qu'on étudie au collège.

01:27Alors, quand vous vous attaquez au bourgeois gentilhomme,

01:30vous voyez ça comme une espèce de petite gourmandise,

01:33ou plutôt un Himalaya du théâtre ?

01:36Ben, écoutez, les deux à la fois, mon capitaine.

01:39Il ne faut pas avoir peur, ce n'est pas non plus,

01:41ce n'est pas la statue du commandeur, pour citer Don Juan.

01:44Je me dis, c'est comme si c'était un ami, un copain,

01:47un copain qui nous envoie une pièce, qui dit « Écoutez les gars, j'ai écrit ça,

01:50est-ce que ça vous fait marrer ? »

01:52Et je pense que c'est la meilleure façon de l'aborder,

01:55comme un camarade.

01:56On ne se dit pas « Molière l'a joué » aussi.

01:58Ah non !

01:59Oui, Molière l'a joué, et ça devait être très drôle,

02:02donc moi, ce que je me dis, tiens, s'il était dans la salle,

02:05est-ce que ça le ferait marrer ?

02:06Vous l'avez comparé à Tuches ?

02:08Oui, je l'ai comparé à Tuches.

02:09Non, ce qui m'intéresse, moi, ce n'est pas seulement les Tuches,

02:11même dans le cinéma que je fais, même d'où je viens, tout.

02:14Moi, j'adore parler de la nature humaine,

02:17et j'adore les gens qui sont propulsés hors de leur monde,

02:20ou qui veulent accéder à un autre monde,

02:22à un paraître, à une image, à un monde rêvé.

02:25Moi, je viens de Provinces, je suis arrivé à Paris.

02:28Les Tuches, c'est un peu ça.

02:29Le bourgeois gentilhomme, c'est ça.

02:31C'est un marchand qui aimerait bien accéder à la culture, à la noblesse.

02:35Et ça, ça m'intéresse.

02:36Sauf qu'il est peut-être plus attendrissant, Tuches.

02:39Non, alors, ça dépend comment on joue.

02:40Mais c'est vrai que, moi, en tout cas,

02:43l'axe qu'on a choisi avec Jérémy,

02:46je pense qu'il est assez attendrissant, le bourgeois.

02:48Moi, ça me plaît, ce personnage,

02:50parce qu'à un moment, il dit quand même,

02:51il dit, bah oui, c'est vrai,

02:53j'ai réussi professionnellement,

02:56parce que c'est un marchand, il a réussi.

02:57Est-ce que j'ai le droit de me faire plaisir aujourd'hui ?

03:00Est-ce que j'ai le droit d'apprendre des choses ?

03:02Est-ce que j'ai le droit d'apprendre les belles choses ?

03:04Oui, il a le droit, alors il se fait manipuler, tout.

03:06Mais sa démarche, je la trouve très honnête et très sincère.

03:09Alors, le miracle de Molière, c'est que ça marche.

03:11Toujours, toujours aussi bien.

03:12C'est bien écrit.

03:13Voilà, ses pièces traversent les siècles.

03:15Comment on y met sa patte ?

03:16Ah, bah voilà.

03:17On y met sa patte avec, j'espère, sa sincérité,

03:20son originalité, sa personnalité.

03:23Moi, je voulais absolument,

03:24j'étais obsédé par ça quand on a commencé à travailler,

03:27je voulais que le texte soit parlé.

03:29Parler, ça veut dire qu'on comprenne ce texte,

03:31qui date du 17e,

03:33comme si on parlait aujourd'hui.

03:34Donc, je veux qu'un enfant, que tout le monde puisse comprendre.

03:37Donc, c'est un gros travail sur le texte

03:38pour vraiment le rendre comme une matière actuelle.

03:43Et j'avais beaucoup parlé à l'époque

03:44avec le regretté Jean-Pierre Bacry,

03:46qui avait joué à l'époque Les Femmes Savantes.

03:48J'étais allé le voir au théâtre.

03:49Et c'était incroyable.

03:50Il parlait le texte, j'avais l'impression qu'il improvisait.

03:52Et j'en vais parler avec Jean-Pierre.

03:54Mais comment tu fais ?

03:54Comment tu travailles ?

03:55Parce que c'est du travail, c'est de la technique.

03:57Ça veut dire que vous avez travaillé comme un malade, en fait, c'est ça ?

03:59Oui, oui, oui.

04:00Il n'y a pas de secret.

04:01Le travail, le travail, le travail.

04:03Il n'y a que ça.

04:03Et on continue à travailler.

04:05Là, d'ici le 3, on travaille tous les jours, tous les jours, tous les jours.

04:08Et je relis la pièce tous les jours.

04:09Et je fais mon Michel Bouquet, quoi.

04:11Oui, je vois très bien.

04:13Et puis, il y a plein de monde avec vous.

04:15Oui, on est beaucoup, on est 14.

04:16Ce qui est rare dans le théâtre privé.

04:18Parce que ça coûte cher.

04:19Et donc, ça, c'est merci Jean-Marc Dumonté qui est produit.

04:22Il faut le reconnaître.

04:23On a des danseurs, on a des acrobates, on a des chanteurs.

04:26Parce que c'est une comédie balai à la base.

04:28La musique de Lully.

04:29Bien sûr, il y a la musique de Lully.

04:31Elle a été remixée ?

04:32Oui, c'est ça.

04:33Réarranger parfois.

04:35Ça, c'est le beau travail de Jérémy.

04:37Et la pièce, on le fait vraiment à l'époque de Molière.

04:40Parce que c'est important.

04:41Sinon, ça ne sert à rien.

04:41Mais il se permet des petits décalages, des petits clins d'œil que je trouve croustillants.

04:49Est-ce que vous avez un passage préféré ?

04:50Alors, cette pièce-là, elle a quand même ce qu'on appelle des tubes.

04:53Comme un chanteur qui a des tubes.

04:55Molière, il a des tubes.

04:56Il y a des trucs qu'on connaît.

04:57Et là, c'est la scène avec le maître de philosophie qui lui apprend à parler.

05:03Enfin, qui lui apprend à parler.

05:04Qui essaie de lui apprendre.

05:05Et Jourdain qui s'émerveille un peu de tout.

05:08On l'a fait ?

05:10Enfin, on l'a fait.

05:10Vous l'a faites et moi, je vous donne la réplique comme je peux.

05:13Parce que je n'ai même pas relu.

05:14Allez, on essaye ?

05:15On essaye.

05:16Et on reprend si on se plante.

05:17Ok.

05:17Très bien.

05:18Au reste, il faut que je vous fasse une confidence.

05:20Je suis amoureux d'une personne de grande qualité.

05:23Je voudrais que vous m'aident à lui écrire quelque chose dans un petit billet que je veux laisser tomber à ses pieds.

05:29Fort bien !

05:30Oui, cela sera galant, oui.

05:32Sans doute.

05:33Sont-ce des vers que vous lui voulez écrire ?

05:35Non.

05:35Non, point de vers.

05:37Vous ne voulez que de la prose ?

05:38Non, je ne veux ni prose ni vers.

05:40Il faut bien que ce soit l'un ou l'autre.

05:42Pourquoi ?

05:43Par la raison, monsieur, qu'il n'y a pour s'exprimer que la prose ou les vers.

05:47Il n'y a que la prose ou les vers ?

05:49Non, monsieur.

05:49Tout ce qui n'est point prose est vers.

05:51Et tout ce qui n'est point vers est prose.

05:54Et comme l'on parle, qu'est-ce donc que cela ?

05:58De la prose.

05:59Quoi ?

06:00Quand je dis, Nicole, apportez-moi mes pantoufles et me donnez mon bonnet de nuit, c'est de la prose.

06:06Oui, monsieur.

06:07Mais par ma foi, il y a plus de 40 ans que je dis de la prose, sans que j'en suce rien.

06:13Et je vous suis le plus obligé du monde, monsieur, de m'avoir appris cela.

06:17Ben écoute, pas mal, parce que vous n'aviez pas lu avant.

06:20Non, je n'avais pas lu, oui.

06:21Comme vous dites.

06:22Ben écoutez, merci, merci.

06:24Ça me rappelle des souvenirs d'enfance, moi aussi.

06:26Ben voilà.

06:26Ben oui, forcément.

06:27Forcément.

06:28C'est vrai que vous êtes un auditeur fidèle de RTL depuis votre plus tendre enfance ?

06:32Ah ben oui, moi j'ai grandi avec RTL.

06:34Vraiment.

06:35Parce qu'à la maison, on écoute RTL en grandes ondes.

06:38Et donc, toute mon enfance est bercée par RTL et bercée par Fabrice, par ma mère qui écoutait Méni Grégoire,

06:45par après Patrick Sabatier.

06:47Ben oui, bien sûr.

06:48Moi, j'ai les vacances, j'ai écouté les météos des plages, la valise RTL.

06:54Qui existe toujours, bien sûr.

06:56Oui, oui, moi j'ai grand...

06:57C'est vraiment...

06:58Les jingle RTL, c'est une malleine de Proust pour moi.

07:00Vous avez grandi dans le Nord, vous le disiez.

07:02À Dunkerque, oui.

07:02Voilà.

07:03Et vous avez pris des cours de théâtre à l'adolescence.

07:05Mais ensuite, vous avez fait quand même des études, une licence avant...

07:08C'est ça.

07:09... d'aller, de retourner vers le théâtre.

07:11En fait, j'étais en information communication à Lille, j'ai fait de la licence.

07:14Et en cours de maîtrise, là vraiment, j'ai dit à mes parents, j'en peux plus.

07:18Et là, je suis rentrée au cours Florent.

07:21Et votre professeur ?

07:22C'était Isabelle Nanty.

07:23C'est fou quand même.

07:24C'est quand même complètement...

07:25Mais oui, Isabelle, elle m'a suivi comme beaucoup, toute notre vie.

07:28C'était notre prof.

07:29Ensuite, Isabelle, elle remplace un comédien qui décide de nous lâcher sur la pièce

07:33des Robin Desbois.

07:34Ensuite, quelques années après, on se retrouve à jouer ensemble dans les tuches.

07:38Et depuis, on se quitte plus.

07:39Et vous l'avez mise en scène, donc, puisque vous avez réalisé le dernier tuche.

07:44On ose musculer son ancien professeur ?

07:47Alors, je vais vous dire, Isabelle, on se connaît depuis tellement longtemps.

07:50Je ne me rends même pas compte que tu as mis en scène Isabelle.

07:52Non.

07:53Parce qu'Isabelle, déjà, le rôle de Cathy, elle le connaît par cœur.

07:55Et c'est un plaisir d'un camarade, camaraderie d'acteur.

07:59Juste, on s'amuse beaucoup.

08:01Elle va bien, on prend toujours...

08:02Oui, franchement, oui, ça va.

08:03Elle a été blessée, elle a eu un accident.

08:05Donc, il faut qu'elle ait du repos.

08:06Et puis, elle va se remettre et tout.

08:08Il n'y aura pas de séquelles, il n'y aura rien.

08:09Bon, elle a des codes de cassé.

08:11Mais, ça a failli être grave, quoi.

08:13Donc, elle s'en est bien sortie.

08:15Et elle sera avec vous pour le sixième tuche ?

08:17J'ai une idée, pour le prochain.

08:20C'est quoi l'idée ?

08:21Non.

08:21Ben non, vous ne saurez pas.

08:23Non, non, non, vous venez d'arriver.

08:24Vous ne voulez pas avoir des scoops tout de suite.

08:25Oui, ok.

08:26Vous allez travailler un peu, ça va durer.

08:28Ok, vous reviendrez alors.

08:29Oui, je reviendrai.

08:29Merci beaucoup, Jean-Paul Rouve.

08:31Je rappelle que vous êtes au théâtre Antoine

08:32à partir du 3 octobre.

08:34Oui, exactement.

08:35On joue tous les jours du mardi au samedi.

08:37Et on joue deux fois le samedi, en matinée, le soir.

08:39Mise en scène de Jérémy Lipman.

08:40Lipman, oui.

08:41Merci encore.

08:42Merci, votre école.

08:43Merci.

08:44Dans un instant, on vous parle de chimpanzés

08:46un peu portés sur l'alcool.

08:48Ce sera l'info à Ne pas rater de Florian Gazan.

08:50Et Marie Giquel nous plonge dans le noir

08:52dans sa tentation du soir.

08:53Le noir plein de lumière du peintre Pierre Soulage.

08:56A tout de suite.

08:56RTL Soir

08:59Anne-Sophie Lappie

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