- il y a 12 heures
Dix ans après les attentats du Bataclan et de Charlie Hebdo, où en est la menace terroriste en France? Céline Berthon, la directrice générale de la Sécurité intérieure, est l'invitée de RTL Matin.
Regardez L'invité RTL de 7h40 avec Thomas Sotto du 10 novembre 2025.
Regardez L'invité RTL de 7h40 avec Thomas Sotto du 10 novembre 2025.
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00:007h41
00:00Thomas Soto, RTL Matin
00:03Elle est la patronne de la DGSI, autrement dit la directrice générale de la sécurité intérieure.
00:08Ses interventions publiques sont rarissimes.
00:10Céline Berton est l'invité d'RTL Matin.
00:11Bonjour et bienvenue sur RTL, Céline Berton.
00:13Bonjour M. Soto.
00:14Il y a 10 ans, le 13 novembre 2015, la France était saisie par la douleur et par la peur
00:18après les attentats qui, rappelons-le, ont fait 132 morts, des centaines de blessés dans leur corps et dans leurs âmes.
00:2410 ans après, Céline Berton, faut-il avoir peur quand nos enfants, nos proches, se rendent à un concert, à un match ou à une manifestation publique ?
00:32Non, je crois qu'il ne faut pas avoir peur, mais il faut conserver à l'esprit que 10 ans après,
00:38même si le visage de la menace terroriste a évolué en France, cette menace existe encore
00:44et qu'il est important que nous maintenions une posture de vigilance comme nous l'avons eu collectivement depuis maintenant plus de 10 ans.
00:51Donc on reste vigilant, la menace existe. Les commémorations de ces 10 ans dans les jours qui viennent,
00:56cet anniversaire, entre guillemets, constituent-ils un pic d'inquiétude, un pic de menace ou pas pour vous ?
01:01Ça doit être un moment de vigilance, le ministre de l'Intérieur l'a rappelé récemment.
01:04Il l'a dit hier sur RTL.
01:05Absolument, pour deux raisons. La première, c'est que c'est évidemment un événement à forte charge symbolique,
01:12à la fois s'agissant des sites qui ont été victimes de ces attaques mortelles il y a maintenant 10 ans,
01:17et aussi parce qu'il y aura un moment de commémoration qui aura lieu le 13 novembre.
01:23Et enfin parce que c'est la référence à ce qui a été l'élément paroxystique de la puissance de l'État islamique.
01:31N'oublions pas, je trouve que c'est important de le rappeler aujourd'hui,
01:34vous indiquez tout à l'heure en ouvrant le journal, je crois, de 7h, l'importance de se souvenir.
01:39Le 13 novembre 2015, c'est le fait le plus grave imputé à l'État islamique en Occident.
01:47Ce sont les attentats mortels et avec le nombre de blessés le plus important qui est connu la France.
01:54Et c'est aussi la traduction opérationnelle sur notre territoire de ce qui a été l'avènement de la stratégie
01:59de menaces projetées menées par cette organisation.
02:02Et c'est important de s'en souvenir.
02:04On comprend la portée symbolique pour avoir une action terroriste cette semaine.
02:08Mais quand on parle et quand vous parlez de vigilance renforcée, ça relève du principe de précaution
02:12ou est-ce qu'il y a des menaces précises, des menaces d'actualité là pour vous ?
02:15Au moment où je vous parle, et nous sommes toujours très prudents quand nous évoquons ces faits,
02:18parce que ça peut changer de manière extrêmement rapide,
02:21au moment où je vous parle, nous n'avons pas de menaces concrètes identifiées ou détectées
02:26pour cette semaine du 13 novembre.
02:28A combien d'actes terroristes a-t-on échappé depuis le début de l'année,
02:31et peut-être plus globalement depuis 10 ans ? Est-ce que vous avez des chiffres ?
02:33Alors je peux vous donner quelques chiffres.
02:36La particularité de la menace terroriste aujourd'hui,
02:39c'est probablement qu'elle se traduit moins que ce que nous avons vu au milieu des années 2010.
02:44Et ce n'est pas parce que nous ne la voyons pas,
02:45ce n'est pas parce que notamment nous pouvons contribuer à déjouer des attentats,
02:51qu'elle n'existe pas.
02:52Et je vais prendre les chiffres de l'année 2025
02:54pour vous donner une idée.
02:57Au cours de l'année 2025, qui n'est pas encore terminée,
02:59l'ensemble des services antiterroristes de renseignement et judiciaire
03:02ont contribué à la détection de six projets d'attentats.
03:07Et donc ont pu rendre possible,
03:09et ont pu déjouer six projets d'attentats.
03:12Mais nous avons aussi connu en 2025,
03:16trois attentats.
03:17Deux d'entre eux ont été mortels,
03:19donc ont causé deux décès,
03:21et l'un d'entre eux a causé des victimes blessées,
03:24mais non mortelles.
03:24Donc ça fait neuf attentats ou tentatives d'attentats.
03:26Est-ce que vous comptabilisez ces trois jeunes femmes
03:29de 18, 19 et 21 ans radicalisées
03:31qui ont été interpellées début octobre,
03:33puis mises en examen pour association de malfaiteurs terroristes,
03:35on l'a appris ce week-end.
03:37Quel était leur projet ?
03:38Est-ce qu'elles étaient vraiment au bord de passer à l'acte,
03:40ou est-ce que c'est du préventif que vous avez fait ?
03:42Alors, dans les chiffres que je vous ai donnés,
03:44je comptabilise effectivement ce projet d'action violente
03:47qui a été détecté par les agents de la Direction Générale de la Sécurité Intérieure,
03:51à qui je veux rendre un hommage
03:52pour leur action quotidienne déterminée et incessante.
03:57La difficulté à laquelle nous sommes confrontés aujourd'hui,
04:00c'est qu'on regarde l'évolution de la physionomie de la menace.
04:03Il y a dix ans, nous avions des menaces projetées
04:05avec des commandos d'hommes armés, entraînés,
04:08qui s'organisaient longtemps à l'avance,
04:11qui étaient formés en Syrie,
04:13qui étaient projetés avec un projet d'action violente déterminé
04:17et qui ensuite se réalisaient au tout dernier moment sur notre territoire.
04:21Nous avons aujourd'hui affaire à une menace
04:23qu'on qualifie davantage d'endogène,
04:24vous entendez souvent ce mot-là,
04:26qui correspond à des personnes,
04:27hommes ou femmes,
04:28qui vivent en France,
04:29qui sont présents sur notre territoire,
04:31qui adhèrent à l'idéologie mortifère de l'État islamique,
04:35mais qui la vivent davantage de manière virtuelle,
04:38dans le cadre de connexions numériques,
04:40et qui, ce faisant, en consommant de la violence,
04:42en consommant de la propagande,
04:44en consommant des modes opératoires
04:45promus par l'État islamique,
04:48conçoivent, réfléchissent et imaginent des projets.
04:50C'est le cas pour ces jeunes femmes,
04:52et la difficulté ou l'enjeu pour nous à chaque fois
04:54est évidemment de parvenir à les détecter,
04:57et deuxièmement d'être capables d'appréhender
04:59à quel niveau de préparation nous sommes.
05:01Je pense, et nous avons l'obligation d'agir
05:03pour ne pas laisser le risque se réaliser,
05:06nous pouvons avoir des individus
05:08qui fantasment dans leur écosystème,
05:11dans leurs interactions virtuelles,
05:14la réalité de leur passage à l'acte,
05:15mais nous ne pouvons pas vivre avec ce risque,
05:17et notre rôle, c'est, une fois qu'on l'a détecté,
05:20de caractériser leur degré de préparation
05:22et d'entraver leur passage à l'acte.
05:23Vous essayez de les arrêter avant,
05:24et après vous estimez si c'était la veille
05:26ou pas la veille du passage à l'acte.
05:28Est-ce que la situation à Gaza
05:29crée un nouveau risque chez nous, en France ?
05:31La situation internationale, en général,
05:34a des impacts sur notre territoire.
05:36Mais aujourd'hui, est-ce qu'il y a une menace à Gaza ?
05:37Est-ce que les juifs de France sont devenus une cible ?
05:39Nous avons pu observer,
05:42depuis les attaques commises par le Hamas en Israël,
05:47et depuis la résurgence du conflit israélo-palestinien,
05:50nous avons vu monter le niveau de la menace
05:52sur notre territoire,
05:54avec effectivement un ciblage d'autant plus fort
05:57de la communauté juive
05:59ou des ressortissants israéliens sur notre territoire.
06:02Il faut relever que le sujet d'Israël
06:06ou l'antisémitisme ont pu être des éléments puissants
06:10dans une partie de la propagande djihadiste
06:12de manière historique.
06:14Mais nous avons observé,
06:15depuis le 7 octobre 2023,
06:18une résurgence très forte
06:19et une instrumentalisation très forte
06:21de ces sujets,
06:22notamment pour mobiliser la mouvance en Deuxi.
06:23Donc les juifs de France sont une cible aujourd'hui
06:25pour les terroristes ?
06:26La communauté juive est de fait une cible
06:29et nous avons observé que le conflit à Gaza
06:32ou la communauté juive
06:34pouvait être liée à presque la moitié
06:39des projets d'attentats
06:41que nous avons déjoués depuis 2023.
06:44Je voudrais qu'on se dise quelques mots
06:45de Salah Abdeslam,
06:46qui est le seul survivant du commando
06:47qu'a commis les attentats du 13 novembre,
06:49qui a refait parlé de lui ces derniers jours.
06:51Rappelons qu'il est incarcéré
06:52à la prison de Vendin-le-Vieille.
06:54Il a été placé en garde à vue
06:55car il avait récupéré une clé USB.
06:57Avez-vous des raisons de penser
06:58qu'il préparait un attentat depuis sa cellule ?
07:01Alors je vais me permettre d'être très claire
07:03sur ce sujet,
07:04notamment avec l'accord du procureur antiterroriste
07:09avec qui nous avons eu l'occasion
07:10d'échanger sur ce sujet
07:11encore au cours des dernières heures.
07:13Salah Abdeslam est vraiment
07:14une figure très symbolique.
07:16C'est le seul survivant des commandos
07:19des attentats du 13 novembre.
07:21Mais sur les faits qui lui sont reprochés,
07:22sur lesquels je pense
07:23la justice antiterroriste sera conduite
07:25à communiquer aujourd'hui,
07:27il n'est pas mis en cause
07:28dans un projet d'attentat.
07:30Donc je crois qu'il faut être clair
07:32sur ce sujet.
07:34Mais il y a encore des réseaux,
07:35Abdeslam ?
07:36Il représente encore une menace ?
07:37Salah Abdeslam est un individu
07:40qui demeure radicalisé
07:41et convaincu de l'idéologie mortifère
07:44qu'il a suivi pendant des années
07:45et qu'il a conduit à passer aux actes
07:47que vous connaissez.
07:48Nous n'avons pas de raison de penser,
07:50mais une fois encore,
07:50je n'irai pas sur des champs d'expression
07:52qui relèvent de l'autorité judiciaire,
07:55qu'il soit impliqué
07:56sur des réseaux d'une autre nature.
07:57Et sa compagne
07:58qui lui a fait passer cette clé USB,
07:59elle a un profil terroriste
08:00pour la DGSI ?
08:02Elle fait l'objet d'investigations
08:03sur lesquelles je ne vais pas me prononcer
08:05parce qu'une fois encore,
08:06la justice conduit des investigations
08:08actuellement.
08:09Vous la surveillez en tout cas,
08:10elle est dans vos radars ?
08:11Ce type de profil
08:12fait évidemment partie des gens
08:13qui doivent être nocibles.
08:15Céline Berton,
08:15l'an dernier,
08:16quand vous étiez venue ici même,
08:17vous constatiez que les mises en cause
08:18étaient de plus en plus jeunes.
08:19Est-ce que cette tendance
08:20de mineurs terroristes
08:22s'est confirmée pour vous ?
08:23Mineurs et jeunes majeurs,
08:25je vous le confirme,
08:26je vous parlais de la nature
08:28de la menace telle qu'elle existait
08:30en 2015.
08:31À la fois,
08:33sous l'effet de la perte de puissance
08:35du califat,
08:37de l'incapacité aujourd'hui
08:39à projeter des commandos
08:41depuis l'étranger,
08:43les organisations terroristes
08:44ont fait évoluer
08:45leur modalité d'action
08:46et notamment leur capacité
08:47de produire de la propagande
08:48qui vise davantage
08:49à inspirer.
08:50Comment ça se traduit ?
08:52Ça se traduit évidemment
08:53par un développement
08:53d'une propagande
08:54dans l'ère numérique.
08:56C'est des djihadistes TikTok
08:57comme on dit ?
08:58Notamment.
08:58Nous avons aussi vu
09:00monter en puissance
09:01l'avènement des réseaux sociaux.
09:04Donc une offre,
09:05si je dois résumer les choses,
09:07une offre réalisée
09:09par des organisations terroristes,
09:10majoritairement l'État islamique
09:11en France,
09:12en bout de chaîne,
09:13des consommateurs
09:14qui sont présents
09:16sur les réseaux sociaux,
09:16tout ça contribue
09:17de manière assez logique,
09:19finalement assez naturelle
09:20à une forme de rajeunissement
09:21des porteurs de menaces.
09:22Ils sont combien,
09:23ces jeunes et ces mineurs ?
09:24Ils sont un certain nombre
09:25et je vous confirme,
09:28mais pour l'illustrer,
09:29je vous ai donné
09:29les chiffres des faits
09:30sur lesquels nous avons travaillé
09:31en cette année 2025.
09:33En 2025,
09:34la totalité des mises en cause
09:36que nous avons interpellées
09:37avait entre 17 et 22 ans.
09:40La majorité des personnes interpellées ?
09:41Toutes celles que nous avons interpellées
09:43au cours de l'année 2025
09:45avaient entre 17 et 22 ans.
09:46Et c'est combien de personnes ?
09:49Quelques dizaines de personnes.
09:51Quelques dizaines de personnes.
09:52À la DGSI,
09:53vous êtes aussi en charge
09:53du contre-espionnage
09:54et donc des ingérences étrangères.
09:56D'où viennent ces menaces aujourd'hui ?
09:57On entend beaucoup parler
09:58du rôle de la Russie.
10:00Est-ce qu'elle est une menace
10:01aujourd'hui pour notre pays,
10:02la Russie ?
10:03Juste si vous me permettez
10:04un élément sémantique.
10:06Quand on évoque l'ingérence,
10:08on évoque l'intérêt
10:09d'un pays étranger par nature
10:12à venir se mêler
10:13de nos affaires internes
10:15et en le faisant
10:15de manière hostile.
10:18Donc on peut imaginer
10:18qu'on a un certain nombre
10:20de pays compétiteurs stratégiques
10:22ou avec lesquels
10:23on est en mode de confrontation
10:25directe ou indirecte
10:27au moins pour des sujets de valeur.
10:28Et de fait,
10:30il n'aura échappé à personne
10:31que la France a pris
10:32une position majeure
10:33en termes de soutien à l'Ukraine
10:34et que pour ces raisons-là,
10:36elle est la cible
10:36des intérêts de la Russie.
10:37La Russie en fait partie ?
10:38A l'évidence,
10:39la Russie en fait partie
10:40et vous avez pu,
10:41je pense,
10:42observer et relayer
10:43d'ailleurs
10:44dans les sujets
10:45développés
10:46par vos journaux,
10:49évoquer des faits
10:50qui ont pu être commis
10:51sur notre territoire,
10:52des faits notamment
10:52de vandalisme
10:53et qui ont pu,
10:56au terme des enquêtes
10:57menées à la fois
10:57par les services
10:58de renseignement
10:58ou les services
10:59d'enquêteurs judiciaires,
11:00révéler le fait
11:01que des invidus
11:02agissaient
11:02en provenance
11:03de l'étranger
11:04et probablement,
11:05nous en avons la conviction
11:06pour un certain nombre
11:07d'entre eux
11:07en répondant
11:08à des appels
11:09qui peuvent venir
11:10de la Russie.
11:10De la Russie.
11:11Est-ce qu'il y a un risque
11:11sur les prochaines élections municipales ?
11:13Est-ce que ça vous inquiète ?
11:13Un risque d'ingérence étrangère ?
11:15Nous avons pu observer
11:16sur un certain nombre
11:17de territoires autres
11:18que le territoire national
11:20des phénomènes
11:20d'ingérence étrangère
11:21sur des scrutins.
11:22Donc la Russie
11:23est d'autres pays ou pas ?
11:25Récemment,
11:26c'est davantage
11:27dans le contexte
11:27que je vous ai dépeint
11:28la Russie
11:29qui s'est distinguée
11:30et donc ce risque
11:31pour nous existe
11:32et fera partie
11:33des priorités
11:34que nous développerons
11:35et que nous développons
11:36d'ores et déjà
11:36dans le cadre
11:37de la préparation.
11:38Les ingérences
11:39peuvent aussi être portées
11:40pour les raisons
11:41que je vous ai expliquées.
11:42Une ingérence,
11:43ça vise à vouloir
11:43s'occuper de ce qui se passe
11:44dans notre pays.
11:45Ça peut aussi être
11:46une cible
11:47pour d'autres pays
11:48qui auraient vocation
11:49à vouloir se mêler.
11:50Auquel vous pensez ?
11:51Est-ce qu'il y a un risque
11:52d'infiltration islamiste
11:53par exemple
11:53sur certaines listes municipales ?
11:55Vous savez que
11:56la lutte contre
11:57l'islam politique,
11:58le séparatisme,
11:59le communautarisme
12:00font partie des priorités
12:01qui sont des politiques publiques
12:03aujourd'hui portées
12:04par l'État
12:04et par le gouvernement français.
12:06Ça fait partie des points
12:07sur lesquels nous travaillons
12:08avec d'autres services
12:10pour caractériser les faits.
12:11Je pense qu'il est
12:12un petit peu tôt
12:12pour s'exprimer publiquement
12:14sur ce sujet.
12:14En tout cas,
12:15c'est un sujet
12:15sur lequel vous travaillez
12:16et qui est dans vos radars.
12:17C'est un sujet
12:18sur lequel les services
12:19de l'État français travaillent.
12:20Merci beaucoup Céline Berton
12:21d'être venue sur RTL ce matin.
12:23Je crois que vous devez nous quitter
12:24parce que vous avez...
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