- il y a 6 semaines
- #bookclub
Chères lectrices, chers lecteurs,
Mardi 14 octobre, nous avons eu le plaisir d'accueillir Adélaïde de Clermont-Tonnerre pour le lancement du #bookclub de Petite Mendigote, première soirée dédiée à son nouveau roman Je voulais vivre (désormais Prix Renaudot 2025 !)
🎙️ Discussion animée par Sybille Roger-Vasselin, fondatrice de la marque Petite Mendigote
Vous souhaitant de belles lectures,
L'écume 🌊
La Quatrième : "Par une nuit glaciale, le père Lamandre recueille une fillette de six ans venue frapper avec insistance à sa porte. L’enfant aux yeux admirables tremble de froid et de faim. Elle a les pieds en sang dans ses souliers à boucles d’argent, mais refuse de répondre aux questions qui lui sont posées. Le vieux prêtre ne saura que son prénom : Anne. Vingt ans plus tard, Anne est devenue Lady Clarick. Richissime, courtisée, elle a l’oreille des grands et le cardinal de Richelieu ne jure que par elle. Pourtant, dans l’ombre, quatre hommes connaissent son vrai visage et sont prêts à tout pour la punir de ses forfaits. Manipulatrice sans foi ni loi, intrigante, traîtresse, empoisonneuse, cette criminelle au visage angélique a traversé les siècles et la littérature : elle se nomme Milady.
Voici venu le temps d’écarter la légende pour rencontrer la femme. Même un personnage de fiction peut réclamer justice. Ce roman inoubliable, écrit d’une voix puissamment contemporaine, rend vie à Milady et nous offre son histoire dont Dumas a semé les indices dans Les Trois Mousquetaires.
Magnifique portrait d’une femme libre menant, pour sa survie, un jeu dangereux. Dans une époque où trop d’hommes voudraient la contraindre et la posséder, elle se bat – jusqu’à la transgression ultime – pour son pays, pour son idéal et pour sa liberté."
Mardi 14 octobre, nous avons eu le plaisir d'accueillir Adélaïde de Clermont-Tonnerre pour le lancement du #bookclub de Petite Mendigote, première soirée dédiée à son nouveau roman Je voulais vivre (désormais Prix Renaudot 2025 !)
🎙️ Discussion animée par Sybille Roger-Vasselin, fondatrice de la marque Petite Mendigote
Vous souhaitant de belles lectures,
L'écume 🌊
La Quatrième : "Par une nuit glaciale, le père Lamandre recueille une fillette de six ans venue frapper avec insistance à sa porte. L’enfant aux yeux admirables tremble de froid et de faim. Elle a les pieds en sang dans ses souliers à boucles d’argent, mais refuse de répondre aux questions qui lui sont posées. Le vieux prêtre ne saura que son prénom : Anne. Vingt ans plus tard, Anne est devenue Lady Clarick. Richissime, courtisée, elle a l’oreille des grands et le cardinal de Richelieu ne jure que par elle. Pourtant, dans l’ombre, quatre hommes connaissent son vrai visage et sont prêts à tout pour la punir de ses forfaits. Manipulatrice sans foi ni loi, intrigante, traîtresse, empoisonneuse, cette criminelle au visage angélique a traversé les siècles et la littérature : elle se nomme Milady.
Voici venu le temps d’écarter la légende pour rencontrer la femme. Même un personnage de fiction peut réclamer justice. Ce roman inoubliable, écrit d’une voix puissamment contemporaine, rend vie à Milady et nous offre son histoire dont Dumas a semé les indices dans Les Trois Mousquetaires.
Magnifique portrait d’une femme libre menant, pour sa survie, un jeu dangereux. Dans une époque où trop d’hommes voudraient la contraindre et la posséder, elle se bat – jusqu’à la transgression ultime – pour son pays, pour son idéal et pour sa liberté."
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00:00Alors bonsoir à tous, bonsoir et merci d'être là.
00:05Donc ce soir c'est la première édition du Book Club de Petite Mandigote
00:09et je suis extrêmement heureuse qu'Adélaïde soit notre première invitée.
00:14Alors Adélaïde, on va quand même présenter un peu Adélaïde.
00:18Donc Adélaïde a déjà écrit trois romans, je voulais... non quatre ?
00:21Quatre, donc je voulais vivre le cinquième roman.
00:24Non mais à ta décharge il y en a un qui est sorti juste au moment où on a tous été libérés du confinement du Covid
00:31et donc c'était un moment où on ne faisait pas de tourner en librairie, où on n'allait pas sur les salons
00:36et je remercie tous ceux qui l'ont acheté parce qu'on a quand même eu quelques-uns
00:39et il s'est très bien comporté vu le contexte, mais c'est l'époque où on avait juste envie d'aller boire des coups
00:44et de retourner au cinéma.
00:46D'accord. Et Adélaïde dirige la revue Point de vue, voilà.
00:51C'est tout à fait.
00:52Et elle a quand même le temps d'écrire des super bouquins.
00:55Et la revue Point de vue qui est faite, c'est 80 ans cette année.
00:59Donc quand même...
01:00Bravo.
01:00Ça commence à faire un petit bout de route tous ensemble.
01:03Exactement.
01:04Alors là, on est là pour parler de ton dernier roman, Je voulais vivre.
01:08Donc, je voulais vivre où tu revisites l'histoire de Milady de Winter.
01:14Milady dont Dumas fait l'archétype de la méchante, de la séductrice, de la manipulatrice, de la femme fatale.
01:21C'est l'antagoniste, l'ennemi juré des trois mousquetaires.
01:26Et elle en devient la femme la plus détestée de la littérature française.
01:31Donc, dans ce livre, en fait, tu brises un peu tout ça et tu la réhabilites.
01:35Alors, pourquoi défendre cette femme qu'on a tous un peu détestée en lisant Les Trois Mousquetaires ?
01:43Alors là, j'ai en angle, là, un éminent représentant du club d'Alexandre Dumas.
01:52Donc, je suis très impressionnée parce qu'effectivement, je sais qu'il y a une certaine attente sur pourquoi je me lance sur...
02:02Voilà, comme pourquoi j'ose toucher à ce magnifique chef-d'oeuvre qui nous a tous fait vibrer, enfants, et en tout cas moi.
02:08Alors, ce texte, moi, Les Trois Mousquetaires, il a été fondateur parce que je l'ai découvert très jeune.
02:14Et j'ai passé un été en tête à tête avec lui, littéralement, j'avais 12 ans.
02:19Je vous passe les détails de pourquoi je n'avais que ce livre à lire, la trilogie de Dumas, Les Trois Mousquetaires, 20 ans après, Le Vicomte de Bragelonne.
02:27Et donc, littéralement, pendant un été, je le lis de la première à la dernière page.
02:31Et dès que j'ai fini, je recommence puisque j'en ai pas d'autre.
02:33Et pendant cet été-là, comme beaucoup d'entre nous, je suis folle amoureuse d'Athos, ce beau, ténébreux, torturé, noble, qui nous a toutes fait vibrer.
02:45Je suis charmée par l'audace et la fougue du tout jeune d'Artagnan.
02:49Je suis séduite par l'intelligence assez retorse, il faut bien le dire, d'Aramis.
02:54Et je veux être Constance, Constance qui est la gentille de l'histoire, celle qui est un peu sacrifiée, mais qui est douce, s'aimante, et qui va être, évidemment, ça c'est le grand crime de Milady, sacrifiée, tuée par Milady.
03:09Et Milady, pour moi, est une épouvantable empoisonneuse, une garce, qui, d'une certaine manière, mérite bien ce qui lui arrive.
03:14Autant vous dire que je ne suis pas du tout prête, à 12 ans, dans les modèles un peu qu'on m'a donnés pour mon éducation, à changer de point de vue.
03:26Et ça m'a pris des années.
03:28D'ailleurs, tu avais le même point de vue que nous, parce que finalement, on a tous un peu ce point de vue quand on termine les trois mousqueta.
03:34Et ce qui s'est passé, c'est que des années plus tard, je suis avec mes enfants, ils ont cinq ans, on écoute un livre audio pour petits.
03:42Et là, c'est assez simplifié, les livres audio pour les plus petits.
03:46Et il y a cette phrase qui est venue me percuter, mais vraiment me percuter.
03:50Milady de Winter, cette perverse, qui a 15 ans à peine, a détourné un prêtre du droit chemin.
03:59Alors là, je mets au défi, qui que ce soit dans cette assemblée, à notre époque, avec tout ce qui s'est passé, de se dire,
04:04il y a quand même quelque chose qui cloche dans cette phrase.
04:06Ce n'est pas possible qu'une fille qui n'a même pas 15 ans soit la perverse qui détourne le prêtre qui a le double de son âge.
04:14Au strict minimum, les torts sont partagés.
04:17Et à partir du moment où j'entends ça, comme je connais le texte par cœur, me reviennent énormément d'éléments qui me frappent.
04:24J'ai un moment de sidération en me disant, mais est-ce que c'est normal qu'elle soit marquée au fer rouge, cette femme, en dehors de tout jugement,
04:33par un bourreau qui veut se venger de façon personnelle ?
04:38Est-ce que c'est normal que quand son mari, qui pense l'avoir épousée parce qu'elle est une jeune fille pure et se rend compte qu'elle est marquée à l'épaule, justement,
04:46ce n'est pas qu'il va lui dire, ma chérie, mais que s'est-il passé ?
04:49Non. Il la met à nu et il la pend. C'est un peu expéditif comme rapport de couple. Enfin, moi, ça m'a interrogée, en tout cas.
04:57Et est-ce que c'est normal que dix hommes la capturent et décident d'être ses juges, en dehors, encore une fois, de toute justice,
05:06en décidant qu'ils ont le droit de la juger alors que l'un a été son amant, l'autre son mari, et qu'ensuite, à 25 ans à peine, aimablement, il la décapite ?
05:16Je me suis dit, à notre époque, est-ce qu'on peut vraiment voir ces faits objectifs-là sans se poser des questions ?
05:24Et comme j'ai une passion absolue pour Dumas, je me suis dit, j'ai une indignation très rétrospective en me disant,
05:31ce n'est pas parce que c'est un personnage de fiction qu'elle n'a pas le droit de réclamer justice,
05:35et il faut absolument que je raconte son histoire.
05:37Alors, justement, est-ce que ce n'est pas quand même vertigineux de s'attaquer aux trois mousquetaires ?
05:44Parce que, quelque part, évidemment, ce n'est pas une réécriture des trois mousquetaires,
05:48mais, quelque part, tu t'attaques aux trois mousquetaires.
05:54Ce n'est pas une autre version des trois mousquetaires, mais, enfin, c'est quand même l'histoire de Melody,
05:57c'est une histoire parallèle des trois mousquetaires.
05:59Donc, est-ce que ce n'est pas un peu vertigineux ?
06:02Oui, j'ai eu totalement un moment de vertige en me disant, tu es complètement inconsciente, ma pauvre amie.
06:09Quelle folie est en train de s'emparer de toi.
06:11Et, en même temps, il y a plein de choses qui m'ont...
06:14C'est vrai que j'ai cherché des autorisations.
06:16Et il y a plein de choses qui m'ont autorisée à le faire.
06:18D'abord, j'emprunte à Dumas un personnage qu'il a lui-même emprunté.
06:22Dumas, il l'a emprunté à un romancier qui s'appelait Courtille de Sandras,
06:27qui a écrit les mémoires de M. de Bartagnan, dans lequel il y a déjà Arthos Portos et Rami,
06:32sauf que là, ils sont frères au lieu d'être amis,
06:35et dans lequel il y a déjà une Melody, sauf que ça s'écrit M-I-L-E-D-I.
06:39Et c'est assez drôle parce que cette personnalité-là est elle-même inspirée d'un personnage réel historique
06:47qui s'appelait Lucie Hay, qui était la comtesse de Carlyle, pardon,
06:53et qui était une espionne britannique...
06:55Qui a piqué d'ailleurs les diamants de Buckingham.
06:57Qui a piqué les diamants de Buckingham, sauf que c'était des diamants anglais.
07:01Et que là, Dumas, lui, il leur a fait traverser la manche et que c'est devenu des diamants français.
07:06Donc il y avait plein d'éléments qui faisaient que j'étais un peu en conflit de loyauté.
07:10C'est-à-dire que je voulais être loyale à Dumas, qui est un auteur que j'aime par-dessus tout,
07:14et en même temps, je voulais qu'on puisse éclairer différemment les choses.
07:20Et en fait, si vous y pensez, c'est ça qui fait qu'un chef-d'œuvre dur.
07:23C'est que, quelles que soient les époques, il nous parle.
07:27Et moi, les trois mousquetaires, encore aujourd'hui, me parlent.
07:31Et je pense qu'ils nous parlent à tous.
07:32Pourquoi ? Parce que la personnalité de Minédi, elle était minément contemporaine.
07:37Il y a une raison pour laquelle elle a traversé les siècles et la littérature, cette femme.
07:41Il y a une raison pour laquelle il y a eu tant de bandes dessinées, d'adaptations au cinéma, encore très récemment.
07:47C'est parce qu'elle nous parle de nous, les femmes d'aujourd'hui, et elle parle des hommes et des femmes, encore aujourd'hui.
07:55Alors, ce qui est vrai, c'est que Dumas ne lui donne absolument pas la parole dans son livre.
08:02On ne connaît pas son passé.
08:04On ne sait pas vraiment ce qu'elle ressent.
08:07On l'admire parce qu'elle nous fascine.
08:10Mais c'est vrai qu'au fond, il y a des blancs.
08:13Et tu l'as un peu dit, d'ailleurs, pour expliquer aussi pourquoi tu t'étais attaquée à l'histoire de Minédi.
08:18Alors, c'est vrai que d'ailleurs, ce qui est intéressant dans ton livre,
08:20c'est que tu vas assez vite sur les épisodes de Minédi dans « Les Trois Mousquetaires ».
08:25En fait, tu t'attaches vraiment à raconter son enfance, à raconter son mariage avec Athos,
08:32dont au fond, on ne sait rien ou très peu de choses dans « Les Trois Mousquetaires »,
08:35sur cette relation avec ce prêtre.
08:38Et en fait, tu démêles pas mal de fils et tu justifies quelque part ses actions.
08:45Et donc, comment tu as imaginé cela ?
08:51C'est-à-dire que, voilà, comment tu as imaginé son enfance ?
08:54Comment tu as imaginé son mariage avec Athos, les fêtes dans le château ?
08:58Voilà, comment tu as imaginé tout cela ?
09:00Alors, en fait, à chaque fois, d'abord, la première chose que j'ai imaginée,
09:04c'est que Dumas, c'est le premier showrunner de l'histoire.
09:10C'est-à-dire que c'est celui qui va faire travailler des gens en atelier d'écriture.
09:14C'est lui qui va rendre extraordinairement populaire le feuilleton,
09:18qui est la préfiguration de la série d'aujourd'hui,
09:21avec des personnages qu'on retrouve pendant des épisodes et des épisodes,
09:24avec l'art d'arrêter l'intrigue à un moment palpitant pour qu'on ait envie de continuer,
09:30avec cette capacité, finalement, à déployer des personnages de façon tellement forte
09:36qu'on a le sentiment que ce sont des gens qui nous accompagnent réellement dans notre vie.
09:40Donc, je me suis dit, la première chose que je peux faire, c'est me glisser dans l'atelier d'écriture de Dumas.
09:45Et moi, je vais avoir en charge de déployer les personnages féminins, et particulièrement Milady.
09:51Or, il a fait toute une esquisse, il y a toute une trame.
09:55Et je m'appuie sur énormément des indices qu'il a laissés pour, d'une certaine manière aussi,
09:59rouvrir un cold case.
10:01On est resté sur le procès expéditif de Milady.
10:06Eh bien, je fais le procès en appel, et vous, lecteur, je vous donne les éléments
10:11qui vont vous permettre de vous interroger.
10:13Parce qu'il y a une chose dont je suis profondément persuadée,
10:15moi, en tant qu'écrivain, et en tant que, simplement, être humain,
10:20c'est que je ne crois pas qu'on est mauvais.
10:22Il y a la fameuse phrase de Simone de Beauvoir,
10:24« On ne naît pas femme, on le devient », je ne crois pas qu'on est mauvais,
10:27je crois qu'on le devient.
10:28Donc, comment devient-on la plus grande méchante de la littérature ?
10:32Comment devient-on l'archétype de la femme profondément toxique
10:36et en même temps profondément séduisante ?
10:39Et oui, ça, c'est vrai.
10:41Et justement, par rapport à tout ce décor, toutes ces histoires, etc.,
10:48tu as dû faire beaucoup de recherches.
10:51Ça ne doit pas être évident.
10:52Je veux dire, les costumes, les décors, le contexte historique,
10:56t'as pas, ça doit être un peu aussi vertigineux également.
11:01Alors ça, c'est un travail pas possible parce que, d'abord, il y a deux temporalités.
11:04C'est-à-dire que je parle aujourd'hui d'un écrivain du 19e qui écrit sur le 17e.
11:10Donc, ça commence à faire un certain feuilleté de temporalité.
11:13Et évidemment, j'avais envie que la partie historique soit très précise.
11:19Donc, mes précédents livres, je m'étais déjà attaquée à certains ponts de l'histoire,
11:22mais de l'histoire récente.
11:23Et ça fait toute la différence parce que là, je me suis posée des questions à chaque paragraphe.
11:29C'est-à-dire que je l'imagine portant une magnifique robe de velours vert.
11:34Et immédiatement, je me demande, mais est-ce que le velours est déjà popularisé ?
11:37Est-ce qu'elle aurait eu les moyens de se l'acheter ?
11:40Est-ce que c'était réservé finalement à très peu de gens ?
11:43Je parle d'un dîner qu'ils font et je me dis,
11:45mais est-ce que les légumes que j'ai mis dans leur assiette sont déjà arrivés
11:48ou est-ce qu'ils venaient des États-Unis, enfin d'Amérique ?
11:50Est-ce que je me lance dans une scène d'amour ?
11:54Parce qu'il y en a quelques-unes.
11:56Et je dis, elle défait le bouton de sa boutonnière.
11:59Et là, je suis frappée d'une évidence, il n'y a pas encore de boutonnière.
12:01Ce sont des lacets.
12:03Donc, c'était en fait un nombre de questions énormes.
12:06Et c'est pour ça que j'ai vraiment voulu que quelqu'un qui soit assez féru d'histoire
12:09puisse relire le texte et vraiment vérifier qu'il n'y avait pas d'erreur.
12:15Alors, heureusement, il n'y avait pas de faute.
12:17Mais je trouve ça important parce que là encore, je suis dans cette filiation avec Dumas.
12:23Dumas disait l'histoire est le clou auquel j'accroche mes romans.
12:27Je trouve que c'est une jolie idée.
12:29Et il nous a donné envie de découvrir l'histoire.
12:31C'est-à-dire qu'il prend des libertés avec l'histoire.
12:33On l'a vu avec cette affaire des diamants.
12:37Mais il ne nous donne qu'une envie, c'est d'aller découvrir ces périodes
12:40et de les vivre charnellement à travers des personnages,
12:44au lieu d'être dans l'histoire un peu théorique, des dates, ce qui est très bien,
12:49on est dans l'histoire vivante.
12:51Et ce talent-là qu'il avait, moi, j'ai essayé d'une certaine manière de le reproduire
12:58pour qu'on ait envie de découvrir cette période qui est passionnante, d'ailleurs.
13:02Et oui, ça, c'est vrai.
13:04Et alors, justement, toujours dans ce travail d'imagination,
13:07donc Dumas décrit Milady comme une beauté blonde avec des boucles, etc.
13:12Pour toi, quand tu écris Milady, elle ressemble à quoi ?
13:17Alors, justement, elle ressemble...
13:18Moi, c'est ce que je trouve très amusant, c'est que dans les adaptations d'humains,
13:21je ne sais pas si vous avez...
13:22Enfin, des Trois-Moscotaires, très souvent, Milady, elle est brune.
13:26Pourquoi ? Parce qu'on est dans l'archétype, encore une fois.
13:28C'est-à-dire que, pardon pour les brunes ici présentes et pardon pour les blondes ici présentes,
13:34mais on part du principe que la blonde est gentille, c'est la fée,
13:38et la brune est méchante, c'est la séductrice.
13:41Bon, c'est très classique.
13:43Or, justement, ce qui est amusant, c'est que Milady est blonde
13:46et qu'elle a cette beauté extrêmement pure.
13:49Elle a cette beauté extrêmement...
13:51Cette beauté qui a fait rêver sur les vierges, sur les fées.
13:55Or, justement, c'est une femme qui n'est pas une vierge et qui n'est pas angélique.
14:01Et c'est ça que je trouve assez puissant, déjà, dans l'idée de départ de Dumas.
14:05Donc, moi, j'ai voulu rester fidèle à cette idée.
14:07Pourquoi ? Parce que, justement, l'idée, c'est que, dans Dumas, on a un archétype
14:13dont je voulais vivre, je voudrais qu'on ait une femme.
14:16Une femme qui a le meilleur et le pire en elle.
14:20Nous sommes multiples.
14:21Dans notre flot de conscience, dans les sentiments qu'on ressent,
14:25dans les identités que nous portons tous, en chacun de nous,
14:30nous sommes profondément multiples, et les femmes particulièrement.
14:33Or, les femmes, depuis des siècles,
14:36et d'ailleurs, il y a Laura Adler qui vient de consacrer un texte passionnant à ça,
14:40nous sommes classifiés entre les femmes pures et les femmes impures,
14:44entre les vierges et les catins,
14:46entre les mères et les autres,
14:49et il est temps, il est vraiment temps d'accepter les êtres dans leur multiplicité,
14:54et particulièrement les femmes.
14:56Et c'est aussi quelque chose que je fais dans ce livre,
14:58avec les portraits d'hommes,
15:00c'est-à-dire que je fais un livre pour une femme,
15:04je ne fais pas un livre contre les hommes.
15:06Je fais un livre qui, là aussi, dans la virilité,
15:10dans les portraits masculins,
15:13essaye d'aller chercher la nuance.
15:14Moi, je n'aime pas beaucoup cette idée qu'on soit dans une simplification
15:18et une opposition aussi brutale,
15:21et le livre même est dédié, d'ailleurs, je dis,
15:24à toutes les femmes qui nous ont précédées,
15:26à tous les hommes qui les ont défendues et aimées,
15:29parce que moi, je suis bouleversée par les femmes qui nous ont précédées,
15:32par nos mères, nos grands-mères, nos arrière-grands-mères,
15:34toutes celles qui, petit à petit, ont créé des espaces d'expression,
15:38de liberté,
15:40des moments qui nous ont permis, aujourd'hui, nous,
15:43d'avoir la chance inouïe de vivre en France au XXIe siècle
15:47et d'avoir la liberté qu'on a.
15:49Et en même temps, je suis bouleversée,
15:51parce que tout au long de ces parcours de femmes pionnières,
15:54il y a aussi eu des hommes qui les ont aidés,
15:56qui leur ont tendu la main,
15:57et il n'y a pas que des hommes toxiques
16:00et dans la caricature de la violence.
16:03Oui, complètement.
16:03Et c'est là où tu réponds à une autre question que j'avais.
16:05On t'a beaucoup demandé si, finalement,
16:07« Je voulais vivre » était une version un peu wokiste
16:10des Trois Mousquetaires.
16:13Non, mais c'est vrai, c'est beaucoup.
16:15Oui, bien sûr.
16:17Beaucoup ont vu dans la défense de Milady
16:19et à travers Milady des femmes, finalement,
16:23ce côté un peu woke.
16:25Alors qu'en fait, pas du tout,
16:25parce que c'est vrai qu'il y a les hommes
16:27dans ce roman,
16:29et qu'ils sont très présents,
16:31qu'ils sont très séduisants, d'ailleurs.
16:33Ou tout le temps mieux.
16:34Moi, il y en a un ou deux que j'aime bien.
16:37Oui, oui, oui.
16:37Alors qu'on ne les aimait pas non plus forcément au départ.
16:39C'est vrai.
16:40Par exemple, Rochefort, bon,
16:41on découvre un peu Rochefort.
16:45Donc, c'est vrai que, oui,
16:47tu viens de répondre un peu à cette question.
16:50Oui, je trouve ça important.
16:52Encore une fois,
16:53il y a une éminente professeure ici
16:55qui enseigne l'art de la conversation.
16:58Donc, j'ai été très touchée par cette idée-là,
17:00parce que ça, c'est l'héritage de notre pays.
17:04L'art de la conversation.
17:05Être capable de discuter avec quelqu'un
17:06qui n'a pas les mêmes idées que nous.
17:09Être capable d'élaborer avec respect,
17:12de confronter les points de vue,
17:14de progresser l'un vers l'autre
17:16ou de rester sur son camp à soi,
17:19mais de le faire avec, voilà, humanité.
17:22Or, nous sommes dans une période
17:24où, évidemment, la société se polarise très violemment.
17:28Les gens s'affrontent très violemment.
17:30Cet art tellement français de la conversation se perd.
17:35Or, les romans, la littérature reste un refuge.
17:39Reste un refuge d'humanité
17:41où, justement, cette nuance
17:43qui disparaît dans tant de discours
17:45et dans tant de prises de position,
17:48elle existe là.
17:49Et ça, c'est un refuge d'humanité
17:50parce que si vous y pensez,
17:52que l'on soit écrivain
17:53ou que l'on soit lecteur,
17:55lire un livre,
17:57c'est le plus grand exercice d'empathie qui soit.
17:59C'est se glisser dans la peau
18:01d'un autre être que soi.
18:03C'est « je est un autre » de Rimbaud.
18:05C'est d'autres vies que la mienne d'Emmanuel Carrère.
18:08C'est quand on est un homme
18:10capable de comprendre
18:11de l'intérieur ce que vit une femme.
18:13C'est quand on est une femme
18:14de comprendre ce que pense un homme.
18:17C'est quand on est jeune
18:18être capable d'imaginer ce que ce sera
18:20quand on est vieux.
18:20et l'inverse, se rappeler ce que c'était
18:22que d'être jeune
18:23quand c'est très, très loin derrière nous.
18:25Et donc, cet exercice d'empathie-là,
18:27ce refuge de nuances,
18:31d'humanité,
18:32moi, je pense qu'il faut le défendre
18:34plus que jamais.
18:36Alors, pour revenir à Milady,
18:38tu as dit que le meurtre,
18:41parce qu'il n'y a pas d'autre mot,
18:42de Milady,
18:43était finalement
18:45le plus terrible féminicide
18:48de la littérature française.
18:50Est-ce que tu peux nous expliquer pourquoi ?
18:51Alors, en fait, ce qui me fascine,
18:53c'est qu'on ne l'ait pas vue.
18:55Et moi, la première, je ne l'ai pas vue.
18:56Je lis ce texte 20 fois
18:57et à aucun moment,
18:59alors que je considère plutôt
19:00que je suis quelqu'un de...
19:02Je le soigne, mais plutôt hypersensible
19:04avec ne supportant pas l'injustice,
19:07ne supportant pas
19:08que quelqu'un se fasse humilier devant moi,
19:10comment ai-je pu lire et relire ce texte
19:13sans un instant
19:14ni admirer cette femme
19:16qui, quand même,
19:17est brillante,
19:18a l'oreille de Richelieu,
19:20déjoue des complots
19:21d'hommes extrêmement puissants,
19:23a des ennemis extrêmement forts,
19:26est cultivée.
19:28Bref, j'aurais dû l'admirer.
19:29Et deux,
19:30comment est-il possible
19:31qu'à aucun moment
19:32je ne sois choquée
19:33par le traitement
19:35qu'elle subit ?
19:37Et en fait, ça m'a mis des années.
19:38Il a fallu tout un parcours de femme
19:40pour me rendre compte
19:42qu'on n'avait pas regardé les choses
19:44de la bonne manière.
19:47Et c'est ça que je trouve troublant,
19:48c'est que ce féminicide,
19:50il est...
19:50C'est un peu la lettre cachée,
19:53c'est-à-dire qu'il est juste devant nous,
19:55il est central
19:55dans le texte de Dumas.
19:58Il y en a deux,
19:59puisqu'elle est pendue
20:00une première fois,
20:00elle en échappe miraculeusement
20:02par son mari,
20:03et ensuite,
20:04elle est exécutée par dix hommes
20:05qui finissent par la jeter
20:06à la rivière,
20:07parce que ces femmes-là,
20:09je cite,
20:09ne méritent pas de sépulture.
20:10C'est quand même inouïe.
20:12Elle a 25 ans,
20:13elle a un petit garçon,
20:13elle est mère,
20:14elle est mère dans Dumas,
20:16et tout ça,
20:16on a oublié.
20:17On n'a pas vu passer tout ça.
20:19Et donc,
20:19j'ai trouvé très intéressant,
20:21au fond,
20:22sur la manière
20:23dont petit à petit,
20:24nous commençons
20:25à ouvrir les yeux
20:26et sur la manière
20:26dont nous commençons
20:27à regarder les choses.
20:29Mais encore une fois,
20:30moi,
20:30je n'ai pas envie de réviser.
20:31Je n'ai pas envie de juger
20:32à l'aune d'aujourd'hui
20:33les valeurs
20:35d'une époque révolue.
20:37En revanche,
20:38je trouve que la puissance
20:39du texte de Dumas,
20:39elle est là,
20:40c'est-à-dire qu'en lui-même,
20:42il a créé l'antidote
20:44à la propre vision
20:45très très dure
20:47qu'il raconte
20:48dans Les Trois Mousquetaires.
20:49En lui-même,
20:50il y a ces deux personnages
20:51de femmes,
20:52Constance et Milady,
20:54où si on regarde
20:55le texte de très très près,
20:56il y a plein d'indices
20:57qui permettent justement
20:58de les déployer
20:59et tout en restant fidèle
21:01à ce texte,
21:02de regarder et d'éclairer
21:03complètement différemment
21:04cette histoire.
21:05Oui,
21:06parce qu'elle a quand même
21:07tué la pauvre Constance,
21:09mais ce qui est intéressant,
21:10mais ce n'est pas très sympa,
21:11mais ce qui est intéressant
21:12dans ton texte,
21:14c'est que tu sous-entends
21:15que la Constance,
21:16elle ne serait peut-être
21:17pas aussi pure que ça,
21:19qu'elle serait peut-être
21:20un peu espionne aussi.
21:21Donc,
21:22ma question,
21:22c'est est-ce que Dumas
21:23se retournerait
21:24dans sa tombe
21:25s'il lisait
21:27ses hypothèses
21:28sur Constance ?
21:29Je ne crois pas
21:29qu'il se retournerait
21:30dans sa tombe
21:30pour plein de raisons.
21:31D'abord,
21:32Dumas,
21:32il a autorisé
21:33certains auteurs
21:34à faire des suites.
21:35Donc,
21:36il n'était pas
21:36dans un rapport
21:37extrêmement propriétaire
21:38à son oeuvre.
21:39Ça aurait été
21:39assez mal venu de sa part
21:40puisqu'il était le premier
21:41à beaucoup emprunter.
21:42Donc,
21:43il avait cette générosité-là
21:45de se dire,
21:45au fond,
21:46la fécondité d'une oeuvre,
21:48c'est aussi
21:48que d'autres s'en emparent.
21:50Tout comme un lecteur
21:51s'empare d'un texte
21:52et le fait vivre
21:52à sa manière,
21:53eh bien,
21:54d'autres auteurs
21:55peuvent s'emparer
21:56de cette histoire
21:56et la faire vivre
21:57à leur manière.
21:57Donc,
21:57ça,
21:57il l'a autorisé.
21:58Et puis,
22:00il a lui-même,
22:02c'est ça qui est
22:02très intéressant,
22:03évolué par rapport
22:04à cette scène
22:05de la mort
22:06de Milédie.
22:07Dans Les Trois Mousquetaires,
22:08elle est légitimement punie.
22:10Aucun doute là-dessus.
22:11Quand son fils
22:13vient 20 ans après
22:15pour demander justice
22:17et réclamer vengeance,
22:20déjà,
22:20il a un peu évolué.
22:21On n'est plus tout à fait sûr
22:23que ce soit
22:23une juste punition.
22:26Encore,
22:27quand on arrive
22:29au Vicomte de Brasgelonne
22:30et surtout,
22:30quand on arrive
22:31à la mise en scène
22:32théâtrale qu'il fait
22:33de cette histoire
22:35qui s'appelle
22:35La jeunesse des Mousquetaires,
22:36c'est plus un crime.
22:37Enfin,
22:37c'est plus une punition,
22:38c'est devenu un crime.
22:39Donc,
22:39lui-même,
22:40Alexandre Dumas
22:41au fil de sa vie
22:43et ça,
22:43je trouve ça très intéressant
22:44sur nos propres évolutions.
22:47C'est-à-dire que
22:47l'évolution entre moi
22:48à 12 ans
22:48et moi
22:49avec mes enfants
22:51de 5 ans,
22:52j'ai été capable
22:53de changer le point de vue
22:54et Dumas lui-même
22:55au fil de sa vie
22:56a changé le point de vue
22:57en passant
22:59d'une légitime punition
23:00au fait que potentiellement
23:01il y ait crime.
23:02Et c'est pour ça
23:03que dans ce texte,
23:04je me suis attachée
23:05à la figure de D'Artagnan.
23:06Alors,
23:06c'est vrai que comme j'ai aussi
23:07une grande tendresse
23:08pour D'Artagnan,
23:08j'avais envie
23:09de le sauver
23:10de tout ça.
23:13Mais il porte
23:14cette évolution
23:14de Dumas
23:15dans son personnage
23:16parce qu'on le retrouve
23:17au siège de Maastricht
23:18des années plus tard,
23:20personnage vieillissant.
23:22Et là...
23:23Traumatisé,
23:24quand même.
23:25Je ne sais pas...
23:25Un peu traumatisé
23:26par la mort de Milady.
23:27Alors, en tout cas,
23:29il se pose des questions
23:30et je trouve que c'est...
23:31Et j'ai trouvé ça beau,
23:32moi,
23:32que ce magnifique héros guerrier
23:35adoré de ses hommes,
23:37il est capitaine des mousquetaires,
23:40il est vénéré par ses hommes
23:42parce qu'il a fait
23:43un parcours absolument extraordinaire,
23:45soit capable
23:45de se poser la question
23:47« Ai-je été du bon côté
23:48de l'histoire ou non ? »
23:50« Ai-je eu raison
23:50de faire ce que j'ai fait ? »
23:52Et qu'il puisse,
23:53au fond,
23:53revenir sur son histoire
23:55avec Milady.
23:56Donc,
23:57les doutes de Dumas
23:58et les doutes de D'Artagnan
23:59sont portés
24:00dans ce texte,
24:02dans ce contexte-là.
24:03Et ce que je trouve
24:04très intéressant aussi,
24:05c'est un peu
24:05cette lecture géopolitique
24:07en fait
24:07dont je voulais vivre
24:08puisque finalement,
24:10Richelieu et Milady
24:12apparaissent un peu
24:15comme les sauveurs
24:16de la reine Anne
24:17alors que dans
24:18Les Trois Mousquetaires,
24:19on a l'impression
24:19que c'est Constance
24:20et les Trois Mousquetaires
24:21qui veulent sauver
24:22la reine Anne
24:22et là,
24:23on a l'impression
24:23qu'au contraire,
24:24enfin,
24:24c'est un peu ce que tu expliques
24:26qu'en fait,
24:27ils sont là
24:27pour protéger
24:28la reine Anne d'elle-même
24:30et pour éviter
24:32un bordel géant
24:33entre la France
24:33et l'Angleterre.
24:34Je suis contente
24:34que tu vois cet aspect-là
24:36parce que c'est pareil,
24:36c'est-à-dire
24:36que quand on commence
24:37à regarder
24:38les faits
24:39en prenant
24:41un peu de recul,
24:42qui sert la France ?
24:45Le cardinal de Richelieu
24:46qui est présenté
24:46comme un épouvantable
24:49retort
24:50mal intentionné
24:52alors qu'on sait tous
24:52quand même
24:53que Richelieu
24:53était un grand homme d'État
24:55qui a posé
24:56les fondements
24:56de l'État moderne,
25:00qui a créé
25:01l'Académie française,
25:01qui avait la plus grande
25:02bibliothèque d'Europe,
25:04qui a quand même
25:05au contraire
25:06été assez fondateur,
25:07qui a réussi
25:07à rabaisser
25:08les ambitions
25:09de la fronde
25:10qui voulaient quand même
25:11détruire complètement
25:13la stabilité
25:14de ce pays.
25:15Voilà.
25:16A priori,
25:17le mousquetaire
25:18qui sert le roi
25:18est censé servir
25:20son premier ministre,
25:22enfin,
25:22l'équivalent
25:23de son premier ministre.
25:24Or,
25:24dans cette version
25:26très romantique
25:27de Dumas,
25:28il crée des magnifiques
25:29héros romantiques,
25:30mais ces héros romantiques,
25:31si on regarde,
25:32ne sont pas
25:32les plus patriotes.
25:33normalement,
25:35ils n'auraient pas dû
25:36trahir leur roi
25:37pour aller permettre
25:39à la reine de France
25:40de se rapprocher
25:41de son amant
25:42qui, de surcroît,
25:42est lui,
25:43pour le coup,
25:43l'homme de confiance
25:44du roi d'Angleterre,
25:45qui n'a qu'une envie,
25:46c'est d'aller aider
25:47les protestants
25:47de la Rochelle
25:48à se révolter
25:50contre leur souverain.
25:52Donc,
25:52là aussi,
25:54si on prend
25:54un petit pas de recul,
25:55on peut se poser
25:56des questions
25:56sur la raison véritable
25:59et où est la raison
26:00d'État
26:01dans cette affaire.
26:02Et puis,
26:03je m'amuse aussi
26:03avec l'histoire,
26:04c'est-à-dire qu'effectivement,
26:06redonner à Richelieu
26:08certaines de ses lettres
26:09de noblesse
26:10véritablement historiques
26:11en reculant un peu
26:14par rapport
26:15au portrait
26:15qu'en fait du mât
26:16et pareil,
26:17Buckingham.
26:18Buckingham,
26:18pour ceux qui ont lu
26:19ce texte,
26:21c'est le magnifique
26:22héros romantique,
26:23séduisant,
26:24la reine Anne
26:25en est folle.
26:26Bon,
26:26est-ce que vous savez
26:27quelle est la véritable
26:27histoire de Buckingham
26:28quand même ?
26:30Buckingham,
26:31il doit toute son ascension
26:32au fait que le roi Jacques Ier
26:34était fou amoureux de lui.
26:36C'est un jeune homme
26:36qui a été mis
26:37sur le chemin
26:38de Jacques Ier
26:39et qui,
26:40très rapidement,
26:41de par sa relation amoureuse
26:43avec le roi,
26:45est devenu
26:45le favori.
26:46Le favori.
26:48Et voilà,
26:49il a évincé le précédent
26:51et puis il a été fait marquer
26:52et puis il a été fait duc
26:53et puis il a eu
26:54tous les pouvoirs
26:55en Angleterre
26:55et j'ai retrouvé
26:56des lettres historiques
26:57absolument fascinantes
26:58parce que là aussi
26:59sur la liberté de mort
27:01de cette époque,
27:02nous on a l'air
27:03extrêmement prudes
27:05en comparaison
27:05parce que le roi Jacques
27:06affichait très ouvertement
27:09cette relation
27:10et il y a même
27:11une lettre
27:12qui moi m'a marquée
27:13où il écrit
27:13à Buckingham
27:14en disant
27:14tu es mon fils
27:15en même temps
27:16que ma chère épouse.
27:18C'est quand même
27:19assez clair,
27:21je pense que c'est difficile
27:22de faire abstraction.
27:23sans encore une fois
27:25du tout
27:26casser
27:27les éléments
27:29des Trois-Mousquetaires
27:29parce que toute la difficulté
27:30de ce projet
27:31c'était de se dire
27:31ceux qui ont adoré
27:33comme moi
27:33cette trilogie
27:34vont se retrouver
27:36avec des personnages
27:38qui sont familiers
27:39et ceux qui n'ont jamais
27:40lu Dumas
27:41peuvent suivre
27:43cette femme
27:44finalement
27:45s'attacher à elle
27:46et avoir peut-être
27:47ça,
27:47beaucoup de gens m'ont dit
27:48et ça me fait très plaisir
27:49envie de lire Dumas
27:50par la suite
27:50et dans ce cas-là
27:51pour moi
27:51tout est gagné.
27:54Alors justement
27:54Dumas parlons-en
27:55parce qu'à la fin du livre
27:56moi j'avoue
27:57que j'ai adoré
27:57les dernières pages du livre
27:58elles m'ont donné
28:00des frissons
28:01franchement
28:02dans la dernière page du livre
28:04en fait
28:04tu t'adresses
28:05en fait
28:05à Dumas
28:07pourquoi
28:08cette démarche
28:09à la fin du livre
28:10c'est quoi
28:10t'as envie de lui expliquer
28:11pourquoi tu
28:12pourquoi t'as eu envie
28:14de ta texte
28:15pourquoi t'as eu envie
28:15d'écrire sur Milady
28:16c'est quoi le
28:18Tout ce texte
28:18en fait
28:19est une déclaration
28:20d'amour à cet auteur
28:21alors en ce moment
28:21il est très à la mode
28:22et moi ça me fait très plaisir
28:24mais pendant longtemps
28:25très longtemps
28:26Dumas
28:26a été assez méprisé
28:28ça il faut quand même
28:29s'en rendre compte
28:30c'est-à-dire que
28:30dans nos études
28:31de littérature
28:33dans les Lagardes et Michard
28:34les fameux
28:35pour ceux qui sont suffisamment
28:36âgés
28:36pour avoir connu ça
28:38Dumas
28:39il était pas là
28:40c'était
28:41comme c'était un peu toniste
28:43comme c'était
28:43puis je pense
28:44qu'il y avait une petite partie
28:45aussi
28:45quand même
28:46sans doute
28:47du fait
28:48qu'il était
28:48quarteron
28:49fils du premier général
28:51métis
28:52de l'armée française
28:53petit-fils
28:55d'une esclave
28:56je pense
28:57qu'il y avait
28:58aussi un peu tout ça
28:59c'est-à-dire
29:00qu'il y avait
29:00les grands auteurs
29:01Victor Hugo
29:02Zola
29:03Flaubert
29:04et Dumas
29:05c'était considéré
29:06comme secondaire
29:07or moi
29:08et beaucoup d'entre nous
29:10on a peut-être
29:12découvert
29:12le plaisir de lecture
29:13avec Dumas
29:14on a peut-être
29:15connu
29:17la chose
29:17la plus importante
29:19à transmettre
29:20à la génération
29:21d'après
29:21c'est le plaisir
29:22fou
29:23que peuvent
29:24donner les livres
29:25et le compagnonnage
29:26que peuvent donner
29:27les livres
29:27parce que
29:27Les Trois Mousquetaires
29:28c'est peut-être
29:28le plus beau roman
29:29d'amitié virile
29:30qui a été écrit
29:31et pourquoi
29:32il écrit ce roman-là
29:33parce qu'il est orphelin
29:34parce qu'il est enfant unique
29:36parce qu'il grandit
29:37justement
29:37d'ailleurs dans un état
29:39de relative pauvreté
29:41les premières années
29:41de sa vie
29:42et donc il s'invente
29:43des amis
29:44et nous quand on lit
29:45des livres
29:45et qu'on a des personnages
29:46ou quand on referme
29:47le livre
29:47on se dit
29:48j'aurais bien passé
29:49encore un moment
29:49avec eux
29:50et bien on se crée
29:51une famille
29:52d'amis de papier
29:54qui sont parfois
29:55extraordinairement
29:56réconfortants
29:57et donc c'est ça
29:58que je trouve
29:58très beau
30:00dans Dumas
30:01c'est rendant lui
30:03cette générosité-là
30:04tout le plaisir
30:06qu'il a donné
30:07toute la passion
30:08qu'il a mise
30:09dans ses textes
30:10et ça
30:11moi je l'ai dit
30:13à la grande librairie
30:15quand j'ai eu la chance
30:16d'être invitée
30:17je pense
30:18c'est vrai
30:18que nous avons
30:19un petit problème
30:19avec cette idée
30:20de plaisir
30:21et le plaisir
30:22vraiment
30:23je suis assez convaincue
30:24c'est-à-dire
30:25qu'on a ce sentiment
30:25un peu prude
30:26que s'il y a du plaisir
30:29c'est que sans doute
30:30c'est pas de la très bonne littérature
30:32vous voyez ce que je veux dire
30:33or moi je crois
30:34qu'au contraire
30:34les grands chefs-d'oeuvre
30:36ils continuent
30:37à nous accrocher
30:38parce qu'ils nous procurent
30:39un immense plaisir
30:40et que c'est pas obligé
30:41alors il y a aussi
30:42des magnifiques textes
30:43qui nous demandent
30:43beaucoup d'efforts
30:44mais c'est pas obligé
30:47que la bonne littérature
30:48soit un chemin
30:48de croix
30:49et de souffrance
30:50voilà
30:50alors justement
30:51en parlant de plaisir
30:52est-ce qu'il y a
30:54une adaptation
30:55cinématographique
30:56qui est prévue
30:57pour Je voulais vivre
30:58alors il y a
30:59effectivement
31:00des producteurs
31:02qui s'y intéressent
31:03et c'est super
31:04parce que comme
31:05il y a eu quand même
31:05des adaptations récentes
31:07moi j'adorerais
31:08que ça se fasse
31:10et écoute
31:11je croise les doigts
31:12j'aimerais bien la voir
31:13parce que vous savez
31:14en fait ce qui est génial
31:15c'est quand
31:15on a passé très longtemps
31:17seul avec un texte
31:18et que déjà
31:19on vous l'apporte
31:20à vous lecteur
31:21je voulais vivre
31:22c'est ça
31:23vous faites vivre
31:23le personnage
31:24sans les lecteurs
31:25il reste couché
31:26dans le papier
31:27et si en plus
31:28elle peut vivre
31:31cette milédie
31:32à travers un film
31:33ce serait merveilleux
31:35qu'il donnera envie
31:36encore plus de lecteurs
31:37de se pencher
31:37sur son destin
31:38moi ça m'irait très bien
31:40et bien moi aussi
31:41parce que j'étais
31:42très triste
31:43d'arrêter
31:43que le livre soit terminé
31:45j'aurais adoré
31:45qu'il y ait 3 tomes de plus
31:46merci beaucoup Adélaïde
31:48merci à vous
31:49merci beaucoup
31:49c'est super
31:51et maintenant
31:56on peut aller se prendre
31:56un petit verre
31:57ah pardon
31:58ah oui
32:00est-ce que vous avez
32:00des questions
32:01pardon pardon pardon
32:01est-ce que quelqu'un
32:02a des questions
32:03à poser à Adélaïde
32:04monsieur vous avez des questions
32:06un film vous ferait
32:07ah bah voilà
32:09j'ai pas des beaux yeux bleus
32:11et j'ai plus 25 ans
32:12ça marche pas
32:13mais c'est gentil
32:15ah Margie
32:17alors est-ce que
32:19alors ça me fait très plaisir
32:24que vous disiez ça
32:25parce que oui
32:26je pense que
32:27en fait
32:27ça montre que
32:29cette obsession
32:30je l'ai effectivement
32:30depuis longtemps
32:31parce que mon tout premier livre
32:32qui s'appelle
32:33fourrure
32:33je m'intéresse à une femme
32:35dite de mauvaise vie
32:36elle est écrivaine
32:39on l'accuse de ne pas avoir
32:40écrit ses livres
32:41toute jeune femme
32:42elle a été fille
32:43de madame Claude
32:44et on ne lui pardonne pas
32:46et depuis toujours
32:47oui je suis assez frappée
32:49par ce jugement
32:51qu'on peut avoir
32:52très dur
32:53et disqualifiant
32:54et je crois que
32:55voilà
32:56on ne devient pas
32:56femme
32:57fille de madame Claude
32:58sans un parcours complexe
33:00et on ne devient pas
33:02ni l'élie de Winter
33:03sans un parcours complexe
33:04donc oui
33:04je pense que je cherche
33:05à chaque fois
33:06c'est très juste
33:07la vérité humaine
33:09derrière
33:10les jugements
33:10les archétypes
33:11les catalogages
33:12et une certaine cruauté
33:15qu'on peut avoir
33:15les uns vers les autres
33:16oui c'est vrai
33:17vous faites parler
33:19d'Artagnan
33:20à Maastricht
33:21juste avant sa mort
33:22exactement
33:23oui c'est fait exprès
33:25parce que justement
33:26tous ceux qui connaissent
33:27son parcours
33:28savent qu'il lui reste
33:29voilà
33:30quelques heures à vivre
33:31oui on a l'impression
33:32qu'il
33:33il va
33:34de lui-même
33:35quoi
33:36oui
33:36c'est un suicide
33:36presque
33:37après avoir révélé tout ça
33:39exactement
33:40vous avez parfaitement raison
33:41et c'est un testament aussi
33:43et c'est un testament
33:44d'homme
33:45qui voilà
33:46est capable
33:46de se remettre en cause
33:48et en même temps
33:49d'essayer de comprendre
33:50vous avez d'autres envies
33:55oui
33:56déjà merci pour cette magnifique trahison
33:59que j'ai adoré
33:59merci
34:01et du coup ça donne envie
34:02de voir d'autres trahisons
34:03donc est-ce qu'il y aurait
34:04des personnages
34:05féminins
34:07dans la littérature
34:08je ne sais pas
34:09Marquise de Merteuil
34:11Ariane dans
34:12Belle du Seigneur
34:13que vous auriez peut-être
34:13trouvé de réalité
34:14alors en fait celle-là
34:16elle est vraiment
34:16venue me chercher
34:17Milady ça a été
34:19quelque chose
34:19de très
34:20de très viscéral
34:22et je pense que
34:24il y a plein d'autres
34:25femmes effectivement
34:26d'ailleurs je vous recommande
34:27un livre qui vient de sortir
34:28qui là est pas un roman
34:30mais qui s'appelle
34:31qui est sur Folcoche
34:32la mère
34:34voilà
34:35de Vipère au Point
34:36et c'est un très bon livre
34:38d'Emilie Lanaise
34:39qui elle a fait une enquête
34:40véritable
34:41sur Hervé Bazin
34:43on découvre des choses
34:43mais un extraordinaire
34:44sur Hervé Bazin
34:45qui pendant 10 ans
34:46a quand même été
34:47vraiment un escroc
34:49en fait
34:49un petit truand
34:51avant de venir
34:52de régner en maître
34:53sur la littérature
34:55et le monde
34:56des lettres français
34:56en venant quand même
34:57président de l'Académie
34:58d'Emilie Goncourt
34:58donc il y a plein de femmes
35:00sans doute
35:00qui le mériteraient
35:01mais c'est vrai
35:02que moi je m'attache
35:02dans chaque livre
35:04que j'écris
35:05je mets vraiment
35:07ma vie dedans
35:08et je ne me vois pas
35:09reproduisant
35:10quelque chose
35:11qui serait identique
35:12alors peut-être
35:12qu'il y aura
35:13un autre personnage
35:13qui viendra un peu
35:14me chercher comme ça
35:15mais jusqu'à présent
35:17j'ai toujours inventé
35:18mes personnages
35:18et là c'était très atypique
35:22ce qui s'est passé
35:23et je ne suis pas sûre
35:24que j'ai envie
35:24de rentrer peut-être
35:26dans une forme
35:26de système
35:27presque
35:28mais après
35:29il ne faut jamais dire
35:30jamais
35:30on ne sait pas
35:31qui va venir vous chercher
35:32et toquer à la porte
35:33peu de questions
35:38quand vous écrivez ce livre
35:40est-ce que sortir
35:42après la fin du livre
35:43sortir de l'univers
35:44c'est un univers
35:45difficile
35:46oui on est un peu
35:48on est un peu
35:49déphasé
35:50ça c'est vrai
35:51en fait le plus dur
35:52d'ailleurs c'est même
35:52au quotidien
35:53parce que
35:54moi
35:54celui je l'ai écrit
35:56très très tôt le matin
35:57en me levant
35:58à 3h30
35:58le matin
35:59parce que c'est
36:00le seul moment
36:01où je peux
36:02en fait avoir
36:02un moment vraiment
36:03à moi
36:04parce qu'après
36:04j'ai un travail
36:05une famille
36:07des amis
36:07et donc
36:08ce moment
36:09de bulle
36:10où le téléphone
36:11ne sonne pas
36:12où je suis seule
36:12avec mes personnages
36:13c'est vrai que j'ai l'impression
36:15par moment
36:15de faire des kilomètres
36:16pour re-rentrer
36:17dans ce monde là
36:18et de devoir en sortir
36:20pour y re-rentrer
36:21donc ça c'est un peu difficile
36:22et quand enfin
36:23on le laisse aller
36:24il y a un petit
36:26oui il y a un moment
36:27de vertige
36:27alors je sais que
36:28cette idée de l'enfant
36:29a été mille fois utilisée
36:30mais il y a vraiment
36:31quelque chose de ça
36:32c'est comme la première fois
36:33où l'enfant vous dit
36:34bon maman
36:34viens pas à l'école
36:36je vais y aller toute seule
36:37vous voyez ce que je veux dire
36:38non mais
36:39on se retrouve un peu plus loin
36:41donc il y a ça
36:42et en même temps
36:43il y a cette immense joie
36:44que je mentionnais tout à l'heure
36:46de se dire
36:47ça y est
36:48il va faire son chemin
36:50Milady va grandir
36:52elle va exister
36:53vous allez l'emmener
36:54dans le train
36:55en voiture
36:56sur vos lieux de vacances
36:57dans votre lit
36:58elle va vivre
37:00grâce à vous
37:01vous allez lui donner des traits
37:02votre émotion
37:03votre interprétation
37:04et ça
37:05c'est magique
37:07parce que
37:07vous la faites exister
37:09et donc en fait
37:10c'est une grande joie aussi
37:11quand vous dites
37:14qu'elle est venue
37:14vous chercher cette histoire
37:15qu'est-ce qui s'est passé
37:17à ce moment-là
37:17et comment vous avez eu envie
37:19de lui redonner
37:20cette nouvelle question ?
37:22en fait ce qui s'est passé
37:23c'est que
37:23j'étais en train d'écrire
37:24un autre texte
37:25qui était d'ailleurs
37:26très avancé
37:26et vraiment
37:28quelquefois
37:29vous avez
37:30alors on a l'air un peu dingue
37:31les écrivains
37:32quand on dit ça
37:32mais ces personnages
37:33ils sont vraiment vivants
37:35pour nous
37:35et elle est revenue
37:36frappée à la porte
37:37de façon tellement insistante
37:39qu'au fond
37:40elle a
37:41voilà
37:42elle a eu le dessus
37:44sur les autres personnages
37:45c'est vraiment elle
37:46qui revenait en permanence
37:48et je me suis dit
37:49parce que
37:49parce que j'avais ce sentiment
37:51d'injustice en fait
37:52j'ai eu vraiment
37:53un sentiment d'indignation
37:54et de honte
37:55un peu rétrospective
37:56en me disant
37:57mais comment
37:57j'ai pu passer à côté de ça
37:59et comment avons-nous pu
38:01enfin tous
38:02pendant des générations
38:03passer à côté de ça
38:04c'est énorme en fait
38:06c'est vraiment aveuglant
38:08et nous ne l'avons pas vu
38:10ou très peu de gens
38:12enfin j'ai rencontré
38:12deux personnes
38:13qui m'ont vu
38:13qui s'étaient dit quand même
38:14une personne qui est devenue
38:16avocat à cause de ça
38:18en disant
38:18je suis devenue avocat
38:19parce que j'ai été scandalisée
38:20par le procès de Milady
38:21incroyable
38:23et une autre personne
38:24qui m'a dit
38:25ah mais je suis contente
38:26depuis le temps quand même
38:27je trouvais ça pas possible
38:28et après j'ai un lecteur
38:30qui m'a injuriée
38:31parce qu'elle meurt à la fin
38:32et en même temps
38:33c'était depuis le début
38:34je gâche rien
38:35mais il était vraiment furieux
38:37furieux furieux
38:38que je ne l'ai pas sauvé
38:39mais je ne pouvais pas
38:40c'était pas l'histoire
38:41une autre question
38:47est-ce que
38:50je ne me souviens plus exactement
38:52des films qui ont été faits
38:53récemment
38:53des trois mousqueteurs
38:54mais est-ce que cette manière
38:55de dépeindre Milady
38:56se ressent vraiment
38:57dans ces films là aussi
38:58c'est d'une façon un peu
39:00ancienne
39:01de la peindre
39:02et de la représenter
39:03en tant que méchante
39:05c'est une très bonne question
39:07parce qu'en fait
39:07quand je commence ce livre
39:08il y a un peu plus de 5 ans
39:10je me lance
39:11et j'apprends
39:12que vont sortir
39:13les films trois mousquetaires
39:14ça me fait un premier choc
39:15et ensuite Milady
39:16donc je me dis
39:17c'est fichu
39:18là c'est sûr
39:18c'est évident
39:19qu'à notre époque
39:20ils vont voir
39:22justement ce que nous
39:23n'avons pas vu
39:23et vont raconter
39:24l'histoire différemment
39:25et moi j'ai trouvé
39:26qu'il y avait beaucoup
39:27d'énergie
39:27des très beaux décors
39:29des super acteurs
39:30tout ce qu'on veut
39:30mais qu'en fait
39:31la narration de Milady
39:33reste quasiment la même
39:34alors Eva Green
39:35elle a ce côté très profond
39:36très magnétique
39:37donc elle donne
39:38et dans les interviews
39:39elle s'est un peu interrogée
39:40mais il y a une toute petite scène
39:42de flashback
39:43voilà
39:43et sinon ce sont des films d'action
39:45on ne sait toujours pas
39:46d'où elle vient
39:46on ne sait toujours pas
39:47qu'elle est mère
39:48on ne sait toujours pas
39:49qui est le père de son fils
39:51on ne sait toujours pas
39:52pourquoi elle est comme elle est
39:53et d'ailleurs ce qui est drôle
39:55c'est encore une fois
39:56Eva Green
39:56et Dieu sait que moi
39:57j'aime énormément cette actrice
39:59on est dans cette idée
40:00de la Milady brune
40:02et méchante
40:02et ténébreuse
40:03parce qu'on est dans
40:05une forme malgré tout
40:07d'archétype
40:07alors qu'elle a été quand même
40:08plus développée
40:09mais on reste dans une tradition
40:11de la vision de Milady
40:13donc j'ai fini l'histoire
40:15en me disant
40:15il y a encore des choses
40:16à raconter
40:16il me semble qu'il y a eu
40:20un film
40:21bon ancien
40:22avec Hélène de Montjeau
40:23Milady était blonde
40:24oui il y a eu
40:25il y a eu des Milady blonde
40:27oui oui
40:27absolument
40:28Lana Turner aussi
40:29en Milady blonde
40:30donc non non
40:31il y en a eu
40:31et c'est plus juste
40:33d'une certaine manière
40:34mais elle reste quand même
40:35Ariane Montballe
40:36mais elle reste quand même
40:37profondément
40:38méchante et toxique
40:40on ne va pas
40:41expliquer son parcours
40:43et c'est normal
40:43puisque bon
40:44au fond
40:45c'est l'oeuvre de Dumas
40:47et c'était
40:47et puis c'est très
40:49ça nous fait frissonner
40:50les méchants
40:50aussi
40:51c'était très pratique
40:52pour Dumas
40:53d'avoir fait
40:54une méchante aussi
40:55emblématique
40:56et aussi forte
40:57et aussi puissante
40:58donc bon
41:00il n'y avait pas forcément
41:01de raison de la défaire
41:02mais c'est vrai que moi
41:03j'ai eu le sentiment
41:04qu'elle
41:04encore une fois
41:06c'est un peu ma folie
41:07mais qu'elle me demandait
41:09qu'elle me demandait
41:10de changer les choses
41:11bon
41:13je pense qu'on peut
41:14aller se prendre
41:14un petit verre
41:16depuis le temps
41:16que tu veux prendre
41:17un petit verre
41:17allez depuis le temps
41:18que je vous rende
41:18un petit verre
41:19bravo Adelaide
41:20merci à toi
41:22merci à toi
41:23merci à toi
41:24merci à toi
41:26merci à toi
41:27merci à toi
41:28merci à toi
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