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  • 14 hours ago
Transcript
00:00L'essentiel politique ce soir c'est avec Arnaud Benedetti. Bonsoir.
00:05Bonsoir.
00:05C'est professeur associé à la Sorbonne. Dans un instant, on va revenir avec vous sur l'examen du budget à l'Assemblée Nationale,
00:12un véritable parcours du combattant pour le gouvernement.
00:15Le Premier ministre Sébastien Lecornu le reconnaît, son équipe peut chuter à tout moment.
00:20On évoquera aussi le vote surprise survenu jeudi sur l'accord franco-algérien de 1968.
00:25Il met l'exécutif dans l'embarras et puis on commentera le nouveau sondage Elab paru ce week-end.
00:31Il confirme la dynamique du Rassemblement National qui serait largement en tête de l'élection présidentielle si elle avait lieu aujourd'hui.
00:40Arnaud Benedetti, on commence donc avec le marathon budgétaire en cours à l'Assemblée Nationale.
00:45Les députés ont notamment approuvé la défiscalisation des heures supplémentaires.
00:49Ils ont rejeté la taxe Zuckmann et ils ont modifié l'impôt sur la fortune immobilière.
00:53Qu'est-ce qui finalement aura le plus marqué cette semaine d'examen ?
00:58La difficulté à avancer in fine avec des groupes politiques qui essayent chacun de leur côté de peser sur ce budget
01:07sans que l'on voit se dessiner la cohérence d'ensemble de ce projet de loi de finances
01:14qui sortira récemment fortement modifié de l'Assemblée Nationale si on arrive jusqu'au bout de la discussion.
01:21Parce que le véritable enjeu pour aujourd'hui Sébastien Lecornu, c'est bien évidemment de pouvoir faire adopter un budget.
01:28Parviendra-t-il à le faire adopter à l'Assemblée Nationale ? J'ai les plus grands doutes aujourd'hui.
01:32Il est fort possible qu'au regard des délais impartis, on reparte au Sénat sans qu'il y ait eu de vote.
01:39En tout cas, s'il y a un vote, tout laisse à penser que le vote sera vraisemblablement négatif au regard de la composition de l'Assemblée Nationale.
01:48Donc tout l'enjeu finalement de l'exécutif, c'est de gagner du temps.
01:52On sait très bien qu'une fois qu'il partira de l'Assemblée Nationale et qu'il ira au Sénat,
01:59le Sénat modifiera profondément dans sa structure le projet de loi de finances tel qu'il a été retravaillé à l'Assemblée Nationale.
02:10Ensuite, le parcours est long.
02:12Il y aura une commission mixte paritaire qui pourrait être conclusive parce qu'il y a une majorité, en tout cas,
02:20dans cette commission mixte paritaire entre les macronistes et les républicains pour voter un budget.
02:25Mais ça pose toujours le problème du retour ensuite à l'Assemblée Nationale.
02:29Et là, on ne voit pas comment un budget pourrait être adopté, notamment dans les délais.
02:34Donc vraisemblablement, la stratégie aujourd'hui de Sébastien Lecornu et celle du président de la République aussi, Emmanuel Macron,
02:41c'est de gagner, gagner, gagner du temps pour arriver vraisemblablement Ă  l'utilisation,
02:48qui serait totalement inédite sous la Ve République, de l'article 47,
02:52c'est-Ă -dire de finalement faire adopter un budget par ordonnance.
02:56Mais il y a quand mĂŞme un sujet.
02:58C'est-à-dire que si, et d'ailleurs Sébastien Lecornu le dit lui-même,
03:02il peut Ă  tout moment tomber...
03:03Il parle d'une stratégie de petit pas.
03:05Il reconnaît que son gouvernement peut tomber à tout moment.
03:07Et lui, il est dans une gestion a priori au jour le jour pour l'instant.
03:09Il ne peut pas faire autrement, encore une fois, compte tenu des rapports de force
03:13et compte tenu de la faiblesse de sa coalition à l'Assemblée nationale.
03:18Il est de toute façon, il en prend acte, minoritaire.
03:20C'est la raison pour laquelle il a dit d'ailleurs qu'il n'utiliserait pas le 49-3
03:24et qu'il laisserait l'Assemblée nationale débattre et co-construire avec l'exécutif ce budget.
03:31Le problème, c'est qu'on voit que ce budget, pour l'instant,
03:34dans son cheminement, est plein de contradictions entre les plus libéraux
03:41qui vont défiscaliser les heures supplémentaires,
03:45ceux qui vont rétablir une sorte d'ISF très light
03:51et d'ailleurs l'exciper comme une forme de succès
03:54entre le Rassemblement national, le Modem et l'EPS.
03:57Ce budget, d'une certaine manière, est le budget de tous les paradoxes
04:01qui reflète assez bien la composition de l'Assemblée nationale.
04:07Il y a un autre sujet qui a fait beaucoup de bruit cette semaine à l'Assemblée nationale.
04:11C'est ce vote pour dénoncer l'accord migratoire de 1968
04:14qui avait été conclu avec l'Algérie.
04:16C'est un accord qui facilite l'immigration algérienne en France.
04:20Le vote à l'Assemblée est essentiellement symbolique
04:22mais il a pris de court le gouvernement.
04:24Comment on en est arrivé là exactement ?
04:27Est-ce que ce vote puisse passer ?
04:28C'est une surprise et ça n'en est pas une.
04:32C'est une demi-surprise, dirons-nous.
04:33Parce qu'il y avait clairement, au regard des positions des uns et des autres,
04:38une majorité arithmétique sur le plan parlementaire
04:41pour finalement voter cette proposition de résolution.
04:45On a vu que cette fois-ci, et c'est une première, parce que c'est la première fois que le Rassemblement national
04:50voit l'un de ces textes voter à l'Assemblée nationale.
04:56Mais on a vu que du côté de LR et du côté du groupe Horizon,
05:00qui est censé faire partie, je le rappelle encore, du Bloc central,
05:03les députés se rallient à la position du Rassemblement national.
05:07Ce qui est très intéressant de voir aussi, c'est finalement la stratégie en creux des macronistes
05:13qui se sont abstenus ou qui ont déserté l'hémicycle,
05:16parce qu'eux aussi, pour un certain nombre d'entre eux, étaient quand même favorables
05:19Ă  cette proposition, en tout cas favorables, en tout cas, Ă  la remise en cause de cet accord de 68.
05:26Donc si vous voulez, sur le plan de la logique politique, ce n'est pas très surprenant.
05:31Ce qui est en effet plus surprenant, c'est que comme le texte était porté par le Rassemblement national,
05:35on pouvait considérer qu'il partait avec une forme de handicap
05:39et qu'on ne s'attendait pas forcément à ce que les LR, mais surtout le groupe Horizon, s'associent à ce vote.
05:47Ils l'ont fait.
05:47Ça crée un précédent.
05:48C'est un précédent.
05:49Ils l'ont fait parce que, aussi, pour un certain nombre d'entre eux,
05:53ils savent qu'une grande partie de l'opinion est favorable Ă  cette abrogation,
05:57ou en tout cas, cette remise en cause de l'accord.
05:59Et c'est vraisemblable ce qui a beaucoup joué dans le vote des parlementaires
06:03qui n'étaient pas les parlementaires du Rassemblement national, mais qui se sont associés à ce vote.
06:07Plus de 70% des Français favorables à ce vote, selon un sondage Elab.
06:11On en vient à un autre sondage Elab qui vient de sortir sur la présidentielle 2027.
06:16Ă€ ce stade, Jordan Bardella et Marine Le Pen survolent la course.
06:20Jean-Luc Mélenchon lui remonte.
06:22Edouard Philippe décroche.
06:24Qu'est-ce que ça nous dit de l'état d'esprit des Français à moins de deux ans de la présidentielle ?
06:29Alors c'est vrai que c'est loin encore.
06:31Les sondages à trois mois parfois d'élections présidentielles voient leur annonce déjouée par les résultats.
06:40Là en l'occurrence, ça dit quelque chose sur un rapport de force politique
06:43qui est très en faveur du Rassemblement national.
06:45La situation finalement issue du résultat des élections législatives de 2024, loin d'avoir handicapé le Rassemblement national, l'aura vraisemblablement renforcée.
06:58Et la difficulté que les partis de gouvernement ont à s'entendre justement pour bâtir un compromis à l'Assemblée nationale,
07:07renforce finalement, là aussi presque mécaniquement, cette dynamique du Rassemblement national qui était déjà très forte,
07:14on s'en souvient quand même, lors des élections européennes de 2024 et des élections législatives de 2024 également.
07:22Donc aujourd'hui, ce qui est le plus surprenant dans ce sondage, enfin le plus surprenant en tout cas, le plus significatif,
07:29c'est l'écart qu'il y a entre le candidat, quel qu'il soit, du Rassemblement national, Jordan Berdella ou Marine Le Pen,
07:36et le second.
07:37On voit que c'est presque plus de 20 points d'écart, ce qui est considérable,
07:41ce qui donnerait, si on devait voter lĂ  dans les semaines qui viennent,
07:45un avantage comparatif tout à fait évident pour le Rassemblement national,
07:51qui pourrait bénéficier, qui puissait d'un report de voix des autres candidats de droite.
07:58Ça dit aussi quelque chose, finalement, que si le Rassemblement national fait très largement la course en tête,
08:04de l'autre côté, parmi les poursuivants, il y a une sorte de peloton où finalement on ne voit pas une figure,
08:12pour l'instant se détacher, si ce n'est quand même, il faut le noter,
08:16et ça c'est assez intéressant à observer, c'est que du côté de Jean-Luc Mélenchon,
08:23finalement il y a une progression, il y a une progression, non pas au regard des résultats qu'il fait lors d'un premier tour,
08:29des résultats effectifs, mais par rapport au sondage en général avant l'élection.
08:35Donc l'idée, si vous voulez, que certains mettent en avant que l'on pourrait se retrouver avec un second tour
08:43entre d'un côté le candidat de la France insoumise et le candidat du Rassemblement national,
08:47n'est pas une hypothèse qu'il faut totalement écarter,
08:50mais d'ici lĂ  il peut se passer encore beaucoup de choses, beaucoup de choses, beaucoup de choses.
08:53Un mot de Jordan Bardella, qui fait mieux que Marine Le Pen, selon les différentes hypothèses proposées,
09:00et il fait mieux en intention de vote. Comment vous expliquez cette dynamique ?
09:05Vraisemblablement parce qu'il arrive à rallier un électorat jeune, c'est une chose,
09:14et peut-être que compte tenu du discours économique qui est le sien, des signaux qu'il envoie,
09:20notamment au patronat, il peut vraisemblablement ĂŞtre un peu plus performant dans cette frange
09:26de l'électorat de droite qui rejoint les constats du Rassemblement national sur les sujets régaliens,
09:32mais qui est plus en réserve sur les sujets économiques.
09:36Donc là vous avez deux paramètres vraisemblablement qui expliquent, en tout cas à l'heure où l'on parle,
09:42ce différentiel qui est quand même relatif, puisque c'était un point ou un point et demi,
09:47entre Jordan Bardella et Marine Le Pen.
09:50Merci beaucoup Arnaud Benedetti pour cette analyse, c'était L'Essentiel politique.
09:55Tout de suite vous retrouvez Fatima Taouane pour le journal de l'Afrique et on se retrouve juste après.
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